Auteur Sujet: réinsertion après un deuil, travail et société  (Lu 32178 fois)

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #60 le: 12 septembre 2017 à 14:14:41 »
j'ai pu  ... tant mieux pour moi, n'utiliser que
acupuncture
homéopathie
plantes (http://forumdeuil.comemo.org/sante-deuil-stress-deperession/temoignage-26-mois-avec-les-methodes-naturelles/)
et ce que je connaissais de par mon métier (sophrologue, diplômée de médecine chinoise traditionnelle)
mais je serrai les dents avant (longue maladie de mon Epoux même si dernière phase rapide ...)
j'avais la gouttière jour et nuit déjà ... avant
je l'ai usée elle a été changée !

Pour le ça ne finira jamais ...
je repasse sur les dates de la dernière maladie de mon Jean ... et je recommence (moindre certes) à avoir des creux de vagues ...
je crois que ça durera oui longtemps
 :-\
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #61 le: 08 octobre 2017 à 11:52:22 »

Me voici de retour sur le forum, toujours aussi égarée.
Comme prévu je suis partie sur le Camino pendant 13 jours. Cela a été une superbe expérience au niveau des rencontres avec l'autre. Personne ne me connaissait et n'essayait de composer un visage de circonstance, personne ne me demandait si ça va... Bref des rencontres toutes simples et bienveillantes, ce Chemin a été une bulle protégée les premiers jours, sans doute le temps où concentrée j'ai appris à gérer mes longues journées de marche et les bobos physiques qui vont avec... Au bout du 5ième jour le corps s'est habitué,  et m'est revenu à l'esprit la même rengaine épuisante, son absence toujours et encore la même chose... Son absence a été encore, comme d'habitude, bien cruelle, j'avais beau me dire "profite pour lui, il aurait aimé être là". Et bien non , je ne profitais ni pour lui ni pour moi.
Malgré tout, tous les pas en avant chaque jour, à chaque instant, m'ont aidé à avancer, ou à fuir ?

Au retour, j'avais RV avec ma généraliste pour faire le point avant reprise du travail fin septembre. Je ne sais pas si j'ai fais un genre de "syndrome du Chemin", mais en fait la première semaine à la maison a été terrible, vraiment difficile. Du coup le médecin m'a mis de nouveau en arrêt de travail jusque fin octobre. Elle m'oriente vers un psychiatre car elle envisage que je prenne des antidépresseurs.
Jusqu'à aujourd'hui je n'en ai jamais pris. Après le départ de mon chéri j'ai pris quelques mois uniquement des anxiolytiques, grâce à ça je dormais 4 heures et avait la gueule de bois le matin. De toute façon je verrai selon ce que recommande le psychiatre (ah il va encore falloir raconter tout ça) pour l'instant je ne me sens pas capable d'avaler des antidépresseurs, car j'ai une phobie avec les médocs, l'impression de m'empoisonner, ça et la perte de toute confiance en le monde médical...
Et rebelote, tous les acteurs se remettent en place dans cette sordide farce : je suis convoquée chez le médecin conseil de la sécu vendredi prochain. Comme il vient de m'envoyer un courrier stipulant que l'arrêt pour "dépression" n'était plus justifié depuis début septembre, je suppose qu'il va refuser de poursuivre ce nouvel arrêt.
Mon médecin envisage quelques semaines de reprise à temps partiel thérapeutique, (on ne le mettra pas en place. Cela serait ingérable financièrement car mes droits aux ijss sont pratiquement épuisés). Le médecin du travail voudrait me déclarer inapte à l'établissement pour m'aider à redémarrer ailleurs... Je considère cette solution très dangereuse, une inaptitude doit être un sale boulet pour retrouver un nouvel emploi ailleurs, non ?
La psychologue pense qu'outre mon mal être j'ai été maltraitée au travail, qu'il faudrait juste me laisser le temps de retrouver la force de retourner dans le monde du travail, qui lui, de toute façon, est rarement paisible et sans problèmes. Mais se laisser le temps de se réparer est une notion inconnue du système économique !

J'ai parfois la sensation d'être une poupée ballottée entre des murs grimaçants et hurleurs !

Alors, si c'est possible, j'essaie de me préparer mentalement à ça : début novembre, je retourne dans mon lieu de travail nocif, et à plein temps. Franchement j'ai toujours autant de problèmes de concentration.  J'espère au moins créer l'illusion. Pas le choix, de toute façon financièrement cela devient compliqué.


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Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #62 le: 10 octobre 2017 à 21:21:56 »
Mais enfin qu'est ce que ça veut dire un arrêt de travail qui n'est plus justifié pour dépression. Lorsqu'il s'agit d'un deuil, évidemment qu'il y a dépression !

Ce n'est même pas la peine de creuser, les raisons de la dépression sont évidentes ! J'ai un ami qui s'est retrouvé 1 an en dépression sans motif, alors bon sang !

La question de l'inaptitude, en effet, c'est délicat. Qu'est ce que ça veut dire ?
Tu deviens travailleuse handicapée ? Tu es éligible à l'AAH ?

Hors ligne Alexandra

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Re : Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #63 le: 11 octobre 2017 à 09:52:47 »
Bonjour Pavelle,
Je te lis ce matin et je me demandais ce qu'on pouvait faire pour t'aider. Peut-être que de l'extérieur, il est au moins possible de décortiquer un peu la situation? Je ne sais pas si ça t'aidera mais je pense que ce qui t'arrive se décortique en plusieurs étapes:

1- si tu dois revoir le médecin conseil de la sécu vendredi, ça n'est peut-être pas juste pour qu'il t'annonce que tu ne vas plus pouvoir poursuivre ton arrêt de travail. Peut-être que ça te laisse une chance de lui faire comprendre que pour l'instant, et bien si, tu traverses quelque chose qui est une dépression ou qui est de l'ordre de la dépression.

2- Admettons que tu doives de toute façon retourner au travail début Novembre, ça te laisse presque 3 semaines pour te préparer. 3 semaines c'est très court mais ça permet peut-être de trouver un peu d'apaisement avec l'idée de retourner à cet endroit où tu ne te sens pas bien? Que dirais-tu d'un peu de méditation? (https://www.petitbambou.com/) Je sais, ça a l'air bien dérisoire et pourtant ça peut t'aider à poser tes angoisses et ça pourra même continuer à le faire si tu dois reprendre ce travail.

3- (et là je dois prévenir que ce n'est pas mon idée la plus brillante, mais tu me pardonnes?) Admettons que tu as repris ce travail, est-ce que ça t'empêche de chercher un autre travail ailleurs pendant que tu es en poste? Je sais c'est facile à dire, d'une part il y a le marché du travail et d'autre part, ça n'est pas franchement évident de se projeter dans quelque chose d'autre. Moi tu me dirais un truc comme ça, je te répondrai que je ne sais pas ce que je veux faire d'autre, parce que je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie. Mais si tu n'es pas dans le même état d'esprit, alors c'est peut-être envisageable pour toi.

En tout cas, tu sais que nous sommes là et que nous sommes plusieurs à nous poser ces questions de deuil et de travail. A des degrés différents sûrement, mais tu pourras venir nous raconter autant que tu veux comment tu traverses cette période.

Je t'embrasse bien fort,
Alex

Hors ligne sophieM.

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #64 le: 11 octobre 2017 à 10:43:05 »
Bonjour Tony,

Je me permets de rebondir sur tes messages par rapport au travail, au sens de la vie APRÈS.
Je n’ai pas connu ton désarroi par rapport au travail car j’ai eu la grâce que l’énergie de mon compagnon infuse puissament en moi dès son départ.

Ce que je peux te conseiller par rapport à mon vécu, c’est qu’effectivement tant que les finances le permettent, arrête de faire, et soi.
Tu éprouves le besoin de ne pas travailler, arrêtes toi. (encore une fois, si c’est possible financièrement). Vis tes ressentis. C’est le meilleur moyen de laisser remonter à la surface tes envies, tes idées nouvelles. Y en a marre du « il faut » vite vite il faut ; laisse place au « j’ai besoin » « j’ai envie » et je prends mon temps et je vous emm…….si ça vous dérange.

Tu es en train de changer, et de te reconnecter à toi-même. Du coup, ce carcan de la société te semble insipide voire débilisant, plus du tout en raisonnance avec qui tu es. Ce que tu as vécu et vis encore est Hiroshima et Nagazaqui réunis, (minimum).
Mais la nature a horreur du vide, et rien ne sert de planter parce notre société dit « il faut » planter.
Laisse en jachère tes terres intèrieures et observe ce qui pousse naturellement, tes décisions concernant le travail viendront de ton cœur et ça sera forcément le meilleur pour toi. Cela peut impacter tes décisions dans ta façon de voir ton travail ou d'avoir une nouvelle activité.
Laisses toi le temps d’Etre. A partir de là, ce que tu réaliseras aura pris sa source dans ton cœur et pas dans le mental. Alors oui, tu feras, mais pas avec les mêmes ingrédients, ça sera du 5 étoiles et pas du Mac Do.
Et le regard des autres, de plus en plus familier dans son décallage avec tes choix t’aidera même à avancer. Le regard des autres est négatif seulement si tu décides qu’il est négatif.

Tout ça c’est pas des paroles du genre spirituel, c’est simplement des conseils issus de situations et d’états d’être que j'ai vécus. Mais chaque expérience est différente, et si ça ne te parle pas, c'est pas grave.

A mon avis, et seulement à mon avis, tu es sur la bonne voie Tony. Ta voie resteras toujours la meilleure, même les conseils du plus sage des plus sage ne seront jamais en aussi bonne raisonnance que ta voix intérieure.

Ecoutes toi.
sophieM.

Hors ligne PAVELLE

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #65 le: 11 octobre 2017 à 11:37:43 »
Merci à tous pour votre soutien.

Et oui Tony, comme toi je suis en colère contre le système, remarque quand je suis en colère je me dis que je vais un peu mieux puisque quand je suis indifférente c'est que je suis vraiment au fond.
Merci pour tes pistes Alexandra, oui la méditation pourquoi pas, justement il y a quelques jours j'ai fais une première séance (christophe André), cela m'a apaisée un peu. Poursuivre pourrait être un bon appui je vais essayer de le faire régulièrement et regarder le lien petit bambou.


Je t'avais dans la peau. Désormais tu seras toujours sur ma peau...

Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #66 le: 11 octobre 2017 à 14:31:31 »
SophieM : Je suis bien d'accord avec ce que tu écris, mais les finances sont là, je n'ai plus trop le choix quant à moi.
Reste à essayer de trouver un compromis, je pense qu'il y a des gens dans des situations financières bien plus préoccupantes.

Pour le contenu du travail, je pense qu'un tel bouleversement  dans la personnalité (après un drame j'entends) modifie drastiquement la vision du monde, y compris le rapport au travail, surtout s'il s'agit de quelque chose de plus ou moins alimentaire. Nous sommes beaucoup trop à faire des choses qui ne servent en fait à rien.... à virevolter dans des réunions stériles, à vendre des trucs chinois, à alimenter un logiciel informatique...
Maintenant, le bouleversement a engendré des choses négatives (gestion de l'humeur, du stress, etc...) mais aussi des choses positives (plus d'empathie etc...). Ce peut-être une force, certes, encore faut-il savoir la canaliser et vers où. C'est difficile lorsque c'est très nouveau.

Pavelle :

Notre société part du principe que le travail est salvateur. Alors on remet les gens au travail.
Je crois en effet qu'il ne faut pas se laisser aller, rester dans son lit, déprimer, même si c'est compréhensible. C'est l'une des trois options suite à un deuil que j'ai trouvé : la folie, tenir le coup (se battre ou suivre le cours de sa vie, prenez cela comme vous l'entendez), ou la dépression sévère (en gros se laisser aller).
Evidemment, rester dans son lit renvoit plutôt à la troisième option.
Partant de ce principe, on estime que c'est positif quand les gens retravaillent, mais comme j'expliquais, je pense aussi que leur rapport au monde a changé, que leur personnalité a été altéré, leurs sens, leur sensibilité, et que ceci implique qu'on peut éprouver des difficultés à absolument essayer de "redevenir comme avant", sur le plan professionnel (et sur les autres plans). Retravailler oui, mais au bon moment et de façon adaptée.
C'est l'histoire du conducteur de train qui est passé sur quelqu'un et qui ne peut plus reconduire un train, on ne va pas lui demander à tous les prix de se remettre au volant d'une locomotive...
Un type qui a eu une main coupée et qui était maçon, on ne le remet pas sur un chantier.

Moi je suis dans ce cas de figure, je pique des crises d'angoisse (terreur) pour un rien (stress post-traumatique), par exemple lorsque le technicien du compteur à gaz vient le relever.
Evidemment, avec ce problème, le quotidien est un vrai calvaire sauf si je ne fais rien de mes journées mais ce n'est pas l'objectif de l'existence, on a des choses à faire sur terre, intérieurement ou en actions, peu importe, nous ne sommes pas là pour juste attendre en déprimant !
Avant j'étais du genre bon vivant, grosse bagnole et la colère facile, maintenant je psychote en regardant le lierre sur ma demeure car j'imagine qu'il va faire s'écrouler le mur, que ses racines détruisent tout, vous imaginez le changement !
L'avantage c'est qu'en réfléchissant, après ce que j'ai traversé, en fait, que la maison s'écroule, je m'en fous.
Et quand j'ai été pour acheter une débroussailleuse chez leroy merlin, j'ai failli faire un malaise.

Mais voilà, je me force quand même à faire des choses même si franchement j'en bave. C'est disproportionné, je sais, c'est purement mental, je sais, on m'a expliqué que c'était une réaction physique : stress = le corps se rappelle de l'évènement (la mort) = grosse panique et terreur.
Mais voilà, je fais des choses, je rebosse même si ça me coûte car je suis obligé de tenir par les nerfs.

Pour en revenir à toi Pavelle, car je m'égare, peut-être en effet qu'il faudra "bricoler" quelque chose dans la vie mais je n'ai de conseils à donner à personne, les choses se font quand on peut les faire.

Quant au travail, s'il n'est pas une occupation positive, évidemment, c'est compliqué. Mais dans un premier temps, pour le médecin de la sécurité sociale, il faut qu'il se base sur l'avis du psychiatre.
 Le psychiatre définit exactement ce qui te handicape. Dépression, deuil pathologique... avec tout de même une raison évidente pour la dépression. Après, on a un droit limité de congés maladie, et de congés pour longue maladie, et de mi-temps thérapeutique. Si ce temps est épuisé, là aussi, on se retrouve au pied du mur.

Personnellement, je trouve que la question de la dépression (a minima ou autre pathologie) ne se discute pas. On perd son conjoint dans des circonstances qui en rajoutent plus ou moins à la peine, alors quoi ?
Forcément que le mental est blessé (je dirais anéanti) pour dire les choses de façon édulcorée. L'objet de la dépression est clairement défini et je pense, normalement compréhensible.

 

Hors ligne sophieM.

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #67 le: 11 octobre 2017 à 16:04:08 »
Tony, en fait, ça n’est pas le travail qui est salvateur, mais l’intention que tu mets dans chaque chose que tu fais, que ce soit le travail, les loisirs, les relations.
Peu importe ce que tu fais, tu peux construire des bateaux, faire de l’humanitaire, ou faire la plonge, ou rien du tout  !tu peux être adroit ou maladroit …l’intention est ce qui compte et qui te révèle.
Le côté financier est certes important pour survivre. Pour ma part, je m’aperçois, en me reconnectant avec mon essentiel que je réduis mes besoins personnels du quotidien et c’est dingue tout ce qui fini par nous posséder alors qu’on peut vivre sans !

C’est l’essentiel intérieur qui se matérialise à l’extérieur, et non l’inverse c à d que je ne fais pas le vide à l’extérieur pour me sentir bien dans ma tête.
J’ai vendu, j’ai donné, j’ai jeté. Tout rentre à présent dans un 18m2, j’arrive même à avoir une étagère vide qui le restera, et encore si je voulais je pourrais agrandir mon essentiel, faire encore de la place sur d’autres étagères … un moment viendra.

Je ne parle pas de vivre sous les ponts, mais si on veut voir du changement à l’extérieur, il faut commencer par soi.
De toutes façons rien ne sera plus comme avant, tu es dans l’épreuve et ce qu’elle t’apprend. Et si ça ne doit plus être comme avant à l’intérieur de toi, ça ne le sera plus à l’extérieur dans tout ce qui fait ton matériel, dont ton travail.

Tu as dû y penser, mais est il possible dans ton cas de procéder à une rupture de contrat en accord avec l’employeur ? ce qui te conserverait tes droits à l’assurance chômage. Le chômage n’étant pas une fin en soi (mais le travail non plus), mais dans ton cas un moyen de te retrouver, de te retourner sereinement vers ce qui te fait envie.
…ou demander un congé sans solde, évidemment sans solde il faut pouvoir, mais ça te donne la possibilité de te tourner vers d’autres activités si tu en as envie et si ça ne fonctionne pas, de retrouver ton poste. Je t’en parle car je l’ai fait, dans un autre contexte mais ça m’a permis de « décoller » à une certaine époque.

S’appuyer sur le sens que te donne ta vie, plutôt que de lui donner un sens….ça peut être perçu comme une philosophie, pour moi c’est mon quotidien.

Hors ligne souci

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #68 le: 11 octobre 2017 à 22:06:04 »
Citer
S’appuyer sur le sens que te donne ta vie, plutôt que de lui donner un sens….ça peut être perçu comme une philosophie, pour moi c’est mon quotidien.

 8)

Hors ligne Numis56

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #69 le: 16 octobre 2017 à 22:59:56 »
Bonjour Tony,

J'ai eu ce souci de concentration à mon travail. Incapable de réfléchir plus de 15 minutes, incapable de raisonner et d'écrire un texte, la tête souvent en l'air, m'énerver au moindre petit bruit, trouver toutes les excuses pour justifier que je n'y arrive pas.

C'est peut être un peu idiot, mais je me suis forcé, chaque jour. Un boulot, il en faut un. Et  je me suis dit que ce boulot était le même qu'avant, que j'aimais. J'ai voulu tout plaqué à un moment. Marre des collègues, du patron, ils ne peuvent pas comprendre, j'aimerais les voir à ma place ....

Ma "thérapie", je me suis mis à faire des maths le soir, pour réapprendre à me concentrer et à raisonner. Ca va mieux maintenant, je ne suis pas encore au top mais je commence à pouvoir de nouveau analyser correctement.

Je commence à pouvoir de nouveau argumenter devant mes collègues, à tenir un raisonnement logique devant mon patron et pas me faire avoir à la moindre question que je n'ai pas vu arriver.

Ce que je me dis ... encore un peu de temps et j'aurai les armes pour pouvoir changer de boulot si j'en ai marre.

Il faut se préparer au changement

Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #70 le: 17 octobre 2017 à 09:48:13 »
Je ne parle pas de vivre sous les ponts, mais si on veut voir du changement à l’extérieur, il faut commencer par soi.
De toutes façons rien ne sera plus comme avant, tu es dans l’épreuve et ce qu’elle t’apprend. Et si ça ne doit plus être comme avant à l’intérieur de toi, ça ne le sera plus à l’extérieur dans tout ce qui fait ton matériel, dont ton travail.

Le chômage n’étant pas une fin en soi (mais le travail non plus), mais dans ton cas un moyen de te retrouver, de te retourner sereinement vers ce qui te fait envie.

SophieM : Je ne peux qu'admirer le recul que tu arrives à prendre sur les choses, sur la vie et sur le quotidien.
Lors de mon arrêt maladie, j'avais trouvé en effet une certaine quiétude et je faisais beaucoup de peinture et je méditais. Mais cela ne dure qu'un temps, car, comme tu dis, sinon on se retrouve à vivre sous les ponts.
Ce n'est pas qu'une image, on sait bien que les personnes qui "vivent sous les ponts" sont souvent des gens qui ont rencontré sur le chemin une épreuve difficile qui les a faits couler.

Quoiqu'il en soit, passée une période où la société nous accorde un certain sursis, le quotidien nous rattrape et alors il devient difficile de prendre du recul. Comment dire, je me sens dépassé par les choses n'ayant plus mes capacités, étant bouffé par l'angoisse et parfois le chagrin, et donc acculé par ce quotidien.
On ne peut pas faire vraiment ce qu'on veut (construire des bateaux ou ne rien faire), vient un moment où il faut voir ce que l'on peut faire et ce que l'on veut faire, puis concilier au mieux les deux. Pourrais-je par exemple me mettre à construire des bateaux ? Concrètement non, je n'ai pas les bases techniques. Alors je pourrais apprendre, mais je n'ai pas assez d'énergie pour me lancer dans un tel projet il faut aussi être un peu réaliste. Ce serait là de la pure folie, peut-être salvatrice, mais de la folie quand même.

De ce point de vue, je trouve qu'en effet, la vie s'apparente plutôt à un combat. Combat pour tenir le coup et mener au mieux sa barque avec tous les tracas.

Peut-être que toi aussi, à ta manière, tu mènes une forme de combat consistant à puiser dans ton intérieur, à méditer, à trouver une autre voie. Ce combat est plus serein mais il n'en demande sans doute pas moins d'énergie.

Je respecte totalement cette voie, mais je ne vois pas comment je pourrais la suivre de façon aussi investie, j'ai déjà longuement réfléchi à ce que je pourrais faire et j'en suis arrivé à un compromis -poursuivre une certaine quiétude, travail etc...-. Mais après le quotidien est là. Je pouvais tout plaquer, tout revendre, pour ensuite opter pour une vie plus centrée sur moi et loin du matérialisme mais j'ai estimé que cette trajectoire était dans mon cas risquée et que je n'avais pas les capacités pour en faire quelque chose de constructif.
Ce risque, c'était de m'envoler dans l'espace à passer mon temps à discuter dans ma tête avec ma femme.

Numis56 :
Je suis bien d'accord avec toi, un boulot, il en faut un. J'admire ta persévérance et je suis heureux que tu aies pu retrouver un certain niveau professionnel. Je me force aussi chaque jour mais bon, je suis très loin d'avoir retrouvé mon niveau d'avant. Je ne sais pas si j'y arriverai un jour et c'est désolant. C'est comme si j'avais pris 20 ans d'un coup, sur le plan de l'énergie. En lisant ton exemple je me dis qu'on peut quand même, à force de ténacité, arriver à quelque chose.









Hors ligne sophieM.

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #71 le: 17 octobre 2017 à 11:14:33 »
Tony,

Tout d’abord, saches que je respecte ton point de vue, et je salue ton ouverture d’esprit, ta tolérance vis à vis du vécu des autres. c’est très agréable de te lire.
Aussi, j’en profite pour te demander de ne pas prendre mal certaines phrases que je peux t’écrire, parce qu’elles peuvent paraître abruptes, mais non.

C’est une réalité Tony, je prends une certaine hauteur par rapport à l’épreuve, mais j’ai la chance d’être très bien accompagnée par l’ « invisible ». Alors est ce que je suis si bien guidée car je prends cette hauteur ou bien je prend  de la hauteur car je me sens tellement bien entourée ? la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule …. à mon avis c’est pas important, c’est une énergie qui s’alimente en vases communiquant en permanence.

Aussi, j'avoue être rechargée à bloc car jusqu'à présent ma vie a été mieux que mes rêves. Cela me mets déjà donc dans un état de "gratitude" quotidien qui amène à un certain état d'être.

Tu sais, personne ne te demande d’être qui tu n’es pas en te fixant des buts qui ne correspondent pas ou plus du tout à ton énergie. L’épreuve nous révèle d’elle-même.
Nous vivons tous sur ce forum des bouleversements, au delà de l’enlisement dans la peine, ils nous permettent de changer, d’évoluer en conscience.
Pour ma part, tous les  jours j’essaie simplement de me réveiller un peu moins « conne » qu’hier, c à d un peu plus consciente pour vivre le sens que la vie me donne.

Je trouve que Numis a tout compris lorsqu’il écrit qu’il faut se préparer au changement. Si tu penses ne pas avoir retrouvé ton niveau d’avant Tony, tu peux te battre contre ça en ayant l’attente que cela redevienne comme avant. Mais rien n’est comme avant. Peut être devrais tu utiliser  l’énergie de ce qui se présente et qui t’amène vers une possibilité de changement.

C’est un changement d’attitude, et oui, cela demande de l’énergie que le corps puise dans ses ressources insoupçonnées.
Mon attitude n’est pas un combat, car lorsque je sonde dans mon intérieur, je préfère y aller avec des gants de velours, pas des gants de boxe.  L’acceptation reste évidente pour avancer, on ne balaye pas des feuilles mortes contre le vents mais dans son sens.

Pour ce qu’on m’a montré du judo, j’ai retenu dans les prises que lorsque le judoka en face te pousse, utiliser son énergie plutôt que de lutter à le repousser est plus efficace pour le rendre inoffensif. Utiliser l’intelligence du mouvement plutôt que la force contre celui-ci. Et vis et versa quand il tire vers lui. Et comme au judo, ça n’est pas  « grave » de tomber, on tombe tous un jour,  alors ce qui compte c’est de savoir tomber, parce que c’est ce qui va révéler notre façon de nous relever. 
Y a t-il un combat serein ? ....  je préfère faire équipe avec la vie.


Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #72 le: 17 octobre 2017 à 12:54:27 »

Je trouve que Numis a tout compris lorsqu’il écrit qu’il faut se préparer au changement. Si tu penses ne pas avoir retrouvé ton niveau d’avant Tony, tu peux te battre contre ça en ayant l’attente que cela redevienne comme avant. Mais rien n’est comme avant. Peut être devrais tu utiliser  l’énergie de ce qui se présente et qui t’amène vers une possibilité de changement.


Saches qu'aucune de tes phrases ne me blessent. J'espère que c'est réciproque.

Oui, tu as bien raison, "rien n'est comme avant".
C'est bien là le paradoxe, et la nécessaire adaptation à la situation, en fait, la nécessaire adaptation à ce qu'on est devenu mais aussi une nécessaire adaptation au monde qui nous entoure dont on ne peut faire abstraction.

J'en parle souvent négativement mais il y a en effet du positif qui ressort de ce marasme. Plus d'empathie, plus de recul, pour certains, plus de force de caractère (forcément après les grands coups sur la gueule) etc...
Imaginez un peu la force mentale que l'on peut atteindre si un jour on arrive à sortir de la douleur pour aller vers la sérénité ?

Le tout est de savoir comment utiliser ce positif mais aussi de trouver ou qu'on nous donne les moyens de l'utiliser.

Concrètement, notre société se fout des questions existentielles, de tout ce qui est spirituel (en dehors d'une prise en compte des grandes religions existantes histoire de faire plaisir au curé, au rabbin et à l'imam), de l'introspection, etc...

Alors soit, on peut utiliser cette énergie. Mais bien vite, beaucoup d'entre nous doivent la tourner vers le quotidien et ne peuvent plus se permettre trop de recul, malheureusement. Il faut qu'ils affrontent le quotidien, s'ils ont des enfants à assumer ou quelque chose qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas lâcher (un travail intéressant, un projet) le recul par rapport au quotidien devient un luxe qu'ils ne peuvent que se permettre modérément.

Il y a plusieurs combats : celui pour ne pas sombrer d'abord, puis celui pour trouver la voie.

Toi, tu as pleinement choisi la voie de la quiétude et d'un accord avec l'invisible, en fonction de convictions personnelles existantes préalablement. Cela s'apparente presque à un mode de pensée religieux, à ce que certains qualifieront de "croyances" voire à de la folie douce pour les plus pragmatiques (sans vouloir te vexer car de mon point de vue ils ont tords d'être aussi aveugles aux choses de l'invisible). C'est bien le fléau de notre société d'ailleurs : on naît, on vit, on meurt et plus rien, alors, lors de notre passage éclair sur terre il faut rechercher le bien-être (voire le plaisir) dont la définition généralisée de la chose consiste à profiter. S'éclater, s'en mettre plein les fouilles, acheter le plus de conneries possible, jusqu'à cultiver ses vices s'ils nous apportent du plaisir. Certaines personnes plus spirituelles rechercheront l'amour, l'amitié, des choses constructives, mais avouons quand même que, globalement, les valeurs dominantes tournent autour de l'argent, du pouvoir et du sexe.

Sauf à "redevenir comme avant" ou à pouvoir prendre beaucoup de recul comme toi, il me semble difficile dans ce contexte de trouver une voie satisfaisante pour beaucoup d'entre nous qui vont devoir composer avec le spirituel, avec le vécu et avec le quotidien. D'autant qu'il faut aussi faire avec les résurgences de souffrance et de mélancolie dues au manque physique de l'être aimé que beaucoup d'entre nous affrontons au prix d'une très grande souffrance.

C'est en cela que je vois la recherche d'une nouvelle voie comme un combat, même le fait d'utiliser l'énergie qui apparaît négative comme un atout, car concrètement le monde (matérialiste) n'est pas favorable à cela, d'une part, (dans d'autres temps on se serait retiré quelques années au couvent ou au monastère, les Chinois se retiraient deux ans dans une cabane après la mort de leurs parents, aujourd'hui tu peux aller à l'hôpital psychiatrique... bref...).
D'autre part, il y a combat car il faut aussi lutter contre soi, contre ses émotions, sa souffrance, et que, pour les transformer en choses positives, pour beaucoup d'entre nous, je pense que ça ne se fait pas sans une certaine violence.
La tendance naturelle de l'être humain, s'il n'a pas pu caresser certaines valeurs plus spirituelles, risque de se tourner vers l'auto-destruction sous une forme plus ou moins visibles (dépression sévère, alcoolisme etc).

Raisonnement pragmatique : mon amour est mort, on me dit que je ne la reverrai jamais mais qu'il faut être fort car on peut retrouver une vie, qu'il paraît. Sur le moment, je souffre, sur la longueur, je souffre, alors pourquoi me faire chier plus longtemps à attendre ? Comme je ne veux pas faire de mal à mon entourage en m'écrasant contre un mur à 180 kilomètres heures, je vais opter pour l'auto-destruction passive en restant dans mon lit bourré de médicaments, ou pour l'auto-destruction active en me mettant à picoler dans les bars à faire n'importe quoi histoire de bien prouver que je suis arrivé au bout du bout de cette vie. Et pourquoi ne pas choisir cette voie si l'on est purement pragmatique ?

Raisonnement spirituel : mon amour est mort, ce n'est qu'une disparition physique, chacun ses convictions quant aux "choses qui nous dépassent" comme je les qualifie (réincarnation, énergie, paradis, etc etc), mais sachant qu'il y a donc ces "choses qui nous dépassent", tout ne s'arrête pas là. On est là, on vit, alors on doit avoir une autre voie que celle du lit ou des bars.
En effet, on peut considérer comme toi SophieM que tu as eu de la chance de vivre une période de bonheur et que c'est ce qui prime sur la mort et la disparition physique, certains croyants parleront d'épreuve que Dieu leur envoie (perso j'y crois moyen, un peu sadique le Dieu dis donc), ou quoiqu'il en soit prendre du recul, de la hauteur d'âme, et, tout en souffrant (ou non), trouver la force pour continuer un chemin qui n'est peut-être pas si inintéressant que ça, même s'il est parsemé de douleur. Pour beaucoup, on ne peut pas en faire abstraction : la douleur, elle est là, elle sera là, comme une blessure physique, et elle handicape, mais on peut juste essayer de continuer à avancer à condition de trouver une voie satisfaisante.
« Modifié: 17 octobre 2017 à 13:19:59 par tony36 »

Hors ligne sophieM.

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #73 le: 17 octobre 2017 à 17:15:04 »
Bonjour Tony,

Je comprends ton raisonnement, même si je ne le rejoints pas complètement. Je ne me retrouve ni dans un raisonnement pragmatique et encore moins spirituel. Je n’ai pas de croyances qui reposent sur un dogme quelconque non plus. Comme Diego derrière sa fenêtre, je me sens libre dans ma tête ! libre de changer d’avis aussi car une vérité d’un jour ne sera pas forcément celle de demain comme elle n’était peut être pas celle d’hier.

La Vie est mon école, j’essaie d’apprendre au mieux. On fait tous au mieux.
C’est vrai qu’il y a un temps pour tout, un temps pour le raisonnement, qui passe par le mental, un temps pour le ressenti, qui passe pour le cœur.

… je dirais même que personne n’a tord et que personne n’a raison dans la vie. Du moment qu’on reste intègre à ce que l’on ressent , qu’on se raconte pas d’histoire, et qu’on ose regarder ses peurs en face sans baisser les yeux, on est dans son chemin et quel qu’il soit on ne peut qu’avancer. Et chacun son rythme.

Si j’ai envie de m’inspirer d’une façon d’être de quelqu’un parce que ça raisonne en moi (sans vouloir faire la cloche !!... humour parce qu’il faut pas se prendre au sérieux non plus !), je le fais. A ce point, ça reste de la théorie, mais la vie nous propose des TP au quotidien et j’aime ça ! Si je valide la théorie dans mon expérience, et que toutes mes cellules disent oui, alors la théorie se transformera en état d’être tout naturellement.

J’ai donné le lien aujourd’hui à une personne que j’apprécie beaucoup :
https://www.youtube.com/watch?v=6k7vZ6lMgwY

Pour ceux qui ont besoin de preuves, Nassim Haramein est un physicien quantique, et dans sa conférence, il explique l’invisible. Et même si on n'a pas besoin de tout expliquer tout le temps, ça interpelle quand même. La physique quantique explique à présent beaucoup de phénomènes qui jusque là étaient classés urluberlus (il est drôle ce mot … essayez de le dire vite et plein de fois de suite ….).
Les 30 premières minutes sont assez révélatrices.

Hors ligne qiguan

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #74 le: 15 mars 2018 à 14:31:55 »
 ::)
à écouter lire
https://www.franceinter.fr/economie/notation-des-salaries-un-drh-temoigne-sur-la-pratique-du-ranking-force
on imagine bien que les endeuillés y sont vite mis dedans ...
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char