Auteur Sujet: solitude après 1mois  (Lu 3685 fois)

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catyam

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solitude après 1mois
« le: 12 août 2012 à 10:12:08 »
Voilà aujord'hui cela ne va pas bien, je me rend compte de son absence de plus en plus.
On est dimanche et on adorait déjeuner au lit, avant c'était lui qui me préparait des petits dejeunés ;pendant la maladie c'était moi.
Il y avait les rires les blagues du matin (mon fils et mon mari étaient très farceurs)
Il ya son absence qui grandit de jour en jour mais il y a l'absence des autres.
Les deux semaines qui ont suivi son décès,j'étais soutenue, on me téléphonait on m'invitait à manger on prenait des nouvelles de Julien notre petit garçon mais maintenant plus rien; quelques rares textos(on a peur de déranger ou d'être confronté à mon chagrin)

Mes parents et mon frère sont là (il me surveille, que je mange,que je dors convenablement)mais du côté de sa famille il n'étaient pas là durant la maladie , sauf sur la fin pour soulager leur conscience mais depuis son incinération plus rien .Les gens continuent leur vie , leur égoisme et oublie.Nous nous sommes là avec notre chagrin.
Le jour de l'incinération ils m'ont dit: "appelle si tu as besoin", mais malheureusement ce n'est pas mon caractère,j'estime que c'est nous qui sommes bléssés et ce n'est pas à moi d'appeller et de dire bonjour ça ne va pas bien.

Mon mari a toujours été là pour eux, il avaient besoin de quelque chose Marc accourait pour leur rendre service, voilà trop bon .
Nous vivons dans un monde où seul sa propre petite personne compte et je trouve cela dommage
Mon Marc est déjà oublié pour les autres mais moi il sera toujours là.
Marc était quelqu'un de Beau, de gentils, de blagueur,de courageux on était en sécurité avec lui et puis on s'aimait et là le monde sécurisé que je connaissais s'est effondré et c'est à moi de mener seule la barque, de gérer la maison, notre fils d'être forte alors que j'ai envie de m'écrouler, de me mettre dans ma bulle et de penser à nous , nos souvenirs mais avec le petit pas possible, dès qu'il me voit avec une larme à l'oeil il intervient et me dit de ne pas pleurer, si je regarde des photos il vient me mettre ses mains sur mes yeux, il épie mais moindre fait et geste, il me protège.

Voilà mon coup de geule de ce matin pour commencer la journée.

learnorelie

  • Invité
Re : solitude après 1mois
« Réponse #1 le: 12 août 2012 à 12:01:21 »
Bonjour Catherine,
OUI tout ce que tu vis vis à vis des gens c'est tout à fait ça, c'est chacun pour soi, les gens en ont rien à foutre, de l'égoisme. Moi je vis cela depuis trois ans. Pour l'incinération de mon mari il y avait entre 600 à 700 personnes et tout le monde m'a dit "si tu as besoin tu appelles" mais je n'ai jamais appelé car ce n'était pas à moi d'appeler, j'étais dans la douleur de ne plus avoir mon mari. Il n'ya aucune solidarité mais demain cela peut etre eux et ils verront bien. Les gens sont indifférents et il faut se débrouiller tout seul. Nous sommes dans un monde ou ce n'est que l'argent qui compte, faire plus fort que tout le monde, les gens sont hypocrites. Moi aussi mon mari était d'une gentillesse comme ton mari, blageur, il rendait service à tout le monde, il était trop bon, les gens venaient comme me disait mon fils que par intéret. Maintenant que je suis toute seule, il n' y a plus d'interet.De quelle région est tu ? J'espere que je ne t'ai pas trop acaparé car je t'ai envoyé un message hier soir et celui ci. Ce que tu vis, je l'ai vécu et il faut que je me reconstruise toute seule et c'est dur, personne ne m'invite car nous sommes des femmes et nous sommes dangereuses pour les couples car il faut le dire .Moi je die que je suis contagieuse et dangereuse. La connerie humaine l'est aussi. Voilà ce que je voulais te dire. Cela me fait du bien de parler de ca car je te comprends. Bon courage. Aurélie

alsy

  • Invité
Re : solitude après 1mois
« Réponse #2 le: 12 août 2012 à 12:55:52 »
Bonjour

Je comprends ta solitude....catyam ou aurélie ?
8 mois...d'absence et depuis plusieurs mois .. plus rien...
ma fille qui est à 250 km me tél au moins 2 fois par jour... et une soeur à Alain c'est tout !!
et ça fait très mal.. cette solitude... ben voui.. faut faire des choses.. faut sortir.. mais seule c'est  seule ...
et cette période de vacances est très destabilisante.... les gens pensent à "leurs vacances" .. très important !
et on a l'impression de déranger... avec nos idées...de labrador "dépressif"
moi suis du pas de calais...sait on jamais ????
bon courage avec ton petit garçon... .lui va t'aider !   
courage..
bises   :-*
Sylvette

joshuadu34

  • Invité
Re : solitude après 1mois
« Réponse #3 le: 12 août 2012 à 17:22:56 »
bonjour Catyam,

je suis dans la même situation que toi, aujourd'hui. Ça fait pile deux mois, le 12 juin, qu'Isabelle est partie. Suis vidé, même les larmes ne viennent pas. Et la constatation de voir ceux qu'on aime absents fait mal... Aurais-je eu le courage, l'envie, de leur parler ce jour précis ? Pas sûr...

Comme le dis Yohann, je suis certain que ce n'est pas de l'égoïsme (du moins, je ne vois pas ça comme ça dans mon cas), mais plutôt une incompréhension, et une peur aussi, un tabou réel qui touche au dernier tabou restant, à notre époque, celui de la mort. Ils sont désemparés, ne comprennent pas notre chagrin, mais tu comprendra que celui ci est difficilement envisageable, face à la violence de ce que nous vivons. Ils ne sont pas préparés à donner un réel soutien. Leurs réactions ne partent pas d'un mauvais sentiment, mais plutôt d'un manque de moyens pour réellement nous soutenir dans ces moments. Comment pourraient ils imaginer que les "faut refaire ta vie" et autres "faut tourner la page" tombent si mal dans nos oreilles ? Pour ma part, ces amis qui m'entourent ont bien été présents lors de la maladie d'Isa, mais, pour la plupart, ils étaient désarmés face à une situation qu'ils ne comprennaient pas, qu'ils n'acceptaient pas.

Eux aussi, à leur façon, traversent leur propre épreuve du deuil. Pas aussi fortement que nous, mais eux ont perdu une personne qu'ils aimaient, peuvent s'en vouloir de ne pas avoir été suffisament présents et chercher, par des gestes, des mots, envers nous qui restons et souffrons, de façon plus ou moins visible, de cette disparition, une manière de se racheter vis à vis d'eux même. La maladresse nous fait souvent mal, c'est vrai, mais ce n'est pas de l'égoïsme pur, volontaire (même si dans le deuil tu as d'une certaine façon une forme d'égoïsme...), mais bel et bien une impuissance à nous porter ce que nous attendons. Ils voudraient nous aider mais pensent que nous ne souhaitons, ne devons, pas parler de l'absence, alors que c'est justement ce qui nous soulage le plus... Tiens, quelle est la première phrase qu'ils nous disent tous ? "comment vas tu ?", comme si nous pouvions aller bien... Pour ma part je répond que ça va alors que j'ai systématiquement envie d'hurler ma douleur... Pour préserver, pour ne pas montrer, pour rassurer.

De plus, le recul que nous adoptons tous, que ce soit pour préserver les autres, ou pour "cacher" notre souffrance, les mets en confiance, les rassure, les conforte dans l'idée que le deuil n'est qu'un moment dans une société ou le temps est compté, il est difficile pour eux de comprendre que ce temps est impossible à quantifier, notre société ne préparant pas à ça. Ils s'éloignent, mais sont persuadés avoir joué leur rôle... Dans notre société, tout doit être quantifié question temps, et comprendre que le deuil est inquantifiable est contraire aux pratiques habituelles de notre monde. Le soutien est systématiquement, et pour nous tous, une question de temps avant de voir ce soutien doucement disparaitre et les relations retrouver un rythme normalisé, parce que le temps est passé, et que ce temps devrait nous avoir permis de réduire la souffrance alors que nous constatons tous au contraire que ce temps ne fait qu'éxacerber cette souffrance, ce qui est totalement contraire à ce qu'on nous enseigne... Comment, dès lors, s'étonner de ce que nous constatons tous : un recul du soutien que nous prenons tous pour un désinteressement, mais qui n'est en fait qu'une étape normale.

Ça, tu le retrouve dans les vidéos du site, dans différentes lectures aussi (je ne saurais que trop conseiller la lecture de "Faut-il faire son deuil" de Pascal Dreyer qui étudie non seulement le point de vue des proches, parents, conjoints, mais aussi des amis, du personnel soignant et de tous ceux qui, de près ou de loin, ont une partie du deuil à partager. L'étude sociologique de cet ouvrage est interessant, surtout face à cette vision du deuil qu'ont les proches amis, point que tu soulève ici).

Patrice

Caroline3

  • Invité
Re : solitude après 1mois
« Réponse #4 le: 12 août 2012 à 18:53:26 »
Bonjour Catherine,

C'est si tôt, si récent, toute la douleur est là, tapie au fond de toi. Tu peux bien essayer de la contenir, que ce soit devant ton fils ou les autres, elle est enfermée pour le moment. Elle ressortira au moment voulu, quand tu te sentiras prête.

Mais il faudra le faire. S'effondrer est bon, étonnamment...  surtout devant ton fils. Les conséquences à moyen et long terme de ne pas montrer ses émotions vraies à ses proches est de loin, beaucoup plus dévastatrice que le contraire.

Ton fils fait la même chose que ma fille de 7-8 ans. Après deux ans (y'en a des plus vites que moi, c'est sûr!), j'ai commencé à pleurer devant elle et à 9 ans... elle m'a accueillie. Et elle a même dit "Maman, je vais pleurer". C'est bon pleurer. Regarde les photos, et pleure, pleure, quand tu en seras capable. Commence par le faire sans ton fils, mais dis-lui quand même que toi, en tant que femme et maman, tu as le devoir de vivre cette importante émotion.

Fais cet exercice, sans lui, puis tu peux commencer à lui expliquer que la mort de ton amoureux bouleverse vos vies et qu'il faut vivre et il faut absolument avoir un réseau de soutien rempli d'écoute toute simple (au moins trois qui sont réellement empatiques, ça peut être un psy). Ne parle pas de ses émotions à lui, mais commence par vivre les tiennes.

Si tu ne peux pas trouver un professionnel qui connaît comment soutenir le deuil des enfants (la démonstration de leurs émotions est vraiment différente de celle des adultes), c'est déjà bien si tu parles de ce que tu vis.

Puis, si tu peux demander à un proche de lui faire dessiner des images de lui, dans un environnement qui lui plaît, tu verras le résultat. C'est un début. Mais il faudrait que ce soit une personne qui s'y connaît vraiment. Ma Lou a été heureusement bien soutenue et aimée dans son processus de deuil, malgré mes deux ans sans démontrer de peine.

Un mois, c'est long et c'est horriblement court.

Bon courage et il y aura toujours une bonne personne pour te lire, te soutenir.

Amicalement, Caroline

alsy

  • Invité
Re : solitude après 1mois
« Réponse #5 le: 13 août 2012 à 11:28:14 »
Bonjour

Merci Yohann... pour le conseil
Rencontre échange soutien...
Région Lens Arras....
je vais y penser....
  :-*
Sylvette