Textes écrits en des semaines. Je le poste aujourd'hui car malgré tout mon combat il me manques terriblement. J'ai beaucoup hésité à poster.. Peut être qu'en le postant j'aurais moins mal, aujourd'hui est une journée sans mais il y'a eu beaucoup de journée avec. J'espère sincèrement que mon texte n'est pas déplacé. J'ai très peu confiance en moi et je ne veux pas du tout faire comme si je savais tout sur le deuil. Bref courage à tous ❤️
Chers tous,
Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas venu ici, des mois de silence où je ne me suis
même pas connectée.
J'ai eu ce besoin de ne plus penser à la mort et de me concentrer sur la vie. Et ça m'a fait du
bien.
Je vous écris après cette longue absence pour vous dire encore merci mais surtout pour dire
tenez bon.
Il y a presque 1 an pour moi, que ma vie a basculée.
Et il y’a 1 an, j'avais ce besoin viscérale de trouver de l'espoir.
Cette envie de croire, de voir que ceux qui avait vécu cette douleur s'en sortait.
Mieux, je voulais lire des témoignages de gens heureux, malgré le désespoir, malgré la perte.
Besoin de savoir qu'il y avait du soleil, de la lumière.
Un jour un membre m'a écrit qu'il y avait des éclaircies dans nos ciels tout gris. Cette phrase
reste ancrée en moi à jamais.
Aujourd'hui je veux vous dire que oui c'est vrai, même dans les abysses, dans vos premières
semaines de deuil il y aura des éclaircies. Et puis un jour il y aura des nuages, des petits
orages dans vos ciels tout bleu.
Aujourd'hui j'arrive à être heureuse, la plupart du temps.
Je n'ai que 28 ans, peu d'expériences, même si la vie m'a fait grandir plus vite que prévu.
Alors je vais juste me livrer, simplement témoigner. Essayant tant bien que mal de donner un
peu d'espoir.
Il s'est passé tellement de choses en 1 an.
J'ai l'impression d'avoir vécu une décennie.
Je vais vous décrire, le long cheminement de ma pensée au cours de cette terrible (mais pas
que) année.
Les débuts de mon deuil furent abominables, d'une violence sans nom, j'ai tellement pensé à
la mort.
Pour être honnête à chaque fois que je voyais quelqu'un mourir dans un film ou une série je
me disais " tiens ce n’est pas si mal cette façon de mourir ça a l'air de ne pas faire trop mal".
Oui, j'étais heureuse uniquement en pensant à la mort, à la façon de retrouver mon amour
perdu.
J'imaginais la vie qu'on aurait là-haut. Je nous voyais volant dans le ciel à parcourir le
monde à s’aimer, à rire et surtout à ne plus jamais se quitter.
Clairement, j'étais apaisé en pensant à la mort.
Malgré tout ça, je n’ai jamais cessé de me battre. Je me levais chaque matin.
J'ai en moi l'image de cette femme dans le miroir si faible se tenant à l'évier, accablée de chagrin, de
douleur. Pourtant je me redressais chaque jour du mieux que je pouvais. Un jour après l'autre.
Chaque jour, chaque nuit passée était une victoire.
La notion de temps est importante, presque vitale, tu verras que le temps est et restera ton
meilleur allié.
Je suis allez voir un psy immédiatement après sa mort et j'ai pris des antidépresseurs sous
surveillance d'un psychiatre.
Je recommande fortement ça aide à sortir des abysses. Il n'y a pas de honte à avoir. Ce que
l'on vit est dur, anormale, insoutenable.
Lorsque quelqu'un se casse la jambe on lui donne des béquilles.
Là c'est pareil, n'ayez pas honte, ce médicament aide dans la reconstitution puis un jour on
marche sans béquille, promis.
J'ai aussi fait des massages énergétiques et shiatsu pour aider mon corps à sortir du trauma.
J'ai eu des douleurs cardiaques pendant des mois, (j'en ai encore aujourd'hui) des sueurs
froides chaque nuit, des crises de chagrin, d'angoisse, de tétanie, de paralysie du sommeil.
Mon corps entier à souffert et souffre encore souvent.
Je me suis battu fort, très fort.
Je ne connaissais pas cette force, ce courage qui dormait en moi.
C'est ce qu'on appelle la résilience et toi qui lit ce message tu en as, je te le promets.
Mais je ne me suis pas toujours battu, j'ai parfois lâché les armes.
J'ai bu, beaucoup, j'ai pris de la drogue, j'ai voulu me détruire pour mourir plus vite.
Je ne me suis pas lavé pendant des jours, parfois je ne me levais même pas. Et tu sais quoi
c'est OK tout ça.
Certains jours (surtout les week-end) se sera trop dur, ta peine sera trop
immense pour que tu puisses te lever. Prend cette journée, tu as besoin d'accueillir le chagrin.
Soit doux avec toi même, tu as le droit de tomber. Mais s'il te plaît essaye de te relever.
Promis, j'en arrive à l'espoir.
Un jour où j'ai décidé de vivre, d'essayer tant bien que mal de me reconstruire.
Je me suis dit que je ne pouvais pas rester veuve toute ma vie, je suis si jeune. J'ai le droit de
vivre, de rire, de faire l'amour !
Car oui il faut bien se l’avouer malgré la douleur, nos corps parlent.
Je me suis donc inscrite sur Tinder avec mes copines, et je dois l'avouer on a bien rigolé.
Quelques semaines plus tard j'ai parlé à un garçon qui m'a proposé de venir chez lui.
Le problème, il habitait dans le quartier de mon premier appartement avec Harold.
C'était trop j'ai refusé d'y aller. A la place je lui ai proposé de venir boire un verre. Il m'a posé
un lapin.
Heureusement, c'était un pervers qui a fini par m'insulter parce que je ne voulais pas venir
chez lui. Harold m'envoyais un message, il continuait de me protéger même de là-haut.
J'ai pleuré encore et encore puis j’ai appelé ma cousine, Emma. Je ne voulais pas être seule,
j'avais trop mal.
Elle m'a alors traîné à une soirée, ça tombait bien je voulais me mettre la tête à l'envers.
Cette soirée fut pour moi un signe du destin, enfin, d'un ange, mon ange.
Emma avait quelques semaines plus tôt croisée une amie d'enfance Clémence. Elle ne l'avait
pas vu depuis des années. Clémence travail en face de chez Emma.
C'est Ainsi, que je me suis retrouvée à faire la fête dans un fablab. Fête où j'ai rencontré le
garçon que je fréquente aujourd'hui, Arthur.
Pourquoi je suis si précise ? Car pour moi ces détails ont de l'importance. Ils représentent des
signes ou selon ses croyances un joli coup du hasard.
Mais si le pervers de tinder avait habité une autre station de métro, si je n'avais pas appelé ma
cousine, si elle n'avait pas croisé par hasard sa copine de collège, je n'aurais pas rencontré
l'homme que je fréquente aujourd'hui, et ma vie aurait surement plus de ciel gris.
Voilà comment, 3 mois après la mort d'Harold j'ai rencontré quelqu'un.
Que c'est dur de vous l'avouer. Même si je me force à ne pas avoir honte je le suis parfois,
honteuse.
Honteuse de "passer à autre chose" si vite, honteuse d'être apaisé dans les bras d'un autre.
Honteuse d’oublier.
Une bref parenthèse sur l'oubli. Nous oublions les corps, les odeurs et même les souvenirs.
C'est terrible mais c'est un mécanisme naturel qui nous aide à avancer. Ce mécanisme c'est
l'amnésie émotionnel. C'est trop dur alors on oublie.
Bref, pour en revenir à Arthur.
Aux début c'était juste du sexe, clairement si le sexe n'avait pas été bon je ne l'aurais pas revu. Il
me tenait avec ça. Lui tenir la main, regarder la télé, se promener, tous ces petits moments de
vie m'étaient impossible. Il le savait et on se changeait les idée en faisant l'amour.
C'est le premier garçon après Harold que j'ai pu embrasser, que j'ai pu regarder.
Ça faisait du bien de retrouver mon corps, ma sensualité.
Mais ce fut aussi terriblement difficile.
Son odeur par exemple me dérangeait, ce n'était pas celle d'Harold.
Puis il y a eu le chagrin d'être dans les bras d'un autre.
Dans la Pénombre l'ont peu imaginer tellement de choses, l'on peut construite sa propre
réalité.
J'ai alors serré Arthur de nombreuses fois en m'imaginant Harold.
Je crois qu'il le sait et qu'il m'a laissé faire.
Puis, petit à petit j'ai commencé à penser à Arthur quand j'étais triste et à ne plus imaginer
Harold se coller contre moi pour me rassurer.
C'est à ce moment-là que j'ai commencé à appartenir de nouveau au monde des vivants.
Sûrement en commençant à aimer de nouveau.
Mon dieu que c'était bon de penser à quelqu'un d'en vie et non pas à un mort.
D'attendre des messages qui pourront vous être envoyé.
De recevoir de l'affection, de la vrai et pas uniquement celle des souvenirs.
Je ne vais pas vous mentir au début Arthur était un mec pansement.
Il a calmé, atténué, soigné ma douleur.
Il me faisait toujours du bien même quand j'allais mal, vraiment mal. Alors on s'est vu
beaucoup vu.
Et lui, il a vu beaucoup de moi, de mon état de mon histoire. Il était juste là près de moi sans
jamais me brusquer ni me prendre en pitié.
Il était juste, c'est tout. Présent et juste.
Sans lui, je ne pense pas que j'en serais là aujourd'hui, la reconstruction aurait sûrement était
plus périlleuse.
C'était beau et très doux, mais c'était aussi douloureux.
Harold était souvent là, présent entre nous. J'avais presque l'impression de vivre dans un
triangle amoureux.
Aujourd'hui ça fait 8 mois qu'on est ensemble et Harold se fait de moins en moins présent.
Notre relation uniquement à nous deux a débuté depuis peu finalement.
Au fil du temps j'ai compris que l'effet pansement diminuait. Que je commençais à l'aimer
simplement pour ce qu'il était.
Il y'a des signes qui ne trompe pas. J'ai commencé à sourie en observant son visage, son
sourire en coin. Évidemment je pensais très souvent à lui. Bref je commençais à tomber
amoureuse de nouveau.
Mais l'idée de lui dire je t'aime me faisait trop mal, j'avais cette peine d'oublier Harold et cette
honte qui re-pointais le bout de son nez.
Pendant des semaines quand je le regardais j'avais envie de pleurer. Pleurer car j'arrivais a
éprouver des sentiments mais je pleurais aussi mon amour perdu.
Pleurer son ancien amour tout en pensant au nouveau, est une étrange sensation.
Mais voilà, un jour de beuverie je l'ai dit. J'étais tellement fière de moi, je crois que je lui ai
dit dix fois d'affilié, ça m'a soulagée et la peine s'est envolée.
Je crois que je suis capable d'avoir une vie heureuse. Pleine d'amour, d'un autre amour, tout en
chérissant le premier.
Bien sûr, il y a toujours la mélancolie et la tristesse. Je sais aussi que je n’en ai pas fini, que le
chemin reste long, sûrement le combat de toute une vie.
Oui, le chemin de la reconstruction est loin d'être fini.
Et pour m'aider j'ai décidé de changer de vie. De partir loin des souvenirs, loin de son
fantôme. Je peux gérer les souvenirs, les flash-back bon ou mauvais mais les lieux.
Aa, les lieux. Sans cesses là pour vous rappeler un passé heureux qui ne sera jamais plus.
Pourquoi m'infliger ça...
La solution, partir, ne pas fuir. Juste partir découvrir ma nouvelle vie.
Une nouvelle ville, loin de tout, mais loin aussi d'Arthur.
Ce départ, c'est pour moi une façon de me laisser une seconde chance, une seconde chance de
vivre heureuse, d'être Juliette, Juliette POINT.
Oui je suis veuve, oui j'ai souffert et soufre encore mais je ne suis plus la copine d'Harold.
J e ne peux pas, je veux, j'ai besoin d'être simplement Juliette.