Auteur Sujet: Un samedi de Juillet pas comme les autres  (Lu 5720 fois)

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ergé

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Un samedi de Juillet pas comme les autres
« le: 23 juillet 2011 à 10:49:34 »
Ma Belle Michelle,

Tu me manques ! Et oui, je me répète, et non, je ne sais rien écrire d’autre !

Tu me manque et je suis triste, tu me manques et je pleure en écrivant tout cela, alors qu’il est à peine neuf heures, ce matin du Samedi 23 Juillet. Si je suis encore plus triste qu’à l’habitude, et si je pleure de si bonne heure, c’est parce que tu n’es pas là bien-sûr, mais c’est aussi parce que c’est l’anniversaire de notre fils ; il a 23 ans ce 23 Juillet. Je devrais me réjouir de voir nos enfants avancer dans la vie, mais à chacun de ces anniversaires, ton absence se fait encore plus violente. De plus, il a choisi ce jour, qui devrait être pour lui aussi un jour de bonheur, pour aller au cimetière se recueillir sur ta tombe. Tout ça me bouleverse !

Il y a quarante-huit heures, au pied de ta tombe, je pleurais déjà, encore, toujours ! Je pensais à lui, qui allait avoir 23 ans justement, et je me disais que s’il devait se marier un jour avec son amie, qu’il fréquente maintenant depuis presque trois ans, ce serait pour moi, et sans aucun doute pour nous tous, une fête bien difficile à vivre sans toi.

Malgré cela, les jours passent et la vie continue. La solitude me pèse. Pas la solitude physique, car je suis toujours entouré et il est rare que je sois seul, le soir, à la maison ; il y a en permanence ou presque, au moins un de nos enfants près de moi, à tel point qu’il m’arrive d’avoir l’impression d’étouffer et de souhaiter, parfois, être vraiment seul un peu. Non, c’est de la solitude morale dont je souffre. De cette solitude à laquelle les enfants, qui m’entourent, ne peuvent rien entendre, eux qui semblent imaginer – ce que je comprends et dont je ne les blâme pas – que ma vie ne peut que s’écouler ainsi, jusqu’à ma mort, dans les souvenirs et à mi-chemin entre le pater familias, éternel gestionnaire des affaires de tous, et le papy gâteaux.

Pourtant, ma Michelle, ce n’est pas ainsi que je souhaite vivre les années qu’il me reste à vivre ; autant aller te rejoindre tout de suite. Même si je n’ai pas achevé mon deuil, et faute de t’avoir à mes côtés, c’est pourtant d’une présence dont j’ai besoin, d’une épaule sur laquelle poser ma tête certains jours, de quelqu’un avec qui partager ces petits riens de la vie, comme nous l’avons fait pendant 35 ans, d’amour en un mot.

Je t'aime. Pourquoi es-tu partie si tôt?!

Jean-Luc

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Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #1 le: 23 juillet 2011 à 11:00:57 »
Bonjour "ergé"
Je suis nouveau sur ce site et je ne sais comment vous répondre. Alors je me lance.
Il, vôtre entourage, ne peut en effet pas comprendre ce que vous vivez, vos peurs, craintes, colères, ... vos espoirs et vos besoins.
Pour les prochaines années à vivre, il me semble important de savoir ce que vous avez envie de vivre, comment vous souhaitez ETRE, l'image de vous qui vous conviendrait le mieux ... afin que vos ressources puissent se mobiliser vers cette direction
Trèssincèrement
Jean-Luc

mc59

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Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #2 le: 23 juillet 2011 à 11:17:15 »
bonjour Ergé;
je me retrouve dans les mots que tu écris..
cette solitude morale, ce manque de l'être aimé  "avec qui partager ces petits riens de la vie"..
ces échanges quand on rentre à la maison après un moment passé avec les enfants ou des amis ;
partager les joies et les soucis du quotidien ...
cette épaule où  poser sa tête quand on est fatigué.. ces bras qui entourent et apaisent ..
tous les souvenirs aussi que l'on a dans la tête des moments vécus à 2 , et qui ne sont plus que 'nos' souvenirs car il (elle ) n'est plus là pour les évoquer avec nous ..
et combien d'années à vivre ainsi ?
Maman était veuve à 50 ans , et a vécu cette solitude 38 ans.
suis-je condamnée à la même peine ?
je t'embrasse et te souhaite tout de même une douce journée avec ton fils
marie-claire

Marico

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Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #3 le: 23 juillet 2011 à 15:04:41 »
Oui, je crois que nous avons tous en nous cette dualité : souffrir l'absence et pourtant désirer une présence. Avec toute la culpabilité qui va avec....
Mais il y a aussi la grande difficulté à s'ouvrir à un nouvel amour, à lui laisser un peu de place. Pour celui ou celle qui arrive, c'est pas gagné d'avance et pourtant, nous recherchons tous à un moment donné, à continuer notre vie terrestre dans l'amour, la compréhension, la complicité retrouvés. Nos conjoints disparus dans notre coeur, comme de beaux et doux souvenirs qui nous accompagnent. Et près de nous, un compagnon qui nous correspondrait comme nous correspondait celui/celle qui a disparu. Franchement, moi aussi j'aimerais... ! Mais nous sommes devenus difficiles à satisfaire...

Tiens, aujourd'hui, 23 juillet, c'est aussi ma fête... bon c'est sans intérêt, mais ça me permet de me la souhaiter !!!!... Et puis nous aussi, nous étions sur la tombe de mon mari tout à l'heure...

Allez, Haut les coeurs à tous et surtout à vous Ergé, qui avez beaucoup de chance d'être très entouré par des enfants aimants et soucieux de vous.  C'est bien.
Cordialement.
M.

ergé

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Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #4 le: 23 juillet 2011 à 17:50:59 »
Merci à toutes et tous pour votre soutien, pour ces paroles apaisantes.

Eh oui Jean-Luc, peut-être en avez vous déja fait l'expérience, malgré la fraîcheur de votre deuil, même les plus proches ne peuvent pas ressentir complètement notre incompréhension, notre colère, notre désarroi face à ce malheur qu'est la perte de celle ou de celui qui partageait notre vie.

Comme je l'écrivais et comme le souligne Marie-Claire, plus encore que les grands moments de passion, souvent éphémères, ce sont ces petits instants du quotidien qui font le bonheur d'être deux, de regarder dans la même direction, de partager parfois des riens, de simples conversations, de simples échanges. Et que dire du simple bonheur  de prendre un petit déjeuner à deux, d'échanger sur un livre, un film que l'on a aimé, de se retrouver en tête à tête, ou avec les enfants, autour d'une table familiale ou dans un restaurant, pour fêter un évenement, ou sans aucune raison particulière. Que dire encore du simple bonheur de se tenir par la main,  de regarder le chemin parcouru et celui qu'il reste à parcourir, de prendre en commun des décisions pour les enfants. Que dire même des petits conflits qui émaillent la vie de tous les couples, mais qui font que l'on est heureux de se retrouver, quand souvent, on ne se rappelle même plus pourquoi on s'est chamaillé.

Autant de choses banales, de petits moments d'amour imperceptibles qui font que la vie a du sel, et que les années passent, finalement, sans même qu'on s'en rende compte.

Alors oui Marico (J'ai lu Brigitte sur mon calendrier - Bonne fête, pourquoi n'y aurions nous plus droit?) quand cette page est tournée et que l'on sait que jamais plus on ne pourra la relire, mais quand on se dit aussi qu'il y a encore plein de pages à écrire, alors oui, bien-sûr, la culpabilité est immense et le dilemne atroce: renoncer à tout bonheur sans elle ou lui, ou tenter de sauver ce qui peut l'être, de vivre malgré ça, malgré cette absence, mais avec tout le poids de cette culpabilité sur les épaules.
Et la réponse que l'on apporte n'est pas forcément la même chaque jour, en fonction de l'humeur du moment. Alors j'ai envie de vous dire qu'il faut profiter de l'instant, sans savoir si j'en serai capable moi-même le moment venu. Comme ça doit être difficile, Marie-Claire, de passer, comme ta maman, presque la moitié de sa vie uniquement dans le deuil.

Comme c'est injuste tout ça, ces épreuves et tout ce qui va avec !

Hors ligne bruno

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Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #5 le: 23 juillet 2011 à 18:03:50 »
     Oui  INJUSTE juste INJUSTE

Jean-Luc

  • Invité
Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #6 le: 23 juillet 2011 à 18:47:41 »
Terriblement injuste avec souvent pour moi ces questions :
Pourquoi moi ?
Ce que j'ai fait pour mériter cela ? etc ...
Et la c'est la colère qui monte, qui gronde et qui me fout sur le flan, KO pour le compte, anéanti et vidé !!
Nous avions tout fait pour vivre heureux ... Elle m'a laissé ses deux enfants toutefois !
Oui c'est injuste et en même temps je sais que je vais devoir faire avec ...
Ce soir je suis d'humeur massacrante, j'ai pleuré pratiquement toute la journée !
Attendre un appel qui ne vient pas, les proches qui sont proches uniquement par l'appellation .. mais qui n'ont pas les mots, qui n'osent pas, ne comprennent pas ...
Alors je me réfugie avec mes animaux, chiens, chats, Ane et poney ... et je leur raconte ma vie avec ma belle, ma douce Geneviève
Je hais les w-end, je hais les w-end
Humeur du samedi
Jean-Luc

bruna

  • Invité
Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #7 le: 23 juillet 2011 à 19:01:15 »
bonsoir a toutes et tous

rien a rajouter a tout ce que vous avez dit,,,,INJOUSTE
moi aussi aujourd'ui j'ai de la colere il me manque tellement je reviens du cimetiere les larmes plein les yeux
bonne fête Morico et pour vous Ergé passez une bonne journree avec vos enfants
je pense bien a vous tous ...Bruna....

escouba

  • Invité
Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #8 le: 23 juillet 2011 à 19:13:40 »
Bonsoir,



           Je me sens particulièrement touchée par vos paroles à tous. Les "petits riens" de la vie quotidienne, l'injustice de la mort qui frappe au hasard, l'injustice aussi de la souffrance de tous ceux qui ont lutté pendant des mois contre la maladie alors que cela a été inutile, la colère de ceux qui restent et qui se demandent pourquoi ils n'ont pas pu sauver celui ou celle qu'ils aimaient et cette vie qui s'écoule mais qui reste sans saveur même si cela ne se voit pas.
Il y aurait beaucoup à dire mais cela ne change rien à la réalité qui est là chaque matin quand on se réveille et avec laquelle il faudra vivre. Je crois qu'on essaie de faire au mieux au jour le jour et tant pis pour ceux qui disent que cela ira mieux demain, le deuil étant plus lointain, car ce n'est pas comme cela que tout fonctionne : il y a des jours "avec" et des jours "sans" et j'envie parfois ceux qui sont croyants car je me dis qu'au bout de la route pour eux, il y a l'espoir.
Je souhaite beaucoup de choses à tous ceux qui sont là pour qu'ils puissent trouver un petit coin de paix.

Cordialement,

Laurence

chantou

  • Invité
Re : Un samedi de Juillet pas comme les autres
« Réponse #9 le: 24 juillet 2011 à 01:00:18 »
C'est si dur si difficile de vivre sans lui... tout me rappelle sa présence, tout me fait ressentir ce manque de lui... je ne vais pas bien, je ne sais plus comment faire pour continuer, ... je me retrouve tellement dans tout ce que vous écrivez! notre souffrance a tous est tellement semblable, tellement réelle .. moi aussi il me manque affreusement, toutes ses petites choses de la vie qui nous paraissent si insignifiantes dans la vie de tous les jours et qui nous manquent tellement aujourd'hui quand on sait que tout est fini ... que plus jamais nous ne partageront quelques minutes avec lui...
sur le mur au dessus de mon pc j'ai mis son portrait, une très grande et belle photo... derrière lui la mer si bleu, le calme, le soleil, et puis lui, souriant, lunettes de soleil, teint bronzé, sur de lui ... quand je le regarde ce sont des milliers de pensées qui se bousculent dans ma tete et un océan de larmes qui inonde mes yeux, quand je me dis que plus jamais je n'entendrai sa voix, plus jamais je ne verrai son sourire, plus jamais nous n'irons nous balader ensemble, je ne veux pas croire en cela!! je ne peux pas!! je ne veux pas continuer cette vie sans lui! ...pourquoi m'as tu quitté si vite? pourquoi? pourquoi cette saleté de maladie t'a t'elle emporté loin de moi, loin de tes enfants, de tes petits enfants, de cette vie qui était la notre...
toutes ces larmes qui coulent, cette fatigue morale qui m'épuise, je voudrais tant que tout s'arrete!
mon seul réconfort c'est vous, vous qui me comprenez, ca je le sais!!!
alors merci merci a vous tous et bon courage a vous aussi mes amis