Mon mari est décédé le 15 octobre 2017 après 4 mois et 1/2 d'une maladie .Cela fera 31 mois le 15 mai.
Ce matin, je me suis levée avec le besoin de déposer ici ce vécu.Peut-être parce que je commence à me questionner sur l'après, à me dire qu'il y a un après alors que jusqu'alors , il n'y avait pas d'après possible et que l'idée même de vivre l'instant présent était insupportable.
Lorsque j'ai découvert ce site au début de mon deuil, il m'a permis de me rendre compte que ce que je vivais , la douleur insupportable, les hurlements qu'il m'arrivait de pousser seule dans ma voiture étaient les mêmes ressentis que d'autres.Il m'a permis de me sentir reconnue et "normale"dans mes ressentis quand autour de moi chacun y allait de ses conseils maladroits ou parfois stupides .
J'ai peu écrit sur ce site , mais j'ai beaucoup lu.Chaque matin, c'était la 1ère chose que je faisais .J'ai aussi rencontré deux personnes qui sont devenues des amies et avec qui je communique toujours.
Lorsque autour de moi,on me disait que le temps allait m'aider, j'avais envie de hurler et de leur dire de se taire.
Mais aujourd'hui, je ne sais pas ,si c'est le temps qui a fait son oeuvre ou pas mais force m'est de constater que si la douleur est toujours là , elle a changé de forme .
Je ne pleure plus à chaque instant .La plaie est toujours là , mais , elle continue de me faire mal mais pas de la même manière.
Les affaires de mon mari sont toujours là .J'ai toujours le sentiment que les enlever serait le faire partir définitivement mais je commence à l'envisager .
les souvenirs qui me viennent ne sont plus sans cesses des souvenirs de souffrance ,de maladie mais des souvenirs de moments drôles ou tendres resurgissent.
Je dors toujours avec sa photo sous son oreiller , mais la nuit quand je pose ma main dessus , j'y trouve du réconfort et non plus de la tristesse .
Je recommence à mettre de la musique alors que je ne l'avais jamais fait depuis 30 mois parce qu'il en mettait tout le temps.
Je commence aussi à m'interroger sur ce que ce sera le reste de ma vie alors que jusque là , tenir une journée était insupportable et que je souhaitais chaque jour que ma vie s'arrête.
Pendant tous ces mois, le travail m'a permis de ne pas penser 7 h par jour, les amis , enfin ceux qui sont restés présents m'ont aidée et les thérapeutes que j'ai rencontrés ( hypnose, Fleurs de Bach,sophro, PBA ..) m'ont chacun à leur manière permis de faire quelques pas qui me permettent aujourd'hui d'être debout .Un jour une ostéopathe ,m'a dit "nous ne ferons pas de miracle mais chacun d'entre nous peut vous aider à faire quelques pas pour traverser le pont "Elle avait raison.
Je ne dis pas que je suis bien tous les jours et que je suis redevenue légère et insouciante.Ce deuil m'a changée à tout jamais et me fait me questionner beaucoup sur le sens de ce vécu , sur l'impermanence de la vie .
Mon mari me manque terriblement , sa tendresse , son amour , son côté rassurant , mais je sais qu'il est là , c'est devenu une évidence.
Je dois prendre ma retraite le 1er septembre , je peux aujourd'hui envisager de quitter mon travail sans avoir peur du vide que cela va laisser ( le confinement me prépare aussi à ça )
Je ne sais pas si mon témoignage aidera certains d'entre vous mais j'avais envie , besoin de vous le livrer .
Je vous souhaite à chacun du courage et de pouvoir un jour entrevoir un peu de bleu dans le ciel gris
Christine