Il y a une chose dont je n'avais pas encore parlé, et qui m'est revenue ce matin: j'avais déja èvoqué le terrible moment où, juste après la mort de Jean-Philippe, j'avais dû nettoyer son sang. Je n'en avais oublié qu'une petite goutte, et il se trouve qu'elle est restée-comme quoi j'ai eu raison de nettoyer tout de suite: je ne le savais pas, mais le sang, ça reste
j'ai eu beau frotter et refrotter avec toutes sortes de produits, cette goutte oubliée est restée incrustée, pendant toute l"année que j'ai encore passer dans cet appartement.
Avant mon déménagement, j'avais finit par me sentir de nouveau bien dans ce bel et grand appartement où nous avions été si heureux, et à ne plus penser, le plus souvent, qu'aux beaux souvenirs. Sauf lorsque mes yeux venaient se poser, par inadvertance, sur cette trace minuscule mais qui èvoquait les pires souvenirs. Alors, je devais faire un gros effort pour ne pas avoir de nouveau ces images terrifiantes dans la tête. J'èvitais, autant que je pouvais, de regarder dans cette direction, mais comme mon canapé était juste à côté, ça arrivait quand même de temps en temps. Cette unique petite goutte de sang incrusté était comme un symbole, le symbole de l'un des pires moments de toute ma vie...j'avais lus des choses de ce genre, mais dans des romans, je n'aurais jamais cru que ça m'arriverais un jour
mais j'ai remarqué qu'il n'est pas rare que les romans parlent de choses que nous éprouvons, ou vivons à un moment ou à un autre de notre existence. Parfois on s'en passerait bien
Quand j'ai déménagé, c'est la première pensée que j'ai eue: ne plus voire cette goutte de sang.
C'est dans un nouvel appartement, un nouvel environnement, un nouveau quartier, avec de nouvelles habitudes que j'ai pus prendre un vrai nouveau départ, et ne plus penser-même si je dois toujours me surveiller-qu'aux beaux souvenirs partagés avec Jean-Philippe, plutôt qu'aux circonstances traumatisantes de sa mort.