Bonjour Lilas,
Levée de bonne heure, toi aussi ?
Ton histoire est toute simple, c’est vrai, c’est aussi la mienne et celle de beaucoup d’autres. La majorité des couples n’ont pas besoin d’avoir des vies extraordinaires pour être heureux. Parfois, nous avons conscience de notre chance et en profitons, parfois, c’est après, quand le tsunami est passé que nous mesurons notre perte.
Peu importe, douleur, chagrin, vide immense, tristesse, larmes, angoisses… A croire qu’il existe une multitude de mots pour un dire notre malheur d’avoir perdu notre Amour.
La forme change, le fond est le même.
Les vidéos, les livres, les témoignages sont d’un grand secours. Ils nous permettent de nous rassurer : nous suivons le chemin, un chemin sans fin, extrêmement périlleux et atrocement difficile, un chemin que l’on redoute de prendre car il engage vers une vie qui ne nous plait pas du tout.
Au fil des pas, un à un, trois en avant, deux en arrière, stop, arrêt, épuisé(e) déjà, une main qui se tend, un(e) écorché(e) de la vie qui s’assoie un instant à coté de nous, un autre encore plus détruit, et on repart.
Parfois, on se retourne et on s’aperçoit que bon an mal an, on a avancé. Parce que quoi qu’il arrive, il faut avancer.
Et peu à peu, tu vas découvrir que tu as au fond de toi des ressources inconnues. Il était ton garde-fou ? Il le sera encore et toujours, car chaque fois que ton caractère t’emportera au-delà des certaines limites, même absent, il t’arrêtera, te calmera, t’apaisera. Il était ton soutien, il t’épaulera encore et tu apprendras à voir avec ses yeux et à penser comme lui, tout en trouvant ta force en toi. C’est terrible à quel point la disparition de notre Amour nous transforme, terrible, douloureux , mais on y arrive.
J’ai eu ce sentiment d’incompréhension du tout ce que provoque la perte de son conjoint et j’ai écrit un texte, que je voulais donner à ceux qui m’entourent. Je ne l’ai pas fait. Nous ne sommes plus dans le même monde. Eux disent : c’est terrible, mais elle va s’en sortir, elle est forte, ou elle a heureusement les moyens (çà, c’est horripilant), ou encore elle est jeune, elle refera sa vie… et tout un tas d’autres âneries qui partent probablement d’un bon sentiment, celui en tout cas de se rassurer de ne rien faire pour nous aider. Souvent, ils ne pensent qu’au chagrin, ce qui bien sûr est le plus important, mais il y a tant d’autres choses ! Et tout cela, brusquement sur des épaules déjà affaiblies, c’est bien trop lourd.
Tout cela est « normal », et même je dirais que se perdre dans les problèmes administratifs, financiers, problèmes d’organisation, de réorganisation est une petite soupape au chagrin. Quelques instants on pense à autre chose.
Voilà, Lilas.
Tant de questions, tant d’interrogations, tant d’inquiétudes. Nous pourrons peut-être t’aider à trouver quelques réponses et te soutenir dans ton apprentissage comme nous même avons été soutenus.
Marina