FORUM "LES MOTS DU DEUIL"
Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: raph le 05 mai 2013 à 23:00:37
-
Bonsoir,
j'avais juste une question comme ça. Avez vous trié les affaires de votre conjoint ?
Je vais être dans l'obligation de quitter "notre maison" mais je ne peux pas trier ses affaires. J'en ai donné quelques unes à sa famille mais le reste je ne peux pas.
Sa serviette de toilette est encore accrochée au sèche serviette de la salle de bain. son gel douche, sa brosse a dent... tout est intact.
Je vais devoir deménager et je pense emporter ses affaires dans les cartons pour faire le tri après.
Non seulement j'ai perdu mon amour mais je vais devoir partir de la maison et s'est pour moi comme tourner le dos à tout sa et je ne veux pas, je ne peux pas et pourtant je n'ai pas le choix.
Pour moi cette maison s'est NOUS et partir va etre très dur.
bonne nuit à tous si cela est possible.
raphaelle
-
Bonsoir Raphaelle,
Je ne sais pas s'il y a vraiment une bonne "technique".
J'ai trié les affaires de mon épouse assez vite. J'ai du le faire seul. Famille eloignée et amis jamais dispo quand je l'étais moi.
Si les vêtements ne m'ont pas trop posé de soucis, j'ai gardé quelques affaires qui la représentait à mes yeux, ce sont tous les petits
objets qu'elle aimait, ses "grigris" qui m'ont posé soucis : que garder, que jeter ?
Sachant que j'aimerais que notre fille puisse se connaître sa maman plus tard, qu'est ce qui la représenterais au mieux ?
En plus, me dire que la vie de mon aimée se retrouvait en quelque sorte à la poubelle, ça me révulsait. Du coup, j'ai abandonné la partie en me disant je verrais plus tard. Et j'ai vu...le temps ne fait rien à l'affaire, je me suis remis à la tâche cette semaine, toujours seul et avec toujours le même sentiment de gâchis.
Alors, si j'avais un conseil, c'est quand tu t'y mettras va jusqu'au bout tout de suite et fais toi aider par quelqu'un qui sera assez objectif pour faire la part des choses entre l'essentiel et le superflu et qui pourra t'aider à t'enlever toute culpabilité.
Courage à toi raphaelle, continue de porter ton regard vers l'avant : il nous faut continuer à regarder vers l'avant, à trop regarder en arrière, parfois, on arrête d'avancer et on se perd (je suis fortiche pour les belles phrases mais j'ai souvent du mal à les appliquer à moi même ::) )
-
Après presque 7 mois, je n'ai pas trié ses affaires
D'ailleurs, je fais tout au ralenti, je suis en mode survie
La seule chose que je me suis empressé de faire : des albums photos
-
Merci pour vos reponses.
Hélas, je serais certainement seule pour finir de trier ses affaires.
Sa famille est loin, les affaires que je leur ai donné était lors de leur visite pour me soutenir pour l'inventaire de la maison face à ses enfants et son ex-femme.
Quant a ma famille, comme s'est le silence radio complet, je ne leur demanderai même pas.
Je ne souhaite pas tout garder car comme je l'ai dis a sa famille, je ne veux pas faire un musé en sa memoire, mais s'est difficile car pour moi s'est comme tourner la page, même si te terme n'est à mon avis, pas le bon.
Je me rends compte que malgré toutes les bonnes volontés que l'on peut avoir autour de nous, on est malgré tout, SEUL.
Bonne journée à tous si tant est qu'elle puisse l'être dans nos situations.
raphaelle
-
J'ai aussi été (très) seule.
Je n'ai rien trié. Ou plutôt oui: une partie pour un organisme de charité, un autre pour les poubelles.
Un vélo (tout neuf) pour un voisin.
Et un chandail, des sandales, un stylo, ainsi que des articles personnels (papiers) et des oeuvres artisanales africaines pour me fille, plus tard.
Les vêtements, ça c'est fait relativement rapidement (au bout de 3 mois, je crois). Pour le reste, ça pris énormément de temps (les papiers entre autre).
Même: un an plus tard, je fouillais dans son porte-feuille... j'ai trouvé 2 500$ :o
Aujourd'hui, c'est sûr que je crois avoir fait la bonne choses.
Il faut le faire quand on est prêt, à moins, comme toi, d'être dans l'obligation du déménagement. Une chose de sûre: ça ne se fait pas sans larmes...
Tendresses sincères,
Caroline à Québec
-
Bonjour Raphaelle,
je suis de tout coeur avec toi. Je comprend ton déchirement. Je ressent la meme chose, pratiquement rien n'a bougé dans ses affaires depuis un an. Bien sur que devoir tourner une page aussi brutalement est cruel et rajoute à notre peine qui est déjà insupportable.
Partout ou tu iras, tu le porteras en toi, jamais tu ne l'auras trahi. Au début l'idée de quitter l'appart m'est impossible. Maintenant, s'il fallait le faire par nécessité, je garderai en moi cette pensée.
Je t'envoie mes plus douces pensées.
André
-
*
-
Oh comme je comprends les sentiments qui se percutent en nous lorsque nous devons faire le tri des affaires de notre adoré !
Comme je l'ai indiqué je crois dans mon fil, j'étais décidée à le faire très vite afin de "profiter" de l'énergie qui me restait des années de soins et d'aide et d'accompagnement de mon coeur.
Alors que je me trouvais en congé pour trois jours, le ciel étant de la partie, c'est à dire, en pleurs comme moi, j'ai décidé de "m'attaquer" à cette tâche oh combien difficile !
Pour m'aider un peu, alors que les larmes coulaient toutes seules et que les sanglots meublaient le silence de la maison, j'ai pris un sac et j'ai décidé de tricher avec moi-même.
C'est à dire que j'ai commencé par trier mes propres affaires, soit un côté de l'armoire-penderie. Nous avons tous et toutes des vêtements que l'on garde en espérant maigrir un jour et reprendre notre taille de guêpe, ou bien attendre que la mode revienne....
Des vêtements usés que l'on garde aussi parce qu'on a aimé les porter....
Puis, petit à petit, j'en suis arrivée au plus dur. La penderie de mon coeur avec ses chemises, ses vestes, ses pulls, ses tee-shirt, ses pantalons, ses costumes, bref tout ce qui faisait mon homme à moi.
Là, j'avais pris une valise. J'ai déposé le maximum dedans comme si il partait en voyage.... Et là, j'ai craqué, je me suis effondrée dans la valise, le nez dans chaque vêtement, à essayer de retrouver une odeur. Mais, vous êtes sans doute comme moi, ne sont rangées dans les armoires que les vêtements nettoyés !
Mais chaque vêtement m'a rappelé une histoire, une sortie en magasin. Mon homme n'aimait pas aller s'habiller seul. Il voulait toujours que je l'accompagne pour lui donner mon avis.
Ce fut un moment intense de tendresse avec lui, de communion avec lui, de chagrin qui pouvait se manifester sans présence autre que moi et sa pensée dans mon coeur.
Au fur et à mesure, j'ai "étalé" mes propres cintres à la place des cintres que j'enlevais. Ainsi je n'ai pas eu de "trou", de "vide" en face de moi.
Lorsque j'ai fermé l'armoire, mes affaires avaient comblé et pris la place laissée vacante !
Ce fut très difficile. Encore une fois, j'ai pu hurler tout mon saoul. Ma minette à quatre pattes est allée se terrer dans un coin de la maison !
Je lui ai fait un gros câlin après ce qui m'a permis de me calmer et de la tranquilliser.
Le lendemain, j'ai dû faire appel à une amie, et une autre s'est jointe à nous. Cette dernière a aussi perdu son mari quelques mois plus tôt que moi. Toutes deux habitent dans la même rue que moi.
J'avais du mal à mettre valise et cartons (la valise n'a évidemment pas suffit !) dans la voiture. Elles m'ont aidée.
Le secours populaire ouvrait son "vestiaire" justement ce jour-là.
J'ai téléphoné et nous y sommes allées.
J'ai reçu un accueil chaleureux où l'on m'a expliqué comment ils procédaient et que je faisais vraiment un don pour des personnes en difficultés.
Là mes deux amies m'ont aidée moralement car c'était à ce moment-là que le "vrai" départ des affaires se faisait !
En fait, je crois avoir bien fait, pour plusieurs raisons :
1/ j'étais encore sous le coup du décès
2/ j'avais encore de l'énergie. Aujourd'hui, j'en serai incapable, je n'ai goût à pas grand chose.
3/ j'ai fait seule ce nettoyage qui a été, je le redis encore une fois, un moment de communion avec mon Coeur.
4/ je n'étais pas seul au moment du dernier au revoir des affaires.
Il restait quelques petites choses, moins importantes, que j'ai pu donner à une association qui emporte tous les mois soit au Pérou soit au Vietnam des vêtements.
Il n'en reste pas moins que c'est une nouvelle épreuve, la concrétisation d'un départ que nous n'avons pas voulu et que nous subissons.
Comme c'était très tôt après le départ de mon mari, j'ai eu quelques jours la frayeur qu'il revienne et ne trouve plus ses affaires. Qu'aurait-il dit ?
Là, il faut se calmer, se raisonner, se dire que de toute façon il ne reviendra pas et qu'il serait heureux que les choses se passent au mieux pour moi puisqu'il se faisait tant de souci pour son après, savoir si je pourrais gérer mon chagrin....
Le 14 mai prochain, cela fera deux mois que mon coeur m'a quittée !
Je souhaite énergie et vaillance à ceux et celles qui n'ont pas encore franchi cette étape, pourtant nécessaire.
Se dire que ce ne sont que des objets, n'est pas suffisant.
D'ailleurs, j'ai gardé son dernier manteau, un costume et quelques pulls.
Mais surtout, son dernier bonnet en laine qui lui a si bien servi cet hiver pour le protéger du froid. J'en ai fait mon "doudou".
Comme quoi !
Catherine
"Coeur"
"Tenir, toujours tenir !"
-
Bonjour Raphaëlle,
Au bout de 9 mois, je n'ai rien trié. Sa trousse de toilette est à la salle de bain, à sa place, sa brosse à dent avec la mienne, ses chaussures à leur place, sa veste accrochée à la rampe d'escaliers. Et ses vêtements dans l'armoire.
Je sais que je serai obligée de faire le tri toute seule. Je commencerai par trier ce qu'il ne portait plus, et puis la suite, quand j'en serai capable. Alors qu'il est toujours dans ma tête, tout le temps, j'ai l'impression que trier ses affaires, c'est l'éloigner de moi, ou m'éloigner de lui.
J'ai ouvert sa pochette pour récupérer un document, et j'ai retrouvé son parfum à l'intérieur. Elle reste à sa place pour le moment.
Je ne jetterai pas ses affaires. Je proposerai aux enfants de récupérer ce qu'ils souhaitent garder de leur père, je garderai ce à quoi il tenait, et le reste à un organisme.
Sa voiture, pour l'instant, je la prends en alternance avec la mienne pour la faire rouler, et il y a toujours son parfum à l'intérieur,que je sens brusquement, par moments. Il faut que je me décide. Je garde la sienne, la mienne ? Payer deux assurances est stupide. Mais c'est toute la difficulté de l'après, je ne sais pas ce que je veux faire. Je n'arrive pas à me décider.
Et je ne veux pas me bousculer pour trier, malgré les remarques qu'on me fait. Je le ferai quand je m'en sentirai capable.
-
En effet, Lili, c'est bien ce qu'il faut faire: ne pas écouter les merveilleux conseils de ceux qui ne l'ont pas vécu. Ils croient bien faire, mais c'est nous qui savons ce qui est bien pour nous.
Tu fais bien.
En gardant sa photo dans un joli coin du salon (et ailleurs), ça "lui" donne la chance non pas de vivre, mais de rappeler qu'il est venu sur terre. Sinon, c'est comme s'il n'y était jamais venu. Surtout qu'à Québec, peu de personnes ne l'ont côtoyé. Ça me chagrine beaucoup.
Bonne journée Lili!
Caroline à Québec
-
Trier ou pas quelle importance, vite ou dans 20 ans quelle importance!!
Chaque chose ou chaque objets est une multitudes de souvenirs des milliers de lien qu'on peut suporter tout de suite pour certains et dans 20 ans pour d'autre.
moi je trie petit à petit, ça fait 2 an 1/2 maintenant et tout n'est pas fini, tant pis et qui est-ce que ça pourrait bien déranger??
Et puis qu'il regarde ailleurs,..
Chacun son rythme, chacun sa force..
Bizz à vous
Pascale
-
Oh Pascale Merci!!
Ton simple petit texte me fait tellement de bien...
J'ai perdu mes deux parents à interval de 13 mois! Mais voila que leur maison est vendu, alors j'ai donc dû remplir trois pièces de ma maison de leurs différent objets, meubles..etc... Elles sont pleine à craquer!! Et je suis incapable de faire le tri... chaque fois que j'essai, je m'effondre en larme et deviens automatiquement et complètement épuisée chaque fois!! J'avais donc arrêtée pendant quelque semaine.. et j'ai ré-essayée la fin de semaine dernière... :-\... rien à faire... pas encore capable... alors je ferme les portes!! Mais bon-Dieu que je déteste le désordre que cela apporte...
Et je ne parle pas de l'entourage... ils ont l'air de croire que ce n'est que de la paresse!!
Alors MERCI pour cette si simple petite phrase..."Qu'ils regardent ailleurs tiens!".. tu as bien raison.. ;)
Au revoir..
Amitié Sylvie :-* :-*
-
J'ai l'impression que ma situation empire de jours en jours. Son ex-femme m'a appelé mardi soir pour me dire que le notaire lui avait demandé de vider la maison. Quoi ? J'ai mal compris, notre maison ?
Je suis fatiguée. Je pleurs mon amour cheri et on m'enfonce encore un peu plus.
J'en peux plus.
Je fais le pont et du coup j'aurai préférer travailler, a quoi bon avoir des vacances pour se retrouver seule, complètement seule.
-
Oh, Raphaelle, lorsqu'en plus du chagrin, il faut gérer une situation compliquée ...
Es-tu entourée par ta famille ou des amis proches qui pourraient t'aider en la circonstance ?
Peux-tu, de ton côté, te renseigner pour vérifier tes droits ?
As-tu déjà un logement en vue ?
Hélas, j'ai bien l'impression que je ne t'aide guère, avec mes questions.
Mais j'espère du fond du coeur que tu ne seras pas seule à affronter tout cela, et que tu vas trouver le soutien nécessaire.
Seule ? Pas tout à fait, n'est-ce pas ? Vois nos mains qui se tendent vers toi ; nous sommes là, pour t'accompagner et échanger avec toi.
A très bientôt.
-
Malheureusement, je n'ai pas grand monde pour m'aider et surtout pas ma famille.
Je vais essayer de contacter un notaire demain pour avoir un autre "son de cloche" mais je sais que je n'ai droit a rien (nous n'étions pas marié), que tout revient à ses enfant mineurs mais que se soit son ex-femme qui vide la maison, sa non.
Elle l'a déjà plumé lors du divorce. Elle etait dejà la dans NOTRE MAISON pour l'inventaire, lui qui n'aurai jamais voulu qu'elle mette un pied à la maison, si bien qu'il faisait tous les trajets pour prendre et ramener les enfants chez elle.
-
Oui, tu as raison de voir un notaire.
Le peu que je sais, si le divorce a été prononcé, la maison a dû faire l'objet d'un partage.
Qu'en est-il ?
Sais-tu s'il avait pu racheter la part de son ex ?
Ou bien la maison devait-elle être vendue pour justement clore le divorce ?
Toutes ces questions sont importantes et le notaire te les poseras.
Il faut aller le voir avec le jugement de divorce.
Les enfants sont héritiers.
Toutefois, s'il est prouvé que tu es resté assez longtemps dans la maison, que tu as participé à son entretien, il est possible que la loi te donne le titre d'usufruitier.
Encore une fois, un notaire seul pourra te répondre correctement.
Ne te contente pas du notaire de son ex.
Donne-nous de tes nouvelles.
Douce soirée malgré tout pour toi.
Catherine
"coeur"
"Tenir, toujours tenir !"
-
Bonsoir a tout le monde
Je ne peux rien toucher de ces affaires sa voudrais dire que je l oublie tout ces vetement me rappelle une histoire deja 8 mois et son absence me fait plus en plus mal si j enle ces vêtements je me dis il ne reviendra pas moi je veux qu il revienne
Pommenoir
-
bonsoir
pour moi c'est pareil
je me dis que si je touche à quoi que ce soit de ses affaires c'est sur qu'il n'y a aucune chance qu'il revienne
ça fait 5 mois que j'espère qu'il va pousser la porte et que l'on va reprendre notre vie là ou elle s"est arrêtée
-
Pour repondre à coeur : son divorce a été prononcé il y a plus de 4 ans. La maison dans laquelle je suis n'a rien a voir avec son ex puisque achetée il y 2 ans seulement, mais en son nom propre et non assurée en totalité pour le décès, donc la vente est oligée pour payer la banque.
sinon aujourd'hui je me suis résignée à trier ses chaussures. celles qu'il ne mettait jamais je les ai mises dans un sac et je les porterais a Emaus, les autres (j'en ai un plein carton) je trouve idiot de les garder mais elles sont dans un carton parce que je ne peux pas encore les donner. J'ai mis aussi des vetements restant dans un carton (pour ceux que je garde) et les autres de coté pour les donner à ses enfants.
voila de toute manière va falloir que je trouve a demenager très rapidement alors...
et puis je suis fatiguée donc si son ex veut recuperer tous les meubles qu'elles les prennent, elle sera contente de stocker sa cher elle. cette situation me stresse tellement.
-
Bonjour coeur
Coeur tu ecris tenir toujours tenir ma c est vieilli le plus vite possible pour le rejoindre il me manque de plus en plus sa fait 8 mois que ce crabe me la pris en quelques mois il avait juste 55 ans c etait mon bonheur ma joie de vivre il avait toute les qualités au travaill je disais mon mon maris il a pas de defaut je ne peux crier mon désespoir je n y arrive meme pas certaines personnes autour de moi me disent ou me vont comprendre que se n ai pas normal que je pleure comme sa . Poutant la plus part du temps je fais comme si j allais mieux
Gege etait toujours entrain de dire tu es la plus belle , mon coeur , ma beauté je t aime il me prenait dans ces bras pour m embrassé et ma beaucoup protéger comment oublié la personne que j ai aime le plus au monde la premier personne quand je l ai rencontrer j ai put faire confiance la premiere personne qui ma protéger pendant 34 ans il ma vie
Pomme noir
-
Pomme Noir
Comme je te comprends.
Tout ce que tu écris, je pourrais l'écrire moi-même. Je disais que Jean est ma colonne vertébrale. C'est lui qui m'a aidé à tenir debout devant certaines difficultés de la vie. Sans lui, je ne me serais jamais remontée d'une grande dépression, c'est pour lui que j'ai inversé la spirale descendante qui m'entraînait. Sans lui, je n'aurais jamais pu aider mes parents à la fin de leur vie qui n'a pas été facile.
Sans lui, je n'aurais pas pu me remettre du résultat négatif des traitements pour avoir un enfant. Nous étions "compatibles" mais la nature n'a jamais voulu répondre à mes attentes.
Si je dis qu'il faut tenir, toujours tenir, c'est parce que durant ses trois années de maladie, je me suis totalement oubliée, totalement investie à ses côtés. Je voulais même prendre sa maladie à sa place si j'avais pu, ce qui le mettait en colère. D'ailleurs, les premiers temps je parlais de notre cancer, que nous allions passer un scanner.
Non, c'est lui qui passait les examens médicaux, c'est moi qui l'accompagnait.
L'accompagner, je l'ai fait de plus en plus proche de lui. Les équipes médicales nous trouvaient trop fusionnels ! Il a fallu batailler avec elles pour qu'elles nous laissent vivre à notre goût les mois qui restaient !
A l'hôpital, il m'attendait en tout début d'après-midi pour faire une "cathy-thérapie" en référence à la ronronthérapie que faisait ma fifille à quatre pattes à la maison. Plus tard, les infirmières et aides-soignantes savaient, lorsqu'elles me voyaient arriver, qu'il ne fallait pas nous déranger pendant une à deux heures.
Comme j'en ai fait des siestes à ses côtés, sur le petit lit d'hôpital, il se poussait sur un bord je me couchais à côté de lui. Il me prenait dans ses bras et nous nous endormions ensemble. J'étais fatiguée de tous ces allers-retours, de tous ces soucis. Il le savait et aimait m'avoir ainsi au creux de son épaule.
Tenir, toujours tenir !
C'est parce que j'ai tenu pour être au plus près de lui tout ce temps, jusqu'au dernier, tout dernier moment, qu'il a passé nos mains réunies dans la nuit.
Cela fait deux mois cette nuit !
Toute la journée j'ai revécu cette dernière journée et je pense que je vais aller me coucher en vivant cette dernière nuit.
Tenir, toujours tenir !
Parce qu'il y a son fils. Son adorable fils.
Lui qui a aussi sa peine, lui qui a décidé de vivre comme son père le souhaitait, lui qui prend soin de moi comme s'il était son père.
Cela me fait du bien, cela me touche et cela me fait de la peine car il ressemble tellement à son père, physiquement et même sa voix se rapproche de celle de son père !
Tenir, toujours tenir !
Parce que la succession n'est pas close et qu'il faut "faire les choses" comme elles doivent l'être.
Parce que la maison et le jardin ont été "abandonnés" pendant quelques années et que l'entretien de certaines parties de la maison devient urgent.
Ainsi, nous avons profité des derniers jours de congés fériés pour poncer et lasurer les bois extérieurs. Nous avons eu la désagréable surprise de constater qu'une poutre maîtresse qui soutient la charpente de la terrasse (40 m²) est très malade.
Que faut-il faire : la changer ? Difficile. La consolider ? Cela ne parait pas suffisant.
J'attends la proposition du maçon charpentier que nous connaissons et j'espère qu'il aura une réponse satisfaisante tant pour la maison que pour mon portefeuille !
Tenir, toujours tenir !
Parce qu'il y a mon travail et que mon coeur s'inquiétait tant de savoir que je pourrais le perdre. Il devait aussi penser que cela me permettrait de "Tenir, toujours tenir !"
Il m'appelait "ma chérie à moi", "mon petit soldat".
Tenir, toujours tenir !
Parce que je veux lui rendre hommage et qu'il n'y a pas de raison que je sois moins courageuse que lui devant la maladie qu'il a combattu comme un lion !
Tenir, toujours tenir !
Parce que je l'Aime et qu'il m'a apporté 19 ans de vie commune merveilleuse, faite d'amour, de tendresse, de compréhension, de sensibilité, de douceur.
Parce que je l'aime, tout simplement.
Mais, je suis comme vous, j'ai vu mon médecin ce soir. Elle me dit qu'il faut faire avec. Moi, j'ai eu envie de répondre, il faut apprendre à faire sans !
Sans mon cœur.
Sans ma colonne vertébrale,
Sans... sans.... sans.....
Comme vous tous et toutes, je préfèrerais mourir (c'est ce que j'ai dit plusieurs fois à un beau-frère qui me répond très justement, il ne le voudrait pas ! il veut que tu vives pour lui !)
J'aimerais, comme beaucoup d'entre vous, rester à longueur de journée dans mon lit, sous ma couette, à attendre, à espérer.
Mon beau-père est dans cet état là depuis 5 ans. Quand je le vois couché dans son lit, on dirait un mort-vivant.
Mon mari, son fils, n'aurait jamais voulu en arriver là. Il n'aurait jamais voulu que je fasse comme son père.
Alors, oui, pour lui, avec lui, je vais tenir, toujours tenir !
Comme je pourrais, en pleurs, en larmes, en sanglots, en sourire, en rire devant l'humour de son fils, parce qu'il aimait me voir rire et faire le pitre parfois malgré mes 57 ans, en sourire devant le joli parterre qu'il aimait entretenir et que je vais entretenir à sa place, parce que je serais ses yeux et sa douceur de vivre vis à vis des autres !!
Oui, pour lui et avec lui !
N'est-ce pas le meilleur hommage que je puisse lui rendre !
Je ne nous souhaite pas courage, je nous souhaite ENERGIE et VAILLANCE !
Si vous regardez le Larousse, vous trouverez ceci :
VAILLANCE =
Résistance à l'adversité, à la souffrance : Faire preuve de vaillance au moment du décès d'un être cher.
Résistance à l'adversité, à la souffrance (Synonyme : cœur)
Je vous embrasse tous affectueusement, Pommenoir, raph, Chipoune, Ephémère, et tous ceux et celles que j'oublie (nous sommes trop nombreux) mais vous êtes dans mes pensées.
Catherine
-
Toi aussi, Catherine, tu es dans nos pensées.
Que la nuit offre un vrai repos et un sommeil sans larme à nos compagnons de chagrin.
-
Merci de m'avoir lue.
Deux mois cette nuit, à 2 h 10 !
Je vous embrasse affectueusement.
Catherine