Auteur Sujet: Souffrance d’une âme déchirée  (Lu 3995 fois)

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Souffrance d’une âme déchirée
« le: 14 novembre 2019 à 21:12:44 »
J’ai le cœur lourd et la tête pleine. Mes pas, pesants, font trembler le goudron sale de la route. Ma démarche atypique attire les regards des passants et, lorsque que leur regard se porte sur mon visage après m’avoir longuement examiner, ils remarquent tous ce même détail. Mon corps qui avance parmi la foule et qui, pourtant, semble avancer à contre sens. Ils ont tous ce tressaillement pareil à celui qu’on ressent lorsque le souffle glacé de l’hiver nous surprend le matin. C’est donc ce que je suis : un vent froid et invincible qui frappe et qui bouleverse. C’est alors que leurs mains se glacent et que leurs front se plissent, des questions plus ou moins indiscrètes viennent à leur esprit. Après la répulsion, ils sont attirés vers ce phénomène, comme des simples humains curieux qui cherchent à démystifier ce qu’ils ne connaissent pas. Ils veulent savoir, connaître mon histoire et mes épreuves.
Mais moi j’avance toujours, en essayant tant bien que mal d’écarter les mauvaises pensées, luttant sans cesse contre mon corps qui s’écroulerait de fatigue et de tristesse. Parfois il m’arrive de songer, dans ce combat constant envers moi même, que je pourrais lâcher tout simplement. Laisser mes poumons reprendre de l’air et mon esprit se relâcher. Je rêve de pouvoir tomber et ne plus me relever; de m’allonger et expulser tout ce que ma raison réprime, tout ce que j’écarte en me brisant jour après jour.
Mais cette pensée intérieur, qui atténue la frustration de mon être, ne sert qu’à tromper mes jambes pour qu’elles continuent à me porter. Jusqu’à quand d’ailleurs...
En est t’il que ces gens qui s’arrêtent, frémissants et les membres pris d’un frisson glacé, attirent parfois par hasard mon attention. Lorsque nos regards se croise, moi, je ne fais que remarquer leur saisissement. Je ne vois plus la différence de silhouette , des yeux, des cheveux. Je ne vois plus que des silhouettes mouvantes et sans particularité, des passants sans intérêt nutritifs pour mon corps usé. Cependant, eux, dans leur surprise de ce regard, sont pétrifiés par ce qu’ils y trouve. En un coup d’œil, ils obtiennent leur réponse, l’évidence de la vie. Ou plutôt son absence. Ce qu’ils voient, ce sont mes yeux vides et perdus, ma bouche inanimée, la machine ébranlée qui ne fait qu’actionner les fonctions humaines, qui contrôle une marionette vidée de son âme. Ils sont paralyser surtout par ce qu’ils ne trouveront plus jamais en moi, une lueur de chaleur et d’espoir, un brin de clarté dans un monde si sombre.
La seconde où les destins se croisent, celui du passant et du mien, plus aucune parole n’est nécessaire. Aucun mot ne peux transmettre ce qu’il faut déduire à travers les lignes. En regardant mon visage, ils lisent sans avoir besoin d’encre ce que signifie le mot malheur, ce qu’humainement représente la souffrance. À travers mon inexpression, ils devinent l’usure de mon âme, le vide qui prétend remplacer l’espoir.
Il n’y a plus d’autre voie possible, les passants me voient continuer à marcher, avec ma démarche qui témoigne de ma déchirure interne. Ils savent désormais; la vie n’a plus rien à m’apporter, certaines plaies ne peuvent pas être panser. Ils entendent la machine se rouiller, dans un dernier élan vers la tombe. Et ils ne m’empêcheront jamais, dans cette morbide marche. Parce que dans un instant de folie glaciale, ils me comprennent. Plus d’aide, plus de paroles, plus de promesses, plus d’illusion, rien c’est rien.
Et j’avance attiré par la mort, sous les yeux atterrés des passants, vers la seule destinée qui n’est pas brouillée. L’ultime solution de la délivrance.
Et j’accélère prise de cette idée morbide, plutôt aller nul part avec elle que n’importe ou ailleurs  sans elle.
La vérité explose en moi, l’onde se répand autour. La douleur est si forte, je cours toujours et toujours cherchant maintenant la première occasion. Les pas sonne en moi comme un creux. En réalité je suis déjà envoler, plus qu’un souffle et je disparaît définitivement.
Il est maintenant l’heure de faire son testament, le plus secret mais le plus important. Une dernière doléance, une dernière pensée avant le dernier soupir. Je dédie cette hommage à la seule qui m’habite jour et nuit. La seule qui fait de ma vie une impossible recherche. Marie, ma chérie je revois ton image en fermant les yeux une dernière fois. J’ai ralenti, je me suis presque arrêtée, et je respire encore. Je n’entends plus mon cœur qui a été remplacé il y a longtemps par des hypocrites. Cette absence finale conforte que ma fin est arrivée, à quoi bon lutter quand on n’en a pas envie. Toujours les yeux fermés je m’approche du bord. Et j’écoute une dernière fois le murmure de la ville, l’eau a mes pieds qui emporte tout dans son courant. Et je ressens la sérénité, la paix des derniers instants de souffrance avant la délivrance. J’ai trouvé le soulagement devant la mort, et croyez moi chers passants, vous avez fait le bon choix. Je saute.

Hors ligne kompong speu

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Re : Souffrance d’une âme déchirée
« Réponse #1 le: 14 novembre 2019 à 22:32:06 »
Quel texte. Beau, poignant...
J'espère que le forum sera une consigne à douleur qui te permettra  de soulager un peu ta peine le temps de reprendre ta respiration, une pause au milieu du chaos
En attendant accepté une main tendue

Hors ligne david34

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Re : Souffrance d’une âme déchirée
« Réponse #2 le: 18 novembre 2019 à 11:56:34 »
Je suis le passant qui te croise.
Je suis celui qui marche pour les mêmes raisons que toi.
Et dans la foule il y en a dautres.
On est nombreux.
Cela ne te réconfortera en rien mais tu nes pas seul.
On est tous au bord de l'eau avec cette furieuse envie de sauter.
Dautres caressent un arme, certains n'osent plus regarder un couteau ou leurs poignet.
Moi jimagine la corde et l'endroit où elle irait bien.

Puis dans un éclair fulgurant,  je revois ma fille , mon fils, mes parents.
Je revois leur douleur, je revis ce jour maudit ou je leur annonce l'effroyable, l'impensable.
Parce que JAMAIS je n'aurais pu imaginer sortir ces mots de ma bouche.
Et je ne peux pas laisser a un autre leur répéter ces mots une seconde fois.
Je vais vivre. Vivre avec ma douleur. Avec cette plaie béante.qui m'accompagnera jusqua la fin.
Cest ma croix. Avec son chemin semé d'obstacles.
Je nai plus peur de la mort mais je vais l'ignorer,  lui faire un bon gros doigt.
Je vais continuer à laisser les larmes quotidiennes couler , avec leur sale goût salé.
Je vais laisser mon cœur déchiré battre jusqua ce quil décide seul de s'arrêter.  Je ne forcerai rien. Le temps peut faire de moi ce quil veut.

Et puis il y a toi, Karine. Qui n'aurait pas voulu que j'abandonne nos enfants, mes parents qui n'ont que moi.

Alors j'avance aussi mais pas dans la foule, seul dans une forêt, sur une plage, dans notre maison. Seul en attendant la rédemption ou la mort. Le choix m'importe peu.

Si tu vis pas pour les autres, vis pour elle. Pour eux.
« Modifié: 18 novembre 2019 à 11:59:34 par david34 »
Par la mort du plus pur
Toute joie est invalidée
La poitrine est comme évidée
Et l'oeil en tout connaît l'obscur.
Il faut quelques secondes
Pour effacer un monde.

Hors ligne lsf

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Re : Souffrance d’une âme déchirée
« Réponse #3 le: 18 novembre 2019 à 19:29:13 »
B

Ton texte glacial, me rappelle trop mon frère suicidé... terrible.
Les personnes qui restent ne se remettent jamais vraiment d'un suicide. On est marqué à vie.

Comme le dis david 34 tu n'es pas seul.
 Il faut que tu luttes. Pour l'instant c'est très difficile je le sais bien mais un jour il y aura une éclaircie.
Il faut que tu persévères, que tu ne baisses pas les bras.
Un jour après l'autre c'est ce que je fais moi aussi.

Je t'envoie plein de courage

Hors ligne guimauve

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Re : Souffrance d’une âme déchirée
« Réponse #4 le: 18 novembre 2019 à 23:19:28 »
Bonsoir B,

Juste un petit message pour te dire que tu n'es pas seul. Je t'envoie tout mon courage et pleins de pensées lumineuses, nous sommes là.



Hors ligne david34

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Re : Souffrance d’une âme déchirée
« Réponse #5 le: 20 novembre 2019 à 12:24:43 »
Tu es la  ?
J’y mettrai le peu de forces qui me reste.
Fais un signe.
Par la mort du plus pur
Toute joie est invalidée
La poitrine est comme évidée
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Il faut quelques secondes
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