Absolument Eiram, les garder ou les donner ne change rien à la souffrance.
Je voulais juste par ce post, dire qu'il ne faut rien précipiter, que les choses se mettent en place peu à peu à notre corps défendant. Ce qui semble insurmontable et inenvisageable aujourd'hui, sera différent demain.... Il m'a fallu 5 ans pour donner le plus gros des vêtements de mon mari, et, si je n'avais pas déménagé, sans doute seraient-ils restés encore longtemps dans leur cantine... comme il a fallu plusieurs mois pour qu'ils quittent l'armoire. Les enfants et moi avions alors interverti nos chambres, ce qui avait été le prétexte à faire un premier tri.
Je ne crois pas qu'il y ait là du fétichisme. Juste le désir de garder la trace. Mes enfants dorment dans les tee-shirt de leur père, mais ça leur passera... et les pulls vont rester au fond de leur placard, où ils vont les oublier tout en sachant qu'ils sont là.... Et sans doute est-ce pour eux une façon de le garder vivant.
Pour moi, son alliance que je porte, des photos, désormais ça me suffit. Je ne veux pas vivre jusqu'à la fin de ma vie dans le souvenir exclusif de notre vie passée. Mais encore une fois, par rapport à vous, j'ai pleuré 5 ans de larmes...
Je rejoins Ergé quand il dit qu'en plus du deuil, nous traînons longtemps la culpabilité de continuer à vivre sans nos conjoints, "le sentiment de le/la trahir, voir le/la faire mourir une nouvelle fois à chaque fois que nous voulons avancer...". C'est vraiment vrai, bien que le temps du deuil soit différent pour chacun de nous. Oui, c'est injuste... toutes ces années passées et à venir pour tenter de guérir d'une douleur à laquelle on ne s'était pas préparé... si on guérit jamais

Enfin, it's done.
D'avoir vidé cette cantine me rend plus légère quand même. Le passé se détache de moi de pelure en pelure. Mon mari est toujours dans mes pensées, mais à un niveau différent, de l'ordre du souvenir plus que du manque parce qu'en 5 ans, j'ai fait tant de choses sans lui, j'ai tant appris, tant résolu de problèmes, tant élevé nos enfants, que s'il revenait, peut-être n'aurait-il plus la même place qu'avant ?
C'est un peu comme les prisonniers de guerre qui revenaient chez eux plusieurs années après la libération et qui ne retrouvaient plus ce qu'ils avaient quitté... La mort change tellement les vivants...
Je vous embrasse en ce dernier jour de juillet et vous souhaite à tous force et courage.
A bientôt
M.