Oui, un regard, même pas besoin de se parler...c'est ça aussi l'amour, c'est avant tout un lien spirituel. Et quand, hélas, le lien du corps est rompu, l'amour spirituel, le plus précieux, l'essence même de notre amour, reste. S'il y a une chose dont je suis certaine, c'est bien celle-là.

  Envisager d'aider un jour, à ton tour, d'autres personnes, c'est très positif, car ça signifie qu'en dépit de cette terrible souffrance que tu ressens , tu sais qu'un jour, tu iras mieux. Si les témoignages de certains d'entre nous t'ont aidé à le savoir, tant mieux  je ne voulais pas le croire, enfin, j'avais bien du mal , après le décès de Pierre, et pourtant les témoignages de personnes plus anciennes que moi sur le forum me donnaient une lueur d'espoir, et elles avaient raison. J'ai été la première surprise de cette évolution. Quand c'est Jean-Philippe qui est mort à son tour, la souffrance était aussi insoutenable, mais je savais, par expèrience, que le processus de deuil dont on parle est le même pour tout le monde, et pour chaque deuil; avec des variantes et des laps de temps plus ou moins variables, mais le processus lui-même est inévitable. Et quand la souffrance s'est apaisée de nouveau, je n'ai pas été étonnée, je savais que c'était normal. Et je n'ai pas craint, comme après le décès de Pierre, que l'apaisement signifiait "oubli". Je savais que ça n'arriverait pas là non plus. Je sais que c'est une bien faible consolation, mais puisque ça semble te faire un peu de bien, je te le certifie: oui, il y a toujours un lueur au bout du tunnel.

 

Bonsoir Denis,

Tout comme pour toi, je n'aime pas cette route du retour qui me ramène à notre maison vide.
Et la première fois où je me suis levée sans qu'il soit à mes côtés pour prendre notre déjeuner, pour échanger quelques mots et baisers avant de partir, c'était d'une cruauté ...
Mon premier réflexe en arrivant à la cuisine c'est d'allumer la radio pour entendre des voix humaines. Pareil dans mon véhicule, je fuis ce silence devenu si pesant.
Courage à toi, nous te comprenons, ton ressenti est ou a été le notre.
Affectueusement,
Marie

  Oui Qiguan, c'est une preuve supplémentaire que les deuils sont à la fois semblables et différents. Je dois dire qu'après le décès de Pierre, puis de Jean-Philippe, le silence m'était aussi très pesant, insupportable oui,, alors je m'entourais de bruit, le plus possible. Télé ou radio, pour ne pas ressentir plus encore ce silence pour moi ècrasant...même si ne plus entendre les paroles toutes simples de celui que je venais de perdre était une souffrance quotidienne, elle ètait moins insoutenable avec ces bruits rassurants dont je m'entourais. Il m'a fallut plus de temps dans les étapes de deuil pour supporter, et même venir à apprècier le silence, à ne plus en avoir peur aussi.

  Si je peux t'aider, Denis, j'en suis très contente. Je ne peux que partager mes expèriences du deuil-expèriences dont je me serais bien passée...mais hélas, les choses étant ce qu'elles sont, si mon vécu peux donner un peu d'espoir à d'autres personnes, c'est dans l'ordre des choses je pense. Bien sûr, comme tu le sais déjà, le chemin est long et semé d'embûches, c'est impossible autrement. Tu as parfaitement le droit de pleurer ton aimée, ce n'est pas bon de refouler ses émotions. Les larmes sont faites pour nous permettre d'évacuer-ou plutôt d'exprimer, dans un premier temps, cette souffrance qui déborde. Les émotions doivent être acceptées, exprimées d'une manière ou d'une autre. Et je ne parle pas de l'acceptation de la perte de l'être aimé, ça, c'est plus long.

  Douces pensées à tous