FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: Simsol le 24 août 2014 à 10:26:41

Titre: Trois ans hier
Posté par: Simsol le 24 août 2014 à 10:26:41
Après  43 ans 2 mois et 19 jours de bonheur et de partage, dont 18 mois de maladie, l'Amour de ma vie s'en est allé.
Je ne crains pas la solitude car elle est dans ma nature, mais IL me manque.
Dans les premiers mois je sentais son souffle dans ma nuque, sur mes mains et maintenant plus rien.
Je ne me souviens plus du son de sa voix, mais j'ai toujours à l'esprit son doux et merveilleux regard gris ainsi que ses belles mains.
Tous les jours je me demande combien de temps je devrai encore passer ici, sans lui. Ce n'est pas le fait de le "rejoindre" qui m'importe le plus,  mais de continuer à vivre ici, sans lui, sans pouvoir partager avec lui.
Au début je me disais que ma souffrance irait en s'atténuant, mais pour le moment il n'y a rien de changé. Combien de temps faudra t'il encore pour aller un peu mieux.
Pouvez vous me faire part de vos expériences ? Peut être qu'un échange peut nous aider les  uns et les autres ?
Je souhaite beaucoup de courage à tous ceux et celles qui comme moi qui ont perdu leur compagnon.
Simsol
 

Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: lulu le 24 août 2014 à 12:52:00
Bonjour Simsol

Beaucoup de tristesse de t'accueillir sur ce forum toi qui es plus ancienne que moi sur le chemin du deuil. Ton message décrit les craintes en l'avenir que je peux avoir. La peur de l'oubli alors je me remplis de photos et de quelques vidéos où je l'entends parler. Je voudrais me blottir encore dans ses bras comme tous les matins lorsqu'il partait travailler alors que moi je venais juste de me lever puisque je partais une heure plus tard, j'ai encore l'impression d'avoir le manque au dessus de mes épaules.

Comme toi je me demande comment je vais continuer sans lui, l'avenir c'est juste demain, pas plus loin. Je ne sais pas si la souffrance s’atténue, elle a été gravée dans nos chairs, je crois qu'elle se modifie.

Je ne sais pas te dire combien de temps il faudra, le coeur de mon amour s'est arrêté le 5 mars 2014, mais je sais que les échanges que l'on peut voir sur le forum m'apportent énormément chaque jour meme si je n'ai pas toujours la force de répondre, je trouve la force de lire. ici nous avons tous vécu un drame qui s'appelle "la perte du conjoint" peu importe les circonstances, le ressenti pour chacun de nous pour vivre cette épreuve est bien le même. A chaque message je me dis oui c'est ce que je ressens...

Des plus anciens que moi te donneront probablement des conseils. J'avais noté une phrase sur un message de Qiguan : "Le temps en soi ne guéri rien, parce que ce n’est pas le temps qui guérit, c’est ce qui se passe pendant ce temps". A la place de guérir je dirais que ce qui se passe pendant ce temps nous aide à survivre...

J'espère t'avoir apporté un peu de réconfort,

Je t'embrasse

Lulu
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: FeeViviane le 24 août 2014 à 12:57:27
Bonjour Simsol,

Je ne suis pas assez avancée sur mon chemin de deuil pour répondre à tes interrogations, d'autres sauront le faire mieux que moi (l'homme que j'aimais est décédé il y a "seulement" presque 7 mois). Je ne sais pas si on s'habitue au manque, à l'absence de l'être aimé, il semble que oui. Pour l'instant, j'entends encore sa voix et j'avoue n'avoir pas envisagé que ça aussi je le perdrai un jour.... ton message me dit qu'il faut que je m'y prépare (et c'est horrible rien que d'y penser mais j'imagine que c'est une étape incontournable ...).

Trouve dans ce message tout mon soutien à distance.

Chaleureusement.

Viviane
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: qiguan le 24 août 2014 à 17:39:52
Bonjour Simsol
Je suis trop nouvelle endeuillée moi aussi (4 mois) pour te conseiller quoi que ce soit.
Par contre ce que je peux dire c'est que ma mémoire auditive reste intacte même pour la voix de ma grand mère paternelle partie il y a 43 ans, celle de mon père parti il y a 35 ans ...

Je ne sais pas à quoi on s’habitue ? je pense que l'on vit autrement et avec nos manques  ...
Je survie en cultivant un "lien vivant" avec mon chéri ...
j'ai toujours parlé intérieurement à mon père là c'est pareil et bien plus je lui parle beaucoup voire à haute voix
j'active des souvenirs = je me les faits mentalement en grand écran et cherche même à réactiver odeurs ...
j'interprète des signes comme un petit courant électrique, un souffle dans les cheveux, sur la peau par moment et ce n'existant que depuis son départ comme un signe de communication
par moment c'est diffus mais un sentiment de présence qui ne se voit pas et ce sans que je la cherche.
Je ne sais pas si cela durera pour mon chéri mais j'ai encore ça pour mon père mes grands parents ...

Je suis de ceux/celles qui croient en une vie après la mort ...

je bricole avec tout ça ... et navigue à vue dans mon chagrin, mes douleurs ...

Je t'assure de ma compassion amicale
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: Lianne le 03 septembre 2014 à 12:46:17
Bonjour,

Pour moi ça fait maintenant 3 ans et demie que j'ai perdu subitement mon conjoint, l'homme qui partageait ma vie depuis 44 ans.   L'homme et l'amour de ma vie.   Je suis venue sur ce site au début de mon deuil  quand j'étais en grande détresse et très souffrante   Et je reviens aujourd'hui après 3 ans.
Mon expérience à moi c'est qu'après 3 ans et demie, je peux vivre avec le manque sans que cela soit aussi souffrant que ca ne l'a été.  Mais cela m'a pris beaucoup d'énergie pour ne pas sombrer.  Les deux premières années ont été les plus dramatiques.  Je pleurais au moindre souvenir, je me sentais seule (je me sens toujours seule).  Je mangeais mal, je dormais mal: en fait je ne voulais plus vivre.  Il a fallu que je me force beaucoup: pour sortir, voir des amis (que j'avais délaissés,)voyager voir du monde  parce que plus rien ne m'intéressait. J'ai aussi perdu des amis de couple n'étant plus en couple.   J'ai départagé mes vrais amis des autres. Je me suis retrouvée  plus seule que seule dans ma souffrance.
 Puis lentement sans que je me rende bien compte j'ai émergé de ce cauchemar pour réintégrer la vie des vivants.  Et j'ai trouvé je ne sais où  ,parce que je ne suis pas croyante  , la force d'essayer de  me faire une vie: me trouver des activités qui me  convenait  que je pouvais faire seule, apprendre à manger seule, à me débattre, à souffrir, à sortir seule.  Honnêtement: au début je me sentais aussi seule quand j'étais avec les autres que lorsque je l'étais vraiment.  Parfois même plus.   Je ressens cela encore parfois. Aujourd'hui il me manque toujours: nos discussions, son sens de l'humour, son amour inconditionnel, sa générosité, sa gentillesse et j'ai parfois des moments de grande tristesse quand je pense à lui.  Mais j'ai compris dans mon corps, dans mon âme et dans ma tête  que ce serait comme cela jusqu'à la fin.  J'ai rencontré  par hasard quelques hommes qui me sont apparus insipides et peu intéressants comparé à mon mari.  Aussi ais-je fait mon deuil de toute nouvelle relation sachant que j'ai eu bien de la chance d'en avoir vécu une aussi belle si longtemps.   J'ai beaucoup travaillé aussi sur mes souvenirs  pour les recadrer parce qu'un deuil nous amène à mettre la personne qui nous manque sur un piedestal.   Me rappeler qu'il n'était pas parfait mais c'était l'amour de ma vie et on était parfaitement matché.   Je ne sais pas ce que la vie me réserve mais ultimement je m'en fous  en ce qui me concerne pourvu que cela ne touche pas mes enfants.   Je prends une journée à la fois. Parce que la vie c'est comme ca: on ne peut jamais savoir ce qui s'en vient,la preuve en a été ce deuil soudain et dramatique.  Après 3 ans et demie il me manque toujours,je lui parle  beaucoup moins, en fait peu souvent, parce que j'ai décidé de le laisser se reposer en paix,   qu'il avait suffisamment souffert.  Ce qui m'a aidée aussi à prendre une certaine distance.  Mais je vis  toujours une grande solitude que j' accepte maintenant et que j'apprivoise de plus en plus.
On en sort, difficilement, lentement.  Et on en sort complètement changé.  C'est une femme très différente  de celle d'avant, de l'épouse que je suis devenue.   Mais en sortir  m'a demandé  et me demande un travail de tous les jours.
Il faut être patient, accepter la souffrance et le manque qui avec le temps s'atténue beaucoup mais sans disparaître complètement.
bon courage à tout le monde.
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: Eva Luna le 03 septembre 2014 à 13:12:02
merci pour ce témoignage qui remet bien le temps au cour de l'évolution du deuil et  permet de rassurer en montrant que la souffrance vive s'émousse un peu...
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: myla le 03 septembre 2014 à 14:03:10
Merci Lilian de revenir sur le forum pour nous redonner une lueur d'espoir.
J'aimerais tellement avancer vite dans le temps pour moins souffrir...
Bien amicalement
Bel après-midi
Myla
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: phil33 le 03 septembre 2014 à 15:19:24
Un grand Merci à toi Liane pour ce témoignage , il est vrai que peu "d'anciens "reviennent  ici nous faire partager leur ressenti après plusieurs années de "sans l'autre moitié " et c'est fort dommage , car les "jeunes veuves et veufs n'avons aucun repaires pour nous situer dans le temps , "on " ( :P) nous dit , le temps fera office de tampon , mais nous n'entendons rien  , pour l'instant  seul le temps présent nous intéresse , merci encore .
La bise
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: qiguan le 03 septembre 2014 à 15:45:58
Merci    Lianne de ton témoignage il est précieux et montre que oui la vie peut continuer.
tu écris "Et j'ai trouvé je ne sais où  ,parce que je ne suis pas croyante  , la force d'essayer de  me faire une vie: me trouver des activités qui me  convenait  que je pouvais faire seule, "
à moi jeune endeuillée cela me fait bizarre où est cette force ? comment vient elle ? des questions restent
mais merci
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: QUENOUILLE87 le 03 septembre 2014 à 17:46:58
Bonjour,

Je suis une "ancienne" de ce forum, deux ans et demi que mon mari est parti, crise cardiaque pendant la nuit, nous laissant, nos deux filles et moi, totalement démunies.

J'ai eu 52 ans avant hier, lui aurait eu 60 ans hier. Deux jours difficiles à passer, car bien que le temps ait oeuvré, la douleur est toujours là, tapie, attendant le moindre souvenir pour ressurgir toujours plus puissante. Les larmes montent toujours aussi facilement, et je dois respirer un grand coup avant qu'elles ne se transforment en gros sanglots.

Alors, est-ce un deuil pathologique comme disent les psy, est-ce une dépression que je me refuse à soigner à coup d'anti dépresseurs et de somnifères ? Je ne sais pas, je ne crois pas, c'est encore tout simplement le chagrin causé par le manque de la personne qu'on aime, qui nous manque toujours autant, avec qui on avait tant de projets.

Je ne veux pas vous décourager, chacun est différent. Mais deux ans et demi, c'était hier. Quand on a vécu plus de trente ans avec un être aimé, ce ne sont pas quelques mois qui peuvent nous faire guérir de l'absence. Et mes deux filles, jeunes adultes, pensent la même chose. Leur papa était un homme formidable, et chaque jour nous rappelle son absence et le manque de lui.

Je vois autour de moi des gens dans le même cas, qui sont forts, qui y arrivent. Alors, j'essaye d'être forte. je souris, je ris, je vis, je voyage et tout le monde pense que tout va beaucoup mieux. Tant mieux.

Ce forum m'a beaucoup aidée, notamment certaines personnes avec qui je continue de correspondre. Il nous donne la force de poursuivre notre chemin en sachant que nous ne sommes pas seuls à souffrir de la perte de notre amour.

Nathalie

Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: Ghislide le 03 septembre 2014 à 20:14:50
Bonjour,
Je suis également une "ancienne" de ce forum.
J'ai perdu mon mari en juillet 2011 d'un cancer du poumon et, à l'époque, les membres de ce forum m'ont énormément aidée et soutenue dans mon deuil.
J'y reviens rarement, mais lorsqu'il m'arrive de le faire,  je suis toujours aussi bouleversée par la détresse qui y est exprimée. Je pense que c'est une des raisons qui a fait que, à un moment donné, j'y suis venue de moins en moins. J'avais besoin de prendre du recul et de reprendre ma vie en main, d'avancer seule.
J'ai avancé, avec l'aide du forum au début parce qu'il représentait une bouée de sauvetage, une aide précieuse dans le besoin d'exprimer ma souffrance. Je ne m'y sentais plus seule : ceux qui étaient là comprenaient car ils vivaient la même douleur de la perte. Bien souvent j'ai cru sombrer, mais il y a toujours eu des mains tendues pour m'aider.
J'avais énormément de mal à concevoir qu'un jour j'irais mieux, qu'au bout de ce sombre tunnel il y aurait plus de lumière...

Et pourtant... aujourd'hui, à mon tour, je peux dire que le temps a fait son œuvre et que la paix est enfin revenue.
Bien sur, Gilles me manque toujours et je sais qu'il en sera toujours ainsi , mais la douleur s'est estompée petit à petit.
Je ne saurais expliquer ce sentiment, mais je sens son amour, en moi. Il est constamment présent autour de moi, il m'enveloppe entièrement ; cela me rassure et m'aide également à vivre. En moi, il est en vie...
 
Je peux sortir, voyager, rire, voir la famille ou des amis et leur parler de Gilles sans tristesse (et j'en parle souvent car il continue de faire partie intégrante de ma vie!) et quand je rentre chez moi, je suis heureuse de retrouver mon environnement. La solitude physique ne me pèse plus, c'est presque même devenu un besoin. 
Besoin de me retrouver, besoin de silence, besoin de paix et d'apprécier tout cela.
Je sais intimement que je ne referai pas ma vie avec quelqu'un d'autre, même si l'on continue de me dire qu'un ne sait pas ce que nous réserve la vie. Ma vie, telle qu'elle est aujourd'hui, me convient car elle riche de tous mes souvenirs heureux avec Gilles et maintenant je peux les revivre aussi souvent que je le désire sans que je fonde en larmes. Mon amour pour Gilles est toujours aussi fort et je le garde tout au fond de moi, précieusement...

Il faut du temps, de la patience et beaucoup de courage pour surmonter cette déchirure douloureuse de la perte de l'être aimé, mais parler, exprimer sa souffrance est vraiment salvateur. Il ne faut pas hésiter à lancer des appels au secours, il y a toujours quelqu'un qui l'entend.

Je vous envoie à toutes et tous un peu de ma sérénité retrouvée et tout mon soutien.
Ghislaine


Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: qiguan le 03 septembre 2014 à 20:54:45
Vos témoignages montrent la diversités des parcours et à nous nouveaux endeuillés confirme que ce sera pour nous aussi particulier !
je le savais intellectuellement, lu dans des livres  mais le lire par vos témoignages est plus précis pour moi !
j'avais relevé cette phrase lors d'une lecture de livre
"Le temps en soi ne guéri rien, parce que ce n’est pas le temps qui guérit, c’est ce qui se passe pendant ce temps". 
Quenouille j'avais lu tes contributions/reconstruction difficile/nouvelle vie de couple sur une autre partie du forum, cela a t'il été un déclencheur de renforcement du chagrin pour toi cette non acceptation par l'entourage de tes nouveaux choix ?

Ghislide pourrais tu mettre un mot sur http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/une-rencontre-est-ce-bienfaisant/ car j'ai vu que tu avais participé à une rencontre

si certain(e)s autres aussi y ont participé et passent répondre aux posts ici merci de donner aussi un avis.
Les avis des anciens sont importants !

meilleures pensées
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: FeeViviane le 03 septembre 2014 à 23:46:32
Merci aux anciens pour leurs témoignages. Ils nous sont précieux. Je constate que l'on est loin du traditionnel "un deuil c'est un  an, 4 saisons".

Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: zabou le 04 septembre 2014 à 00:43:57
Bonsoir à tous,


je crois que je fais parti des anciens de ce forum , moins que certains , je n'ai pas encore atteint les 2 ans !!.

certains d'entre vous sont arrivés et je n'ai pas répondu, parce que voilà, après , comme vous tous, avoir connu cette souffrance intense du début, qui vous arrache les tripes, après des mois de souffrances ,  connu des moments de mieux et même bien, 22 mois après , je rechute, ce mois d'aout passé à été terrible et septembre ne s'annonce guère mieux....

J'ai compris déjà depuis des mois que jamais ,je ne l'oublierai, et que je vivrais ainsi , avec des hauts et des bas , les hauts ont été plus conséquents , les mois passés que les bas, et je ne pensais pas que de nouveau l'inverse pourrait se produire, mais c'est le cas.

Je ne désespère pas et je sais avec tous les témoignages que j'ai pu lire par le passé sur ce forum, qu'il faut du temps, l'envie aussi est importante , mais cela ne fait pas tout, en fait c'est un vrai combat, entre l'avant et l'après....

Les anciens parlaient de "lâcher prise" et d'acceptation, et après avoir été septique, je suis convaincue aujourd'hui, que le fait d'accepter aide, mais il y a tant à accepter....

Je n'ai toujours pas accepter le départ de mon mari, le mot " MORT" me rebute, et je n'arrive pas à l'employer pour lui, je connais la réalité, je sais parfaitement qu'il ne reviendra pas, mais je ne l'admais pas , alors pour le moment  je fais avec....

Pourtant , je ressens sa présence , il est en moi, mais les souvenirs de sa douleur sont encore si vifs, je me souviens toujours du son de sa voix, et il ne se passe pas un seul jour, presque une heure, ou je ne parle de lui, ou une anecdote me revient, ou je dis , il aurait fais ceci ou dis cela...

Une rencontre est venue embellir ma vie, pourtant , voilà, l'un n’empêche , pas l'autre, c'est ainsi pour moi.

Oui, un deuil c'est loin, très loin de faire 4 saisons, cela dure je crois toute une vie, j'attends simplement , que la sérénité puisse un jour arriver.

Je vous embrasse.

zabou
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: meszouzous le 04 septembre 2014 à 22:56:30
Bonsoir,
Cela fera deux ans le 27 novembre prochain...qu est ce que deux ans ? Trois ans ? Moins, plus... sa disparition est arrivée brutalement, tragiquement. Un accident de la route, inexpliqué. Une absence inacceptable, douloureuse, horriblement douloureuse.  Comment vivre ou plutôt survivre ? Je n ai pas les mots pour exprimer ce que je ressens, ce que je vis au quotidien. Comme vous... et c est là je crois que nos chemins se rejoignent. C est ici que nous arrivons à dire, comme nous le pouvons, notre chagrin, notre souffrance. C est ici qu il y a toujours un regard pour nous lire, une main pour nous répondre,  nous soutenir. Il m a fallu du temps pour vous rejoindre sur le forum. Je vous ai lus presque chaque jour. J ai apprécié votre respect, votre douceur, votre soutien les uns envers les autres, votre "écoute" via la lecture de vos écrits... jamais personne n est laissé sur le "bas-côté de la route", chacun reçoit toujours un petit mot de réconfort.
Sans doute avez-vous reçu le mail de Yacine qui propose un rendez-vous autour d une boisson chaude à l occasion de l'entrée de l automne.  Rendez-vous à Paris pour commencer. C est une merveilleuse idée ! Merci à lui ! J espère que nous y serons...
Plus de mots ce soir...mais je reviendrai... bien à vous.
Béa
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: FeeViviane le 04 septembre 2014 à 23:16:00
Bonsoir Béa.... oui, un message appelle un message. Car nous sommes sensibles à ceux qui viennent, nous savons que ce n'est pas toujours simple d'écrire, de raconter, de se raconter. Et que les mots amènent parfois des larmes (mais aussi parfois des sourires).

où sera ma douleur dans 2 ans ? Qu'en aurais-je fait ? Au bout de 7 mois de deuil, je n'en sais rien.
Une personne que j'apprécie m'a écrit ceci "la douleur est un escalier circulaire". C'est imagé et je crois que c'est ça : on avance pas linéairement, il y a des tournants et, lorsque l'on est dans ces tournants, on croit que l'on régresse. On regarde sur le côté et on y voit un ravin ...
Mais si la douleur est un escalier circulaire, il peut descendre ou monter. On le descend et, peu à peu, on le remonte, on le parcours, vers le haut, là où l'air est moins oppressant, plus pur ...
Le parcours peut prendre un an, 2, 3 ... et arrivé là haut, on s'aperçoit peut-être qu'un "fond" de douleur restera toujours là parce qu'on ne la terrassera jamais, qu'il faut juste parvenir à la transformer, ne pas la retourner contre soi. Peut-être qu'il ne faut pas se souhaiter de ne plus souffrir mais d'être serein un jour, apaisé.

Reviens quand tu veux en tout cas. Ici c'est un peu comme un café virtuel ou une auberge espagnole... y vient qui veut, tel qu'il est... il ne manque que le café et le thé en fait (et la soupe chaude aussi certaines nuits  ;-)  ).

Bises
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: meszouzous le 04 septembre 2014 à 23:45:10
Merci FeeViviane pour tes mots  :)
A ce jour, je ne sais pas toujours où je suis...dans un escalier circulaire, pas encore. Cela ressemble plus à un arrêt sur image...triste image de ma vie qui s est arrêtée ce 27 novembre 2012. Difficile de changer cette image... j essaye pourtant mais l énergie,  l envie, le courage me manquent trop souvent. Travail, enfants et petits enfants, amis ne remplacent pas celui qui était tant pour moi et ne suffisent pas toujours à me tourner vers l avenir. Un jour peut être ? Je voudrai y croire, vraiment. Il faudrait aussi que je laisse sur le bord du chemin cette terrible culpabilité,  cette horrible colère qui me collent à la peau. Bref, beaucoup trop de sentiments mêlés. Et qu en est il de cette force qui nous fait défaut pour accomplir les tâches les plus anodines du quotidien ? J en ai presque honte  :(
Je te souhaite ainsi qu à vous tous la plus douce nuit possible.
Béa
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: qiguan le 05 septembre 2014 à 11:02:03
Oui venir sur le forum pour être aidé, ou tendre une main ...
je ne sais pas où j'en serai dans 3 ans ... je ne peux pas me projeter !

Oui le chagrin et l'escalier circulaire c'est de Linda Pastan
j'ai 2 livres sur mon chevet pas encore entamés (me font ils peur?)
sur le chemin dudeuil de Kübbler Ross et Kessler http://www.amazon.fr/Sur-chagrin-deuil-David-KESSLER/dp/2266203339
et
sortir du deuil de Schützenberger et Bissone Jeufroy http://www.amazon.fr/Sortir-deuil-Surmonter-chagrin-r%C3%A9apprendre/dp/2228903604/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1409902941&sr=1-1&keywords=sortir+du+deuil
va falloir que je m'y mette ...

car
C'est pour moi de plus en plus clair que j'ai envie que mon deuil serve à quelque chose et que je veux y contribuer ... ce sera je ne sais quoi dans l'associatif autour du deuil mais indispensable  !
j'ai écrit sur mon fil
Un truc angoissant pour moi ce que les anciens racontent souvent
"vous allez vivre ceci ou cela" et on se met à l'attendre alors que peut être ça ne viendra pas ne viendrait pas si on ne le savait pas ... comme si on le provoquait pour tomber dans une certaine "norme"
je ne veux pas basculer là dedans.
zabou m'a faite 1 bienveillante réponse ! et je lui dis ensuite :
Vrai que je peux noter que mon souhait de ne pas me programmer/vécu de mon deuil est déjà signe de sortir de la passivité, je sais que des choses viendront mais je ne veux pas en faire une règle une attente.
Quand je me suis formée à l'accompagnement en 93/97 j'ai appris qu'il y avait toujours ce que l'on nomme
la réalisation des prédictions ou Prophétie autoréalisatrice http://fr.wikipedia.org/wiki/Proph%C3%A9tie_autor%C3%A9alisatrice et que ça c'était terrible : le malade qui attend telle chose, l'ado idem etc ... pour entrer dans une normalité car peur de l'a-normalité ...
non on doit vraiment dans le deuil se libérer de tout on a bien assez à vivre avec !

Plus j'y vais plus je surveille mon vocabulaire pour ne pas alimenter certaines choses négatives !
tout ça parti de la phrase lue au début du deuil : "Le temps en soi ne guéri rien, parce que ce n’est pas le temps qui guérit, c’est ce qui se passe pendant ce temps". lue là http://www.cefem.be/lectures/deuil/les_douleurs_du_deuil

je en sais donc pas ce qui sera là dans 3 ans mais je veux me situer dans être et non subir même si c'est douloureux de faire ce choix

Je crois que sera longue la période de culpabilité de vivre/défunt ! et que la lutte justement pour vivre, le faire vivre à travers ce que je vais faire est une longue quête !
le chemin pourra me permettre de reconnaître la réalité de ma perte et de lui accorder une place dans ma vie, même si je me révolte encore contre ce qui s’est passé. 
 faire une place à ma douleur et à la formuler pour en atténuer son intensité et la rendre plus supportable. Pour un jour enfin la dépasser…

Que le vide ne soit pas celui du désespoir mais creuset d'un nouveau possible ...
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: QUENOUILLE87 le 05 septembre 2014 à 11:37:43
Bonjour,

C'est vrai que j'ai rencontré un homme relativement rapidement après le décès de mon mari (1 an). Rien n'a été prémédité, cela s'est fait par hasard. Je ne peux vous expliquer l'énorme sentiment de culpabilité qui m'a rongé pendant des mois et des mois, culpabilité vis à vis de mon mari tant aimé, vis à vis de mes enfants, de mes amis.

Le fait que mes amis n'acceptent pas mon ami a été très difficile à vivre. J'ai même perdue une amie de 30 ans, qui m'a dit qu'elle ne l'appréciait pas, que c'était beaucoup trop dur pour elle de me voir avec un autre homme, et que du coup je ne revoie plus. Avec le temps, ça s'arrange un peu, mais mes amis, quand nous sommes réunis, s'adressent très peu à mon ami, le laissent un peu à part, n'osent pas parler de nos souvenirs communs, sont sur la réserve. Certains m'en ont parlé franchement, d'autres préfèrent ne plus nous inviter….. Pas facile

J'ai dû consulter un psy pour savoir où j'en étais, surtout que cet homme ne correspondait pas du tout aux valeurs que j'accorde à un homme. Je pense qu'au début, cette relation m'a fait du bien dans la mesure où je retrouvais une épaule sur laquelle me reposer. Je ne supportais plus la solitude, le silence de la maison, les week ends seule sans parler à personne, plus de projets de quoi que ce soit (ciné, vacances, resto), plus personne avec qui discuter…

Aujourd'hui, j'avoue ne pas en savoir plus sur ce que je ressens. Il ne se passe pas une heure dans la journée sans que je pense à mon mari. J'ai beau me raisonner, j'appelle de toutes mes forces à retrouver ma vie passée, si joyeuse, si harmonieuse, si fusionnelle, ponctuée de fous rires en famille ou non, d'engueulades évidemment, de partage avec les enfants.

Je partage maintenant d'autres choses avec un autre homme, mais j'ai l'impression d'être malhonnête avec lui. Non pas que je ne ressente rien pour lui, mais mes pensées sont constamment ailleurs. Et j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire, aucun efforts, pour que ces pensées soient dans le présent. Elles restent constamment dans le passé. Comme si je m'interdisais de vivre une vie "nouvelle", différente.

Je serais grand-mère dans quelques mois, et malgré l'immense bonheur que je ressens, je ne peux m'empêcher de le gâcher par ce sentiment que mon mari aurait été tellement heureux d'être un grand-père gâteau. Mes deux filles ressentent la même chose.

Arriverons nous un jour à retrouver un peu de sérénité ? de l'insouciance, non, c'est fini, je le sais. Mais juste un peu de calme dans la tête, sans se poser de questions….. J'admire beaucoup de gens qui, dans des situations plus dramatiques que la mienne (pas d'enfants, problèmes financiers, etc…) arrivent à refaire surface. Moi, j'ai deux filles en bonne santé dont je suis très très proche, mon ainée qui attend un bébé, la seconde qui reprend ses études après une année très difficile, une maison, un travail.

Je m'accroche, même si c'est difficile. Demain, il y aura 28 ans que nous nous sommes mariés……


Bonne journée à vous


Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: Eva Luna le 05 septembre 2014 à 13:09:02

"Je serais grand-mère dans quelques mois, et malgré l'immense bonheur que je ressens, je ne peux m'empêcher de le gâcher par ce sentiment que mon mari aurait été tellement heureux d'être un grand-père gâteau. Mes deux filles ressentent la même chose."

ce que j'ai envie de te dire, c'est que ça va mieux quand on comprend que on peut ressentir les 2 émotions en même temps... être infiniment triste qu'il ne soit pas là pour partager le bonheur de ce bébé tout neuf qui arrive et il faut lui laisser plein de place à cette émotion là...et lui donner une forme en faisant quelque chose... ET ...être aussi contente de la venue de ce bébé qui a besoin d’être accueilli dans la joie...les deux en meme temps...
ma fille, enceinte après la mort de sa soeur très aimée .. a dit que le plus dur à cette période a été de faire coexister ces 2 émotions dans un seul cœur... on apprend  à le faire, ça fait mal... mais petit à petit on réussit à les vivre l'une après l'autre, ces deux émotions...à lui dédier un temps et un lieu à celle qui nous arrache le cœur, la douleur des regrets de l'absence et du futur à jamais interdit...
courage, vous y arriverez...
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: qiguan le 05 septembre 2014 à 15:21:25
QUENOUILLE  relis dans le livre du Dr Fauré p 162 ... à 166 cela pourra t'aider je pense.
il dit notamment "on peut voir ces individus qu'on rencontre comme des "passeurs" qui faciliteront la transition entre le vécu de solitude du deuil et le retour à une vie affective.
Il est rare que l'on refasse sa vie avec eux, mais cette expérience marquera une étape importante dans le travail de deuil
"
en parlant quelques fois avec certaines veuves j'ai compris qu'il fallait s'assurer d'abord d'une relation discrète, à ne pas imposer à la famille trop vite, aux amis ..., la cultiver que pour soi, qu'elle soit claire avec le partenaire et serve à s'auto analyser ...
tu dis
"J'ai dû consulter un psy pour savoir où j'en étais, surtout que cet homme ne correspondait pas du tout aux valeurs que j'accorde à un homme. " tu fais bien de demander l'aide du psy effectivement et je te souhaite de sortir grandie de toutes ces difficultés !

Pour le côté grand mère je suis à 100 %, OK avec ce que dit Eva Luna même si c'est très difficile !

courage !
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: zabou le 06 septembre 2014 à 00:43:35
Quenouille,

J'ai moi aussi  fait une rencontre qui m'a rendue heureuse, comme le dit si bien Eva Luna il peut cohabiter en nous plusieurs émotions, personnes jamais ne remplacera mon mari, il reste et restera la personne avec qui j'ai fusionné, avec qui je pensais finir mon existence, celui qui m'a durant 22 ans rendue heureuse, avec qui aussi je me suis souvent disputée, celui pour qui j’aurais tout donné , mais voilà la vie me la prit , impuissante je n'ai rien pu faire....

Avec cet homme qui aujourd'hui m'accompagne , les choses ont toujours été claire, je suis bien , je me sent bien a ses cotés , il n'est pas venu combler ma solitude , cette solitude , je l'appréciais, la liberté aussi, ce sont certainement les deux points positifs d'après, il ne remplace pas mon mari, c'est une personne différente que j'aime d'une manière différente, il le sait.

Néanmoins, je vais parfois très mal, je luis dis, j'ai besoin et me retrouver seule de vivre ce chagrin, il le sait aussi, c'est à prendre où à laisser, surement pas toujours facile pour lui, mais j'ai toujours été honnête, difficile aujourd’hui de faire des compromis et en tout cas pas celui là....

J'ai compris qu'il en sera ainsi le restant de ma vie....

Je lui parle de mon mari, j'ai surement la chance qu'il comprenne, un ménage à trois en quelque sorte, je ne fais jamais de comparaison, je n'ai jamais ressenti aucune culpabilité envers mon mari, il est une autre personne à laquelle je suis attachée.

J'ai eu moi aussi un petit fils, né après le départ de de mon mari, ce fut un bonheur et une déchirure en même temps, à son première anniversaire, j'ai du juste avant le gâteau, m’éloigner , pour pleurer, comme j’aurais aimé que mon mari soit là, le connaisse , le voit, puis j'ai séché mes larmes, pour ce petit bonhomme ,pour mes enfants, et le bonheur à pris place.

Après un deuil , je dirais même pendant, nos sentiments sont ambivalents, et le resteront parfois c'est très difficiles à gérer, parce que effectivement, je ne me reconnait, plus ,parce que j'ai irrémédiablement changé ,parce que la personne que j’étais avant, ne sera jamais plus.

Je vis parfois les choses pleinement, parfois en demie teinte, parfois je suis bien , d'autres je me sens si mal, j aurais tant voulu que mon mari reste près de moi....

Après avoir voulu partir, le rejoindre, après l'avoir supplié de revenir, j'ai choisi de vivre, pour moi, pour lui qui aimait tant la vie, c'est vrai ce n''est pas facile tous les jours , la douleur est là parfois si vive qui tenaille, et dans ces moments, il est vrai qu'il m'arrive encore de penser au pire.....

Je pense que tu as raison de voir une psy, cela m'aide beaucoup, à évaluer,les sentiments enfouis, à comprendre.....

Je ne sais pas si nous arriverons à trouver un peu de sérénité, en ce qui me concerne et en l’état , je ne le crois pas, mes des moments plus long dans le temps apaisée oui, ça je le crois.

Les dates sont, et resteront toujours, des rappels douloureux, des moments ou l'avant/après, se mêle et s’entremêle, que la journée qui s'annonce soit plus douce que tu ne le penses.

Accroche toi.

Pensées.

zabou
Titre: Re : Trois ans hier
Posté par: qiguan le 06 septembre 2014 à 12:24:35
je suis dans l'émotion
Zabou et les autres concernés je vous rejoints ...
ma fille vient de m'annoncer ce matin qu'elle attend un bébé ... pour la date théorique.. qui sera les un an du décès de mon amour (23Avril) ...
je sais que vous ami(e)s du forum serez là pour accompagner cette suite de parcours où je vais gérer tant d'ambivalence ! ...
faire cohabiter les émotions ... nouvelle tache !
là je me suis effondrée en larmes après son départ larmes de joies et de peine mêlées !
et je ne sais plus trop où j'en suis ...
si ce n'est que ça a renforcé ma décision d'être dans mon deuil et pas rester que sur le plan victime ...
meilleure journée possible à toutes et tous
je vous embrasse