Comme je te comprends, rendre l'appartement a été aussi pour moi une horreur absolue., indescriptible
Je manquais tellement de forces physiques et psychiques, j'avais tellement de douleur à être dans ce lieu aimé, que lorsque j'avais réussi à faire un carton ou à laver une pièce, je me félicitais, et je demandais constamment à mon mari s'il aurait été fier de moi.
J'ai eu aussi de moments de panique tels, que je me tétanisais et ne pouvais plus bouger ni rien faire. Je me mettais alors sur le lit où j'avais trouvé refuge, et j'attendais que la crise se passe. J'appelais cela le mode " sécurité".
Il faut faire attention à la fragilité physique et psychique dans laquelle nous sommes à ces moments-là.
Après l'horreur du déménagement, il y eut cette accalmie, du " c'est presque un miracle que j'ai réussi à faire cela", du " mais où ai-je donc trouvé cette force", du " ce cauchemar là est fini".
La chaos des cartons que je n'arrive toujours pas à ouvrir aujourd'hui pour de multiples raisons, horrifient mes proches. Que diraient-ils s'ils voyaient le chaos intérieur... Plus de géographie, plus de temporalité, plus de d'équilibre, et j'en passe.
Le temps explosé, personne ne peut le ressentir à part soi même, en liaison avec le traumatisme.
Je fais attention à ne pas souffrir plus que je ne peux le supporter, ou dis autrement de ne pas rajouter de l'acide sur ma plaie béante. là encore , les proches, la plaie, ils ne la voient pas. Comment le pourraient-ils d'ailleurs?
Toute ma compassion pour cette période si éprouvante.