Sur cet espace de discussion, j'ai souvent lu: "Il ne faut pas suivre les
étapes, la théorie à la lettre".
Et bien, je ne l'ai pas du tout suivie durant 2 ans, sachant pourtant qu'elle existait, me disant que je ferais le tout à mon rythme, à ma façon, puisque chacun est unique.
Pas d'aide psy, pas de médoc: je-ne-suis-pas-malade. Bon. J'ai quand même ma fierté.
Mais sans certaines balises sûres, comment avancer sans tomber? Sans soutien, sans aide, sans "réseau" et un réseau, c'est au moins 3 personnes... comment rester saine, malgré la mort, malgré la carbonisation de son corps et ses cendres, toujours dans ma maison?
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Voilà qu'après deux ans, sans plus de soutien que quelques bribes de connaissances au sujet des effets de la mort d'un proche, avec le sentiment que j'avais été abandonnée de mes proches, dès le décès de Lowell avec me fille de 7 ans, je me retrouvais encore plus seule, à pleurer sans cesse, à en vouloir à tout et chacun, à ma famille "qui ont voulu me laisser tranquille" et surtout au boulot, sans aucune "bonne raison".
Puis voir arriver le mur de béton, qui avançait petit à petit, mais sûrement, pour fracasser le peu d'estime qu'il me restait.
Et en public, garder le sourire.
"Tout va bien". Bien sûr! Pourquoi embêter les autres, après 2 ans? Je ne savais même pas qu'il fallait parler de Lowell. Pourquoi parler de ce qui n'existe pas? Plus personne ne me parlait de lui, alors, c'est comme s'il n'avait jamais "été".
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"Le temps fait bien les choses". C'est ça, et un coup de p. au c. avec ça?
Bref, je suis arrivée et chez le psy et puis ici.
Le psy me disant, deux ans après le décès de Lowell (et un an de thérapie): "Écoute, t'arrêtes ou tu tombes pour de vrai et avec des séquelles". Et ici, Daniel, Yohann, Chriska et Marina et bien d'autres m'ont soutenue avec tant d'amour!!! Je sais... impossible cet amour (!!!), puisqu'on ne se connaît pas. Mais j'ai vraiment senti la compassion, la gentillesse, le soutien dont j'avais besoin "à mort".
Et j'ai pleuré et j'ai pleuré et encore pleuré, tout un été. Je me suis enfin laissée aller: devant plein de feux de bois, dans des campings, en voiture, durant un périple aux States de 7 500 km, seule, dans des motels moches, devant des Burger King et autres horreurs de ce grand pays.
J'ai engueulé Lowell, je l'ai réprimandé, je lui ai parlé doucement, je lui ai demandé des tonnes d'argent, j'ai même prié le ciel qu'il revienne.
Et ça m'a fait un bien fou: 4 mois à accepter que j'avais le droit de m'effondrer et que NON, ça ne durerait pas toute la vie, seulement le temps d'avoir de nouveau l'énergie, le désir de me reconstruire.
Fauré avait dit: "Ça ne dure pas, c'est bon, laisse-toi aller. Et c'est normal. Tu te relèveras. C'est long, mais c'est ainsi".
C'est lui qui m'a soutenu. Et la meudame qui parle dans les 50 vidéos. Elle, je l'aime bien. Belle tête.
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C'est là où j'en suis, avec des hauts et des bas. Des bas
because (encore) mon patron. Sinon, j'aurais été prête à revenir travailler en octobre. C'est grave comme ça m'assomme cette histoire-là! Je me sens coupable en plus... Comment arriver à travailler avec un principal collègue qui est aussi le patron et qui a été d'une vulgarité et d'une méchanceté, tout cela par écrit?
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Sinon, je regarde mes citrouilles et tomates et fèves pousser. À cette période de l'année, la lumière est particulière: puissante au matin, elle s'étiole durant la journée et redevient de nouveau aveuglante vers seize heures. Dans deux mois, il fera noir à cette heure-là.
Le gel du petit matin est arrivé ce matin... l'automne se sent de partout et surtout, l'hiver avance à grands pas -- j'ai peur des travaux dus à la neige.
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Ma grande de 9 ans va mieux: elle rayonne comme jamais. Elle est tellement heureuse! Elle chante dans un chorale (ce soir!), joue du violon avec un super méthode Suzuki et avec moi, qui la suit au piano. Elle apprend les rudiments du théâtre, passe des auditions... tout ce qu'elle aime. Le soir, au souper, on écoute des vidéos et on lit ensemble.
J'ai le temps de bien m'en occuper et ça lui fait un bien fou. Et moi, je la regarde pousser, comme mes citrouilles hé! Belle, ronde à croquer.
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À la maison, j'ai stoppé la connexion Internet et on n'a plus la télévision (je suis à la bibliothèque municipale). Me faut économiser. Surout, j'arrive enfin à réaliser quelques travaux obligatoires avant l'arrivée de l'hiver --- corder le bois pour le foyer à combustion lente qui nous chauffera cet hiver, peinturer plusieurs murs de la maison, m'occuper du jardin, installer des gouttières...
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Par contre, je ne sais pas où j'en suis rendue. Où est-ce que je m'en vais comme ça? L'Afrique me tire de partout, je la sens, je l'espère, elle me manque.
Je suis fatiguée de cette recherche. Je lis et relis des livres sur le "Lâcher prise", sur les thérapies, sur la découverte de soi... et je ne pense qu'au boulot, qui était fait POUR moi...
Enfin, lâcher prise sur mes désirs, mes obsessions et vivre, simplement, avec ce que j'ai en ce moment.
J'y arrive quelques minutes par jours, c'est déjà mieux qu'avant
À +
Caro xx