Auteur Sujet: un deuil compliqué  (Lu 3937 fois)

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tiobob

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un deuil compliqué
« le: 25 septembre 2012 à 22:57:38 »
bonsoir à vous,

je viens de lire ce passage du livre du dr fauré qui parle des deuils compliqués, et voilà que je respire un peu mieux.
Depuis que je vous lis, vous tous qui echangez ces brins de vie meurtries, je me sent tout à la fois proche et bien loin de vous parfois...
Pourquoi?
Parce que ça fait deja 3 ans pour moi que mon epoux est parti et que j arrive tout juste à pouvoir mettre des mots là dessus depuis que je vous ai rejoint.
Je ressent un peu  ce que certains ressentent apres quelques semaines ou quelques mois de deuil.Pour moi ça a pris des années à emerger.
Pourquoi?
Je pense que mon instinct de maman s est d abord mis en mode survie pour ce petit etre de 10 jours à peine que je serrai dans mes bras quand son papa est mort sur ce lit d hopital au milieu des soins intensifs.
Toujours ce bip intempestif et lancinant qui marque la fin de cette vie...
Bizarrement j ai contracté des problèmes auditifs suite à un accident de plongée survenu 2 ans apres son deces et qui m a valut une belle frayeur:et si moi aussi j etai morte ce jour là...
Je me suis retrouvée à l hopital, pile poil pour l anniversaire de son décès, moi dans ce lit avec les perfs et le masque à oxygène...
Au secours , qu est ce qui m arrive????
A partir de là les emotions sont remontées vraiment, et  j ai retrouvé le chemin du deuil.
Mon fils était devenu plus autonome, capable de s exprimer, et moi je pouvais souffler un peu...Mon petit allait bien et je n avais pas si mal joué mon rôle auprès de lui.
Ouf!

sauf que, c est là que commence le vrai cheminement, là que je lache prise avec le mode survie pour me reconnecter au réel.
Aïe, au secours, mais qu est ce qui m arrive???
Les symptômes et les sejours à l hopital se succèdent, le corps lache, puis progressivement le moral, et là , grand desert, plus personne pour m entendre, pour me comprendre.....

Le travail c etait mon dernier rempart, et voilà qu en septembre on me convoque dans un bureau pour me faire la leçon, me mettre sous surveillance...Là tout s écroule, il ne reste vraiment plus rien de moi...

Alors je suis allée sur internet pour tromper le temps, pour essayer de comprendre aussi, et je vous ai trouvés!
Ouf encore une fois.
Aujourd’hui je me comprend un peu mieux, je me sent toujours épuisée et très déprimée mais au moins j ai conscience que tout cela a un sens, grâce aussi au livre du docteur Faure que j ai du mal a terminé car de grosses difficultés de concentration.

J ai vécu anesthésiée de cette douleur pendant 2 ans.J ai de gros trous de mémoire, notamment sur  les suites direct du décès de mon mari.Les grandes lignes sont là: l annonce, l autopsie, l enquête, les aller retours dans les commissariats, les démarches pour réparer les conneries procédurières et faire rapatrier son corps,l enterrement, le procès , l appel......mais je n arrive plus a organiser tout ça dans  le temps.
ça reviendra sans doute.

En attendant, la prochaine étape, c est de vous rencontrer en chair et en os.
Je l attend tout autant que je la redoute, moi qui me sent si proche de vous mais qui ai si peur de me sentir parfois si différente de vous aussi.
J aimerai pouvoir parler avec des mots tendres, de l émotion, de sentiments, mais je sent encore que les mots sont trop distants, comme si je me protégeai encore tant bien que mal de ressentir.

Et pourtant quand je vous lis , mes larmes coulent, parce que je suis touchée de vos histoires, mais aussi parce que je suis un peu désolée de ne pas savoir encore aussi bien mettre des mots sur mes douleurs.
Je vous envie, pas de vos parcours tourmenté, mais de ce chemin que vous avez déjà fait et qui me semble si long...

Désolée, mon post est long lui aussi.
merci pour ceux qui l auront lu jusqu au bout

Bonne soirée

tiobob

Chris-ka

  • Invité
Re : un deuil compliqué
« Réponse #1 le: 26 septembre 2012 à 08:47:12 »
Tiobob,

Selon les circonstances, les histoires, il est normal que certains deuils se fassent "à retardement".

La brutalité de la séparation, le choc, te retrouver avec un p'tit bout de 10 jours (à peine remise de ta grossesse, de ton accouchement) et bien d'autres élements certainement ont fait que tu ne t'es pas laissée aller complètement à ta peine, ta douleur ... Tu as recentré ta vie sur ton enfant, ton travail ... J'ai aussi l'impression que tu t'es mise volontairement en suractivité pendant toute cette période (les voyages  ;), une autre relation) pour fuir ...

Et tu le payes cher maintenant ...

Si tu lis les messages de Caroline (du Québec), c'est exactement ce qui lui est arrivé deux ans après le décès de Lowell et regardes combien elle a avancé en l'espace de 6 mois ...

Alors ne désespère pas, fais toi aider (ce que tu as fais d'ailleurs en nous rejoignant ici), prends du temps pour toi toute seule, arrêtes toi un moment de travailler, pleures ... 

Prends soin de toi

Je t'embrasse
Karine

lilas52

  • Invité
Re : un deuil compliqué
« Réponse #2 le: 26 septembre 2012 à 11:04:22 »
BONJOUR,
Tous nos parcours ne sont pas les mêmes. Je pense bcp à vous les plus jeunes qui devez vous occuper seul(e)s de vos petits et parfois ados. Maintenant que ton petit a grandi,tu vas avoir un peu plus de temps. Karine a raison, cela nous a fait plaisir de lire le dernier message de caroline. Toi aussi tu vas avancer à ton rythme, avec des hauts et des bas mais tu retrouveras des jours plus sereins.
Ne te décourage pas,
 cordialement LILAS

catyam

  • Invité
Re : un deuil compliqué
« Réponse #3 le: 26 septembre 2012 à 14:11:37 »
Tiobob
Je lis ton message et mon coeur se serre car moi aussi je me retrouve dans cette situation,j'avance pour mon petit garçon , je n'ai pas le choix.
,Je n'arrive plus à penser , j'avance comme un automat.Moi si organisée avant j'ai besoin d'un agenda car j'oublie tout, mon cerveau ne fonctionne plus normalement.
Je n'arrête pas de m'occuper pour ne pas penser et quand je passe devant une photo de mon amour, mon coeur se pince mais les pleurs ne viennent pas.
Hier j'ai mis de l'ordre dans nos souvenirs et j'ai regardé des vidéos de notre vie , le voir et l'entendre me fait sourire mais toujours pas de larmes, il faut que j'avance.
Ce matin au super marché je vois des noix, choses bêtes et à nouveau boule d'angoisse c'était les fruis secs préférés de mon mari..
Je pense que faire mon deuil 'comme on dit" n'est pas possible pour moi pour l'instant, pas le temps de penser à moi, il y a julien ,l'école, les devoirs le sport les courses les papiers, les problèmes, la  maison, le jardin bref tout ce que tu connais;
Je reprend bientôt le travail et cela me fait un peu peur car pour les autres  ce qui nous est arrivé est passé mais au contraire  ,nous sommes des amputés de la vie et ils ne peuvent pas comprendre, comprendront ils que j'ai changé, que je ne suis plus la même qu'au paravant?

J'avais très envie de me joindre à vous le 17 novembre mais malheureusement c'est un peu loin, les fiannces sont justes et je n'ai personne pour mon petit garçon.
Je vous souhaite une rencontre pleine d'émotions et d'amour qui vous boust et vous donne de l'énergie.
Nous attendrons donc un compte rendu

Je vous embrasse

Catherine

marcel09

  • Invité
Re : un deuil compliqué
« Réponse #4 le: 26 septembre 2012 à 15:31:20 »
Tiobob,

Je prends ton fil en cours. Il est évident qu'aprés le décès de ton mari et la bonne nouvelle de ta maternité, il ya eu conflit, et que c'est ton petit bout de chou qui a pris le pas sur le décès (Je n'arrive pas à passer sur le mot mort, ça coince), et heureusement pour lui. Malheureusement pour toi, tu t'es mise entre parenthése, et ton deuil c'est mis en sommeil, jusqu'au moment ou tu t'es retrouvé à la place de ton mari sur le lit d'hopital aprés ton accident de plongée.
Tout est remonté en toi, des plus loitaines profondeurs de l'ame. Et s'il était arrivé le pire? Et ton petit Homme ? La culpabilité?
Maintenant, il faut commencer à faire ce qui n'était pas possible il y a 3 ans. Tu as pris du retard, mais le plus important et tu as bien choisi, était ton petit garçon. Tu vas avancer, parce que lui est là et qu'il va te tirer vers l'avant. Tu vas pouvoir lui parler de son papa, lui montrer les vidéos, lui faire connaître ce père qu'il n'auras pas connu. Mais ton époux, lui, à eu l'immense bonheur de voir son fils, et de voir sa femme fière de le lui avoir donné.
Beaucoup de courage. Nous sommes là avec toi. Comme Catherine je ne pourrais pas être présent le 17 à Bourges, mais j'attends avec impatience le résultat de vos "retrouvailles.
Prends bien soin de toi et de ton Bonhomme.
Marcel

tiobob

  • Invité
Re : un deuil compliqué
« Réponse #5 le: 26 septembre 2012 à 21:19:14 »
bonsoir à tous,
Un peu de chaleur en ce jour pluvieux ça fait du bien, et vous m en avez apporté plus que de raison par tous vos messages.
Marcel, si quelqu un a eu de la chance que mon époux puisse connaitre son fils, c est bien moi.Car ce jour là j ai découvert tout un aspect de sa personnalité qui restait jusque là inaccessible.
Une bonne copine m a dit un jour que finalement ce veuvage n etait pas un mal pour moi, car elle ne me voyait pas finir ma vie avec quelq un d aussi dur et d aussi froid.
Mais ele ne le connaissai pas si bien au fond, car moi j ai tout de suite vu, sous la carapace, la sensibilité de mon homme.
Et quand notre petit homme est né, la carapace a fini par céder.
C etait beau, et j en suis encore profondément émue.

Effectivement je ne suis pas en grande forme ces temps ci.Les larmes coulent, un peu moins qu il y a quelques semaines, mais pour combattre mes angoisses face à mes trous de mémoire, j ai commencé à réecrire l histoire de ce jour...

J ai été surprise d en retrouver certains details très précis, de me rappeler des sensations que j avais occultées...
Et à coté de ça, je ne me rappelle plus: qui j ai appelé?quand?qu est ce que j ai dit?comment se sont déroulés les jours suivants?

c est comme un mauvais reve, si près et si loin à la fois.Mon esprit refuse de se souvenir, peut etre pour m epargner trop de souffrance à la fois.

Je vous lit, je vous entend, vous me comprenez bien...Mais je me sent toujours en décalage.
Ma réalité est différente, encore presque surréalistte comme nous disions il y a quelques temps.Comme dit le Dr FAURE, l'intellect a bien compris la réalité de la situation, mais le coeur refuse de devoir vivre une vie sans cette âme tout près de la mienne.

Je parle avec mon fils, il me parle de son papa, mon neveu aussi.C est facile avec eux.Ce sont des enfants, ils ne dissimulent rien, ils parlent avec innocence et franchise sans essayer d epargner.
Le mot mort est revenu souvent dans nos discussion, comme pour que nous puissions l aprivoiser un peu.C est le mot juste, le mot vrai, celui que nous adultes avons du mal à pronnoncer mais qui parle le mieux aux enfants.Parler aux enfants, c est justement mon metier....

Je suis devenue tout et plus rien à la fois: maman-veuve, l alliance toujours au doigt car à mes yeux nous sommes toujours liés par ce serment que nous nous sommes fait.

A vous tous je dis merci de vos tendres attention envers moi.
Cela me touche vraiment.

bonne soirée
tiobob

marcel09

  • Invité
Re : un deuil compliqué
« Réponse #6 le: 28 septembre 2012 à 12:47:57 »
Bonjour Tiobob,

Je vois que commence à parler à ton Bonhomme de son père, et à ton neveux aussi. C'est trés bien.
Toi seule le connait bien, et n'écoute pas les gens mal intentionnés qui parlent de lui comme de quelqu'un de froid, d'insensible. Tu avais su trouver en lui ce qu'il y avait de meilleur, et vous en aviez fait ce qu'il te reste à tes côtés. Un petit Homme qu'il a pu connaître avant de vous quitter. Mais qu'importe. Tu es là, et à travers toi, il le connaîtra. Sois assuré que de là ou il est, il veille sur vous deux.
Quant au décalage qu'il y a dans nos ressenti, ilvient tout simplement, du moins je le crois, que nos malheurs sont tous différents, que nous sommes tous différents, et que nos réactions sont également différentes. D'ou je crois l'importance du livre du Dr Fauré qui cerne pas mal de problèmatiques pour nous permettre de nous diriger dans notre chemin de deuil.
Tu vois, je viens d'apprendre ce matin, que la belle-mère de mon amie, nos vieux amis d'enfance à Claudine et moi, était entre la vie et la mort. Hier, ils sont allé voir les pompes funèbres pour tout préparer, mais elle n'est pas encore décèdée. Attendre, cela doit être
difficile à apprehender, ne pas savoir quand et en même temps s'y résoudre. Je l'a connaissais bien et cela m'a secoué. Mais elle a fait sa vie comme on dit 89 ans.
Je vais avoir de quoi aider à mon tour, puisqu'ils m'ont soutenus et me soutiennent encore. De vrais amis, qui ne parlent pas de Claudine, qui avait ses défauts, comme tout être humain, mais aussi tellement de qualités. Pas une personne parfaite, mais un Amour de ma vie qu'il a fallu que j'apprenne à connaître. Cela a duré  40 ans, et j'en aurais bien pris pour le double, malgrés je le répète ses défauts, que je ne voyais d'ailleurs plus.
Tendres pensées et bises à ton petit Homme.
Marcel