Auteur Sujet: Un bonheur fauché en plein vol  (Lu 6475 fois)

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Lily

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Un bonheur fauché en plein vol
« le: 19 juillet 2012 à 11:52:55 »
Bonjour,

Jamais je n'aurai pensé écrire un jour sur un tel forum. Après plusieurs semaines de lectures de témoignages, je me décide à écrire.

J'ai 29 ans et mon compagnon de 36 ans est parti au mois d'avril d'un AVC. J'étais avec lui quand cela s'est passé et il a ensuite été hospitalisé et dans le coma pendant 3 jours juqu'à la fin. Les médecins ont tout tenté mais rien a fonctionné. Je garde ces images en tête et je revois tous les jours le moment où il n'a plus réussi à me parler à cause de son AVC. Il me regardait sans pouvoir parler. J'ai appelé les pompiers et là, on passe dans un autre monde, une tornade qu'on ne maitrise pas. Tout s'accélère, hospitalisation, opération, coma, fin, don d'organes. En 3 jours, on passe de l'espoir au désespoir.

Toute la 1ère nuit, avant qu'il soit dans le coma, il me regardait sans pouvoir me parler. Que pensait-il ? Avait-il conscience de ce qui se passait ? Je lui ai beaucoup parlé et je sais qu'il m'entendait. Nos regards ne se quittaient pas. Je l'ai rassuré, apaisé.

Voilà, maintenant il n'est plus là. Ma vie s'est arrêtée avec lui à l'hopital. Nos projets d'enfant et de mariage ne se réaliseront jamais. Je suis effondrée, incapable de reprendre mon travail. Je ne peux pas me concentrer et m'arrêter de penser à lui. Je fais tout pour le garder près de moi. Je vis avec lui, pour lui et à travers lui.

Maintenant, mon entourage commence à me dire qu'il faut avancer mais pour quoi faire ? Avancer pour qui ? Je n'y arrive pas et je ne peux pas car avancer veut dire que j'accepte le fait qu'il ne soit plus là et c'est pas possible.

Tout le monde dit qu'avec le temps, ma souffrance va s'apaiser. Mais je ne veux pas que le temps passe, je ne veux pas que le temps m'éloigne de lui. J'ai mal, mal au ventre, mal au coeur, mal moralement et physiqement.

Comment faites-vous pour supporter cette douleur ?

Bonne journée à vous.
Lily

elo73

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #1 le: 19 juillet 2012 à 12:09:46 »
Bonjour Lily,

Pour nous les jeunes veuves, il est bien difficile d'accepter non seulement le deuil mais aussi le deuil de tous ces projets (enfants, mariage, vie commune longue et heureuse...)

Pour moi cela fait 6 mois jour pour jour que Johan est parti, j'ai 33 ans il en avait 32, un accident de la route et puis plus rien. Je comprends tout à fait, le fait que tu revois les derniers instants, pour ma part, je suis arrivée sur les lieux de l'accident et l'ai appris dans ces conditions, je revois donc bien l'état de la voiture encastrée dans l'arbre, le corps de Johan dans la house sur le bord de la route...

Comment on fait pour vivre? Ceux qui ont des enfants te dirons qu'ils s'accrochent à eux, ce n'est ni mon cas ni le tien et je t'avoue que cette question qui m'a été posée et bien je n'en ait pas encore la réponse, je crois que tout simplement je fais pas. Je ne vis pas vraiment, je suis sur pilote automatique. Peut être qu'un jour la vie me reprendra pour le moment ce n'est pas encore d'actualité. Je mange, je bois, parfois je ris, je travaille, je fais presque tout comme avant et pourtant rien n'est plus comme avant. Moi même je ne suis plus tout simplement et ce depuis 6 mois.


J'ai perdu ma boussolle, je me laisse guider par les événements pour le moment. Le temps fera le reste ou pas comme dirais l'autre. Quand à accepter cette mort, je crois sincérement que jamais je ne pourrais l'accepter. Le temps fera que j'accepterai l'absence mais pas une telle mort.

Voilà tu vois pas de recette miracle, juste une simple vérité, nous sommes aujourd'hui seule sans lui et il faut" faire avec ".

Bises
Elodie

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #2 le: 19 juillet 2012 à 14:10:12 »
Bonjour Lily,

Je suis à présent une « ancienne » sur le forum.
J’ai beaucoup écrit, me suis beaucoup livrée, et j'ai beaucoup été aidée, soutenue, addicte de ces messages de réconfort, de personnes qui souffraient les mêmes douleurs insupportables que moi.
A présent, je ressens le besoin de m’éloigner (même si je reste lectrice et très "présente") car le temps me fait voir les choses différemment et je ne sais pas si mon témoignage peut  encore apporter quelque chose.

Mais dans ton message il y a 2 mots, 3 si on est puriste, qui m’ont stoppés dans ma lecture soudainement. Pourquoi aucun de nous n’a jamais abordé le sujet ? 
Don d’organes.

Ton drame est d’abord le tien et aussi le notre.
Parce que nous l’avons vécu et le vivons encore, et parce que tu le partages avec nous.

Comment faire pour supporter cette douleur ?

Vivre.
Parler, partager, pleurer, crier… ce que tu fais.
Ne pas t’arrêter aux « conseils » de ceux qui ne savent pas.
Ecouter ton cœur et vivre tes larmes.
Apprendre chaque jour.
Survivre et respirer.

Même si tu ne le veux pas, le temps va passer et faire de ta souffrance une richesse, un trésor, et sublimer ton Amour. Il sera au fond de toi et verra ce que tu vois, entendras ce que tu entends. Et si, comme je le souhaite, compte-tenu de ton âge, la vie te donne une seconde chance, tu seras belle et heureuse de ce que tu as vécu et souffert.

Si tu t’en sens la force aujourd’hui, demain, un jour… je crois qu’il peut être important que tu reviennes sur ces 3 petits mots glissés : Don d’organes.
Juste parce que c’est le plus beau des cadeaux et la plus belle preuve d’amour.

Je pense à toi Lily et à vous tous.
 
Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Hors ligne Pascale

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #3 le: 19 juillet 2012 à 14:30:19 »
Lily , elo, et les jeunes veufs comme dit Elo,

Quand nos Amours partent, c'est vrai qu'on ne veut plus "avancer" comme disent si bien les non-endeuillés, il y a une chose que j'ai comprise..

Eux continuent leur vie, se laisse emporter par le tumulte, nous nous devons nous arrêter, nous devons laisser tous les souvenirs communs refaire surface, bons et mauvais...

Tout simplement parce qu'on en fera plus de nouveaux avec cette personne...

Personnellement, je me suis arrêtée,14 mois plein, rien que pour lui, je me suis arrêtée, complètement... seule dans cette grande maison pleine de souvenirs, où on a travaillé ensemble, on a ri, on a râlé, on s'est disputé, on s'est aimé, où nous avons vécu...

Et puis j'ai redémarré, avec 1 année de retard sur les autres comme si ce qui c'était passé cette année ailleurs n 'avait pas existé, n'avait pas d'importance face à mon désarroi, je n'ai retenu que les choses importantes...

Laissez-vous le temps, chacun a sa façon de réagir , il y a une part de vous qu'il a enmené , et avant de se rendre compte qu'il nous reste une partie de lui ou d'elle,il faut se souvenir, et alors cette partie on peut  la construire, et la personne décédée fait alors partie entièrement de nous...

Même si on refait sa vie, jamais on ne la remplace, c'est une autre histoire...

Parfois c'est encore difficile, même après 18 mois, j'ai encore des moments de rage, ou d'impuissance , mais il m'accompagne chaque journée...

C'est simplement un ressenti, je sais combien c'est difficile... je vous envoie plein de force et de tendresse...

Je vous embrasse..

Pascale la Louve
Pascale la Louve

Claudahoa

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #4 le: 19 juillet 2012 à 14:47:03 »
Bonjour,
Tes mots sont très justes Pascale,ils peuvent être associés à chaque deuil excepté quelques uns pour la perte d'un enfant nous ne pouvons pas refaire notre vie mais
 tous tes autres mots sont si vrais!!
Tendrement à toutes(s)
Claudia

Hors ligne Pascale

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #5 le: 19 juillet 2012 à 15:06:48 »
Claudahoa,

Perdre un enfant, je ne sais pas, je ne l'ai pas vécu, même si je vois la Maman de Jacques et que j'essaie de comprendre sa douleur, je reste humble, et j'essaie d'être forte pour elle...

Je peux comprendre, mais comme me disait une dame qui me donnait de bons conseils , qui est devenue veuve elle même: il faut vraiment le vivre pour comprendre!!

tendrement à toi aussi..

Pascale
Pascale la Louve

elo73

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #6 le: 19 juillet 2012 à 17:15:29 »
Bonjour à toutes,

Je pense que l'expression refaire sa vie n'est pas vraiment appropriée.

Pour ma part, je n'ai qu'une seule vie et je la continue c'est tout. Peut être qu'un jour je rencontrerai quelqu'un d'autre, pour le moment c'est bien évidement impossible mais ce n'est pas pour ca que je referai ma vie si je devais ne plus être seule. Je vais la continuer simplement très différement de l'optique dans laquelle elle devait se dérouler, en étant une personne très différente avec mon amour en moins et il restera à jamais mon amour.

Tu vois Claudia, ils nous est tous tout simplement impossible que ce soit avec la perte de son conjoint ou de son enfant de refaire sa vie, puisqu'on ne peux les remplacer. J'ai lu un tres beau livre sur le deuil des parents que je te conseille il s'appelle Mes étoiles ont filé d'Anne Marie revol.

Bises à vous toutes
Elo

Hors ligne Pascale

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #7 le: 19 juillet 2012 à 19:18:36 »
Ben non refaire sa vie n'est pas le terme approprié bien sûr qu'on la continue, c'est une façon de dire, bien sûr qu'on efface pas, bien sûr qu'on ne sera jamais les mêmes, et c'est certain que les projets ne seront plus ou plus tout à fait les mêmes.

La vie continue, oui, différente, oui!!!

La mienne, est forte en bonheur et forte en peine, je crois qu'il faut vivre une peine extrême pour apprécier les instants de bonheur qui nous sont offerts...

J'ai "vieilli" je ne sais pas si on peu le dire ainsi, peut-être gagné en maturité, la mort n'est plus taboue pour moi..
Elle vient dans mon langage facilement, la tristesse fait partie de ma vie,elle a marqué mon visage et mes cheveux, alors que je ne la côtoyais jamais...

Bizarrement mon optimisme existe toujours, aller de l'avant, ne pas s"arrêter, toujours des projets, pousser la vie , la mienne et celles des autres... Jacques aimait cette façon de toujours avoir de nouveaux rèves...

Jacques restera toujours l'Amour de ma vie, il m'accompagne dans chacun de mes gestes, même dans mon travail parfois j'ai l'impression qu'il est juste dans la pièce à côté, il suffirait peut-être que je l'appelle ....


Soyez doux et patients avec vous et prenez soin de vous...

Pour eux aussi..

bises

Pascale

Pascale la Louve

Claudahoa

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #8 le: 19 juillet 2012 à 20:06:03 »
Bonsoir Elo,Pascale,bonsoir à tous,
Merci Flo pour ton message et le livre conseillé,je vais le commander sans tarder!!
Pascale,toujours tes mots aussi justes,c'est vrai que tu progresses dans ton deuil,tu m'apparais davantage paisible!
Bises à toutes

Hors ligne Pascale

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #9 le: 19 juillet 2012 à 20:16:13 »
Des moments durs et terrifiants où j'ai eu cette impression que ma raison ne tenait qu'à un fil, 1 grande année de réflexion, et en core tout n'est pas résolu, plus calme, moins enragée, plus posée, moins en colère, et un peu plus sociable...

Le chemin se trace vers la paix enfin j'espère...

Je sais que rien n'est acquis..
Pascale la Louve

Pervenche

  • Invité
Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #10 le: 19 juillet 2012 à 20:38:11 »
Bonjour Lily,

Je comprends ce que tu ressens... J'ai l'impression que chaque mot écrit correspond à ce que je vis dans mon corps, dans mon coeur et ma tête. Oui, la douleur est aussi physique. J'ai encore du mal à comprendre comment on peut la laisser nous envelopper, nous submerger. Je me dis qu'il a un moment ou cette douleur sera telle qu'elle va m'emporter.

Et puis, la vague passe, nous laisse un peu plus faible et forte à chaque fois.

Il parait que cela s'atténuera avec le temps. J'ai parfois du mal à le croire. pourtant, à lire tous les messages de soutien, je voudrais le croire et t'aider à supporter le vide, l'absence de sens qui nous entoure.

A vous tous, amis virtuels, merci de tout le réconfort que vous apportez. Je n'ai pas encore votre force. Je voudrais pourtant pouvoir en apporter... peut être suis je trop égoïste... 

Courage Lily, j'ai vécu moi aussi les 15 jours de coma (mais suite à un ACR) l'hospitalisation en réa, la pneumonie, les examens, le regard ouvert qui ne voit plus, le débranchement, le don d'organe et l'autopsie... une horreur totale. L'amour et le bonheur fauché en plein vol oui. Tout l'innachevé. Comme je comprends ta souffrance, cette déchirure. Moi aussi, j'ai parfois l'impression "qu'avancer" serait "oublier" mais je sais que je ne pourrai pas oublier mon amour.

Je te souhaite de trouver un peu de paix.
amicalement,
Claire


Lily

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #11 le: 19 juillet 2012 à 21:04:27 »
Bonsoir,

Merci à tous pour vos messages, ça fait du bien de sentir que d'autres personnes ressentent la même souffrance, le même vide et se posent les mêmes questions.

Pour ce qui concerne le don d'organes. Mon compagnon n'avait rien exprimer sur son souhait ou pas de donner ses organes. Avec sa maman, lorsque le médecin nous a annoncé son décès "officiel" (c'est-à-dire après l'électroencéphalogramme plat), il nous a en même temps parlé du don d'organes. Toujours avec sa maman, notre réflexion n'a pas été longue puisque nous savions qu'il aurait été d'accord avec ce don, donc nous avons accepté. Après, une procédure se met en place, c'est une infirmière coordinatrice qui gère tout ça. Nous avons souhaité savoir quels organes avaient été prélevés mais ce n'est pas une obligation. Beaucoup de personnes m'ont dit que ça m'aiderait de le savoir "en vie" dans le corps d'une autre personne, mais cela ne m'aide pas puisque pour moi il n'est pas là.

Pour ce qui est de "refaire sa vie" ou poursuivre sa vie, pour l'instant, il n'en est pas question pour moi. Malgré tout, j'ai besoin d'amour, d'affection et de complicité mais c'est avec lui que je veux tout ça.

Comme tu dis Elodie, les personnes qui ont des enfants disent beuacoup qu'elles se raccrochent à leurs enfants, même si la douleur est intense, c'est, je pense, comme une "obligation" de continuer la vie. Pour nous qui n'avons pas d'enfants, c'est difficile de se raccrocher à la vie. J'aurais tellement aimé avoir notre petite fille dont nous avions tant envie. Un petit bout de lui, un rayon de soleil. Nous en parlions tellement et espérions que ce projet puisse se réaliser rapidement.

Merci encore à vous pour votre soutien.

Bonne soirée.
Lily

Lily

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #12 le: 02 août 2012 à 11:19:02 »
Bonjour,

Aujourd'hui, je ne vais pas bien.

Je dois commencer à préparer ma valise pour partir en vacances avec des amis. Ce week end, nous partons dans le sud de la France, alors qu'avec mon Amour nous devions partir tous les 2 au Portugal. Je ne serai donc ni dans la bonne voiture, ni avec les bonnes personnes, ni pour la bonne destination.

Je n'ai pas envie d'y aller même si je sais que ça peut me changer d'air. Dans ma valise, je veux mettre uniquement des vêtements à lui, le cahier où je lui écris, la musique qu'il écoute. Je m'en fous de savoir si je vais m'habiller en robe, en pantalon, ...

Mon Amour me manque. Je sais bien que vos conjoint(e)s vous manquent aussi. Je n'arrive pas à supporter son absence. Aujourd'hui je vais aller au cimetière, car je ne pourrais pas y aller pendant 2 semaines.

Je me sens dans un autre monde, un monde incompris de la plupart des personnes. Comme j'ai pu lire dans d'autres messages, je me sens en décalage. Le gens me disent de "profiter" des vacances et qu'ensuite, il sera temps de penser à reprendre le travail. Mon chagrin est tellement fort, que pour l'instant, il m'est difficile d'envisager de reprendre mon travail (je suis en arrêt depuis son départ : avril 2012).

Marina, j'ai lu ton texte sur ton "meuble à tiroir" et rangement dans ta tête. Je me sens comme au début de ton texte. Tout est en désordre et confus. Je n'arrive ni à me concentrer, ni à me rappeler des choses qu'on me dit.

Bonne journée à vous.
Lily

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #13 le: 02 août 2012 à 11:51:07 »
Lily,

« Profiter » de ces « vacances » n’est vraiment pas le bon terme.
Changer d’air et de cadre, oui.

J’ai lutté contre ma sœur qui m’entrainait de force ou quasiment hors de chez nous pendant une semaine, deux mois après le départ de Pierre.
Comme toi, j’ai pris beaucoup de vêtements que Pierre portait et quelques affaires pour moi, comme dans les films, remplissant mon bagage en vrac, sans réfléchir, 1 heure avant le départ.
Au guichet de l’aéroport, j’ai présenté mon passeport, air ahuri de l’hôtesse ! J’avais pris celui de Pierre, au lieu du mien ! Acte manqué comme disent les psy. Heureusement elle s’est contentée de ma carte d’identité.

Là-bas, j’ai parlé, parlé, parlé, pleuré, et encore pleuré et tout le monde était discrètement attentif à moi. Les gens venaient spontanément m’écouter et me raconter leur histoire : Qui avait perdu son mari depuis 20 ans de façon dramatique, qui venait de l’enterrement de son neveu  adolescent, qui avait perdu un enfant dans un accident d’auto… et soudain, je me suis dit que mon malheur faisait parti de la vie et que nous étions nombreux à porter des croix insupportables.

Cela n’apaise pas, mais on se sent moins seule. Je ne connaissais pas le forum.

Je n’ai pas eu au retour le sentiment que ce voyage m’avait fait du bien. J’avais hâte de rentrer chez nous. C’est plus tard, bien plus tard que je peux dire qu’il a été capital et que cela m’a donné le courage de commencer mon chemin. Le début du retour à la vie, le tout début, l’amorce…

Tu rangeras ton meuble à tiroir plus tard. Ce qui nous arrive chamboule tout, notre vie, notre vision de la vie et celle des autres. Il faut d’abord réapprendre à respirer sans lui, puis à avancer sans lui et après, on commence à survivre sans lui et à vivre…

Essaie déjà de te reposer le corps et l’esprit, là bas.

Je t’embrasse.

Marina

PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Pervenche

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Re : Un bonheur fauché en plein vol
« Réponse #14 le: 02 août 2012 à 16:52:35 »
Lily

Je comprends bien ta réticence à quitter ce lieu où tout est empli de ton amour. Comme une nouvelle séparation.
Pourtant, il aurait voulu que tu te reposes.
Tu l'emmènes en toi, il est dans ton coeur pour toujours. Où que tu sois, où qu'il soit. D'être entourée te fera du bien. Mais surtout, comme le dit si bien Marina, prendre soin de toi, te reposer.

C'est important car tu vis des émotions éprouvantes.

Et puis, ce temps est du temps tout simplement; Celui qui passe et adoucira ta peine.

Je pense bien à toi et t'envoie plein de bisous
Claire