Oui, Pima, je crois qu'à un moment, on finit par se complaire dans le chagrin et dans les larmes, on reste "l'inconsolable..." et pourtant, oui, je pouvais continuer à pleurer, à me lamenter, à l'appeler au secours, à faire du sur-place (et ça, je l'ai fait presque 4 ans), ou je pouvais faire le choix de vivre et de couper le lien qui le retenait à nous.
Oui, je crois que notre douleur inguérissable les retient à nous, d'une certaine façon, et les culpabilise de ne pas pouvoir nous aider, ou de ne pas pouvoir nous consoler. Or, la seule chose qui peut nous consoler, c'est l'acceptation...
Et l'acceptation, c'est aussi leur dire avec Amour : "Tu fais à jamais partie de mon histoire et de ma vie, ne plus te pleurer ce n'est pas t'oublier, mais toi et moi avons des choses à faire l'un sans l'autre désormais.... toi là-haut dans la lumière, et moi ici dans ce qu'il me reste à vivre sans toi.
Ca ne se fait pas en un jour, ni un mois, ni une semaine, ni en 1 an... ça demande des mois et parfois des années de doutes, de chagrin et des torrents de larmes....
Moi, je l'ai vécu comme ça.
Mais je respecte la façon de tout le monde à vivre son deuil. Il n'y a pas de règle, c'est selon la personnalité, la croyance, le désir de chacun.
Certains endeuillés le restent toute leur vie, en une fidélité absolue et définitive envers l'absent. Je comprends que tu n'envisages pas d'être autre chose qu'une "veuve Corse", parce que ton deuil est certainement plus récent que le mien qui a 5 ans.
Moi je crois en la vertu du temps qui apaise, permet de prendre du recul, de se remettre en question et de faire de nouveaux choix. Bien sûr, que tu n'as plus d'horizon. Je n'en avais plus non plus, le 02 septembre 2006, quand mon mari est tombé de son arbre et s'est tué sur le coup ! Mais tu verras que tu vas cheminer, lentement, et que dans 3 ans (qui te semblent si loin !), tes mots seront différents, tes sentiments aussi et sans doute viendras-tu ici, aider ceux qui sont dans un deuil récent.
Oui, je crois que mon mari garde un "oeil" bienveillant sur nous. Mais ce n'est plus lui que j'appelle à l'aide quand je suis en détresse. Il n'est pas mon ange gardien, il était mon mari. Ce n'est pas son rôle. Mais je suis persuadée que parfois, il me souffle mes choix, parce que je prends des chemins insoupçonnés la veille, et qui se révèlent soudain être bons pour moi et mes enfants. J'y vois son empreinte bienveillante et je lui suis reconnaissante de tout ce qu'il peut faire pour nous, dans la mesure de ses moyens et de son temps...
Voilà.
Je sais, c'est bizarre.
Encore une fois, j'ai 5 ans de veuvage. J'ai aussi 55 ans, comme toi et deux enfants jeunes qui me tirent vers le haut. C'est vrai que sans eux, j'aurais sombré depuis longtemps.... J'ai beaucoup de chance.
Je t'embrasse.
Haut les coeurs à tous.
M.