Ma Belle Michelle,
Tu me manques ! Et oui, je me répète, et non, je ne sais rien écrire d’autre !
Tu me manque et je suis triste, tu me manques et je pleure en écrivant tout cela, alors qu’il est à peine neuf heures, ce matin du Samedi 23 Juillet. Si je suis encore plus triste qu’à l’habitude, et si je pleure de si bonne heure, c’est parce que tu n’es pas là bien-sûr, mais c’est aussi parce que c’est l’anniversaire de notre fils ; il a 23 ans ce 23 Juillet. Je devrais me réjouir de voir nos enfants avancer dans la vie, mais à chacun de ces anniversaires, ton absence se fait encore plus violente. De plus, il a choisi ce jour, qui devrait être pour lui aussi un jour de bonheur, pour aller au cimetière se recueillir sur ta tombe. Tout ça me bouleverse !
Il y a quarante-huit heures, au pied de ta tombe, je pleurais déjà, encore, toujours ! Je pensais à lui, qui allait avoir 23 ans justement, et je me disais que s’il devait se marier un jour avec son amie, qu’il fréquente maintenant depuis presque trois ans, ce serait pour moi, et sans aucun doute pour nous tous, une fête bien difficile à vivre sans toi.
Malgré cela, les jours passent et la vie continue. La solitude me pèse. Pas la solitude physique, car je suis toujours entouré et il est rare que je sois seul, le soir, à la maison ; il y a en permanence ou presque, au moins un de nos enfants près de moi, à tel point qu’il m’arrive d’avoir l’impression d’étouffer et de souhaiter, parfois, être vraiment seul un peu. Non, c’est de la solitude morale dont je souffre. De cette solitude à laquelle les enfants, qui m’entourent, ne peuvent rien entendre, eux qui semblent imaginer – ce que je comprends et dont je ne les blâme pas – que ma vie ne peut que s’écouler ainsi, jusqu’à ma mort, dans les souvenirs et à mi-chemin entre le pater familias, éternel gestionnaire des affaires de tous, et le papy gâteaux.
Pourtant, ma Michelle, ce n’est pas ainsi que je souhaite vivre les années qu’il me reste à vivre ; autant aller te rejoindre tout de suite. Même si je n’ai pas achevé mon deuil, et faute de t’avoir à mes côtés, c’est pourtant d’une présence dont j’ai besoin, d’une épaule sur laquelle poser ma tête certains jours, de quelqu’un avec qui partager ces petits riens de la vie, comme nous l’avons fait pendant 35 ans, d’amour en un mot.
Je t'aime. Pourquoi es-tu partie si tôt?!