Voilà bientôt un mois que mon Amour est parti, après une année de souffrances, un calvaire indicible. J'ai mis de coté mon travail et ma famille pour l' accompagner, dans l'espoir qu'il guérisse, parce qu'il était trop fort, trop drôle et attachant, ça ne pouvait pas arriver, il ne pouvait pas morir! Et puis ses bras musclés que beaucoup d'hommes enviaient sont devenus des os avec un tas de peau qui pendouillait, lui qui adorait cuisiner et profiter des bonnes choses, n'arrivait même plus à manger une compote. Mais j'étais là à l'encourager, même quand il a fait une embolie pulmonaire et on lui a dit que la tumeur n'était plus opérable ou plus tard sa chimio orale qui avait réussi à affaiblir tout son corps excepté la tumeur qui continuait de progresser inexorablement.. Je l'ai trainé d' un hôpital à l'autre, de professeur en professeur à la recherche d'une cure miraculeuse. Et lui il m'a toujours suivi plein de courage et sans jamais se plaindre, même après 4 jours en réanimation des suites d'une chimio embolisation.. J'étais son seul repère, la seule personne à qui il osait montrer sa décadence, la seule qu'il supportait encore. Un regard suffisait, sa main accroché à mon bras pour s'endormir, pours'accrocher encore à la vie, à la force de notre amour.  Je l'aimais encore plus, je cachais mes larmes pour qu'il garde toujours espoir, même quand nous sommes arrivés aux soins palliatifs, je croyais toujours au miracle, ce n'était pas possible, pas juste! Et puis ce 31 aout où tout à précipité et je n'ai rien voulu comprendre et pourtant c'était si évident! Je ne peux plus oublier cette dernière journée, ses derniers mots, son regard. Je n'arrive toujours pas à croire que je ne le verrai plus jamais, je cherche des signes de lui, de son esprit, son âme car après tant d' amour et de complicité je ne peux pas accepter qu'il m'abandonne. Mais rien de rien, que du silence et la solitude. Alors les amis, les voisins, la famille, tout le monde s' inquiète si j'ai mangé, dormi ou respiré.. Oui bien-sûr j'ai survécu et j'essaye jour après jour comme une automate.. Mais pour quoi faire? Je vais bientôt reprendre le travail peut être, pour regagner un peu d' argent mais ça va servir à quoi? Je n'ai plus de rêve, plus de but, plus rien m'intéresse. Alors à quoi s'accrocher? Il y a que lui et rien d'autre...

Bonsoir Ciaojoy,
Hélas, je crains de ne pas t'apporter beaucoup de réconfort mais je tiens juste à te dire combien je te comprends.
Ton histoire fait écho à la mienne.
J'ai perdu Olivier, mon grand amour depuis 17 ans, il y a 3 mois. Il est parti après 10 mois de lutte acharnée menée ensemble contre la maladie. Comme toi j'ai vécu sa dégradation physique. Sans cesse me reviennent en tête les images de son corps lorsque je lui ai donné sa dernière douche. Lui qui aimait tant manger ...
Olivier non plus ne s'est jamais plaint malgré tout ce qu'il a subi. Moi, je m'efforçais de retenir mes larmes devant lui et j'espérais toujours un miracle.
Il a été hospitalisé 15 jours avant son décès et lui aussi ne voulait voir que moi. Il aurait voulu que je reste nuit et jour avec lui mais avec notre fille de 8 ans, ce n'était pas possible. Je me souviens qu'il avait dit à l'infirmière des soins palliatifs "je suis devenu égoïste".
Moi aussi j'ai en tête les derniers moments passés avec lui, lorsqu'il m'a dit "n'oublies pas que quoi qu'il arrive, je t'aime". Et puis sa sédation. Il est parti à 1h30, j'étais auprès de notre fille. Ca aussi c'est dur de ne pas avoir été là.
Depuis j'attends des signes. J'en ai eu un très rapidement, un oiseau entré dans la maison. Puis plus rien ...
Il était tout pour moi. Je me sens seule, désespérée, sans aucun avenir.
Je pense à toi et j'essaie de t'envoyer un peu de réconfort par la pensée.