Auteur Sujet: être séparés dans cette vie-ci  (Lu 202628 fois)

Cateyes63 et 2 Invités sur ce sujet

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #435 le: Aujourd'hui à 15:02:16 »
  Le pire, dans un premier temps, c'était les nuits. Quand je me couchais, j'avais des flahs hyper-réalistes, je revoyais ces instants abominables où mon compagnon était en train de mourir, avec tout ce sang, et l'instant où son visage s'est figé...c'était comme un film d'horreur qui repassait en boucle dans ma tête, mis-à-part que tout avait été réèl, je ne le savais que trop  :o pour ne pas  sombrer, j'ai commencé à essayer de remplacer ces terribles images par d'autres, simples et positives à la fois, de mon vécu avec Jean-Philippe. Les premiers temps, ça a été trés difficile, mais j'y arrivais quant même jusqu'à un certain point, avec beaucoup de volonté et de concentration.

  Il y a une image positive, surtout, dont j'aimerais parler, parce-qu'elle a un côté très symbolique: elle est liée à la robe de chambre  que j'avais mise dans la machine à laver, avec les draps, après le dècès de Jean-Philippe. Je m'ètais demandé si j'arriverais à la porter de nouveau un jour, et si je n'allais pas la jeter finalement. Et puis non: aussi contradictoire que ça puisse paraître, ce vêtement est devenu le symbole de l'image positive  :o

  Je m'explique: comme ce vêtement était lié à l'un des pires moments de ma vie, je m'en suis servis pour remplacer cette image atroce par un petit souvenir pittoresque. Voici lequel: quand je m'ètais installée dans ce nouvel appartement, un an plus tôt, avec Jean-Philippe, on n'avait pas encore eu le temps de déballer toutes nos affaires. Ce qui fait que le lendemain matin, mon compagnon n'ayant pas encore rècupèré son peignoir, m"avait emprunté cette fameuse robe de chambre, tandis que moi, je m'ètais habillée tout de suite. On ètait en train de prendre le petit-déjeuner, quant un copain a nous est venu nous rendre visite. Comme la robe de chambre était en velours rose, Jean-Philippe a plaisanté, dès que notre copain est entré: "Je suis belle, hein?" On a trouvé ça trés drôle tous les trois  ;D

  Hé bien, c'est ce mini-souvenir dont je me suis principalement servie-il y en a eu beaucoup d'autres par la suite, mais celui-ci est souvent revenu-pour remplacer le pire.

  Je la portais encore ce matin, cette robe de chambre  :)
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

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Re : être séparés dans cette vie-ci
« Réponse #436 le: Aujourd'hui à 15:18:50 »
  Je me surveillais pour ne pas laisser ces flashs me submerger. Dès que ça commençais, mon instinct de survie me faisait réagir, et je puisais coûte que coûte dans des images positives liées à notre couple. Au fil des semaines, j'y suis arrivée de mieux en mieux et maintenant, c'est le meilleur que j'arrive à garder. Les pires images peuvent encore revenir de temps en temps, mais je les jugule facilement à présent.  Comme pour mon vécu avec Pierre-qui a, lui aussi, toujours une place à part dans mon coeur,-je pense à présent avec tendresse et plaisir à tous les beaux souvenirs.

   Mais les premiers jours, ce qui était aussi très dur, c'est que j'avais toujours le reflexe, le matin, de préparer le petit-déjeuner pour  Jean-Philippe et moi: de sortir deux tasses, d'enfourner une double ration de pains au chocolat par exemple...le soir, ça n'arrivait pas,  c'était le matin, quand j'ètais tout juste reveillée et que les automatismes jouaient encore...et puis je me rappelais, et ça me faisait encore plus mal au coeur. Le reste de la journée, je me surveillais. D'autres reflexes apparaissaient quant même par-ci par-là, mais je faisais tout pour les perdre, parce-que ça ne servait qu'à me rendre encore plus triste. Je faisais bien attention, surtout, à ne pas laisser deux verres sur la table-même s'il n'y avait là aucun automatisme, même si j'avais juste laissé traîné un verre de mon dernier repas: le résultat était le même, les deux verres étaient là, et ça me rappelais douloureusement que quant mon compagnon était là, il y avait toujours ces deux mêmes verres, sur la table de la cuisine. Ca rendrait l'absence, le vide pires encore  :'(
  Maintenant, bien sûr, je peux mettre sans problème deux verres, ou même trois sur la table, mais au tout début, je devais faire attention à tout. Je suppose que ça, on est nombreux à l'avoir connu.
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