Auteur Sujet: Pourquoi ?  (Lu 6934 fois)

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Re : Pourquoi ?
« Réponse #90 le: Hier à 21:23:49 »
Bonsoir Qiguan et Marie-Claude,

Une journée bien entourée et paradoxalement un sentiment de profonde tristesse.
Mes deux collègues sont venues me chercher, nous sommes allées manger toutes trois dans la maison familiale de l'une d'entre elles, avec qui j'ai pu échanger un peu sur mon couple brisé Puis, sortie vers le lac de Carcan, en empruntant le même itinéraire que Daniel faisait avec son car pour sa tournée scolaire. Grosse nostalgie emplie de chagrin, je le voyais au volant.
Nous sommes rentrées en fin d'après-midi et les filles m'ont ramené à mon portail. Je les ai remerciées pour cet instant de répit dans mon existence actuelle, me suis excusée de ne pas avoir beaucoup participé à la conversation. Puis je suis rentrée dans notre maison vide, avec ce silence pesant, sans lui. Plus jamais avec lui, c'est ce qui a déclenché ma crise de larmes.
J'ai réussi à me reprendre, repris le cours devenu habituel de cette fin de journée. Et j'ai écris à mon homme, pour lui dire à quel point il me manque, à quel point j'ai envie de le rejoindre au plus vite mais aussi comme je me bats pour ne pas sombrer, pour être digne de lui.
Demain, encore un autre jour. Le 9 mai, cela fera deux mois. Deux mois sans lui. Plus jamais avec lui, çà passe en boucle dans mon esprit. Je prie le ciel pour que là-haut, on ne m'oublie pas indéfiniment ici.
Qiguan, j'espère que ta sortie s'est bien déroulée dans une ambiance agréable pour toi.
Marie-Claude, qu'as-tu fait aujourd'hui ?
Je vous souhaite une soirée douce et de beaux rêves pour cette nuit.
Bises affectueuses.
Marie
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Re : Pourquoi ?
« Réponse #91 le: Hier à 21:57:19 »
Bonsoir Pat,

As-tu ouvert un fil ? Je ne le trouve pas.
Quand tu dis
Mais tout de suite, ce sont les grands mots de mes proches : il ne faut pas te laisser aller, on a peur que tu plonges, Maman n'aurait pas voulu ça
Cela prouve que ton frère et ta sœur tiennent à toi, ils s'inquiètent pour toi. Explique leur qu'ayant été aidant donc très proche de votre maman, tu es aussi en première ligne du deuil, parce que tu as vécu pour elle et tu as organisé ta vie pour elle depuis pas mal de temps. C'est donc normal que tu souffres plus qu'eux de son absence, que tu ressentes plus le manque. Peut-être leur dire que tu est très peiné qu'ils te soutiennent peu dans cette épreuve parce qu'ils sont les plus proches de toi et que tu les aimes. Tu peux prendre un peu de distance sans pour autant couper les ponts, sans amertume envers eux.
Nous avons perdu notre jeune frère il y a cinq ans, mon père a suivi trois mois après puis ma mère en octobre dernier.  Mon frère qui a été aidant lui aussi ne réagit pas du tout de la même façon que toi.  Lui, a une réaction de rejet du chagrin, il m'a dit de ne "pas penser que c'est la première fois sans mon mari" à chaque fois qu'il y a une première fois. Ce n'est pas à mon sens de l'insensibilité, je crois qu'il se protège de ses émotions et qu'il voudrait que je fasse de même. Tu vois, toutes les personnes sont différentes, ne font pas face de la même manière.
Il t'a fallu du courage pour cet accompagnement. Il t'en faudra au moins autant pour surmonter l'après.
C'est un combat de tous les jours, penser continuellement à la personne qu'on a perdu à la fois nous aide et nous enferme dans une douleur qui paraît sans fin, mais c'est inévitable.
As-tu des collègues vers qui te tourner, à qui tu puisses parler ?
Si tel est le cas, peut-être pourrais-tu lier des amitiés ?
Je n'ai pas de recette miracle, moi aussi je me bagarre au quotidien pour ne pas me noyer dans mon chagrin. Mon frère et ma sœur sont en région parisienne et la solitude extrême vient s'ajouter à ma peine. Tenir au jour le jour, tous les anciens le disent. C'est très difficile, avons nous le choix ?
Tiens le coup, Pat, ici il y a des gens qui te comprennent.
Passes la soirée la plus calme et paisible qui te soit possible.
Bises affectueuses.
Marie
Mariemo33

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Re : Pourquoi ?
« Réponse #92 le: Hier à 22:25:36 »
Marie tes collègues sont vraiment gentilles pour toi c'est bien !

Oui mes sorties se passent bien le lieu était très intéressant, demain c'est une balade de 7 km environ ...

C'est au bout de plusieurs années que le chagrin du manque n'hypothèque pas autant les bienfaits de chaque chose que l'on fait.
Pour toujours ils sont en nous, mais c'est aussi vrai de nos autres défunts à un autre niveau. Le deuil du conjoint c'est partout 24 H/24 ... Tout dans la maison nous rappelle l'absence, même notre propre corps de par l'intimité qu'était le couple  ...
 
Ma mère vivait sous mon toit, depuis 1979 (décès de mon père et a fait 4 dépressions et devenue grande malvoyante) quand elle est décédée 16 mois après mon conjoint son manque existe mais c'est différent de celui de mon conjoint.

Comme l'explique Dr Fauré le deuil devient un "héritage" une cousine de mon mari devenue veuve très jeune, me dit que je "porte" bien les valeurs et qualités de mon époux ... Son énergie n'est plus à côté mais mêlée à la mienne de manière invisible pour l'extérieur sauf elle qui sait le voir  ... et me le dire.
Il est aussi à côté de manière invisible, aidant.
Stana a bien décrit les processus
c'est un trek plusieurs années la première est horrible malgré des temps de pause, la seconde différente même si douloureuse
l'apaisement ne veut pas dire oubli ou absence de "présence" mais adaptation à ce fait pour continuer la vie ...
On peut jouir des plaisirs de vie, faire des projets avec la cicatrice malgré elle
et on doit accepter que l'on ne sera jamais plus la personne d'avant mais autre et faire avec qui on devient ...

(revoir ou voir http://deuil.comemo.org/phases-du-deuil)

Qu'as tu prévu demain ?
je t'embrasse
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Re : Pourquoi ?
« Réponse #93 le: Aujourd'hui à 10:56:52 »
Bonjour Marie,

Merci de tes conseils. Oui j'essaye de leur expliquer. Mais ils sont dans un élan de vie, de projet, qui dresse un écran entre nous. C'est vraiment difficile, mais je crois qu'ils comprennent après m'être fâché à 2 reprises.

Hier il faisait beau. La journée s'annonçait bien, j'avais écris sur une page word personnelle, et je me sentais un tout petit peu plus léger. Mais finalement, l'après-midi je suis allé sortir mon chien avec ma soeur, et je me suis senti extrêmement lourd, absent. En rentrant j'ai sangloté, et puis j'ai essayé de penser à autre chose, en me faisant à manger et en allant me coucher tôt.

C'est fluctuation des émotions est épuisante, et je sais que tous, ici nous la partageons.

J'espère que tu vas bien et que ta journée ne te paraîtra ni trop longue, ni trop solitaire.

Pat

Hors ligne Fox

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Re : Pourquoi ?
« Réponse #94 le: Aujourd'hui à 12:08:50 »
Bonjour qiguan

Merci pour ta référence à Roland Barthe, je vais essayer de me procurer ses billets quotidiens, mais j'ai lu qu'il s'était laissé mourir 3 ans après la disparition de sa Mère. Ce n'est pas encourageant, et je me rends compte que ce n'est pas forcément le chemin que je souhaite suivre. En tous cas, pas au moment où je t'écris. Mais certains jours, en effet, j'y pense un peu plus. Je regarde les statistiques des morts subites : 40 000 / an et je me dis, pourquoi ne pourrais-je pas y être ? Laissant le choix à mon destin.

Dans un autre fil, tu as évoqué la différence entre perdre un parent et perdre son conjoint. Tu parlais de cette proximité intime qui est une dimension supplémentaire et très différente de la filiation.

Je n'en avais pas conscience et tu as raison. Il est impossible de gradué la souffrance d'une perte où la dimension d'une relation, mais quand je lis les témoignages de personnes qui ont vécu ensemble 40, 50, 60 ans, qui ont partagé leur bonheur, leur tristesse, leur quotidien, leurs enfants, leur vieillesse, j'imagine le vide que cela représente et qui est peut-être un peu différent du mien, en tant qu'enfant proche-aidant.

Je me raccroche à cela en me disant que cette perte respecte, au moins, l'ordre des choses et que ma Maman n'aura pas eu à subit la porte de son époux (divorcée et papa vit sa vie de son côté), ni la perte d'un enfant, qui j'imagine est une douleur incommensurable à n'importe quelle âge et qui malheureusement devient plus fréquente au fil du vieillissement.

Les voisines de Maman ont vécu cela. Une voisine de 84 ans qui avait déjà perdu 2 de ses enfants. Une voisine de 87 ans qui avait perdu son fils. Je me rassure comme je peux car personne n'est à l'abri de rien et que là où elle est désormais, elle ne peut plus être touchée par la douleur, la perte, la tristesse.

je vous souhaite une belle journée que j'espère la plus douce possible.
Pat

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Re : Pourquoi ?
« Réponse #95 le: Aujourd'hui à 13:28:56 »
grossière erreur Fox que tu as lue
Roland Barthes est mort "accidentellement " !
Fauché par la camionnette d'une entreprise de blanchissage rue des Écoles à Paris alors qu'il se rend au Collège de France, le 25 février 1980, Barthes meurt des suites de cet accident le 26 mars suivant à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.

Oui c'est dans l'ordre des choses, oui c'est différent de la perte d'un conjoint d'un enfant
aussi douloureux que ce soit
c'est le vécu du deuil ensuite qui modèle cette douleur "chronique"

Douce journée
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En ligne Mariemo33

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Re : Pourquoi ?
« Réponse #96 le: Aujourd'hui à 14:17:52 »
Bonjour Qiguan et Pat,

Merci pour vos messages. C'est vrai qu'on est petit à petit habité par l'autre, à force de souffrir de son absence, c'est peut-être le moyen que son esprit trouve pour nous soulager.
Ce matin, je me suis fait violence pour aller chercher de l'essence, sortir la tondeuse ... qui n'a pas voulu démarrer. Au bout d'une demi-heure je me suis résolue à aller voir les voisins en face de chez moi en me disant que si je me faisais éconduire, je l'excuserai platement. Au lieu de çà, la voisine a interrompu ce qu'elle faisait avec sa fille, elle est venue essayer avec moi de démarrer la tondeuse. N'y arrivant pas, elle est allée plus loin dans la rue chercher un autre voisin qui a réussi à faire partir l'engin. Je me suis répandue en remerciements pas loin de craquer parce que j'étais émue de leur gentillesse. Ils m'ont dit de ne pas hésiter à faire appel à eux.
J'ai réussi à tondre mes 1000 mètres de terrain avec des plantes partout en 1 heure, cette énergie, je sais que je la dois à mon Daniel qui m'en a donné la force.
Cet après-midi, je charge ma remorque pour un voyage à la déchetterie dès que possible, çà m'empêchera de ruminer. De plus, quand je travaille, je parle mentalement avec lui, çà n'évite pas le manque ni le chagrin mais les crises de larmes se font moins violentes.
Tu as raison, Qiguan, ce matin il était présent en moi et à mes côtés.
J'aimerais tant qu'il vienne dans mes rêves, mais le peu que je dors, ce sont des épisodes totalement silencieux.
A toi, Pat, je dirais que si ta sœur t'accompagne pour promener ton chien, c'est bien la preuve qu'elle veut te soutenir, elle se rend compte que tu es malheureux même si ses tentatives pour t'aider sont quelquefois maladroites.  Préserves tes liens familiaux, ce sont de vraies valeurs;
Mes amis, je vous souhaite un après-midi ensoleillé, pouvoir sortir est aidant quand on vit la détresse au quotidien.
Pensées très amicales.
Marie

Mariemo33