Cela fait un moment que je n'ai pas la force de répondre à vos messages qui sont si émouvants. Un an demain qu'il a perdu la bataille, depuis quelques jours, je revois chaque instant, je ne pense qu'à ça ...
à ces derniers jours où, même fatigué, il espérait encore qu'on allait lui trouver une place dans un protocole expérimental. Il était si fort, il en voulait tellement que nous avons tous cru (y compris les médecins) qu'il lui restait encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois de vie.
hospitalisé pour de nouveaux examens le 14 mai, l'oncologue nous a dit le 15, avec beaucoup d'émotion, en lui tenant la main, que la maladie était la plus forte et qu'il était maintenant en phase terminale, il a eu l'air incrédule ... "c'est pas possible" ...
Elle lui a parlé de retour à la maison ou de centre de soins palliatifs, nos enfants sont venus à l'hôpital et nous avons passé l'après-midi tous ensembles, avec notre petit fils de treize mois. Dans ma tête, j'organisais déjà la maison pour qu'il puisse y revenir , dans la sienne, alors qu'il parlait et même plaisantait avec nous, je crois qu'il avait déjà jeté l'éponge.
J'ai passé la nuit à l'hôpital, auprès de lui, il est vite devenu confus, la morphine le faisait plus ou moins délirer, le lendemain matin, les enfants sont revenus, coma à 11 heures, dernier petit soupir à 14h30.
Il est "parti" en 24 heures après s'être battu trois ans et demi, nous n'avions jamais évoqué la mort, il voulait guérir et pour cela, il a tout accepté sans jamais se plaindre.
J'avais l'impression d'aller mieux depuis quelques temps mais je me suis surestimée, il me manque tellement ... je mène une vie "normale", bien sûr, je continue à être sensible à ce que nous aimions, notre famille, nos amis, la nature, le jardin... mais tout à un goût amer, j'ai l'impression de ressentir toutes les sensations de bonheur, de plaisir à travers un filtre grisâtre, et j'ai bien du mal à imaginer qu'un jour, cette espèce de poids qui m'accompagne en permanence pourra s'alléger...
Que c'est dur de faire des projets quand tous ceux qu'on avait faits n'ont plus aucun sens.
Je pense souvent à vous que je ne connais pas mais qui savez si bien tout ce que chacun d'entre nous ressent.
Biloba