Auteur Sujet: Témoignage & confidences  (Lu 7222 fois)

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BobNode

  • Invité
Témoignage & confidences
« le: 31 août 2012 à 11:50:43 »
Bonjour à tous,

Je suis venu quelques temps sur ce forum, dans la phase sombre de mon deuil, pour y trouver refuge, tenter d'y trouver des réponses ou des témoignages proches du mien, pour ne pas me sentir seul.
Et puis le rythme de la "vie" courante m'a emporté.
Et surtout aussi, à un moment, j'ai vécu ces lectures de témoignages de deuil comme un miroir, qui, d'une certaine façon, contribuait à colorier en noir mes émotions. Un peu comme si on se renvoyait nos peines, nos souffrances, et que finalement on ne baigne que là dedans, c'était trop pour moi.

J'ai perdu ma femme il y a bientôt 2 ans, elle a brutalement fait un AVC un samedi matin de Septembre ensoleillé. Je me rappelle encore que je trouvais presque déplacé le fait qu'il fasse aussi beau pour un jour pareil.
S'en sont suivies 2 semaines et demi de coma sans espoir qui ont conduit à son décès.
2 semaines et demi d'angoisse et de faux espoirs, tous anéantis à chaque visite suivante.
2 semaines et demi à ne plus manger ni dormir.
2 semaines et demi les plus sombres de ma vie, où la réalité laisse place au cauchemar, et où justement on n'a l'impression de ne plus être soi-même, l'impression d'être un personnage de ce cauchemar.

Avec ma femme, nous nous sommes rencontrés alors que nous avions 17 ans et nous avons vécu 19 ans ensemble.
Une relation fusionnelle, complice, équilibrée, heureuse.
Elle était mon amie, ma confidente, mon amante, ma femme, ma moitié au sens littéral du terme.
On se complétait vraiment (peut-être que j'idéalise sous l'effet du deuil).
Néanmoins aujourd'hui, j'ai perdu ma moitié, et le sentiment que j'ai, c'est d'être "handicapé", même si je ne sais pas vraiment ce que c'est que d'être handicapé, c'est l'image qui me vient en tête à présent.

Nous avons eu 2 beaux enfants, qui ont vu s'en aller leur maman. Mon fils, 7 ans à l'époque, et ma fille, à peine 1 an à l'époque.
Leur réaction face à la mort de leur maman a été très différente forcément, avec des répercussions différentes également ensuite, qui m'ont torturé et ont ajouté à ma souffrance, et me torturent encore sous d'autres formes qui évoluent avec le temps.

Après ces 2 années, je regarde en arrière et je voulais partager avec vous les différents ressentis, les différents épisodes et pensées qui m'ont traversé l'esprit.

Au tout début, je me rappelle d'un tourbillon d'émotions violentes en moi, dévastateur.
Je me rappelle aussi de ce sentiment de rêve, comme si ce n'était pas vraiment moi.
Je me souviens de l'anéantissement brutal de cette vie passée, en un clin d'oeil, au moment de la prise de conscience de la gravité de la situation quand, d'une part, un hélicoptère a emmené ma femme à Paris en service d'urgences neurologiques, et quand plus tard dans la journée, le docteur m'a laissé comprendre que les espoirs étaient quasi nuls.
J'ai vu ma vie s’effondrer, impuissant.

A ce tourbillon infernal, s'est ajouté la peine de mon fils, à qui j'ai dû annoncer la mort de sa maman. Ma fille trop petite ne comprenait pas les paroles, mais ces appels au pied de l'escalier pour dire "maman", "maman" me déchiraient le coeur encore plus.
Je me rappelle aussi avoir été traversé par des émotions telles que l'angoisse et la peur. Mes repères ayant volé en éclat, je me demandais ce que nous allions devenir, comment on allait s'en sortir, comment mes enfants allaient évoluer, est-ce que je serai à la hauteur, etc.

J'ai donc dû mettre de côté ma peine pour épauler mes enfants, pour organiser les obsèques, gérer un break avec mon travail, m'occuper des formalités diverses. Heureusement, le contexte quotidien n'a pas été une source d'ennuis supplémentaires, ni les relations avec mon entourage ou ma belle-famille, comme j'ai pu le lire ici. Je n'ai pas eu à me séparer de ma maison, ou à gérer des tensions avec ma belle-famille.

J'avais un travail dans une grosse SSII, un poste de manager, des horaires de travail à rallonge, je pratiquais également beaucoup de sport et donc ma femme assurait l'essentiel des tâches à la maison, et auprès des enfants.
Et donc, pour pouvoir mieux m'occuper des enfants, j'ai dû changer de travail et d'employeur, j'ai dû arrêter le sport intensif, et reprendre donc le flambeau à la maison.
Cela a contribué aussi à ce sentiment d'anéantissement, face à ce revirement forcé.
Elle qui souvent me sermonnait sur mon manque de participation à la maison, je me souviens avoir souri intérieurement en me disant que de là où elle est, elle devait aussi se marrer à me voir m'activer à la maison désormais.

Je ne suis ni fou, ni suicidaire, mais face à l'intensité extrême de la douleur qui m'a traversé, ayant perdu ma raison de vivre, ma moitié, j'ai un temps pensé à disparaître et emporter nos enfants avec moi de l'autre côté, pour la retrouver.
Bien sûr, je ne l'ai jamais fait.
A cette période, je me rappelle que mon fils me questionnait sur l'existence de Dieu, sur ses capacités à lui rendre sa maman.
Je me rappelle qu'il voulait qu'on la ramène à la maison, même morte. Qu'on aille ouvrir la tombe, le cercueil et qu'on la ramène.
Déchirement supplémentaire pour moi. Comment consoler ce petit garçon, moi qui déjà suis inconsolable.
Etant athée, j'ai eu beaucoup de mal à être clair sur l'existence ou non de Dieu, et je ne voulais pas non plus lui livrer ma vision de la vie après la mort, puisque je n'y crois pas non plus.

Je n'ai pas éprouvé le besoin de consulter un psy, j'ai tout de même essayé avec celui de l'hopital, sans que cela m'apporte réellement.
En revanche, pour mon fils, j'ai demandé un accompagnement qui a duré 1 an, car je sentais que je n'avais ni la force, ni les armes pour l'aider.
Ma fille étant nourrisson encore à l'époque, je me suis occupé d'elle, à me lever toutes les nuits pour calmer ses pleurs.
Ces nuits déjà courtes, fragmentées encore plus par les réveils de ma fille, ont fini de m'épuiser, et la fatigue a amplifié mes phases de passages à vide.

Passée une grosse période de 6 mois, toujours dans cette espèce de nuage de coton, de brouillard, où l'impression de rêve permanent subsiste, j'ai alors eu des phases récurrentes de passage à vide. Un matin on se lève, on ne sait pas pourquoi, ça ne va pas.
Ca dure 1 journée, 2, 3 ou plus puis ça s'estompe. Une semaine après ça revient et ainsi de suite. Et puis avec le temps cela s'espace.
Tout comme le soutien et la présence des proches d'ailleurs. Tous très présents, ils ont fini par reprendre le cours de leur vie.
Il faut dire que l'envie de quoi que ce soit m'ayant abandonné, je refusais toute proposition de diner, soirée, etc. On se désociabilise peu à peu et on se replie sur soi.
J'ai vu ma vie devenir "mécanique", réglée par les impératifs liés à mes enfants : se lever, les faire déjeuner, aller à l'école, aller bosser, faire les courses, s'occuper du linge, faire à manger, les coucher, etc.
Rien de bien différent d'une vie de famille "classique" mais sans la saveur de la vie, ça m'est apparu comme "mécanique", il faut le faire parce qu'il faut.

Pour revenir sur l'impression de "rêve", ça a joué pour beaucoup sur mon comportement, et cela m'a conduit à tomber dans les bras de la première venue. Un peu plus de 2 mois après le décès de ma femme, j'ai fait la connaissance d'une femme dans mon milieu professionnel. Dans un état désinhibé, je me suis laissé porter par cette situation, et 2 semaines après nous avons fini au lit.
Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, mais je comprends aujourd'hui que c'était une solution pour m'évader.
A peine la nuit passée avec elle, je me suis tout à coup senti mal. J'ai pleuré au réveil, pleuré toute la journée. J'étais effondré, honteux, encore plus torturé qu'avant.
J'ai cherché du réconfort et ce sont des femmes de mon entourage qui m'ont soutenu, qui ont été compréhensives, vis-à-vis de moi, l'espèce de traître qui avait bafoué cet amour, pour satisfaire une pulsion.
Comme cela semblait coller, j'ai entretenu cette relation avec cette femme, mais à quel prix...
18 mois passés avec elle, à "mi-temps", tant sur le plan émotionnel que sur le temps réel, puisque nous ne vivions pas ensemble, on se voyait les week-end et les vacances et 1 soir en semaine.
Et que de difficultés tant pour elle que pour moi. Elle qui attendait tant de moi et moi aussi à mon tour.
Au final, on ne se correspondait pas, et malgré tout nous avons entretenu la relation tout ce temps, peut-être pour se convaincre qu'on pouvait y arriver.
Nous y avons péniblement mis un terme, en nous déchirant et avec le recul, je m'aperçois que cette relation a mis en pause mon deuil, qui a repris une fois la rupture consommée. D'ailleurs la rupture m'a renvoyé directement à la mort de ma femme.

Cette relation a été, en plus, source de souffrances supplémentaires et d'inquiétudes. Comment mes enfants allaient-ils le vivre ? Certaines personnes de mon entourage m'ont vivement réprimandé, m'accusant presque d'adultère, ne voulant pas voir ma compagne du moment. Je le vivais quasiment comme une relation qu'on doit cacher, comme un adultère.
J'étais pris entre le marteau et l'enclume, car ma compagne du moment a très mal vécu cette situation.
Ma belle mère a fondu en larmes quand je lui ai annoncé ma liaison.
Et pour moi, cette situation compliquée était source de tellement de tourments supplémentaires, dont je n'avais pas besoin, que j'ai préféré y mettre un terme.

2 ans pratiquement après avoir perdu ma femme, je ne peux pas dire que je vais bien.
J'ai stabilisé mon univers et celui des enfants. J'ai pris mon rythme dans cette nouvelle configuration familiale de papa solo.
Néanmoins, ma femme me manque énormément. J'aimerais lui montrer tout ce que j'ai accompli, qu'elle soit fière de moi.
Qu'elle soit fière de nos enfants qui ont bien grandi depuis.
J'aimerais l'entendre respirer à côté de moi dans ce grand lit vide.
J'aimerais l'entendre m'engueuler parce que j'ai laissé trainer ceci ou cela.
J'aimerais qu'elle me tienne la main, sur le levier de vitesse en voiture.
J'aimerais qu'on me la rende.

Sur l'autoroute de la vie, j'ai eu un accident.
Je me suis arrêté à la borne sos et on est venu me dépanner un peu.
Aujourd'hui je suis reparti, au ralenti, sur la route du deuil, et il me reste du chemin.
« Modifié: 31 août 2012 à 14:32:26 par BobNode »

Chris-ka

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #1 le: 31 août 2012 à 14:47:16 »
Bobnode,

Merci de nous avoir fait partager ton histoire, ton cheminement depuis 2 ans.

Desormais maman solo aussi de deux enfants, je comprends tout à fait ce que tu entends par "enchaîner les journées mécaniquement, parce qu'il le faut, sans saveur".

En ce qui concerne une nouvelle relation, il me semble en être encore très loin apres 9 mois et n'ose même pas l'imaginer. De plus, je constate d'après plusieurs témoignages, dont le tien, que ces "expériences" sont plutôt douloureuses et ajoutent à la douleur du deuil. Alors, on a déjà tant à faire ....

Amicalement,
Karine
« Modifié: 31 août 2012 à 14:50:31 par Chris-ka »

QUENOUILLE87

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #2 le: 31 août 2012 à 15:34:18 »
Bonjour à vous,

Le cheminement est tellement difficile.... Cinq mois que je suis seule, et chaque jour est une nouvelle épreuve. J'interviens peu sur ce forum, car j'ai également l'impression, bien que cela aide énormément de "rencontrer" des personnes qui vivent le même chagrin, de ruminer quotidiennement ma douleur, de ne pas avancer.

Je continue à sortir, à accepter les invitations pour être moins seule et évoquer mon mari avec d'autres gens, se rappeler tous nos si bons souvenirs, et parler aussi d'autre choses. Pas de projets pour l'instant, sauf un voyage à l'étranger avec mes filles pour la période de Noël et du Nouvel An. Pas question de rester en France ou dans un pays qui rappelle les fêtes. Nous voulons un dépaysement total.

Et pour ce qui est de rencontrer quelqu'un, je m'en sens bien incapable. Rien que d'évoquer les mains de quelqu'un d'autre sur moi, j'en frémis.... Peut-être est-ce un sentiment typiquement féminin (non, Messieurs, ne m'accablez pas !!!). Une femme a peut-être plus de facilité à supporter la solitude affective qu'un homme ? Je l'ignore, c'est sûrement mon sentiment à moi.

Mais en vous lisant, cela me confirme que rien n'est simple, et que même après deux ans, notre moitié est encore présente de manière douloureuse en nous. Il y a encore un long chemin à parcourir.

Bien amicalement

Nathalie

m.s.m@free.fr

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #3 le: 31 août 2012 à 20:02:17 »
Bonsoir Bobnode,
Je viens de temps en temps sur ce site lire vos témoignages qui me rappellent le mien et je n'écris que très rarement. Sauf si je pense que mon témoignage peut apporter un peu d'espoir parce que j'ai un peu de recul maintenant.
Quel courage tu as de faire face à tout cela, pour elle, pour tes enfants. Elle serait fière de toi. Et je suis sure qu'elle aurait approuvé que tu cherches un peu d'affection et d'attention. C'est tellement normal d'avoir besoin de tendresse après un malheur aussi grand et tu peux être sur qu'elle ne t'en voudrait pas. Tu n'es apparemment pas tombé sur la bonne personne, mais un jour elle viendra. Et même si cela ne sera jamais comme avec ta femme, ce sera différent mais tu trouveras la tendresse dont tu as besoin, sans que cela n'entache en rien le souvenir de ta femme.
Contrairement à ce que pense l'entourage, c'est très difficile d'avancer dans ce domaine ; la culpabilité, le regard des autres, la comparaison avec la personne disparue sont très difficiles à vivre. Donne toi du temps, mais ne t'interdis pas de vivre une autre belle histoire. La vie continue, puisque tu l'as décidé ainsi, pour tes enfants, mais aussi pour toi. Ne t'oublie pas. La seule façon d'avancer, c'est d'être en paix avec soi-même. Tu l'as rendue heureuse et toi aussi tu as encore le droit de l'être. C'est ce qu'elle voudrait pour toi. Amitiés.
Marie.

Caroline3

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #4 le: 31 août 2012 à 20:03:23 »
Bonjour Bob

Que je te remercie pour ton témoignage, tes confidences! Ce point de vue, cette expérience d'homme est rare ici, et il me fait comprendre que si les décisions sont différentes, le vécu est à peu près le même... je parle du vécu émotionnel et du temps que peut prendre le deuil.

Le deuil d'un(e) conjoint(e) auquel on est vraiment attaché(e) (en bien ou en mal) prend deux à trois ans. Et c'est normal. Le chemin qu'on prend est semblable, sauf lorsqu'on a un deuil compliqué.

Et je veux apporter une information personnelle, au sujet du deuil compliqué. Dans les livres, les vidéos, on dit que c'est rare. Or, je ne le crois plus.

Comment croire qu'une majorité de deuil soit non compliquée, à moins d'avoir (tout ça) :

- une famille pleinement accompagnante;
- des amis compatissants et présents;
(et donc, trouver un réseau de liens qui aident, trois personne qu'il dit le Dr Fauré);
- une possibilité de ne pas travailler trop fort;
(perso: un con de patron qui ne tombe pas amoureux et qui ne devient pas agressif...);
- une situation financière saine;
- un passé sain;
- une famille saine;
- pas d'enfants avec des difficultés d'apprentissage ou de comportement;
- pas d'enfants en bas âge et qui ne nous bouffent toute notre énergie;
- pas de solitude extrême;
- pas de colère trop forte suite au décès;
- pas de parents vieillissants à qui on doit donner tout notre temps;
- pas de, pas de...

Non, le deuil non compliqué est l'exception et c'est donc dire que le deux à trois ans peut se rallonger.

Avant-hier, la directrice de l'école de ma fille a fait la remarque "Mais madame, ça fait déjà deux ans!".... Je lui ai répondu qu'elle ne savait pas de quoi elle parlait. Et vlan. J'ai rajouté "Vous êtes dure madame". Elle m'a dit "Merci et au revoir madame" en se tournant.

Comment vivre dans une société qui pense ainsi, quand on pleure encore notre conjoint après 2 ans?

Parce que la phase souffrante et qui perdure commence vers 1 an et demi à d2ux ans et demi... "Et c'est normal". Cette période peut durer de 1 mois à 6 mois, j'en suis persuadée (la troisième étape, selon Dr Fauré).

Il nous faut rencontrer des professionnels du deuil qui savent, qui nous soutiennent et qui nous donnent la force de vivre ce 2 à 4 ans de deuil. Sans qu'on ne se sente anormal. Tant pis pour ceux qui nous croient en "deuil pathologique".

---

Je veux me battre pour être bien, avec moi-même, avec ma fille (9 ans maintenant) et avec les autres.

---

Bob, je sais que tu ne crois en rien, mais demande quand même une puissance supérieure de te soutenir, de faire "la job à ta place", fais juste demander. Même si tu es sûr à 100% que c'est faux. Qui sait, tu n'as rien à perdre. Ça peut t'aider, c'est déjà ça de pris.

Encore une fois, je dois te dire que ton témoignage  si bien écrit et criant de vérité m'a fait du bien, malgré ta souffrance.

Je pense à toi, du fond de ma ville de Québec,

Caroline

BobNode

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #5 le: 31 août 2012 à 20:16:13 »
Merci à toutes pour vos messages.
Il n'y a effectivement pas de deuil simple, ne serait-ce que parce que le tumulte d'émotions et de situations complique tout raisonnement.

Je suis tristement "expérimenté" du deuil, ayant perdu mon frère cadet dans un accident de moto il y a 7 ans. Septembre sera le mois "anniversaire" de la perte de mon frère, de ma femme et de la naissance de ma fille. Triste ironie du sort.

Dans un contexte où j'avais mon foyer, ma femme pour me soutenir, il m'a fallu 5 ans pour vivre sereinement la disparition de mon frère.
Je n'ose pas imaginer le temps qu'il me faudra dans un contexte où je n'ai plus cet équilibre familial...

Courage à vous.

BobNode

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #6 le: 31 août 2012 à 21:18:48 »
Merci Paquerette.

C'est exactement ça dans notre cas, jeune couple, nous nous sommes "faits" ensemble, reflet complémentaire l'un de l'autre, en arrivant à penser les mêmes choses, à désirer les mêmes choses, en même temps.
Ce genre d'union, où, sans même parler, tu sais ce que l'autre pense parce que tu le connais tellement par coeur, que tu décryptes les moindres expressions.

Aujourd'hui, je n'ai que le silence et le vide en écho à mes pleurs solitaires et que ce clavier pour véritablement livrer ce que j'ai en moi.
Vous m'enverrez la facture vous mes psychologues invisbles  ;)

Concernant la foi, je ne l'ai jamais eu et encore moins maintenant.
Comment pourrais-je croire à présent que s'il y a un dieu, dans son "infinie bonté", il a jugé judicieux de me prendre ma vie ?
Et même s'il existe, il ne me la rendra pas...
J'espère ne pas sembler agressif ou sarcastique, car je ne le suis pas, j'expose juste mon sentiment.

Enfin, pour la rubrique intime, j'avais aussi l'habitude de m'endormir la main sur le sein de ma femme et putain, ça me manque. Au delà de l'aspect purement charnel, c'est le manque de tout.

Pour ce qui est de nouer une nouvelle relation, c'est émotionnellement très dur à vivre.
Comment être amoureux quand on l'est encore intensément ? Comment être disponible quand notre esprit est occupé par la pensée continue de l'être aimé disparu ?
Et pire encore, on revit tous ces gestes, toutes ces situations avec un(e) autre mais ce n'est qu'illusion.

Merci encore.
« Modifié: 31 août 2012 à 21:23:22 par BobNode »

alsy

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #7 le: 31 août 2012 à 22:00:45 »
Pour ce qui est de nouer une nouvelle relation, c'est émotionnellement très dur à vivre.
Comment être amoureux quand on l'est encore intensément ? Comment être disponible quand notre esprit est occupé par la pensée continue de l'être aimé disparu ?
Et pire encore, on revit tous ces gestes, toutes ces situations avec un(e) autre mais ce n'est qu'illusion

 ???
petit espoir....

J'ai rencontré mon Alain deux ans après qu'il ait perdu sa femme d'une crise cardiaque...il avait quatre enfants.... nous nous sommes aimés pendant 10 ans ... d'un amour passionnel et vrai... pourtant il aimait sa femme... mais le destin nous a réuni...
je l'ai rendu heureux.... je le sais ! ce n'était pas de l'illusion !c'est difficile à croire...
Malheureusement la maladie a gagné....et chaque jour je le pleure...  Il était tout pour moi... mon confident...mon complice ...mon Amour ...
il me manque...chaque jour, chaque instant  !
mais je sais qu'il me dit ... "continue le chemin... avance ....avance.... "
et peut être pour vous... un petit espoir pour croire encore ... en la vie....
bon courage à tous...
 :-* :-Sylvette

BobNode

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #8 le: 31 août 2012 à 22:05:57 »
Merci Sylvette. Je n'ai pas perdu espoir, je suis généralement d'un naturel optimiste.
Aujourd'hui peut-être, un peu plus mélancolique.

catyam

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #9 le: 31 août 2012 à 22:29:01 »
Merci Bobnode pour ton témoignage

, cela va faire presque deux mois que j'ai perdu mon mari d'une maladie, j'ai également un petit garçon de 8 ans et annoncé cela a été la chose la plus dure que j'ai eu à faire.
Comme toi je prend la relève de mon mari pour toutes les tâches et heureusement que j'ai mon petit garçon, cela me tient la tête hors de l'eau,je n'ai pas trop le temps de penser  entre les papiers, lesproblèmes banquaires etc...
nous sommes tristes mais ne pleurons pas; contrairement à toi nous avons eu 1 an pour nouspréparer à son décès.Il m'a appris tout ce que je devais savoir toutes les choses qu'il gérait.Je n'ai pas encore repris mon travail mais je pense le faire d'ici octobre, je ne prend pas d'antidepresseur et je ne consulte pas, je pense que seules les personnes vivant ce que malheureusement nous connaissons ,elles seules, peuvent nous comprendre, le livre du dr fauré m'aide bcp ainsi que ce site.
Je continue ma vie sociale, suis bcp invitée ai bcp de soutient de ma famille et nous continuons notre vie sans lui, ce n'est pas facile mais on gère, mon mari me manque énormément il est tout le temps devant moi et quand nous parlons de lui c'est au présent , en souriant et avec nostalgie;il est dans mon coeur à jamais.
Mais c'est ainsi il est parti et je dois , comme il le voulait, continuer à avancer pour jUlien, je pense , je crois  que de la haut il est fiere de nous
Aujourd'hui pour la première fois je suis tombée sur une vidéo que je ne connaissais pas et dans laquelle il y avait sa voix et j'ai souri, j'ai ressenti un pincement au coeur,cotoyer son frère qui lui ressemble énormémént dans l'humour et la gestuelle est très dur mais cela va faire partie de ma vie maintenant.
ne plus l'entendre râler car je laissais trainer des affaires me manque, mais maintenant je ne laisse plus rien trainer car j'entend sa voix qui me dit cath... et je sourit ou lui parle.
Voilà où moi j'en suis après deux mois et je pense que c'est lui qui m'insuffle cette force ainsi que mon petit garçon, je n'ai pas le choix de me laisser aller, de m'enfermer dans ma bulle, je dois continué pour lui, pour nous.

je te souhaite une bonne nuit

Catherine

BobNode

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #10 le: 31 août 2012 à 22:33:46 »
Je te souhaite toute la force nécessaire.
Tout comme après un incendie dévastateur, on peut se consoler en se disant que la vie reprend toujours ses droits.
Ca prend du temps simplement.

Bonne nuit à toi.

chantal67

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #11 le: 31 août 2012 à 23:25:16 »
22 mois que mon mari est "partit"! Nous nous sommes connus, j'avais 14 ans, lui 18.nous avons été mariés pendant 36 ans avec des hauts et des bas mais toujours unis. J'ai "grandi" avec mon mari, ma vie c'était lui ! nous avons des enfants, des petits enfants. Quand on nous a annoncé sa maladie en précisant qu'il n'y avait plus d''espoir, je n'ai rien compris ! Lui, oui. Il savait. 3 mois, la maladie nous a laissé 3 mois. Pour moi c'était impossible, tout simplement impossible, notre vie ne pouvait pas s'arreter comme ça et pourtant............22 mois ont passé, et oui, c'est comme une amputation, du moins je le crois. Il me manque la moitié de mon coeur. Je n'arrive plus à "ressentir les émotions avec le coeur" c'est une sensation bizarre. J'adore nos filles et nos petits-enfants mais c'est comme si mon coeur ne réagissait plus aux émotions. Bien sur, on me dit aussi "Ah, déjà presque 2 ans !" et moi je les regarde en pensant "mon dieu, si vous saviez !" On ne peut pas comprendre quand on n'a pas connu cette douleur. Je sais que mon mari nous protège et je me dis parfois que la douleur de cette séparation doit etre le prix à payer pour le retrouver un jour. L'envie de le rejoindre, je l'ai eu souvent mais je connais la douleur et je ne peux pas en infliger encore plus à ma famille. Je parle avec mon mari, je suis sur qu'il m'entend.J'apprécie un ciel bleu, le soleil, les fleurs, la pluie, tous ce qui est signe de vie mais il reste un manque. Sa présence, sa peau, son odeur, sa voix, ses mains tellement fortes et ses bras musclés mais tout est gravé dans ma mémoire. Nos petits enfants parlent de leur papy et je retrouve bien des traces de lui en eux. J'aimais écouter tomber la pluie ou le bruit de l'orage blottie contre lui dans notre lit, j'étais en sécurité. Maintenant  la pluie tombe toujours, l'orage gronde mais je suis seule ! Nos filles, nos petits enfants ont besoin de moi et moi j'ai besoin de .......MON MARI ! J'admire votre courage, vous qui avez des enfants qui sont encore tout petits et qui demandent énormément d'énergie. Pas le temps de penser à soi, toujours avancer, mais ils sont LA VIE !

m.s.m@free.fr

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #12 le: 01 septembre 2012 à 10:50:15 »
A tous ceux qui cherchent un peu d'espoir dans ce tumulte de souffrance et de chagrin, je peux dire que chaque jour qui passe vous
rapproche de la sérénité. J'ai perdu mon mari depuis depuis 4 ans et quand j'en parle on me répond" Ah non! Ça fait 4 ans tu ne vas pas remettre ça!" Peu importe, ils ne peuvent pas le comprendre et  je ne leur souhaite pas de vivre ça pour le comprendre.
J'ai un compagnon qui a vécu la même tragédie que moi. On se comprend et on se respecte. Nous sommes bien ensemble. Et c'est bien d'être deux. On prend soin l'un de l'autre.
Mais je peux vous dire que mon mari reste à jamais avec moi, comme je dis"c'est mon fond d'écran". On ne peut pas effacer 35 ans de vie et de travail en commun. Ensemble 24h sur 24. J'y pense 10, 20 fois par jour avec douceur, émotion, tendresse mais sans souffrir. Car on peut continuer sa vie, sans oublier celui qui est parti, mais sans souffrir . Et c'est ce message que je voulais vous apporter. Vous pouvez vivre, rire, pleurer, chanter, aimer, sans que cela enlève quoi que ce soit à celui ou celle qui est partie. C'est le plus bel hommage que vous pouvez lui rendre: Continuer comme il, ou elle, l'aurait voulu.
Prenez soin de vous.Marie.

chrisam

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #13 le: 20 novembre 2012 à 22:09:04 »
J'ai voulu remonter quelques pages, d'avant mon arrivée sur le forum, (pour rappel, mon épouse est décédée ce 12 octobre) afin de lire l'évolution des ressentis

Je suis tombé sur ce fil de discussion, et en y répondant, je voulais le remettre à l'avant plan.

Que dire après ces témoignages de tristesse, d'espoir mais aussi de confession et de mea culpa de la part de BobNode

tiobob

  • Invité
Re : Témoignage & confidences
« Réponse #14 le: 20 novembre 2012 à 22:21:40 »
merci christian,

sans toi je n aurai sans doute jamais lu tout ça.
Moi aussi j ai eu quelqu un dans ma vie apres le deces de mon mari, et la perspicacité avec laquelle bobnode evoque tout ça me bouleverse.
Nos pseudos résonnent en miroir , bizarrement, et nos histoires aussi , à quelques .
J avais tant besoin de lire ces messages, et grace à toi c est chose faite

merci infiniment

tiobob