Mon épouse est décédée ce 12 octobre des suites d'un cancer
Voici le texte que j'ai lu à sa messe :
Ma chérie
Aux personnes décédées, on ne trouve que des qualités, pas de défauts.
J’ai cherché, je cherche, mais je ne trouve pas. Bien sûr, tu as quelques défauts mais si peu importants. Tu as les défauts de tes qualités.
D’aucuns diront que l’amour rend aveugle et le mariage rend la vue.
Alors, je peux dire que malgré nos 30 ans de mariage, je n’ai pas encore retrouvé la vue.
Aimante, souriante, attentive, maternelle, mais aussi honnête, sincère, disponible, chaleureuse sont quelques unes de tes qualités parmi tant d’autres
Et s’il t’arrive de faire un reproche à quelqu’un, tu le dis avec tellement de tact, de diplomatie naturelle, qu’il t’approuve sans broncher
Pendant ton adolescence, ton papa a été malade pendant de nombreuses années, et, revenue de l’internat, le week-end, tu le soignais et aidais ta maman. Tu avais seulement 19 ans lorsqu’il est décédé.
Tu avais à peine 40 ans lorsque ce fût le tour de ta Maman.
30 ans
30 ans que nous sommes unis, 30 ans d’amour, 30 ans de complicité
30 ans de travail ensemble, 30 ans de vie 24h/24
Pour certains, travailler avec son conjoint relève de l’impossible, avec toi, c’est un bonheur.
Bien sûr, nous avons eu quelques disputes, dire le contraire serait un mensonge, mais cela ne durait pas longtemps.
Pendant ces 30 ans, combien de fois ne m’as-tu pas dit « Christian, pour arrêter la minuterie du four, c’est le 2ème bouton » toujours avec la même patience
Pendant ces 30 ans, combien de défis n’avons-nous pas relevé ensemble, tu étais toujours partante ou l’instigatrice.
Mais le plus beau des défis, n’est-ce pas celui d’élever nos enfants avec amour, passion et bienveillance, ce que tu as réussi parfaitement.
Voici 1 an, nouveau défi, nouvelle épreuve.
Comme d’habitude, sans hésiter, tu as décidé de te battre, bien que tu savais que ce serait un dur combat, de tous les jours, de tous les instants.
Ce combat, nous l’avons mené ensemble, nous avons gardé le moral, la foi face à cet adversaire invisible. Nous savions tous les 2 que ce ne serait pas facile, que l’issue était incertaine.
Jusqu’au bout, comme à ton habitude, tu t’es battue, tu voulais gagner
Hélas, cette fois-ci tu as perdu, oui perdu mais sans te plaindre, sans montrer tes souffrances.
Tu n’as pas voulu nous faire souffrir.
Jusqu’au bout, tu as été forte, digne et courageuse
Anne-Marie je t’aime, nous t’aimons et nous te disons « Au Revoir »
Christian