Corine, marie-Claire, Flowers...
Nous sommes toutes dans le même navire...Que nous soyons jeune ou moins jeune, que nous ayons des enfants ou pas, que cela fasse deux jours, deux mois ou deux ans, nous avons toutes au fond de nous ce même sentiment de vide juste ...insupportable...

C'est vrai, le silence oppressant de la maison vide, c'est juste pas racontable; ces moments où notre coeur se tord sous cette douleur lancinante; cette douleur qu'on ne peut hélas partager avec personne...
Eh bien moi, le silence de ma grande maison vide, je n'aurai plus à l'écouter...Je l'ai quittée cette maison , et si je l'ai fait, c'est que c'était mon choix. Pourtant, je n'aurais jamais cru que ce serait si dur de franchir ce pas

Pour l'instant, je n'ai pas encore mon nouvel appart ( j'aurai les clés le 2 juillet). Je suis donc chez une amie qui a bien voulu m'héberger. Ma fille est partie chez une amie à elle. Je crois que le moment où, après avoir donné les clés, je suis montée dans ma voiture avec ma petite valise et mon petit sac contenant quelques souvenirs qui me sont chers, je crois que ce moment a été l'un des plus horribles de ma vie.Il était 20h30; j'étais sale et complètement épuisée de ma journée et, tout-à-coup, j'ai réalisé que je venais de briser le socle de ma vie...Qu'est-ce que j'ai pleuré...Comment accepter mon nouveau statut ? Plus de chez moi, plus de repère, avec, devant moi une route me menant vers l'inconnu...Pendant un moment, je me suis détestée d'avoir fait cela; j'ai eu l'impression de renier tout ce que j'avais construit avec mon Jean-Da...Je me sentais vide, tellement vide...j'avais l'impression de n'être plus personne...
Heureusement, l'amie qui m'héberge est vraiment trop gentille avec moi. Elle a également perdu son mari dans les mêmes conditions que moi il y a un an et demi. Elle me comprend vraiment et, pour l'instant, il n'y a qu'avec elle que je me sens bien. Je suis comme dans une sorte de petit cocon. Tout en ayant mon indépendance ( elle me loge dans un petit studio), elle est toujours là si j'ai envie de parler. C'est vraiment précieux...
Je sais que ça ira...Je sais que je ne peux aller que vers du mieux, mais malgré tout, c'est tellement rude! Je ne sais plus, pour le moment, si je dois me réjouir de mon séjour en Afrique ou non. Je remets tout en question

Que va-t-il se passer si, à 5'000 km d'ici, j'ai un moment de blues tel que j'ai eu hier ? Qui va me consoler ? qui va me réconforter ? Car je n'aurai peut-être même pas de connexion pour venir me confier à vous mes chères soeurs de douleur...
Oh ! Que l'avenir me fait peur!! Tous ces projets que j'ai mis en place avec tellement de confiance, tous ces projets me font peur...
Ai-je raison ? Ai-je tort ? Vais-je réussir à me reconstruire ou, au contraire, vais-je encore m'enfoncer davantage ?

Qu'en pensez-vous ?
Dites-moi que ma réaction est normale....Je ne suis qu'humaine après tout...
Marie-Claire, merci pour ton poème de St Exupéry...Qu'il me tarde de le vivre ce moment qu'il décrit...
Qu'il me tarde d'être capable d'ouvrir ma fenêtre comme ça , pour le plaisir...

Car ça finira bien par arriver...
Je vous embrasse
Suzy