FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: m.s.m@free.fr le 25 mai 2012 à 18:18:16

Titre: se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 25 mai 2012 à 18:18:16
Il y a un peu plus de 4 ans maintenant que mon mari est décédé après 3 cancers et 35 ans de mariage,  de vie et de travail en commun.
J'ai un peu de recul  pour vous aider à avancer sur ce chemin douloureux et incontournable du deuil. Chaque larme, chaque coup de poignard dans le coeur, chaque instant de profonde et désespérante tristesse, chaque moment de désespoir, tout ce que vous vivez à des stades différents vous rapproche de la sérénité et de l'apaisement .N'ayez pas peur, vous n'oublierez jamais celui ou celle qui est parti. Je pense à mon mari, même après 4 ans, plus de 20 ou 30 ou 50 fois par jour, mais la souffrance a disparu peu à peu. Elle n'est pas nécessaire au souvenir. Il reste l'essentiel de nous deux. Les souvenirs tendres, émus, ceux qui font sourire ou verser une larme d'émotion.
Voilà le message que je voulais vous transmettre à tous. Soyez patients avec vous-mêmes et surtout, soyez indulgents. Ne pensez jamais que vous l'oubliez ou que vous l'aimez moins parce que, de plus en plus, quand vous pensez à lui ou à elle, le sourire remplace peu à peu les larmes .C'est l'ultime cadeau que vous pouvez lui faire.  Et surtout, vous n'avez de comptes à rendre à personne.
Je vous embrasse tous, frères et soeurs du bonheur perdu, mais de l'espoir dans la vie.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Chris-ka le 25 mai 2012 à 18:29:54
Merci Eiram pour ce message.

Il est important pour nous que des personnes ayant plus de recul en terme de temps nous apporte de l'espoir comme tu l'as si bien fait.

Car 5 mois après, le chemin à parcourir me paraît si long et douloureux.

Amicalement,
Karine
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 25 mai 2012 à 19:09:27
Merci Elram, très beau message, en effet, rempli d'espoirs.

J'aime bien "vous n'avez pas de compte à rendre à personne".

Caroline
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 25 mai 2012 à 19:10:02
C'est vrai que 5 mois , c'est court...et c'est très long en même temps. Toutes ces journées passées à pleurer, à désespérer de voir cette souffrance qui dure jour après jour. Et pourtant, souviens toi, il y a cinq mois, c'était insupportable de souffrir autant, et tu as quand même avancé, pas à pas, pour arriver à aujourd'hui. Certains souvenirs qui te faisaient tant pleurer hier, t'émeuvent maintenant, sans larmes, et peut-être un jour te feront-ils sourire. D'autres les remplacent, encore si douloureux, et chaque jour apporte son lot de chagrin, mais aussi d'apaisement et d'espoir qu'un jour peut-être, tu pourras penser à lui sans ressentir ce coup de poignard dans le ventre, mais que seul restera l'amour , les beaux souvenirs et la chance que tu as eu de le connaître et de partager tous ces moments avec lui et d'être ce que tu es maintenant.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Chris-ka le 25 mai 2012 à 19:24:30
Oui, tu as raison. Même si on ne s'en rend pas vraiment compte parce qu'on a plutôt l'impression de faire du "sur place" face à notre douleur, on avance malgré tout pas à pas, jour après jour .... Vers des jours certainement meilleurs.

Amicalement,
Karine
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 25 mai 2012 à 20:49:21
Le sur place dure depuis fort longtemps, pour ma part. Je vous lis aussi pour garder espoir.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: elo73 le 25 mai 2012 à 21:55:08
 Juste un Merci Eiram pour ton message plein d'espoir.

Elodie
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 26 mai 2012 à 13:22:36
Non Caroline, tu ne fais pas du "sur place". Même si tu en as l'impression. Tu avances, peut-être moins vite que tu le souhaiterais, mais tu
avances et ta présence sur ce site en est la preuve, puisque tu y cherches des raisons d'espérer. Et même si il y a des jours où tout te semble
insurmontable, c'est dans ces moments de souffrances que tu avances le plus et que tu deviens plus forte. Un mal nécessaire que personne ne peut vivre à ta place et grâce auquel ta douleur deviendra peu à peu moins forte. Prends ton temps, ménage toi, ne porte pas de jugement sur le fait que tu avances ou pas. L'essentiel , c'est de t'écouter et de laisser le temps couler sur ta blessure aussi longtemps que tu le jugeras bon pour toi.
Il fait beau aujourd'hui. Je sais que tu t'en fiche sûrement, mais quand même...
Amitiés.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 26 mai 2012 à 15:19:48
Bonjour Elram,

Non, pas aujourd'hui, je ne m'en fiche pas. Mais hier, oui, je m'en fichais.

C'est comme ça: up and down. Aujourd'hui sera une bonne journée. Hier soir, j'écoutais un vidéo offert sur le site (la troisième étape, présentée par une dame) et ça m'a aidé. Je crois que je vais le réécouter.

Aujourd'hui, je pense aussi à Yohann, qui prend une distance, après 8 mois de présence engagée sur ce forum. De mon côté, je vois bien que je traîne aussi mes angoisses, mes peurs, ma dépression (ou déprime?).

Je pense à plusieurs d'entre vous aussi, et réfléchi sur le fait que plusieurs sont vraiment seuls, peu ou pas accompagnés (ce qui fut mon cas et l'est encore), et je leur souhaite de rencontrer une personne réellement compréhensive, du vrai monde quoi! Dans les vidéos, c'est clair que la façon de réellement s'en sortir, c'est d'être bien accompagnés, d'avoir un réseau (et il dit au moins 3!, c'est beaucoup à trouver...).

Merci pour ton soutien,

Amicalement,

Caroline


Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 26 mai 2012 à 18:13:47
Caroline, ça ne fait "que" 2 ans... C'est comme si c'était hier. Donne toi  du temps. Fais les choses une par une. Repense à tout ce que tu as fait pendant ces deux années. Tu te sens seule parce que les personnes qui t'accompagnaient "avant" ne peuvent pas comprendre ce que tu ressens et tu ne peux pas encore récréer de nouveaux liens, c'est trop tôt. Entre deux mondes, comme un équilibriste sur un fil qui aurait le vertige. Il ne peut pas reculer, ni s’arrêter sous peine de tomber, il est obligé d'avancer, pas à pas, jusqu'à ce qu'il atteigne l'autre rive. Tu es sur le fil et tu ne sais pas où est l'autre rive, mais ce qui est sur, c'est que si tu avances il approche peu à peu,. Même si tu ne le vois pas, il y a toujours un autre bord. Et regarde autour de toi, tu t’apercevras qu'il y a d 'autres gens comme toi, et pas uniquement sur ce site.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 27 mai 2012 à 00:27:05
Bonsoir elram!

Aujourd'hui, j'ai dormi 3 heures  :o L'effet des pilules? Je ne prends que 5 mg pourtant... enfin.

Il fait si beau, c'est un peu dommage. Mais je me motive en me disant que cet arrêt obligatoire, cette dépression imposée, sera salutaire, je l'espère. De toute façon, je ne pouvais plus ainsi traîner mon corps des années encore.

La rive, la rive, il me semble que lorsqu'on y est rendu, on est mort.

D'autres gens comme moi? La directrice de l'école (peut pas être mon amie  ;D ), et autour de mois des gens non concernés ou hyper occupés, ou indifférents. Quelques belles têtes heureusement.

Caro xx
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Benedicte le 28 mai 2012 à 15:20:38
Bonjour Elram,

Ton message est doux à lire. Et d'autant plus aujoudhui, c'est notre premier anniversaire de mariage sans LUI.

Avec mes filles j'ai porté un toast à nos 28 ans de bohneur et à nos trois enfants. Mais que la douleur est vive, que le temps est long sans lui.

Malgré les moments plus doux, le chemin de l'apaisement est encore loin. Le vide est tellement immense.

Il me manque tant.

Béné
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: thierryv88 le 28 mai 2012 à 23:03:23
Bonsoir Elram
merci pour ce message d espoir ,nous en avons tellement besoin....
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 29 mai 2012 à 22:16:42
Je sais ce que vous ressentez, ce que vous vivez parce que je suis passée par là. Si seulement toute cette souffrance pouvait être évitée, ou si ça permettait de retrouver ceux qui sont partis.. Mais ce n'est pas possible et pourtant cette souffrance a un sens. C'est à cause d'elle qu'on avance. Un mal nécessaire. Ne la fuyez pas. Affrontez la, à petites doses, selon vos capacités de résistances à la douleur et peu à peu, elle
s'usera, se lassera, vous laissera de longs moments de répit, pour laisser enfin un jour la place au souvenir sans la souffrance et ce jour là, vous saurez que vous l'avez vaincue. Pensez à ceux qui vous ont quittés, parlez d'eux, regardez des photos, encore et encore. Ça fera très mal, de façon insupportable, puis un tout petit peu moins et encore moins et dans quelque temps, ces mêmes photos vous feront sourire
car elles seront alors devenues ce qu'elles doivent être: Des souvenirs de bonheur que personne ne pourra jamais vous enlever. Ce jour viendra. Il vient toujours, seulement, il prend son temps parce-qu’il veut être sur que vous serez prêts à l’accueillir. Il faut être patient et indulgent avec vous-même. Je vous embrasse.
 
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: HIRONDELLE le 29 mai 2012 à 23:06:57
Bonsoir Eiram

Merci de tes messages si réconfortants et qui donnent  l'espoir que tout s'apaisera un jour

Presque 2 mois qu'il est parti et j'arrive à avoir des journées plus paisibles mais quand la douleur , le manque sont de retour, j'ai l'impression que c'est encore plus douloureux
je ne supporte plus à certains moments  : le silence dans la maison, de ne plus entendre son rire, ses bras autour de moi, et même le moteur de la voiture et toutes les choses si familières de lui

Se souvenir sans souffrir je crains de ne plus l'aimer aussi fort que maintenant et que tout m'échappe

Parfois je ne comprends pas comment le printemps a pu s'installer cette année sans LUI , les oiseaux chantent comme AVANT .....TOUT
semble inchangé, il faut JUSTE qu'il revienne. Je l'attends encore et encore .............

Merci de nous "écouter
Bonne soirée
Hirondelle
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Claudahoa le 30 mai 2012 à 09:22:22
Bonjour Hirondelle,

Ne t'inquiète pas tu l'aimeras toujours autant mais la vie s'inoculera en toi chaque jour avec plus de sérénité ,tout doucement te permettant de redécouvrir avec  douceur chaque printemps entre autre.
Bien sûr il y aura encore et encore des moments de découragement,de profonde tristesse,de manque mais laisse au temps faire son oeuvre...
Plein de douceur
Claudia
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 30 mai 2012 à 14:51:49
Hirondelle..Quel joli nom ! Il aurait sûrement aimé cela. Deux mois sans lui, c'est tellement difficile et pourtant tu sembles pleine de courage et d'espoir. Plus rien ne sera comme avant et surtout toi tu ne seras jamais plus comme avant. Tu auras des hauts (très peu) et des bas (des gouffres!). Puis, de moins en moins d'amplitude entre les deux. Laisse toi le temps qu'il te faut pour penser à lui, lui parler si ça te fait du bien et pleurer, ça fait aussi du bien. La 1ère année est la plus difficile. J'ai eu le tort de faire "comme si de rien n'était". J'ai pensé que si j'ignorais la douleur, elle me laisserait tranquille. Je l'ai payé cher. Elle est venue réclamer son dû et ne m'a laissée en paix qu'après que je le lui ai donné.
Il faut faire les choses une par une, sans brûler les étapes, et tu dois savoir que c'est grâce à cela que tu te reconstruis.
N'aie pas peur, tu ne l'oublieras jamais, tu l'aimeras différemment, plus intensément, plus sereinement. Et quoiqu’il arrive, il restera l'amour de ta vie.
Je t'embrasse.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: QUENOUILLE87 le 30 mai 2012 à 15:13:06
Neuf semaines hier, et la douleur est si présente. Moins de bouffées d’angoisse, moins la boule dans la gorge, mais un manque si intense, comme si une partie de moi-même m’avait été enlevée.

Mon patron a osé me demander hier si j’avais « eu le déclic », si ça allait mieux. Les gens ne réalisent vraiment pas ce que peut être notre vie. Deux mois de passés, et il faudrait passer à autre chose pour ne pas les gêner ni les mettre mal à l’aise.

Mais pour moi ces neuf semaines sans lui ont été neuf semaines invivables, sans beaucoup de sommeil, à me nourrir plutôt que manger, à feuilleter les albums photos, à me passer les vidéos pour retrouver sa voix.

J’ai l’impression d’être brisée. Je ne sais pas si je retrouverais un jour ma joie de vivre, l’envie de plaisanter, d’avoir un fou rire comme nous en avions souvent. Je me rappelle le soir, quand nous étions au salon, et que je lui sortais une bêtise, il me lançait un coussin à la tête en riant…

Je ne peux pas l’évoquer sans avoir les larmes qui montent, j’ai tellement envie de recommencer nos conversations. Elles sont maintenant à sens unique.

Comme tu le dis Hirondelle, les roses ont fleuri, les cerises ont mûri, les oiseaux continuent de chanter, les gens continuent de vivre comme avant, tout ça sans lui et il nous faire avec. Seulement, il faut avoir la volonté de le faire, et pour l’instant je n’en ai pas du tout envie, je me force pour chaque chose, pour avoir l’air « d’aller bien » devant les autres, et surtout devant mes enfants. Si elles voient que je vais bien, elles iront mieux elles aussi.

Nathalie
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: HIRONDELLE le 30 mai 2012 à 16:30:25
Chère Nathalie,

J'ai fait comme toi , j'ai souvent essayer de cacher mes larmes à mes filles (30 et 42 ans) mais elles peuvent comprendre et surtout elles en ont besoin pour partager ta douleur. et savoir où tu en es.
Ma fille qui vit tout près de moi(10 kms) éprouve le besoin de m'appeler matin et soir et lorsque je ne vais pas bien, elle le ressent sans que j'en parle . Je sais qu'elle aussi en a besoin malgré une vie de famille bien remplie.
 
Dans les premiers jour après le décés de François,  j'ai refusé de voir seule mes petits-fils de 10 et 13 ans et finalement, j'ai écouté Daniel(Cello59) et ils sont venus passer un week-end à la maison. J'ai découvert avec stupeur qu'avec moi, ils parlaient librement de la maladie et de la mort de leur grand-père adoré ce qu'ils ne faisaient pas avec leurs parents
Depuis ils sont revenus et à chaque fois on a beaucoup parlé de leur "papy". Un jour, j'ai pleuré et le plus jeune m'a dit: " ce n'est pas grave si tu pleures mamy c'est que tu aimes beaucoup papy"

Si tu arrives à donner libre cours à tes émotions avec tes enfants
Neuf semaines hier, et la douleur est si présente. Moins de bouffées d’angoisse, moins la boule dans la gorge, mais un manque si intense, comme si une partie de moi-même m’avait été enlevée.

Mon patron a osé me demander hier si j’avais « eu le déclic », si ça allait mieux. Les gens ne réalisent vraiment pas ce que peut être notre vie. Deux mois de passés, et il faudrait passer à autre chose pour ne pas les gêner ni les mettre mal à l’aise.

Mais pour moi ces neuf semaines sans lui ont été neuf semaines invivables, sans beaucoup de sommeil, à me nourrir plutôt que manger, à feuilleter les albums photos, à me passer les vidéos pour retrouver sa voix.

J’ai l’impression d’être brisée. Je ne sais pas si je retrouverais un jour ma joie de vivre, l’envie de plaisanter, d’avoir un fou rire comme nous en avions souvent. Je me rappelle le soir, quand nous étions au salon, et que je lui sortais une bêtise, il me lançait un coussin à la tête en riant…

Je ne peux pas l’évoquer sans avoir les larmes qui montent, j’ai tellement envie de recommencer nos conversations. Elles sont maintenant à sens unique.

Comme tu le dis Hirondelle, les roses ont fleuri, les cerises ont mûri, les oiseaux continuent de chanter, les gens continuent de vivre comme avant, tout ça sans lui et il nous faire avec. Seulement, il faut avoir la volonté de le faire, et pour l’instant je n’en ai pas du tout envie, je me force pour chaque chose, pour avoir l’air « d’aller bien » devant les autres, et surtout devant mes enfants. Si elles voient que je vais bien, elles iront mieux elles aussi.

Nathalie

, j'espère que tu en ressentiras un peu de sérénité.

je te souhaite beaucoup de courage et une bonne soirée

Hirondelle

je remercie toutes celles qui m'ont si aimablement répondu aujourd'hui
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 30 mai 2012 à 16:43:53
Faire comme si de rien n'était... c'est pourtant ce que je fais aussi. Avec presque tous.

Mais à quoi ça servirait d'en parler, de pleurer, de dire "Ça va pas, je suis en deuil (2 ans?), je pense souvent à Lowell (quoique moins, c'est vrai), je lui en veut encore, je lui demande de m'envoyer de l'argent (encore???), je pense souvent qu'il était tellement beau, fier, arrogant, con, drôle. Puis après l'accident, malade...

Je me ferais rabrouer assez rapidement. J'ai aussi tellement de colère! Ma mère n'est jamais venue après le décès, mes deux autres soeurs non plus et mon frère m'a fait parvenir un billet de loto...

Hier, au téléphone ma mère me demandait comment ça allait "Ça va bien maman". Elle sait que je suis en arrêt de travail. Mais elle ne me demandait pas pour moi, mais pour ma fille. "Elle est forte ta fille". Bon, c'est déjà ça de pris.

Comme elle-même a vécu pire et que "tout va bien pour elle", elle ne peut pas comprendre. Elle ne comprend pas que tous (5) ses enfants sont en colère contre elle. On n'a pas pu exprimer nos émotions quand on était jeune et voilà le résultat...

Enfin, vaste et complexe sujet.

Caro

Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: HIRONDELLE le 30 mai 2012 à 17:49:49
Bonsoir Caroline,

Je pense que chacun fait surtout comme il peut. Pour moi cela s'est avéré efficace mais parce que mes filles sont des adultes mais avec ton "petit bout de chou" je comprends que tu fais comme si de rien n'était ....

j'ai eu la chance d'éléver mes 2 filles avec lui et la plus âgée lui a donné la joie d'être un papy  extraordinaire de tendresse de patience surtout avec l'aîné qui a un léger handicap et  qui a 13 ans

Continue à nous envoyer tes messages de ton lointainQuébec qui a toujours fait rêver mon François et il disait à la retraite on ira etc etc

Très bonne soirée à toi Caroline

Hirondelle
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: lilas52 le 30 mai 2012 à 23:16:13
Bonsoir,
Je suis toute nouvelle sur ce forum. Le hasard a bien fait les choses. J'ai lu vos messages cela me réconforte dans ma peine je me sens moins seule. Je ne réalise pas encore le départ de mon mari le 6 mai 2012, après une longue maladie.
J'entends bien les autres me dire que le temps atténue le chagrin mais vos vécus sont plus réels. Comment faire comprendre ce vide qui nous entoure!!!! Mes enfants voudraient que je déménage et vive à côté de chez eux, mais moi j'ai besoin de me retrouver seule avec son souvenir.  Cela va trop vite, on me demande trop à la fois.


 
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: cha7829 le 31 mai 2012 à 00:00:08
Vas à ton rythme Lila.
Moi non plus je ne veux pas déménager tout de suite (ça fera 7 mois le 1er juin que mon mari est décédé.)
"Le temps fera les choses" !!!! pour moi c'est de la foutaise. Le temps ne fait qu’aggraver les choses, il nous éloigne. Avec le temps, on apprend à vivre sans, mais c'est tout.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 31 mai 2012 à 00:10:03
En fait, c'est ça, mais ce n'est pas tout.

Il y a espoir: que la douleur diminue, que la présence de l'humain partie qu'on qualifie d'extérieure aux premiers temps devienne intérieure, apaisante, douce.

Oui, Lila, va à ton rythme, reste dans tes affaires dans "vos" affaires. Le départ de ton mari est si récent, ta douleur, si vive. C'est exactement comme une blessure sur ton bras: elle est à vive, profonde et elle fait mal. Il faut maintenant y mettre du baume pour qu'elle guérisse. Par contre, la cicatrice restera là pour toujours.

Le temps va être difficile pour la première année, puis la seconde, on comprend que c'est fini, que notre homme ne reviendra pas, et la descente est tout aussi souffrante, mais elle est différente.

J'espère que tu as le temps de regarder les vidéos du site? Le fait d'expliquer, d'utiliser les vrais mots pour les bons moments du deuil sont vraiment efficace pour nos maux. Le processus du deuil, contrairement à ce que l'ont dit a des étapes très précises et même si tu ne les suit pas, elles le feront pour toi :)

Bon courage et si tu le veux, tu peux nous parler de cet homme qui vivait avec toi? C'est important d'en parler, d'en parler et encore, d'en parler. Ici, on ne se fatigue pas comme nos proches ;) qui espèrent que ça passe au plus vite. En fait, c'est beaucoup plus long qu'on ne le croit et c'est non seulement normal, mais sain :)

À plus,

Caroline xx
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 31 mai 2012 à 00:15:09
Tu es bien gentille, Hirondelle, de me répondre ainsi, alors que ta douleur est encore si vive... tu peux parler de ton homme si tu veux, raconter des bribes de votre vie?

Caro xx

Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: HIRONDELLE le 31 mai 2012 à 08:41:24
bonjour ou bonsoir Caroline,(avec le décalage horaire, je ne sais plus)

L'intitulé de ce fil, c'est SE SOUVENIR SANS SOUFFRIR alors je vais vous raconter un peu mon homme

c'est déjà un long parcours ensemble 43 ans de vie commune :  2 filles et 2 petits-fils.
il était idéaliste et ce qui le caractérise c'est "la recherche chez les autres du meilleur, jamais négatif, il aimait les jeux de mots et tournait souvent les choses en dérision et même pendant son calvaire qui a duré 7 mois
nos parcours professionnels ont été à rebondissement mais le principal a été de créer un élevage de chèvres et faire le fromage, travail très dur jalonné d'embûches mais passionnant. c'était le rêve e sa vie. Sa foi dans la nature était inébranlable  ;la nature reprendrait ses droits (pollution, destruction par la main de l'homme etc)
Le sourire, la main tendue toujours et affectueux et très protecteur avec sa famille. Il s'est occupé de ses parents jusqu'à leur décés, il y a peu de temps
je ne veux pas l'idéaliser mais c'était lui; heureusement il avait quelques défauts sans eux il ne serait pas humain

il disait que la réussite de sa vie c'était sa famille ayant loupé sa vie matérielle
il aimait jouer de la guitaire et il avait un vrai oeil de dessinateur , il aimait la pêche en mer et les marches en montagne

Je mesure que c'était un,homme rare et que je ne  me consolerais jamais de l'avoir perdu mais je mesure la CHANCE que j'ai eu de l'avoir connu à 16 ans

Voilà Caroline un peu de lui un peu de nous ......................

Je suis tombée sur ce forum " par hasard" et je n'ai pas à le regretter bien au contraire

je fais la bise aux filles !

bonn journée à tous

Hirondelle
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Chris-ka le 31 mai 2012 à 12:28:41
Merci Hirondelle d'avoir partagé avec nous les souvenirs "heureux" qu'il te reste aujourd'hui de ton Amour.

A nos yeux, ils restent uniques ...

Amicalement,
Karine
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: sofyoan le 31 mai 2012 à 15:03:41
Violent retour en arriere aujourd'hui. Je commence a ranger le bureau en perspective du demenagement, et là au fond d'un tiroir, les cartes, les petits mots ecrits par Yoann pour noel, pour les anniversaires. des "je t'aime" ecrits de sa main...le bonheur en ce temps là, une autre vie!!! oulala , ça faisait des semaines que je n'avais pas été aussi mal. Ce matin à la crèche, une maman m'avait trouvée "lumineuse", je me demande ce qu'elle dirait maintenant
pourquoi tant d'epreuves dans une seule vie

sofi
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Claudahoa le 31 mai 2012 à 19:07:16
Bonjour Sofi,

Oui pourquoi tant de souffrance dans une vie mais tu as connu tant de bonheur avec ton mari merveilleux qu'il ne peut pas ne pas t'accompagner dans ton cheminement.Tu es pleine d'humanité et il ne peut te lâcher dans ton si beau projet.

Tendrement
Claudia
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: sofyoan le 31 mai 2012 à 19:16:06
merci Claudia d'essayer de me remonter le moral. Toi si presente, avec toujours un mot pour reconforter les autres. saches aussi que ta Loulou doit etre fiere de toi¨!
je t'embrasse tendrement

sofi
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Claudahoa le 31 mai 2012 à 19:18:50
Bonjour Hirondelle,

Merci pour ce partage de souvenirs de ton mari,c'est si beau une si belle histoire d'amour,cela a du te nourrir et te laisser malgré une indicible douleur,un vide énorme, la force de continuer pour vos filles et petit-fils.Je n'ai connu que des hommes trop tourmentés pour radier de leur comportement la violence qu'ils m'ont fait subir...

Tendrement
Claudia
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: HIRONDELLE le 31 mai 2012 à 20:01:06
Bonsoir Claudia,

je te remercie d'avoir lu notre histoire, c'est vrai et je le redis, j'ai eu une CHANCE énorme.
la vie me le prend prématurément et le vide est immense mais ma richesse c'est l'intensité de nos sentiments partagés.
Lorsque je l'ai connu, j'étais une jeune fille sans éducation  . Il m'a appris le goût des belles choses, l'amour de sa famille, la fierté de ses racines. et mille choses que je ne voyais pas de par mon éducation

Tu as eu un parcours différent moins de chance mais tu as malgré tout et je ne pense pas me tromper un coeur immense et c'est l'essentiel. J'ai perçu dans tes messages une écoute sincère et une grande humanité.

Continue,C
Bonjour Hirondelle,

Merci pour ce partage de souvenirs de ton mari,c'est si beau une si belle histoire d'amour,cela a du te nourrir et te laisser malgré une indicible douleur,un vide énorme, la force de continuer pour vos filles et petit-fils.Je n'ai connu que des hommes trop tourmentés pour radier de leur comportement la violence qu'ils m'ont fait subir...

Tendrement
Claudia
laudia
tendresse
Hirondelle
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 31 mai 2012 à 20:45:45
Ça c'est vrai Claudia, tu en as vu des mûres et des moins mûres, mais gosh, tu as une présence qui aide.

Moi aussi... merci! Et surtout, tout le courage nécessaire à ta dure épreuve,

Caroline xx
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: lilas52 le 01 juin 2012 à 06:30:30
Bonjour à vous tous,
Chacun son histoire et cette même douleur de la perte de son compagnon, cette immense solitude et chagrin.
Mon histoire avec mon mari est toute simple, 34ans de vie commune avec quelque fois des disputes beaucoup de tendresses et surtout la même vision du monde. Mon mari était mon garde fou, celui qui savait me dire stop quand mon caractère trop vive me faisait me mettre en colère. L'ami sur qui je pouvais toujours compter. Dans notre famille c'était celui que l'on écoutait car il parlait peu mais juste. Je me sens vulnérable depuis qu'il est parti, j'ai peur de cette vie seule. J'ai commencé à écouter les vidéo, cela a mis des mots sur ma souffrance. Je suis entourée par mes enfants, ma famille mes amis. Je ne pense pas que mes enfants comprennent le vide que je ressens, ma tristesse oui. Ce qui me fait mal c'est de voir dans la rue des couples de notre age, ensemble ou un papie avec son petit. Je me mets à pleurer encore et encore. A la maison j'ai encore les habitudes quand nous étions deux. Nous nous aimions beaucoup et étions souvent ensemble. Notre centre d'intérêt était identique.
Depuis son décès, je dois m'occuper des papiers administratifs, je n'ai pas le temps de me poser. En même temps je me rends compte de tous ce que cela va entrainer financièrement. Suis je insensible de me poser toutes ces questions, alors que le décès de mon mari est tout récent? J'ai l'impression de vivre un cauchemar, je l'ai vu souffrir de se sentir si diminué et vouloir en finir. Mais pourquoi la maladie nous a frappé à nouveau, nous avions déjà perdu sa soeure, deux ans auparavant.
Merci de vos réponses.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: HIRONDELLE le 01 juin 2012 à 08:04:01
Bonjour Lilas 52

Non, Lilas, tu n'es pas insensible bien au contraire. Je  suis dans une situation similaire à la tienne (mon mari malade 7 mois sur un lit à la maison) donc je comprends tes doutes et tes interrogations .

J'ai dû contacter la banque, le notaire, faire la demande de pension de reversion, réclamer le capital décès et j'avais "honte" de me préoccuper de mon bien être matériel mais c'est aussi notre instinct de survie

Malgré notre chagrin, la douleur immense nous devons faire face aux nombreuses tâches matérielles, régler les factures et continuer à vivre. J'avais le sentiment que ma vie ne pouvait pas continuer pour moi sans lui. Malgré tout cela , il faut faire face. Oui, il faut du courage et nous en avons toutes et tous et tu en as Lilas.


Je ne peux que te souhaiter encore beaucoup de courage et de passer cette épreuve .

Amicalement
Hirondelle

C'était aussi mon garde fou comme tu le dis si bien, entière et n'aimant pas les "demi-mesures" , il m'a souvent empêché d'aller trop loin
dans mes actes et en paroles.
.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Marina Saboya le 01 juin 2012 à 08:19:54
Bonjour Lilas,

Levée de bonne heure, toi aussi ?

Ton histoire est toute simple, c’est vrai, c’est aussi la mienne et celle de beaucoup d’autres. La majorité des couples n’ont pas besoin d’avoir des vies extraordinaires pour être heureux. Parfois, nous avons conscience de notre chance et en profitons, parfois, c’est après, quand le tsunami est passé que nous mesurons notre perte.
Peu importe, douleur, chagrin, vide immense, tristesse, larmes, angoisses… A croire qu’il existe une multitude de mots pour un dire notre malheur d’avoir perdu notre Amour.
La forme change, le fond est le même.

Les vidéos, les livres, les témoignages sont d’un grand secours. Ils nous permettent de nous rassurer : nous suivons le chemin, un chemin sans fin, extrêmement périlleux  et atrocement difficile, un chemin que l’on redoute de prendre car il engage vers une vie qui ne nous plait pas du tout.
Au fil des pas, un à un, trois en avant, deux en arrière, stop, arrêt, épuisé(e) déjà, une main qui se tend, un(e) écorché(e) de la vie qui s’assoie un instant à coté de nous, un autre encore plus détruit, et on repart.
Parfois, on se retourne et on s’aperçoit que bon an mal an, on a avancé. Parce que quoi qu’il arrive, il faut avancer.

Et peu à peu, tu vas découvrir que tu as au fond de toi des ressources inconnues. Il était ton garde-fou ? Il le sera encore et toujours, car chaque fois que ton caractère t’emportera au-delà des certaines limites, même absent, il t’arrêtera, te calmera, t’apaisera. Il était ton soutien, il t’épaulera encore et tu apprendras à voir avec ses yeux et à penser comme lui, tout en trouvant ta force en toi. C’est terrible à quel point la disparition de notre Amour nous transforme, terrible, douloureux , mais on y arrive.

J’ai eu ce sentiment d’incompréhension du tout ce que provoque la perte de son conjoint et j’ai écrit un texte, que je voulais donner à ceux qui m’entourent. Je ne l’ai pas fait. Nous ne sommes plus dans le même monde. Eux disent : c’est terrible, mais elle va s’en sortir, elle est forte, ou elle a heureusement les moyens (çà, c’est horripilant), ou encore elle est jeune, elle refera sa vie… et tout un tas d’autres âneries qui partent probablement d’un bon sentiment, celui en tout cas de se rassurer de ne rien faire pour nous aider. Souvent, ils ne pensent qu’au chagrin, ce qui bien sûr est le plus important, mais il y a tant d’autres choses ! Et tout cela, brusquement sur des épaules déjà affaiblies, c’est bien trop lourd.

Tout cela est « normal », et même je dirais que se perdre dans les problèmes administratifs, financiers, problèmes d’organisation, de réorganisation est une petite soupape au chagrin. Quelques instants on pense à autre chose.

Voilà, Lilas.
Tant de questions, tant d’interrogations, tant d’inquiétudes. Nous pourrons peut-être t’aider à trouver quelques réponses et te soutenir dans ton apprentissage comme nous même avons été soutenus.

Marina
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Chris-ka le 01 juin 2012 à 09:04:22
Lilas,

Merci de nous avoir fait partager ton histoire, une histoire d'Amour tout simplement comme nous l'avons tous et toutes vécu ici ...

Malheureusement, en plus de l'immense douleur que nous ressentons après une telle perte, s'ajoutent les problèmes administratifs et financiers et nous sommes bien contraints d'y penser ... comme il est évident aussi que de se retrouver avec un seul salaire sera problématique au quotidien.

Tout comme toi, j'ai beaucoup culpabilisé d'avoir de telles pensées, une impression de cupidité. Comme quand on m'a remis le chèque "capital décès" entre les mains, ce chèque qui me paraissait représenter l'argent du malheur. J'ai d'ailleurs mis plusieurs semaines avant de pouvoir le placer sur un compte.

Prends soin de toi.

Amicalement,
Karine
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: lilas52 le 01 juin 2012 à 09:29:23
Bonjour
C'est exactement ce que je ressens quand je fais toutes ses démarches, l'argent comme si c'était cela le + important,l'administration ne nous laisse aucun délai. 7 jours pour les démarches!!! moi aussi cela m'agace de les entendre redire la même chose. C'est pour cela que je n'ai qu'une envie m'isoler chez moi, crier ma douleur. J'ai une "amie" qui m'a dit : les veuves refont vite leur vie!!!
peut être et c'est à souhaiter pour ceux qui le veulent, mais dire une telle chose à une personne qui vient de perdre son mari c'est dur.
Aujourd'hui je suis  chez ma mère qui a besoin de moi, demain chez mon fils, je ne veux pas me couper du monde et encore moins de ma famille, mais j'ai hâte de me retrouver dans ma maison. Quand j'arrive avec ma petite valise, j'ai l'impression de ne plus exister  d'être une expatriée.
A bientôt de vous lire.
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: QUENOUILLE87 le 01 juin 2012 à 10:44:52
J'ai ressenti la même chose quand le capital décès nous a été versé. J'ai plus d'argent de côté aujourd'hui que nous n'en avions ensemble. D'un autre côté, il faut penser à nos enfants. Notre fille commence tout juste ses études qui doivent durer six ans, loin de chez nous, je n'ai plus que mon salaire pour tout financer, les charges sont les mêmes avec des revenus divisés par deux. Alors, tout est bon à prendre. Par contre, ces démarches sont fastidieuses, et si rapides à effectuer après le décès et si culpabilisantes. C'est aussi tellement difficile maintenant de recevoir les chéquiers uniquement au nom de Madame, tous les courriers également à un seul nom.

Je crois que les gens pensent bien faire en nous disant que nous allons refaire notre vie. Mon père, veuf également et remarié, m'a dit que je serais rapidement sollicitée. Il ne comprend pas que je n'en ai pas envie, je suis encore toute entière dans ma vie d'avant, dans mon amour, dans mon bonheur perdu. Ma soeur étant en plein divorce, il m'a même sorti que c'était plus difficile pour elle que mon deuil, car au moins moi, mon mari était parti définitivement, alors que le sien était toujours vivant, mais absent quand même de la maison. Il faut être solide pour entendre ça !!!

Je vous lis tous les jours. Je ne participe pas beaucoup car je ne suis pas encore capable d'aider les autres par des paroles réconfortantes. Les anti dépresseurs font leur effet, mais est-ce vraiment bon ? Ne vont-ils pas couper le chagrin et les pleurs, qui reviendront en force dès l'arrêt des médicaments ? Je ne sais que penser. Pour le moment, ils m'aident à tenir et à avoir moins d'idées noires. J'arrive aussi un peu à plus me concentrer au bureau, et à reprendre un peu soin de la maison et du jardin.

Nathalie
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Benedicte le 01 juin 2012 à 10:55:06
Bonjour à tous,

C'est vrai, nos vies étaient simples, mais le bonheur, n'est il pas fait de choses simples.

Malheureusement bien que souvent nous nous le disions "qu'est ce que nous somme biens" heureux du moment présent, toutes ses petites choses de la vie à deux nous manquent plus encore. Malgrè notre entourage.

Pour ce qui est des finances, ce ressenti de culpabilité, est dur à vivre, comme vous l'avez si bien dit, cette étrange impression de profiter de leure mort. Mais malheureusement la vie est ainsi faite et personne ne nous fera de cadeaux.
Petit exemple : le vendeur funéraire m'avait stipulé pour le prix de la pierre tombale, il me donnerai un vase. Le vase en question est offert par ses frères et soeurs, donc pas besoin. La facture ne faisait aucunement apparaitre un avoir de ce vase. Je me suis permi le culot d'aller le réclamer.......Ouaf, quelle surprise de leur part, quelle cupidité de ma part (situation de deuil). Mais eux quel fourbe......profiter du désaroi de deuil.

Tous ne sont pas comme cela, mais depuis bientôt un an. Certaines personnes ont tendance a vouloir profiter de la situation. Il faut donc faire le ménage autour de soi. Pour ma part n'ayant pas un bon caractère, certaine situations ont été quelque fois houleuse, Mais bon, de là haut, il doit bien rire.


Tiens je leui envoie un GROS BISOUS :-* :-* :-*
A + Béné
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 01 juin 2012 à 12:51:09
Incroyable, Bénédicte. Moi je peux aussi avoir mauvais caractère, mais je me suis fait avoir en masse. Et souvent, je crois que je ne m'en suis même pas aperçue...

Heureusement que tu tiens tête à la vie! Ton approche est rafraîchissante :)

Bonne journée!

Caroline
Titre: Re : Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: cello59 le 01 juin 2012 à 14:18:35

Je vous lis tous les jours. Je ne participe pas beaucoup car je ne suis pas encore capable d'aider les autres par des paroles réconfortantes.
.........
 Pour le moment, ils m'aident à tenir et à avoir moins d'idées noires. J'arrive aussi un peu à plus me concentrer au bureau, et à reprendre un peu soin de la maison et du jardin.

Nathalie


Nathalie,

Même si "tu ne participes pas beaucoup" à ce forum, l'important, pour toi mais aussi pour nous, est que tu restes avec nous.
Mais déjà, avec ton message de ce jour, tu apportes un message de réconfort à beaucoup, car tu nous dis que tu progresses, que tu parviens à contenir et parfois à maîtriser la douleur profonde qui est en toi.
Un moment viendra où, comme d'autres, tu sauras venir plus souvent "tenir la main" à celles et ceux qui traversent une période de grand désespoir.
Quand tu le souhaiteras, viens également nous dire comment, avec tes "grandes filles", vous parvenez à vous soutenir les unes les autres.

Bon courage, Nathalie.
Très cordialement.   Daniel
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Chris-ka le 01 juin 2012 à 14:43:44
Nathalie,

Comme me l'a dit un jour Marina, aller vers les autres, c'est déjà (même si on ne s'en aperçoit pas) avancer sur le chemin ...

Il est encore trop tôt pour toi ...

Bises

Karine
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: QUENOUILLE87 le 01 juin 2012 à 14:45:56
Mes filles sont devenues beaucoup plus proches de moi qu'avant. La "petite" qui est à plus de 600 kms m'appelle très souvent, alors qu'avant ça l'embêtait que je l'ai au téléphone tous les jours, nous communiquions plutôt par mail. Elle vivait sa nouvelle vie de jeune étudiante loin de nous comme "une libération", alors que nous n'avons jamais été des parents très sévères. Maintenant, elles se font beaucoup de souci pour moi, ne veulent pas me savoir seule le soir. Elles savent que nous nous aimions tellement avec leur papa que c'est invivable pour moi. Mon aînée, qui est encore célibataire à 27 ans malgré des copains qui passent et repartent, m'a dit un jour que si elle était seule, c'est parce qu'elle savait très bien que jamais elle ne trouverait un homme avec qui elle puisse vivre le bonheur que nous vivions avec son papa. Je lui ai bien sûr dit le contraire....Mais ça les faisait tellement rire de nous voir après 32 ans de vie commune, nous enlacer, nous cacher d'elles pour nous embrasser, nous promener toujours main dans la main, attendre le coup de fil du matin pour voir si tout allait bien. Elles me disaient qu'à 49 ans, j'allais encore leur faire un petit frère...

Alors c'est vrai que je m'accroche pour elles, pour ne pas qu'elles ne me voient tristes. En plus, j'ai la chance inouie d'être entourée d'amis très chers,  très proches, beaucoup plus que ma propre famille. Ce week-end, ils seront 4 couples et leurs enfants à la maison pour finir de gros travaux que Fabrice n'a pu achever. Ils me forcent à sortir, m'invitent à manger, faire du vélo, aller nager, aller au ciné, viennent tondre la pelouse, m'aider au jardin. Ils ne me lâchent pas, me tiennent la tête hors de l'eau. Et c'est vrai que j'arrive maintenant à passer une soirée seule à la maison avec moins de difficultés, jardinant jusqu'à la nuit, ou bien avec un livre, réfugiée dans notre chambre. Deux mois, c'est court et si long à la fois, je ne sais pas encore si je réalise vraiment.

Nathalie
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Caroline3 le 01 juin 2012 à 19:50:30
Ah... Nathalie, j'adore tes amis!! Ils sont fantastiques de soutien pour toi, quelle belle équipe vous faites!

Deux mois, c'est vrai que ça semble long... toutes ces heures, ces jours sans ton amoureux, sans ce quotidien si joyeux. Et c'est aussi horriblement court: la souffrance est encore présente, mais tu avances magnifiquement.

C'est bon de te lire.

Passe une bonne soirée :)

Caro xx
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: marie-o le 01 juin 2012 à 22:06:44
Merci eiram de nous donner de l'espoir qu'un jour le souvenir de la personne aimée nous sera douce.
A l'heure actuelle, je reste fixée sur le jour du décés de Michel , je n'arrive pas à me souvenir de sa voix de son visage avant. Je n'arrive pas à regarder des photos de lui , je vais essayer ce week end de commencer et de repartir du jour de notre rencontre, je vais éssayer d'écrire tous les bons moments et les moins bons...
Quand par hasard, je veux l'évoquer, c'est souvent que la conversation se détourne, j'aimerai qu'on m'aide à le faire,
Amicalement
Marie-O
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Chris-ka le 01 juin 2012 à 22:20:09
Bonsoir Marie-O,

Si tu le souhaites, tu peux aussi nous raconter ton histoire avec Michel sur le fil qu'avait ouvert Marina "racontons notre histoire..."

Je l'avais fait en rapportant le texte que j'avais lu lors de la cérémonie et cela m'avait fait le plus grand bien.

Amicalement,
Karine
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Marina Saboya le 02 juin 2012 à 18:50:40
Bonsoir Marie-O,

Rester avec l'image des moments douloureux, les derniers, la maladie... est une chose terrible et nous avons tous ces moments marqués au fer rouge dans notre mémoire. Mais peu à peu, même si ce souvenir est là, ce sont les autres images qui viennent en premier à l'esprit, celles des moments heureux, des rires et des joies. C'est cela qui doit s'imposer à nous.

Tu as raison de vouloir raconter votre histoire. Pour toi, pour lui, et si tu le veux, pour nous. Moments intimes qu'il est parfois plus facile à partager avec des "inconnus" qu'avec sa propre famille.
Moi, j'ai osé et ose encore copier sur le forum des extraits de mon "journal", contact avec mon Pierre depuis son départ. Cela me permet de constater que, inconsciemment, inexorablement et heureusement, la survie se fait, la vie reprend et le noir qui nous entoure reprend des couleurs. Même si il est toujours, toujours et à jamais là, avec moi.

Oui, si tu le veux, partage avec nous. La douleur est un caillou acéré et coupant, qui nous blesse et nous blesse encore et encore, mais au fur et à mesure, notre peau devient dure et résistante tandis que le caillou se polie et devient de plus en plus doux. Et nous nous apercevons que nous avons le dessus sur elle.
Il faut du temps et du courage et de la volonté et des mains qui se tendent.

Prends celle que nous te tendons, Marie-O. et avance avec nous.

 :-*

Marina
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: m.s.m@free.fr le 02 juin 2012 à 19:08:45
Oui, Marie-O, c'est le message que j'ai voulu faire passer qu'un jour, plus proche que cela vous semble à présent, tant votre douleur est vive, un jour vous penserez à ceux qui sont partis en ne gardant que le souvenir du bonheur et de l'amour qui vous unissaient. Le chagrin aura disparu et si parfois les larmes viendront, elles ne seront que la manifestation d'une émotion trop forte, à l'évocation d'un souvenir que vous serez seuls à connaître. Ils seront toujours là, à vos côtés, et plus rien ne pourra alors vous séparer.
N'ayez plus peur, ce jour viendra et tout ce que vous endurez en ce moment contribue à le rendre plus proche. Votre vie reprendra un autre cours, vous serez semblable en apparence à la personne que vous étiez avant, mais au fond de vous, vous vous sentirez différents, plus forts,
plus authentiques, et surtout vous aurez appris que la vie a un sens et que c'est vous qui le lui donnez, parce que vous avez aimé et que vous avez été aimés. Même si l'autre n'est plus là, personne ne pourra vous enlever cela.
Mais, en attendant ce jour que je souhaite  pour chacun de vous, je vous transmets tout l'espoir que je peux pour vous aider à traverser cette épreuve.  
Après la pluie, le beau temps et le mélange des deux fait de magnifiques arcs-en-ciel....
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: chrisam le 21 novembre 2012 à 02:43:40
Merveilleux messages d'espoir .........

Nous en avons tous tant besoin ......
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: bruno le 21 novembre 2012 à 10:18:01
                                Quand tu sera console,
                                tu seras content de m'avoir connue
                                tu auras envie de rire avec moi
                                et,tu ouvriras parfois la fenetre,
                                comme ca,et tes amis seront bien etonnes
                                de te voir rire,en regardant le ciel....   
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: chrisam le 21 novembre 2012 à 12:59:08
Quand je suis allé dormir, ± minuit, j'avais lu quelques messages de ce fil, où les personnes racontaient qu'elles étaient parvenues à franchir un cap : ils pensent au défunt mais avec peu de tristesse, qu'ils y étaient parvenus avec le temps, ... toujours le temps ....
Pour rappel, mon épouse est décédée il y a 5 semaines

J'y repensais étant couché, et après 1 heure, j'ai une crise d'angoisse : " ne plus penser à mon épouse avec tristesse "
crise de larmes, j'ai dû me lever, impossible de rester couché
Actuellement, penser que plus tard, il serait possible d'avoir moins de tristesse, de chagrin, en pensant à AM ... j'ai encore maintenant une crise de larmes, rien qu'en écrivant ce fil

Veuillez m'excuser si c'est désordonné, j'avais envie de vous le confier
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: Marina Saboya le 21 novembre 2012 à 13:47:22
Oui, Chrisam, je te le confirme et te le promets sans crainte, un jour tu penseras à AM, avec Amour et douceur et sans angoisse ni crise de larmes.
Tu garderas le meilleur de ce que vous avez vécu, construit ensemble, le plus beau et tu transmettras son héritage avec fierté.

Malheureusement, nous ne pouvons pas faire comme les marmottes, nous endormir pour passer les moments difficiles et nous réveiller avec la lumière du soleil.
Ce chemin de deuil est un passage obligatoire, pour user la douleur, la polir, apprivoiser l'absence et découvrir que l'on peut.
Oui, on peut, sans que cela soit une trahison, sans oublier la moindre chose du "nous".

Et pour aller mieux... il faut aller mal. Terrible constat.
Pleurer et souffrir, et re pleurer et souffrir, ne pas enfermer son chagrin, ses questions, ses peurs, ses doutes, accepter l'aide des autres et un jour avoir envie d'aider à son tour, ouvrir de nouveau les yeux sur le monde qui a continué de tourner. Et comprendre que chaque rechute et suivi d'un temps de paix.

Et un jour tu penseras à AM, avec Amour et douceur et sans angoisse.
Comme moi, je pense à Pierre aujourd'hui.

Marina
Titre: Re : se souvenir sans souffrir
Posté par: chrisam le 21 novembre 2012 à 14:04:13
Marina,
Merci pour tes encouragements et Dieu s'il en faut

En lisant ta réponse, crises de larmes, d'angoisse, ...

J'espère que tu dis vrai, sinon je ne tiendrais pas

Je ne pense pas aux bons moments,je pense à elle     ELLE N'EST PLUS LA