Auteur Sujet: texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac et autres auteurs  (Lu 139238 fois)

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Hors ligne qiguan

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D’abord ethnologue et travaillant pour des organismes internationaux,
Nadine Beauthéac a perdu son premier enfant, puis son mari. Veuve
à 46 ans, elle a entrepris des études de psychothérapeute et tente d’aider
par son expérience et sa compétence, les personnes affectées par le deuil.
Elle fait aussi partie de l’association Vivre son deuil - Ile-de-France.

La réalité du deuil est très mal connue dans
notre société. La souffrance de veuvage,
elle, est largement sous-estimée face à
l’horreur qu’engendre la mort de l’enfant.
Perdre son conjoint, c’est pourtant perdre « sa
moitié ». C’est perdre avec elle le quotidien, ses
habitudes, sa routine, bien sûr la tendresse et la
sexualité partagées, la complémentarité aussi des
tâches autant domestiques qu’éducatives avec les
enfants, les projets familiaux, etc. La personne
veuve se retrouve « seule » dans la vie, malgré
ses enfants. Comment continuer à vivre lorsqu’on
perd celui ou celle qui cristallise le désir de vivre ?
Le vécu du deuil au quotidien
L’absence physique de l’être aimé est la confrontation
avec le vide qu’il laisse à jamais. Il faut
apprendre à mettre un couvert en moins à table,
voir la famille réunie avec lui ou elle, absent(e) à
jamais, ranger des vêtements qui ne seront plus
portés. D’autres se retrouvent dans la solitude
d’un appartement.
À la violence de l’absence répond une violence du
chagrin. Les pleurs sont parfois épouvantables.
Certains vivent sans larmes, « en automate ». La
fatigue physique est très présente. Prendre soin
de soi, savoir se donner les moments de repos,
constitue la première manière de traverser le
deuil. S’associe une fatigue psychomotrice. Faire
la moindre chose semble impossible. Certains
ne se sentent plus capables de travailler ou de
s’occuper des enfants.
L’endeuillé se perçoit comme anormal, les arrêts
maladie sont fréquents, d’autres au contraire
« tiennent » au-delà des limites du raisonnable
et tombent dans la maladie. Cet état dépressif est
passager, lié à la crise du deuil, même si celui-ci
dure longtemps. Il s’accompagne souvent d’hallucinations
visuelles, auditives et olfactives : on
devine dans une foule le défunt, il est présent de
l’autre côté de la porte. Vivre de tels instants est
normal. Être patient dans cet état intolérable va
donner la possibilité d’accomplir peu à peu cette
tâche psychologique immense : arriver à vivre
sans la personne aimée.
L’endeuillé traverse aussi un ouragan émotionnel.
Les deux émotions prépondérantes sont la
colère et la culpabilité. La colère passe par la
révolte, le sentiment d’injustice, la rage. Colère
contre la vie, le destin, Dieu, les responsables
de l’accident, les médecins. Mais aussi contre
le défunt lui-même parce qu’il nous a abandonnés.
Il y a tous ces pourquoi : pourquoi lui/elle ?
pourquoi moi ? pourquoi nous ? pourquoi notre
famille ? La culpabilité, elle, s’accompagne de
l’expression « J’aurais dû » : « J’aurais dû voir qu’il
était dépressif et qu’il pouvait se suicider », « J’aurais
dû lui dire que je l’aimais au lieu de me disputer
avec elle ». Et il faut accepter aussi de survivre
au défunt. D’autres émotions peuvent encore
être là : l’angoisse, la détresse, la honte parfois…
Les temps du deuil
Le premier temps du deuil, le temps du choc,
commence quand nous apprenons la mort. Il
était d’usage de penser que ce temps durait de
quelques heures à quelques jours. Mais c’est une
erreur. L’endeuillé entre dans un état de dépersonnalisation
où il reste hébété. Il va falloir de
plusieurs semaines à plusieurs mois pour que
le psychisme arrive à intégrer émotionnellement
la nouvelle. Se met en place alors le temps de la
grande souffrance. C’est l’explosion de la culpabilité,
de la colère, de l’angoisse. La vie n’a plus
aucun sens, les paroles de consolation sont inutiles,
les jugements laissant sous-entendre que
l’on ne s’en remet pas assez vite, font très mal.
Le temps donne au psychisme la possibilité de
travailler les émotions : c’est là ce fameux « travail
de deuil ». Travail intérieur qui permet d’apprivoiser
l’absence du défunt, de transformer la
déconstruction en une construction d’une nouvelle
personnalité qui va assumer de nouveaux
choix pour continuer à vivre. Ce temps peut durer
de plusieurs mois à plusieurs années. L’endeuillé
découvre de nouvelles possibilités d’aimer la vie.
S’installe le deuil cyclique et intermittent. Si le
deuil a un début avec le temps du choc, un milieu
avec celui de la grande souffrance, il n’a pas de
fin. Nous n’oublions pas nos morts, nous les
mettons au contraire à leur juste place qui est
dans le souvenir et le coeur, et il est normal que,
de temps à autre, le chagrin revienne se manifester.
Éprouver l’absence au fil des années n’est pas
pathologique. Le deuil va alors suivre les cycles
d’un calendrier personnel avec le plus souvent
les dates anniversaires (de naissance, de décès),
les fêtes (Noël, fête des mères, etc.), le cycle de
la vie (naissances, mariages). Et s’exprimer par
intermittence : une chanson, une image de film
évoquent un souvenir et une bouffée de chagrin
revient.
Quel nouveau sens a sa vie ?
Va se poser la question de construire un nouveau
lien. Pour les jeunes veuves et veufs, cela est
souvent une évidence. Mais, à notre époque, les
endeuillés du « troisième âge » osent se lancer
aussi dans une telle option. C’est une avancée
psychologique pour les femmes que d’intégrer
qu’aimer « ensuite » n’est pas renier l’amour précédent.
Car c’est bien cela l’enjeu de passer un
nouveau lien. Comment puis-je aimer à nouveau
sans être infidèle à mon conjoint mort ? Ai-je le
droit d’être heureux ? Vais-je refaire confiance à la
vie ? Les hommes construisent plus rapidement
une nouvelle relation. L’entourage a tendance à
penser qu’« il s’est consolé bien vite ». Mais les
hommes ont un rapport spécifique au temps et
à l’action, ce qui leur permet d’aller vers le futur
souvent plus aisément que les femmes. Ce n’est
pas pour autant qu’ils « oublient » la défunte. Ils
savent faire coexister la morte et la vivante et ce
n’est pas sans chagrin pour eux. D’autres vont
au contraire trouver un nouveau sens à leur vie
dans des domaines divers : faire des activités nouvelles,
voyager, s’occuper des petits-enfants de
manière privilégiée, s’investir dans le bénévolat…
La marque de la bonne intégration du deuil sera
le plaisir retrouvé dans ces nouveaux choix quels
qu’ils soient, la capacité de vivre alors « avec » la
perte et non plus « dans » la perte.

extrait du bulletin 154 du bulletin espérance et vie
« Modifié: 12 février 2016 à 11:18:19 par qiguan »
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Lana

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #1 le: 07 avril 2015 à 22:27:24 »
Merci Qiguan de nous avoir fait partager ce texte de Nadine Beautheac, il est très vrai.
Bonne soirée à toi, je t'embrasse
Lana
Jean mon Amour je t'aime, plus qu'il y a d'étoiles dans le ciel, plus qu'il y a de grains de sable dans le désert et plus qu'il y a de sel dans la mer, encore bien plus et pour l'éternité

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #2 le: 08 avril 2015 à 15:33:25 »
Merci Qiguan !  Pour ceux que ça intéresse il est possible de lire un extrait du livre sur google Livre en cliquant sur ce lien:

100 réponses aux questions sur le deuil et le chagrin

Encore merci Qiguan

Dji

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéann
« Réponse #3 le: 09 avril 2015 à 20:00:16 »
Un grand merci Qiguan
Ce texte est magnifique ,il nous fait comprendre le chemin du deuil.
Tu es vraiment formidable avec nous tous
Bonne soiréedji

petiteninette

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #4 le: 10 avril 2015 à 08:59:52 »
Merci. C'est tellement juste. Et plein d'espoir

leelou-

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #5 le: 10 avril 2015 à 09:45:42 »
Merci pour ce texte, je me retrouve dans tout ce qui est écrit.
MERCI

Hors ligne liodice

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #6 le: 11 avril 2015 à 22:09:58 »
Merci pour ce partage.
Ce texte est magnifique, je me reconnais bien dans tout cela

oursinette

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #7 le: 12 avril 2015 à 17:23:59 »
   UN grand  Merci Qiguan de nous avoir fait partager ce texte je vous remercie 
regine

Hors ligne cdi

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #8 le: 29 avril 2015 à 17:43:42 »
Merci pour ce texte qui est très joli et qui résume parfaitement.
cdi

Hors ligne Eva Luna

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #9 le: 21 mai 2015 à 00:16:16 »
Un texte retrouvé.. que je vous partage...

Quand la mort frappe des couples jeunes
Par Lucile Quillet | Le 26 juin 2014 figaro madame)


Ils ont perdu leur mari, leur femme, leur moitié à moins de 45 ans et tout s’est soudainement arrêté. Leur bonheur, leur vie, leurs projets. Seuls mais pas divorcés, sans motif de rupture ni aucune raison d’oublier l’autre, ils errent quelques mois, parfois des années avant de pouvoir imaginer continuer sans le conjoint décédé. En France, ils seraient 470 000 veufs précoces, dont 80% de femmes mais leur situation est passée sous silence.

Bruno se rappelle du jour où l'hôpital l'a appelé. « Dehors, le soleil brille, tout est normal. Celle qui fut ma femme plus de la moitié de ma vie n’est plus. Mon fils est orphelin mais ne le sait pas encore, il est au lycée. Le cancer a gagné ». Les jours passent, le décor est le même mais tout est différent. « Après la journée de travail, c’est l’errance. Je n’ai plus envie de rentrer chez moi, parce qu’elle n’est plus là et que tout rappelle sa présence, tout est comme la semaine d’avant mais rien ne sera plus jamais pareil », constate Bruno, désormais seul avec son fils. Comme Françoise, Yann et Mireille, il a accepté de se confier à Didier Dematons pour son documentaire Seuls, du jour au lendemain, consacré au veuvage précoce.

Près de 470 000 personnes de moins de 55 ans ont été frappés par la mort anachronique de leur conjoint en France selon une enquête de l'Erfi (Étude des relations familiales et intergénérationnelles). 80 % d’entre eux sont des femmes. Accident de voiture, arrêt cardiaque, souvent le conjoint « survivant » n’a rien vu venir et n’a pas pu se préparer. « À cet âge, on a l’impression qu’on est préservé de la mort. Les veufs sont comme sidérés », explique Laïdye Riello, accueillante à l’association Dialogue et Solidarité qui apporte écoute et soutien aux veufs.

    Les femmes ne peuvent pas lâcher leur mari comme ça, d’un coup

À la différence des veufs âgés qui ont des enfants auxquels se raccrocher et parfois un patrimoine, les veufs précoces « essaient de se mettre dans un projet personnel mais n’y arrivent pas car les projets se construisaient toujours à deux », explique Laïdye Riello. Pour Yann, devoir penser au singulier le renvoyait à l’injustice qui avait frappé son compagnon, mort dans un accident de planeur. Frappé du syndrome du survivant, ce trentenaire un peu artiste avait honte d’exister. « Les trois premiers mois, j'étais dans un état de petite folie. Il faut attendre des mois pour redevenir quelqu’un. » Bizarremment, c'est l'idée du suicide qui fait tenir Yann. « On se dit qu'on passe à l'acte cette nuit et, du coup, on arrive à vivre sa journée. »

Tous seuls après cette vie forgée pour et à deux, les veufs poursuivent un simulacre de vie en couple avec le mort en allant au cimetière tous les jours, lui parlant à haute voix, pensant à lui tout le temps. Lors de son déménagement, Françoise, jolie brune pétillante de 40 ans, imagine son compagnon et père de ses deux enfants derrière la porte. « Je sais très bien qu’il est mort. Mais au fond de moi il y a tout de même une idée de retrouvailles. Tout à la fois ridicule et douloureuse. » Mireille, elle, allume deux bougies chaque soir pour symboliser le couple qu'elle allait officialiser avec son compagnon. Elle continue de se faire belle « pour qu'il n'ai pas honte » d'elle. Pour Laïdye Riello, cette fausse vie de couple permet d'estomper la douleur. « Au début, il y a une telle impossibilité de se séparer qu’on s’accroche au statut de veuf. Les femmes ne peuvent pas lâcher leur mari comme ça, d’un coup. »
Pour l'entourage, le sujet est tabou

Près de 1800 personnes viennent ainsi frapper à la porte de l’association Dialogue et Solidarité chaque année. Pour vérifier qu’elles ne sont pas folles et comprendre cette souffrance de chaque seconde. Car les pièges sont nombreux dans cette solitude extrême. À force de vivre avec un mort, on le fantasme sous son meilleur jour. Le décès a figé le bonheur comme une référence qui emprisonne le conjoint survivant dans un mirage fantasmé. « Certains tiennent à leur image de veuf pour être protégés. Mais on ne se reconstruit pas vraiment, on idéalise le passé, en faisant du conjoint une icône », atteste le réalisateur du documentaire Seuls, du jour au lendemain, Didier Dematons. Le deuil devient un mode de vie qui prolonge l’existence du défunt.

    L’idéalisation du conjoint décédé est un passage obligé

Pour sortir de cet isolement macabre, l’association Dialogue et Solidarité aide les veufs à parler, partager, d’abord en entretien individuel puis en groupe de travail. « L’idéalisation du conjoint décédé est un passage obligé mais ensuite, on réalise que c'est aussi un enfermement. Sortir du deuil, c’est ne pas rester avec la personne morte. Le détachement affectif se fait à travers la mise en mots pour prendre de la distance, explique Laïdye Riello. Cela peut prendre six mois comme six ans. Il n’y a pas de temporalité propre au veuvage. »

Mais cela, l’entourage ne le sait pas. Ceux qui étaient pris de compassion au départ se lassent lorsque la peine devient une ritournelle. Après un an en général, les proches vont rappeler le jeune veuf à l’ordre : il faut passer à autre chose, aller mieux et refaire sa vie. Ces remarques bienveillantes sont teintées d’une certaine angoisse. « C’est très mortifère de voir une personne de 40 ans ne pas arriver à refaire sa vie. L’entourage peut s’éloigner au bout d’un moment, comme par peur d’une contamination », analyse Laïdye Riello. Au bout d’un moment, en éludant le sujet pour ne pas raviver la douleur, les proches isolent le conjoint restant. « Les gens évitent d’en parler par peur de rappeler la chose aux veufs alors qu’ils n’ont que ça en tête. Les quatre témoins que j’ai filmés étaient très contents d’en parler », explique Didier Dematons qui a voulu faire ce film pour casser un tabou.
Le concubin, à peine reconnu comme veuf

L’autre particularité des veufs précoces est qu’ils ne sont pas toujours considérés comme veufs. À l’époque où de nombreux couples ne se marient pas, la perte du concubin est moins considérée que celle du mari ou de l'épouse. Dans Seuls, du jour au lendemain, Yann confiait la double peine d’être un « veuf gay ». « Comme si, parce que nous étions homosexuels, cela avait moins de valeur. » Même les psys n'ont pas cette délicatesse. Françoise se souvient du psychiatre qui avait répondu que son deuil était « presque un veuvage » quand elle lui disait qu'elle n'était pas mariée avec le père de ses deux enfants. « J'ai eu envie de le buter ». Le droit français n’échappe pas à cette méprise : en France, près de 42 % des personnes ayant perdu leur conjoint avant 55 ans ne sont pas considérés comme veuf par l’état civil. « En terme d’assurance et de sécurité financière, les concubins n’ont droit à presque rien, sauf à un héritage taxé à 60 %, explique Magali Montu de Dialogue et Solidarité. Comme si vous étiez un étranger ».

    40 % des veufs précoces refont leur vie après

Françoise a alors tenu à clamer qu’elle était veuve à tout bout de champ pour ne pas être assimilée à une femme séparée, divorcée ou célibataire. Une fois l’histoire clarifiée, reste à la continuer en se réinventant, parfois avec quelqu’un d’autre. Près de 40 % des veufs précoces renouent une vie de couple. Mais la nouvelle relation n’est pas épargnée par les fantômes. Tout dépend des raisons qui l’ont motivée. Certains recherchent un conjoint pansement ou la copie conforme de l’être perdu. « Quand le détachement ne s’est pas totalement fait, le veuf a tendance à comparer ou à culpabiliser, comme s’il était infidèle. » Comme s’ils tuaient une deuxième fois le défunt en le quittant sans qu’il l’ait mérité. Parfois ce sont les nouveaux conjoints qui appellent Dialogue et Solidarité pour savoir comment se comporter face à la douleur persistante ou à un défunt qui aura toujours plus d’importance qu'eux.

Plutôt que de trouver un remplaçant trop vite, chacun a sa méthode pour grapiller des morceaux de bonheur individuel. Bruno a accepté avec philosophie que « dans cette histoire-là, on ne peut plus rien écrire ». Il a changé les meubles pour ne plus revoir sa femme attablée tous les soirs avec lui et son fils, et ainsi créer de nouvelles habitudes. Yann s’est réfugié dans la musique, Françoise a créé un blog sur le veuvage, pour extérioriser sa peine, non sans humour. Mireille s’est réfugiée dans la spiritualité. Aujourd’hui, cette dernière a déménagé et vit avec une nouvelle personne. « Mon expérience est une expérience riche, elle m’a forgée différemment, explique-t-elle. C’est une chance de pouvoir comprendre un certain nombre de choses qu’on n’avait pas vues avant car on n’avait pas la sensibilité pour. Aujourd’hui, je sais que si la tristesse est un état, le bonheur est une volonté. »

Hors ligne qiguan

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #10 le: 21 mai 2015 à 22:17:27 »
Ce texte est très bien
je voudrai ajouter le témoignage des difficultés de la tranche d'âge suivante ... quand on a les enfants qui ont ou vont quitter la maison
le "nid" est d'autant plus vide
bien sûr souvent va avec l'époque d'avoir des petits enfants autre étape
mais au quotidien c'est la maison vide, pas d'obligations sauf le travail (heureusement) et ce manque de structuration obligeante n'est pas qu'une aide ... même si elle permet de pouvoir rester centré avec sa peine sans avoir à s'oublier pour donner du bonheur aux enfants ...
période difficile aussi ... différemment
 :-*
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"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne Mamoure

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  • Le forum d'entraide durant un deuil
Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #11 le: 25 mai 2015 à 08:07:47 »
très juste Qiguan
je me souviens des 1ers temps où je me disais heureusement que je n'ai pas de petits , je serais bien incapable de les gérer
en même temps , je ne voyais pas l'obligation de continuer puisque , justement , ils sont grands
des difficultés différentes selon l'âge , en effet...
le nid vide...
encore pas complétement vide chez moi puisque mon "petit" de 19 ans est encore là , m'oblige ne serait-ce qu'à préparer des repas... mais il a 19 ans , la date où ce nid sera vraiment vide n'est pas si lointaine

difficulté de plus pour mon cas personnelle ,dans quelle tranche suis-je vraiment ?
à 47 ans je me sens  jeune veuve
mais j'ai eu mon 1er enfant à 19 ans et suis devenue mamie à 41 ....
je me reconnais quand je lis les difficultés , les ressentis de personnes de ma tranche d'âge
mais je me retrouve aussi quand je lis les personnes souvent plus âgées que moi mais dont les enfants sont adultes et qui ont des petits-enfants

je pense aussi aux personnes qui n'ont même plus l'obligation du travail .... autre difficulté encore

Hors ligne Charlie

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Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #12 le: 25 mai 2015 à 08:44:47 »
le nid vide...... c'est exactement ça !
mon plus jeune fils a quitté la maison mi octobre, et mon mari est décédé en novembre

mon fils a mal vécu cette situation, il s'en voulait d'être parti car maintenant "tu es seule" et voulait même revenir à la maison. nous avons bien discuté, et il est tout à fait normal qu'il prenne son envol (il a 24 ans)

bien sûr, le soir, toute seule dans cette grande maison, c'est dur......  heureusement, mon chien est avec moi

fred29

  • Invité
Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #13 le: 28 mai 2015 à 21:01:06 »
Ce texte est si vrai, il nous résume tous à la fois. Tu m'as fait pleurer  :'( et tu m'as fait du bien.
Merci de nous le faire partager.

desesperance47

  • Invité
Re : texte sur le veuvage de Nadine Beauthéac
« Réponse #14 le: 29 mai 2015 à 20:55:44 »
Merci Qiguan, c'est un très beau texte que je viens seulement de lire et de copier d'ailleurs. Bonne soirée, je t'embrasse. Ally