Oui, Emi, besoin d'une pause émotionnelle...
J'ai connu Bruno à l'âge de 15 ans, il en avait 20.
Il était mon idéal masculin, il l'est resté très longtemps.
Avec lui, tout était possible, et il me jurait un amour inconditionnel et éternel.
Comment ne pas craquer devant ce grand costaud timide, au coeur si tendre ?
Son côté tout blanc/tout noir me plaisait aussi : il était prêt à tout pour ceux qu'il aimait. Attention aux autres, par contre...
Depuis 2-3 ans, son tempérament boudeur, ses prises de position caricaturales et injustes devenaient source de conflit entre nous.
Quand je me refais le film de nos dernières semaines, je me dis qu'iIl allait mal, très mal, et que j'ai pris le problème à l'envers. J'ai fait d'un des aspects de son mal-être un enjeu de notre relation, alors que j'aurais pu l'entendre comme tel : un énorme problème relationnel en général, et de couple, en particulier. Je l'ai vécu comme une trahison, un rejet et surtout un danger pour notre relation.
Je l'aimais trop pour tout plaquer, j'ai voulu réanimer ce qu'il restait de nous.
J'ai en fait aggravé la situation en ne lâchant rien, en exigeant des explications et des changements. Pendant 2 mois.
Jusqu'au jour où une dernière dispute a provoqué son suicide.
Alors, oui, je ressasse, et je souhaite le partager avec vous, parce que ce sont plusieurs gouttes d'eau que j'ai versées dans son vase déjà plein, et parce que ces pensées ne me laissent pas de répit.
Il a tout fait, à sa façon, c'est-à-dire sans pouvoir se livrer vraiment, pour me convaincre qu'il avait changé du jour au lendemain, mais je ne l'ai pas cru. Il a encaissé, pris des coups, mais s'en est tenu à sa vision des choses : "je t'aime, fais-moi confiance, j'ai été con mais j'ai changé. Je ne suis plus cet homme-là."
C'était peut-être vrai, mais il me mentait depuis des années, et il pouvait se contredire, et au final m'avouer encore autre chose. Et puis le Happy End, j'avais déjà donné.
A la fin, il disait ne plus avoir d'arguments pour me faire comprendre qu'il ne fallait pas qu'on se sépare, qu'il ne vivrait pas sans moi. C'était un dialogue de sourds. Je le suppliais de me rassurer, de montrer qu'il était fiable, malgré tout.
Il me répondait qu'avec le temps, je lui ferai confiance à nouveau.
Mais du temps, il ne nous en a pas laissé.
Je suis dévastée, je ne sais plus, sauf quand je relis vos messages, ce que j'aurais pu ou dû faire. tenir bon, comme je l'ai fait, poser des limites, ou lâcher et attendre de voir la suite ?
Je n'aurais jamais de réponse, mais en fait, peut-être que son suicide est sa réponse.
Il n'y avait peut-être pas d'issue.