Bonjour,

Voilà, c'était le 25 juin 2013. Après une nuit de souffrance, elle s'est arrêté de vivre, dans son lit, dans mes bras. Cela s'est passé très vite, un hémorragie et tout s'est arrêté dans une mare de sang.
J'ai revécu cette scène chaque soir en m'endormant, pendant trois mois. Je me réveillais le matin terrifié. Je retournais tout le lit pour voir s'il y avait encore du sang. Puis je passais un temps infini à sangloter, à me demander pourquoi elle, pourquoi comme ça, pourquoi si vite, elle aurait eu cinquante ans début novembre.
Cela fais quatre mois, j'ai vu un psy, je vais mieux. Je ne revis plus cette scène atroce et je dors sans somnifère et j'ai admis que la mort était ce qui pouvait lui arriver de mieux plutôt que continuer à se faire dévorer par cette saloperie de maladie.
Pourtant, je pleure encore, mes bras se referment dans le vide quand je me couche le soir. Ma famille et mes amis sont très présents, mais je me sens seul, même en leur présence. J'ai repris le travail et je fais des projets pour m'obliger à regarder devant, mais je n'en réalise pas un seul, rien ne m'intéresse, je n'ai envie de rien sauf de la retrouver.
Mes deux filles de 18 ans sont très courageuses, et j'essaie de me comporter le plus normalement possible avec elles. Je sais qu'elles souffrent aussi.
J'ai l'impression que personne ne peut m'aider. J'ai beau savoir que c'est fini, que je ne la reverrai jamais, je ne l'accepte pas. Elle me manque, la moitié de moi m'a été arrachée et je ne suis qu'une plaie à vif. Je voudrai pouvoir être courageux, mais je n'en ai pas la force. Seule mes filles me retiennent dans ce monde où elle m'a laissé et dans lequel je tourne en rond en espérant trouver une sortie pour aller la retrouver. Pourtant je sais bien qu'il n'y pas de solution, que je dois apprendre à vivre sans elle. C'est inhumain, cela fait si mal.
Je ne sais pas ce que je suis venu chercher ici, j'avais simplement besoin de dire tout cela...

 

Merci de vos réponses.
Perdu dans ma douleur, je ne réalisais pas que cela arrive aussi aux autres, que je ne suis pas le seul et, grâce à vos messages, que je ne suis pas seul.
Des trente trois années que j'ai partagé avec la femme que j'aime, les dix dernières ont été les plus difficiles. La maladie, les multiples chirurgies, apprendre à vivre avec tout ça, sans en faire trop ou pas assez. Ne pas lui faire sentir qu'elle ne peux plus tout faire seule, qu'elle est atteinte de deux maladies graves, qu'elle est de plus en plus diminuée...
Trouver un équilibre dans notre couple et dans notre foyer a été un travail de tous les jours. Pour Elle et pour moi. Nous y sommes arrivés. Nous savions tout les deux son sursit. Nous n'avons parlé à personne des quatre ou cinq semaines qu'il lui restait à vivre, comme pour nous réserver ces derniers instants ensemble. Elle ne cessait de s'excuser, de n'être plus utile à rien, d'être mutilée par les chirurgies, de ne plus être une épouse et une amante.  J'ai mis toutes mes forces, tout mon amour pour la convaincre du contraire et l'accompagner jusqu'au bout. Moi je ne voyais que la femme que j'aime et je le lui disais.
C'est aussi cela qui fait mal, je n'aurais rien put faire pour la sauver, bien que je sache qu'aux vues des souffrances qui la faisaient se tordre de douleur, malgrés la morphine, sa mort a été une délivrance.
Merci de votre aide.

Ce 8 novembre, j'ai aussi passé le cap des 4 mois ... Un souper entre amis en l'honneur de mon amoureux. Un souper entre amis afin de ne pas vivre cette journée toute seule et tenter de m'aider à ''surmonter'' ce moment .... Finalement, cela n'aura fait que retarder le moment ou je m'effondrerais. Je croyais qu'en soulignant son départ, le temps m'épargnerai ce moi-ci et m'éviterait un creux de vague ... et bien non.
Je suis en plein creux de vague dans lequel : remises en questions, doutes, non-sens, recherche sont au rendez-vous. Que dire que je n'ai déjà dit ? Rien à quoi m'accrocher ... Aucun enfant ... aucun projet ... Ma vie ne fait pas de sens. Je n'aime plus ma vie. Je suis revenue à la vie de ''avant de le connaitre'' et à ce moment-là je n'en voulais déjà pas ... Je n'en veux pas plus maintenant. Je me sens perturbée, fragilisée, déséquilibrée ... Je ne vais pas bien ... Le deuil remet trop de chose en question, du moins dans mon cas : les pourquoi, le sens de la vie, le sens de MA vie, mes rêves, mes valeurs, ma foi, mes croyances ... Qui suis-je et ou je m'en vais ? C'est quoi ma vie ?
J'ai 29 ans et je n'ai plus rien de ma vie d'avec mon amoureux ... Je ne peux garder la maison que nous avions achetée, il y a un an puisque financièrement je n'ai pas les moyens, je ne peux aller vivre en appartement puisque mon conjoint m'a laissé sous ma garde un gros chien et que ce n'est pas un chien pour habiter sans jardin pour courir ... Je suis prise chez mes parents ne sachant quoi faire ... Je me cherche des raisons de vivre, mais elles ne pèsent pas bcp dans la balance ... Je me sens dans un impasse ... sans issue ...

Je ne sais pas si cela vous est aussi arrivé ?? Vous ne savez plus ou vous tourner ? vous tourner sur vous-mêmes et il ne semble y avoir aucun issu, aucune solution ... Vous vous sentez en attente ... Mais en attente de quoi ? Et vous sentez que l'amour de votre vie s'en va de plus en plus loin de vous ... vous laissant vraiment seule ...

Merci de m'avoir lu

Bonjour,
Comme je comprends votre détresse. Il y a trois mois et demi à présent que je suis veuf (je me suis déjà exprimé sur ce forum). Mais je tente de ne pas faire cas des dates. Elles sont trop nombreuses et ne servent qu'à entretenir le chagrin. Après toutes ces semaines de solitude, à pleurer celle qui était tout pour moi, je commence à reprendre pied. Sans joie aucune et en vivant un chagrin qui semble ne jamais devoir finir. Pourtant, je réalise aussi le peu de choix qui s'offre à nous : le repli sur soi, la peine, les antidépresseurs, l'alcool... ou bien l'espoir d'être heureux ou pour le moins serein à nouveau. Qu'auraient voulu pour nous ceux que nous avons perdus ? Nous voir pleurer et dépérir ou au contraire continuer à vivre comme nous avions vécu avec eux, en poursuivant pour eux notre chemin ? Il faut accepter la réalité des choses : ils ne reviendront pas. Quoique nous fassions, nous sommes désormais seuls. Seuls ? Pas si sûr. Car ceux que nous aimions continuent de vivre en nous à travers tout ce qu'ils nous ont apporté : leur joie de vivre, leurs qualités et surtout leur amour. Eux qui nous aimaient tellement.
Je vais donc relever la tête, reprendre ce qu'elle n'a pas eu le temps d'achever, poursuivre pour elle sa vie trop courte, en faisant de tout ce qu'elle m'a apporté un moteur qui va m'aider à continuer à vivre. Et qui sait s'il n'y a pas une porte de l'autre côté où peut-être m'accueillera t-elle un jour, en me disant qu'elle a toujours été là à veiller sur moi.
Alors, s'il vous plaît, ne vous enfermez pas sur votre peine. Ecoutez votre amoureux vous parler, écoutez cette petite voix qui vous  dit "Tiens bon, ne sombre pas".
Thomas

Merci Thomas pour toute cette positivité.
Mon épouse savait qu'elle allait partir,  nous avons parlé des heures entière de "l'après". Je croyais la rassurer et appaiser ses peurs, mais en réalité, c'est elle qui me préparait à son départ et à ma vie future. Elle m'a fait promettre de me battre, ne reprendre le dessus, de m'occuper de nos enfants, de refaire ma vie... Je tiens mes promesses, et j'avance. Pour elle, pour cette vie qu'elle ne partage plus avec nous. Et je l'entends souvent me murmurer "tiens bon, ne sombre pas".