Bonjour,
j'ai moi meme perdu ma femme il y a 7 mois,le 14 Septembre 2010,et d'un cancer du poumon metastase au cerveau.Ce que je vais vous dire n'a aucune valeur de jugement ou d'opinion,mais pour avoir eu le meme parcours que votre beau frere,je pense que le plus important etait dans les moments ou votre soeur,sa femme etait encore en vie et dans le combat contre sa maladie...Vous le dites vous meme,il a gere admirablement tout ca.
Par experience identique,je vous assure qu'on souffre beaucoup de toute cette impuissance,et de l'echeance fatale puisque annoncee.Puis lorsque celle ci arrive,on realise alors qu'en fait,le deuil est deja commence depuis bien longtemps,car lui etait le mari,et qu'une vie de couple explose pas mal avec l'annonce et les debuts de ces traitements lourds qui vont avec.Ce que je veux dire par le deuil etait commence,c'est en fait que cette maladie dite evolutive entraine une serie de petit deuils successifs,deuil de certaines choses que l'on pouvait faire avant,et qui ne sont plus possibles,deuil de l'avenir,de l'idee qu'on s'etait fait de la retraite a deux,deuil secret pour l'accompagnant de dire :"l'annee prochaine"...etc..etc...En tout cas,c'est le constat que j'ai pu faire apres cette periode anesthesiante de juste apres sa mort.
Et puis,je crois aussi que vous avez perdu la meme personne,mais pas la meme "chose"dans vos vies respectives.Pour lui (comme pour moi)c'est une remise en question totale de notre vie,un chamboulement enorme,un poids de tristesse et de defaite impressionnant.
Le mieux pour honorer la memoire et le courage de ces femmes qui se sont battuent pour survivre,qui ont souffert dans leurs corps,leurs ames,leur feminite,n'est il pas de reprendre la vie,cette vie precieuse qu'elles ont perdu,et d'essayer de ne pas gaspiller ces annees qu'elles ne vivront pas...L'essentiel etait de leur vivant,apparement il a ete bien fait,elles n'ont pas eu le sentiment d'etre abandonnees,laissees pour compte car transformees par la maladie et traitements divers (chimio).
Je pense pour vivre la meme situation que votre beau frere,que lorsque la mort les a "liberees"de leurs souffrances,on a le droit aussi peut etre d'arreter de souffrir (pas evident,mais...)Votre soeur que vous aimiez et connaissiez bien aurait elle voulu voir son amour continuer a souffrir apres son depart?ou prefererait elle le voir le mieux possible?
6 mois ou 1 an,sont ils vraiment importants?ou bien n'est ce pas la pensee pour la personne disparue qui l'a fait vivre encore a travers ceux qui restent?
Ce n'est pas parcequ'il a rencontre quelqu'un,parcequ'il tente de vivre encore qu'il a oublie sa femme...Certainement pas d'ailleurs...Mais ce qui est sur,c'est qu'on ne peut plus rien pour les "morts",a part prier pour eux.Je ne crois pas que le deuil soit une affaire de temps,ou du moins seulement.Cela vient peut etre d'une autre epoque,ou on observait le voisin,et ou les jugements hatifs fusaient.Cela a d'ailleurs du occasionner bien des periodes "officielles de deuils"tres hypocrites,ou politiquement correctes.
D'ailleurs,vous precisez que la femme rencontree est veuve aussi..Ils doivent mieux se comprendre,et elle saura sans doute lui laisser la memoire de sa femme,voir meme l'entretenir avec lui,puisque dans le meme cas.
Que pensez vous de ce point de vue?
Je n'est pas moi meme encore rencontre de femme depuis sa disparition,mais si je devais voir quelqu'un de bien,je pense que je n'hesiterai pas,que je ne regarderai pas combien de temps a passe...Et puis,si un jour vraiment je ressens quelque chose pour une femme,c'est qu'elle acceptera ma douleur,ma perte,mon souvenir...Je voudrais meme,ou j'aimerais plutot qu'elle vienne avec moi sur la tombe de Sandrine,comme si je la lui presentait,et qu'eele me donne sa benediction....