Oui, c'est vrai, le deuil demande une énergie folle, pour trouver la force de rester debout en dépit du chagrin qui coupe les jambes, pour trouver la force de s'occuper des enfants pour qu'ils aillent pas trop mal, pour trouver la force de gérer le quotidien, pour trouver la force d'aller bosser, pour trouver la force de donner le change aux "nonendeuil", pour trouver la force de ne pas pleurer, hurler, se révolter à tout moment... On prend sur soi pour tout ça et ça demande autant de force que de volonté... Un deuil, c'est harassant pour celui / celle qui le vit.
Et puis on dort mal. En tous cas, je n'ai plus jamais dormi normalement depuis des années... Les soucis qui réveillent la nuit, quand ce ne sont pas les maladies des enfants.
Je me souviens qu'une nuit vers 1 heure du matin, mon fils a fait une laryngite avec difficultés respiratoire. SOS médecin a appelé les pompiers, qui ont mis mon fils sous oxygène, et nous voilà partis à l'hôpital avec le "pimpon" hurlant (qui lui avait coupé la toux, du coup !!!). Comme personne ne pouvait m'aider ni la garder, évidemment, j'avais réveillé ma fille pour l'emmener avec nous, pauvre chou.
Vers 5 heures du matin, quand la crise a été passée, on nous a relâchés. Mon fils allait mieux, ma fille dormait sur une chaise. Nous avons appelé un taxi et sommes rentrés épuisés à la maison, je précise dans l'indifférence générale (mais ça, c'est normal !)....
Ce n'est qu'une anecdote parmi d'autres...
Quand je pense à tout ce que j'ai appris à surmonter, seule, depuis la mort de mon mari, je m'étonne moi-même d'en avoir trouvé le courage et que le filon ne soit pas épuisé !!!
Si les gens avaient la moindre parcelle d'idée de ce que la mort de notre conjoint nous oblige à vivre, à subir, à surmonter, peut-être auraient-ils plus d'empathie voire d'admiration pour nous !!!
Nous sommes devenus des gens admirables ! Par la force des choses et on s'en serait bien passé, mais en attendant, c'est la réalité. Alors moi, de temps en temps, je m'encourage et me félicite du chemin parcouru... personne n'en voudrait de mon chemin et personne ne prendra ma place ! Il faut bien que je m'encourage, si je veux trouver la force de continuer !!!
Oui, admirables et fatigués !
M.