Neuf semaines hier, et la douleur est si présente. Moins de bouffées d’angoisse, moins la boule dans la gorge, mais un manque si intense, comme si une partie de moi-même m’avait été enlevée.
Mon patron a osé me demander hier si j’avais « eu le déclic », si ça allait mieux. Les gens ne réalisent vraiment pas ce que peut être notre vie. Deux mois de passés, et il faudrait passer à autre chose pour ne pas les gêner ni les mettre mal à l’aise.
Mais pour moi ces neuf semaines sans lui ont été neuf semaines invivables, sans beaucoup de sommeil, à me nourrir plutôt que manger, à feuilleter les albums photos, à me passer les vidéos pour retrouver sa voix.
J’ai l’impression d’être brisée. Je ne sais pas si je retrouverais un jour ma joie de vivre, l’envie de plaisanter, d’avoir un fou rire comme nous en avions souvent. Je me rappelle le soir, quand nous étions au salon, et que je lui sortais une bêtise, il me lançait un coussin à la tête en riant…
Je ne peux pas l’évoquer sans avoir les larmes qui montent, j’ai tellement envie de recommencer nos conversations. Elles sont maintenant à sens unique.
Comme tu le dis Hirondelle, les roses ont fleuri, les cerises ont mûri, les oiseaux continuent de chanter, les gens continuent de vivre comme avant, tout ça sans lui et il nous faire avec. Seulement, il faut avoir la volonté de le faire, et pour l’instant je n’en ai pas du tout envie, je me force pour chaque chose, pour avoir l’air « d’aller bien » devant les autres, et surtout devant mes enfants. Si elles voient que je vais bien, elles iront mieux elles aussi.
Nathalie