Chère Ephémère,
Ne te méprends pas, tes mots ne me blessent pas, et c'est normal que je te manifeste quelque sollicitude.
Nos parcours et nos ressentis sont si identiques que c'en est troublant. Moi aussi, des deux dernières années, j'ai "oublié" ou fait taire mon corps. Je me disais "pas le temps", "je ne veux pas en rajouter", "il ne supporterait pas que je sois malade", "on verra plus tard". Il fallait que je sois à 100 % disponible pour lui. Comme le tien, mon corps a tenu, tant bien que mal.
J'ai passé depuis quelques examens pour rattraper mon retard ! A chaque fois qu'on a introduit une aiguille dans mon corps, j'ai pleuré. Oh pas pour moi, je n'avais pas si mal. Non, pour lui. Parce que je me suis demandé comment pendant 12 années il avait pu supporter ces tortures, ces agressions. Et c'est si peu, ce qu'on m'a fait, comparativement à ce qu'il a subi...
Lundi dernier, j'ai passé un examen sous anesthésie générale. J'avoue m'être dit "ça y est, je le rejoins". Je n'éprouvais aucune inquiétude.
Mais je me suis réveillée. Et j'ai alors pleuré toutes les larmes de mon corps pendant près de deux heures à cause de ce réveil. Les infirmières pensaient que je souffrais. J'ai expliqué brièvement, je ne sais trop comment, dans une demi conscience.
Difficile en effet de voir au-delà du lendemain : chaque jour, l'un après l'autre, est déjà une victoire.
Mais moi aussi, j'ai quatre petites douces avec moi. Et puis j'ai un fils et, je l'ai appris récemment, bientôt une petite-fille. De quoi me forcer à me projeter, que je le veuille ou non, avec la tristesse de penser que mon amour ne sera pas là pour partager avec moi.
Prends soin de toi, je t'en prie. Comme tu le dis souvent : sois douce avec toi.
Laisse moi m'inquiéter pour toi, qui sais si bien trouver toujours les mots pour nous réconforter.
Tendrement.
Dominique