Auteur Sujet: un an demain  (Lu 2952 fois)

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Biloba

  • Invité
un an demain
« le: 15 mai 2011 à 21:13:15 »
Cela fait un moment que je n'ai pas la force de répondre à vos messages qui sont si émouvants. Un an demain qu'il a perdu la bataille, depuis quelques jours, je revois chaque instant, je ne pense qu'à ça ...
à ces derniers jours où, même fatigué, il espérait encore qu'on allait lui trouver une place dans un protocole expérimental. Il était si fort, il en voulait tellement que nous avons tous cru (y compris les médecins) qu'il lui restait encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois de vie.
hospitalisé pour de nouveaux examens le 14 mai, l'oncologue nous a dit le 15, avec beaucoup d'émotion, en lui tenant la main, que la maladie était la plus forte et qu'il était maintenant en phase terminale, il a eu l'air incrédule ... "c'est pas possible" ...
Elle lui a parlé de retour à la maison ou de centre de soins palliatifs, nos enfants sont venus à l'hôpital et nous avons passé l'après-midi tous ensembles, avec notre petit fils de treize mois. Dans ma tête, j'organisais déjà la maison pour qu'il puisse y revenir , dans la sienne, alors qu'il parlait et même plaisantait avec nous, je crois qu'il avait déjà jeté l'éponge.
J'ai passé la nuit à l'hôpital, auprès de lui, il est vite devenu confus, la morphine le faisait plus ou moins délirer, le lendemain matin, les enfants sont revenus, coma à 11 heures, dernier petit soupir à 14h30.
Il est "parti" en 24 heures après s'être battu trois ans et demi, nous n'avions jamais évoqué la mort, il voulait guérir et pour cela, il a tout accepté sans jamais se plaindre.
J'avais l'impression d'aller mieux depuis quelques temps mais je me suis surestimée, il me manque tellement ... je mène une vie "normale", bien sûr, je continue à être sensible à ce que nous aimions, notre famille, nos amis, la nature, le jardin... mais tout à un goût amer, j'ai l'impression de ressentir toutes les sensations de bonheur, de plaisir à travers un filtre grisâtre, et j'ai bien du mal à imaginer qu'un jour, cette espèce de poids qui m'accompagne en permanence pourra s'alléger...
Que c'est dur de faire des projets quand tous ceux qu'on avait faits n'ont plus aucun sens.
Je pense souvent à vous que je ne connais pas mais qui savez si bien tout ce que chacun d'entre nous ressent.
Biloba

escouba

  • Invité
Re : un an demain
« Réponse #1 le: 16 mai 2011 à 06:24:13 »
Bonjour,


Je comprends ce que tu veux dire. Mon mari aussi a toujours lutté et a eu l'espoir alors que sa maladie était incurable : il voulait guérir  et il a fait tous les traitements demandés y compris un protocole expérimental à Paris alors que nous habitions en Aquitaine.
Mais rien n'a changé ...
Jusqu'au bout, il a eu l'espoir (alors que moi, je ne l'avais plus car je voyais comment il dépérissait).
Jamais je ne comprendrai, jamais les choses ne seront comme avant.

Nous essayons tous et toutes de continuer la route en faisant comme si ... mais les pensées sont ailleurs.

Courage à tous.

Laurence

ergé

  • Invité
Re : un an demain
« Réponse #2 le: 16 mai 2011 à 09:57:56 »
Bonjour,

Pour en avoir déja vécu un, je sais combien ces "anniversaires" sont difficiles, comme sont difficiles les "anniversaires" mensuels, à la date fatidique, les fêtes diverses (anniversaires de naissances, Saint-Valentin, fête des mères ou des pères, c'est selon, fêtes de fin d'année, etc...) de quoi être triste 365 jours par an.

Pourtant, alors qu'on cherche à remonter la pente, à se réconforter en se remémorant des souvenirs heureux, c'est à ce moment que ressurgissent ces images des derniers moments, souvenirs terribles de cette fin de vie, que j'ai connus, que tu as connus Biloba, que beaucoup ici ont connus. En même temps que l'être cher qui s'en va, souvent une délivrance pour lui après des mois de douleurs, c'est un chapitre de notre propre vie qui se termine dans la souffrance, dont on sait qu'elle va durer et sans que l'on sache s'il y en aura jamais un autre de plus souriant après.

Je pense à toi Biloba, je pense à vous toutes et tous...