Non, Lauren, hélas 5 ans de veuvage n'apporte pas la sérénité, parce que le chemin à parcourir est encore long, qu'on ne l'avait pas choisi comme ça, et qu'on sait qu'il/elle ne le partagera plus avec nous. Définitivement.
Mais au bout de 5 ans, on a accepté, on s'est résigné.
Et même si la pensée de l'absent nous visite régulièrement, on se rend compte qu'il ne manque plus de ma même façon. On ne fait plus de projets dans lesquels il/elle sera présent. Parce qu'on se rend compte qu'il/elle n'y sera pas, quoiqu'on fasse pour y croire. Alors, on fait d'autres projets pour soi. On avance. Parfois, on oublie même de lui en parler...
Je pense que la plénitude n'est (peut-être ??) possible que lorsqu'on a trouvé son nouvel axe de vie, et quand cet axe est en place et fonctionne. (Peut-être). Quand le bonheur est à nouveau présent. Quand on retrouve le goût de la vie (?). L'envie (?) Un autre amour (?). En tous cas pour moi, la plénitude n'est pas encore là. Enfin... retrouverai-je jamais la plénitude ?
Le calme serein... à travers mes posts, on voit bien que je ne l'ai pas encore atteint !
Parfois ça va. Parfois ça ne va pas...
Le sentiment de vide reste, c'est sûr. Et la difficulté, c'est de remplir ce vide avec autre chose que les souvenirs, la nostalgie, la douleur... il faut le remplir de positif, de projets, d'amitié. Pour le moment, le vide ce sont mes enfants qui le remplissent (et même à ras bord !!!). Qu'en sera-t-il quand ils seront devenus grands... (??)
La certitude qu'Il est là ? Je ne sais pas. Longtemps je l'ai eue. Mais plus les années passent et moins je sens sa présence. Lui et moi suivons désormais des chemins différents. Il n'est plus mon mari, là où il est. Il est une âme bienveillante qui, de loin, veille sur nous et surtout sur nos enfants, selon le "contrat" que nous avions souscrit ensemble, et dont il devra respecter sa part, jusqu'à leur mort à eux... Ce contrat-là, j'estime qu'il n'a pas pris fin avec son départ, comme notre mariage. C'est tout ce que j'attends de lui, désormais. Je compte toujours sur sa vigilance pour les protéger, et je suis certaine qu'il le fait.
Mais moi, j'ai un chemin à suivre sans lui.
Ce n'est pas que ça me réjouisse, dans l'absolu. Mais c'est un fait.
Je sens qu'il n'est plus vraiment là pour moi. Les choses sont en place, il n'a plus rien à faire près de moi. Je suis une grande fille. A moi de faire le choix de rester une "veuve corse" (ce qu'il ne me demande pas, après tout) ou de vivre autrement, en tirant la substantifique moelle de ce que nos 25 ans de couple soudé m'ont appris. Nous avons eu une belle vie. Nous avons fait ensemble de belles choses. Pendant 5 ans, j'ai beaucoup pleuré, je pleure encore souvent, surtout dans les grands coups de blues ou les difficultés. Mais je vois bien quand même que j'avance vers un mieux. Et que ça fait énormément de bien aussi, de rire, d'être gai, de croiser des gens nouveaux, de faire des projets, d'oublier simplement que je suis "veuve"... Aujourd'hui j'ai moins besoin de lui.
Il ne faut pas se leurrer, les petits moments de mieux sont illusoires, surtout les premières années. Un jour on va bien. Un jour on retombe et on a l'impression que jamais on ne sortira de ce marasme qui pourtant nous est nécessaire. 3 mois Lauren, c'est hier, c'est rien, c'est infiniment peu. Sans te décourager, parce que chaque histoire est différente, je te dirais que ton chemin est encore long avant d'aller vraiment mieux. Mais je te souhaite qu'il soit moins long que le mien quand même. Je suis particulièrement lente sur ce point-là...
Je t'embrasse.
Bon courage à tous et toutes.
M.