Dur.
Dur de ne pas pleurer ce soir.
Grosse bouffée de chagrin.
Il me manque à en crever.
Un entrepreneur est venu à la maison. Il a salué la qualité du travail qu'a fait Bruno dans notre maison.
Beaucoup de souvenirs des travaux, de notre complicité, de nos projets en cours m'ont assaillie.
Je me sais capable de mener à bien un certain nombre de choses, mais ce qui me fait mal, ce qui me questionne, c'est l'intérêt de tout ça.
Le plaisir venait de la vie avec lui, de nos discussions, de nos différences et de notre complémentarité.
Le monde n'a plus de saveur.
Je pense à lui en permanence, mais je ne m'effondre plus en apparence.
Au fond de moi, mon coeur vole en éclats quand je pense à ce qu'il aurait dit, fait, pensé.
C'est peut-être pire, de ne pas pleurer.
Mais j'ai remarqué que mon entourage se lasse.
Alors je garde pour moi, je fais comme si.
J'avance un peu, cependant, mais sans savoir où je vais, ni jusqu'à quand je vais tenir.
Ou plutôt, je me redresse. Je ne rampe plus comme un animal blessé à mort.
Je peux me tenir debout. Eperdue de chagrin, mais debout.
En tous cas, une journée de passée.
Demain, c'est l'anniversaire de mon neveu de 7 ans.
Je ne suis pas retournée chez mes parents depuis plusieurs semaines.
Y aller me rappelle les semaines qui ont suivi le décès de Bruno.
Nous dînions en famille tous les soirs là-bas.
J'espère tenir bon. Je serai courageuse.
Etre courageuse, actuellement, ça signifie affronter la douleur en silence. C'est déjà beaucoup.
Je m'imagine être la figure de proue d'un navire (le Titanic ?)
Je prends en pleine face des paquets d'eau salée terriblement corrosive.
Ma peinture est toute écaillée, mais je tiens bon.
Saleté de vie.