ça fait plus d' un mois que je n' ai pas touché l' ordi , prise dans le tourbillon des taches quotidiennes après mes 9 heures  passées au  taf , mes chéris et leurs diverses inscriptions, les RDV à droite à gauche...mais que la fuite dans l ' hyper activité est douce ! pas le temps de m' apitoyer sur mon pauvre sort puisqu' il faut avant tout " faire " et " assurer " chrono en main...je me souciais de mon fils qui à 12 ans planifie et s' organise des journées bien remplies et toujours à l' avance afin d' avoir toujours qq chose à faire, il est très peu à la maison avec les beaux jours et la fin de l' école à moins que j' invite à dormir un de ses potes bien évidemment !

je m' inquiète qu' il ne se  laisse aucun temps mort pour...penser à son père ( ?  ) pour se poser un peu, mais il fait en sorte de ne pas rester seul et c' est sans doute sa manière à lui d' échapper au cauchemar .

 je m' inquiète mais je le suis dans sa course folle puisque je dis " oui " à tout.

je m' inquiète mais finalement , d' avoir été surbookée ces derniers temps m' a fait comprendre ce qu' il pouvait ressentir .

 ceci dit , lorsque la journée s' achève et que je me retrouve face à moi-meme, contrairement à mon chéri (et fort heureusement pour lui ) je ne m' écroule pas de sommeil...bien au contraire : la douleur vient me frapper encore et toujours, ça bout en moi, ça m' oppresse, un mal etre d'une force incroyable que personne (à part vous ) ne peut imaginer, que personne au fil de la journée n' aurait pu pressentir...car j' ai passé la journée à tricher, à faire cas de rien lorsqu' une telle raconte les prouesses de son mari, une telle autre  parle de ses vacances,  encore une autre de leurs  travaux dans leur maison...je ne leur en veux pas du tout , c' est leur vie...moi aussi AVANT j' en avais une vie à moi ,moi aussi AVANT je parlais " cul" , vacances et projets en tout genre ....

je triche avec tous ceux qui me demande fugitivement : " ça va depuis la reprise ? t' es pas trop fatiguée ? tu manges ? ou d' autres questions tellement creuses ...

je triche avec mes voisins qui me parlent " météo "...alors que j' en ai rien à fouttre

je triche avec mes copines qui me demandent comment vont les petits et qui m' insufflent que la vie continue

je triche avec mes parents qui veulent entendre que ça va mieux...

je triche à longueur de temps , détourne les questions innocentes des patients car je ne veux pas mentir mais je ne veux pas non plus m'effondrer

j' essaie de garder la tete hors de l' eau en public afin de passer incognito et de me fondre dans la masse

ça va bientot faire 5 mois que ma vie à basculée, et aujourd' hui je me retrouve avec le sentiment intime que ma vie ne m' appartient plus, que je suis là uniquement pour mes chéris, j' accomplis mon devoir de mère mais je ne vis plus pour moi car plus rien n' a de sens, c' est vraiment une sensation affreuse que de se laisser " porter ", sans but, sans destination, sans aucun attrait,  d' avoir perdu les " commandes ", et de se demander quand tout  ça va enfin s' arreter...et c' est effroyable d' en arriver à la conclusion que seule la mort pourra arreter ce supplice.

je te rejoins Arnage, moi aussi j' en ai marre de tout, du monde qui m' entoure et qui ne me réjouit plus, je me demande mille fois par jour ce que je fous ici et à quoi bon.

merci Paquerette pour toute l' aide que tu m'apportes  à chaque fois que je visite le forum, j' espère que tu vas mieux , je visionnerais
   les vidéos et te dirais

merci à toi aussi Zabou, que je ne connaissais pas encore, comme tu dis " on n' a pas le choix ", c' est clair que tous ceux qui souffrent n' ont pas le choix; je pense au jeune patient que j' ai récemment pris en charge :après l' ablation d' une tumeur cérébrale, il se retrouve infirme moteur et aveugle et heureusement avec de gros troubles de la mémoire...mais lorsqu'il est douloureux il se demande lui aussi quand est-ce-que ça va s'arreter...y'a vraiment de quoi s' interroger sur cette vie terrestre. Ai-je le droit de pleurer alors que je suis en bonne santé ? Ai-je le droit de cracher sur mon existence alors j' ai eu la chance de vivre le double de choses que mon petit patient ?Alors que je peux jouir de mes jambes pendant que lui est tout recroquevillé dans son lit d' hopital

j' ai la tete qui va exploser

je suis heureuse de vous avoir parler car je sais qu' on se comprend et je vous remercie tous infiniment d' etre là pour moi

tendrement . Corinne

au fait, qq un a des nouvelles de Kika ?

bonjour corinne,

je me retrouve dans vos propos.

les démarches administratives m'ont donné du fil à retordre mais maintenant que j'en vois le bout et que j'ai un peu plus de temps libre, je me morfonds, je suis triste, ce temps libre est toujours converti en tristesse, j'ai toujours du mal à m'endormir même si je suis fatigué.

j'ai eu comme vous ma période où je disais oui à tout, je "triche" aussi beaucoup avec la famille, ami, boulot, voisins, ils ne savent pas ce que nous sommes en train de vivre et souvent certains ne veulent pas se l'imaginer.

je vis aussi au jour le jour.

tout ceci pour vous dire que nous ne nous connaissons pas mais que vous n'êtes pas seule à vivre cela, malgré tout il faut avancer et rester fort.

je ne saurais malheureusement vous aider ou vous conseiller sur vos vacances, mais j'imagine bien quel casse tête cela doit vous créer.

je vous souhaite d'avoir un peu de répit dans cette épreuve.

très sincèrement

 Bonjour à tous,

Bien souvent j ' ai pensé à vous tous... mais je n' avais pas la force de venir sur le forum , j ' ai traversé des moments terribles où je revivais en intégral l ' instant X.... sans savoir pourquoi ça me tombait dessus: lorsque je l' ai découvert assis devant l'ordi, sur sa chaise ( avec accoudoirs ) ,la tete inhabituellement légèrement basculée en arrière , je comprends pas, puis je m' avance et je découvre son visage  déjà cireux , ses yeux mi-clos...l'effroi, j' hallucine, il n'y a pas de mots pour décrire les sensations qui déferlent à ce moment là...et je l' ai revécu comme si ça se reproduisait, j' ai tout ressenti ,  aussi intensément et viscéralement ...

Quand la " crise " passait, je me disais : le deuil fait bien son travail... mais mon psy m' a dit que c' était à cause du choc
As- tu connu ça Paquerette ?

Aujourd' hui, je suis toujours dans le meme état de douleur, il n' y a pas eu un seul jour sans pleurs, ça va faire ( j' ai horreur de calculer ça ) un peu + de 10 mois...mais le temps s' est arreté.
Hier, je réponds à un cousin qui me trouve très courageuse, que je fais ce que j' ai à faire pour mes gamins  mais que c' est pas une vie de ne plus vivre pour soi, que j' en ai marre, qu' avant j'étais heureuse , et qu' à présent je suis pressée de mourir...et lui pour qui tout roule, me serre dans ses bras en me disant " maintenant c' est ta vie ".

Aujourd' hui  notre fils à 13 ans... avant j' aurais dis " déjà 13 ans !", maintenant je dis "QUE 13 ans "
il n' a profité de son papa que pendant douze petites années. Je sais que c' est mieux que rien, n' empeche qu' autour de lui , il est le seul à vivre ça, qu' aucun de ses " potes" ne peut le comprendre, il est fort mon petit bonhomme.

Voila, mon post un peu découpé..tellement de choses en moi
c' est dur, je suis fatiguée

Tendrement
Corinne

bonsoir à toutes,


Je vois vos post, et comme je comprends votre douleur, ce manque terrible de l'autre, l’impression de ne pas pouvoir survivre, l'envie incessante de tout arrêter....

Et puis toutes ces choses maladroites que l'on peut nous dire, qui au lieu de nous consoler, nous plonge dans la colère...

Oui Ally, pour nous les survivants, il n'existe pas de beaux départs, ils ne sont plus là, et c'est l'horreur, injuste, inimaginable....

Passer des mois auprès de son mari, le voir souffrir, comprendre en silence, que le temps est compté, finir par voir dans son regard , la peur de partir, presque la double peine!!!!!


Comme vous je n'oublie pas, et pendant des mois cela m'a poursuivit, mais petit à petit , on comprend , que les autres, bien que très maladroit, tentaient de nous réconforter.

Le courage , vous en avez déjà, croyez moi, celui de résister, celui de continuer, celui d’être là pour vos enfants et petits enfants, celui d'avancer, même si aujourd'hui vous ne voyez pas vos pas, vous les faites, et chacun fait comme il peut...

On survit pendant des mois, tant l'envie d'avoir envie , nous a quitté, puis doucement, presque involontairement, des projets se profilent, dans cet horizon noir, qui devient gris.....


Finalement, l’instinct de survit domine, on ne le croit pas, mais c'est vrai, un tout petit morceau d'espoir, caché sous le désespoir, dans le noir, qui attend que l'on veuille bien le voir pour trouver la lumière.


Tendresses.
zabou

 

C'est un peu d'espoir que je lis avec toi Gertrude, même s'il me faudra encore beaucoup de temps puisque je n'en suis qu'à 3 mois aujourd'hui. Cette angoisse, ce vide, dont tu parle, je le vis à fond. C'est à se jeter par la fenêtre. Mais ta projection est une petite lueur au fond de mon gouffre, même si je sais que j'en ai encore pour des années à me débattre. Meilleurs pensées. Ally