Tu n'es plus là. Le dire ou l'écrire sonne toujours aussi faux à mon cœur. Il y a dans ces mots quelque chose d'impossible, d'inconcevable et qui dépasse mon entendement. Toi, mon beau mon fort mon Shaft, tu serais mort, ton corps froid et inerte enseveli se décomposant lentement quand, fermant les yeux, je peux encore en sentir le parfum, la chaleur ? Il y a le choc et l'effroi comme au premier jour, comme si c'était hier, il y a une seconde, un mois, un an peut-être, qu'en sais-je... Je ne veux pas savoir la vie qui continue sans toi. Et le sol se dérobe sous mes pieds encore et encore. Et je ne suis plus que cette douleur immense, inconsolable, de ta perte qui m'habite sans plus laisser de place au reste, à ce qui n'est pas toi. C'est ainsi que je te retiens, toi qui es parti où je n'ai pu te suivre, toi que je n'ai su retenir. C'est ainsi que je t'aime, que je continue de t'aimer au présent.
J'y vois comme si devant mes yeux, un épais rideau de fumée présent depuis toujours s'était soudainement dissipé. Je vois le superficiel et le non sens absolu de tout ce qui m'entoure. Ne jamais parler de toi, de nous, pour ne pas avoir à endurer ces discours creux qui me font horreur et me blessent pire qu'une insulte, pire qu'un coup. Tu étais mon secret, tu le resteras. Et je crève de cette solitude et de toute cette colère qui me dévaste, que je ne peux tourner vers personne d'autre que moi. Mais il faut faire avec, comme tant d'autres. C'est la vie, que je le veuille ou non.
J'ai cherché un nouveau chemin sur lequel avancer seule, sans projet, sans envie. J'ai eu l'impression d'ouvrir des portes qui toutes, les unes après les autres, se sont ouvertes sur des murs.
Je bois un peu. Un peu trop. Ce n'est pas grave. Plus rien n'est grave.
Il y a partout de ces petits riens de toi, cette première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules que tu appréciais mieux que quiconque. Tant de choses que je ne dirai pas, qui n'appartiennent qu'à nous, et qui sont ton héritage, mon trésor.
Tu es là. Et ailleurs.
Laisser ici ces mots pour toi, pour moi, pour poser mon bagage si lourd et laisser une trace de nous, que quelqu'un sache combien...
Merci à tous