FORUM "LES MOTS DU DEUIL"

Comprendre et vivre son deuil => Vivre le deuil de son conjoint => Discussion démarrée par: tony36 le 20 juin 2017 à 12:19:45

Titre: réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 20 juin 2017 à 12:19:45
Voilà un peu plus de deux ans que j'ai perdu mon épouse.

Je ne suis passé sur le forum qu'en dilettante.
Comme beaucoup, j'ai des choses que je voudrais lui dire, mais j'ai choisi de le faire directement. Comme toutes et tous j'ai eu des hauts et des bas ainsi que des états d'âme. Je n'ai donc pas été particulièrement actif pendant ces deux années, j'ai engagé des projets personnels importants, j'ai peint.

J'ai repris le travail il y a quelques mois.

Et sur ce point, ça ne va pas du tout.

J'ai le sentiment de faire quelque chose de complètement inutile, insignifiant, voire de stupide (pas intellectuellement parlant mais sur la finalité du travail que je fais, bouffé aujourd'hui par des logiciels informatiques). J'en suis même arrivé à me demander comment est-il possible qu'on ne se révolte pas contre ces putains de logiciels, de règlements, de toutes ces choses qui étriquent l'esprit. Je me demande comment font les collègues pour ne pas voir que ce qu'ils font, ça ne sert à rien.

J'ai en plus des problèmes de mémoire et de concentration.

Je ne supporte plus du tout le stress qui se transforme en terreur (malgré moi, même si l'objet du stress est anodin).
Je n'apprécie plus les contacts humains à parler de la pluie et du beau temps au café par exemple, je déteste ces conneries de réunions faites pour occuper les gens ou certains semblent pourtant beaucoup s'amuser. J'ai l'impression que ces réunions sont des pièces de théâtre avec des gens qui parlent et qui ne servent à rien. 

On m'a dit que ça me ferait du bien le travail, moi je trouve que ça me fait du mal.

J'ai des préoccupations désormais trop décalés par rapport à mes collègues.

Je me suis par ailleurs engagé comme je disais sur des projets personnels importants et motivants, et je pense que j'avance malgré la douleur et le deuil toujours présents, que j'ai déjà bien engagé certains de ces projets, mais pour le boulot... c'est très alimentaire et ça me tire vers le bas, disons le franchement.

Aujourd'hui, j'en suis donc arrivé à cette réflexion :
il faut pouvoir vivre avec la douleur de la perte de l'être aimé et de tout ce qui est arrivé, ou mourir (sombrer), on y arrive tant bien que mal.
Pour certains, le travail est sans doute un échappatoire s il est motivant.

Comment faire lorsque ce n'est pas le cas ?

Au-delà du travail, la même question se pose pour la vie en société toute entière. Faut-il à tous prix vouloir s'y insérer "comme avant" ou est-ce une grossière erreur et faut-il faire avec ce qu'on est devenu ?

On voudrait que nous reprenions une vie "normale", ce que j'ai essayé de faire, mais j'en arrive à me demander si c'est vraiment possible.
Est-ce que ce n'est pas une erreur ?
Je me dis que concrètement, je devrais changer de métier pour me consacrer à des choses plus concrètes mais soyons réaliste, c'est beaucoup d'énergie (que je n'ai plus) et ce peut être financièrement un suicide surtout que je n'ai plus 20 ans.

Je ne sais plus quoi faire et personne autour de moi n'a la réponse. Je cherche, je veux bien combattre mais comment ?

Des professionnels m'ont aidé sur le plan psychologique et cela a été bénéfique (il y a le deuil et je souffre de stress post-traumatique), mais maintenant il s'agit de vivre au mieux dans la société et je ne vois pas trop comment faire. Je me sens bloqué.

Je réfléchis, je réfléchis, mais je ne vois pas quoi faire.

Bien sûr, je me concentre sur mes projets personnels, mais je fais plusieurs pas en arrière à chaque fois que je suis dans la société "normale" ou dans le travail et je rentre en me demandant ce que je fous là. Sur le long terme, j'ai peur que l'équilibre que j'ai réussi à trouver en vivant avec ma souffrance et mon deuil ne soit rompu par le quotidien.
 
Il y a des aides psychologiques que j'ai trouvé efficaces pour les gens qui ont vécu un drame ou un traumatisme, mais après j'ai le sentiment qu'il faut se démerder et qu'il n'y a pas grand chose pour nous aiguiller.

Voilà, je ne sais pas si certains ont trouvé des solutions ou s'il y en a d'autres dans la même situation.






Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 20 juin 2017 à 21:36:56
Tony
j'aurai bien vu ton sujet dans la rubrique
http://forumdeuil.comemo.org/apres-la-grande-souffrance-la-reconstruction/

Citer
Voilà, je ne sais pas si certains ont trouvé des solutions ou s'il y en a d'autres dans la même situation.
chacun est unique
et trouve ses solutions en rapport avec qui il est devenu et a été

le travail ayant été un grande aide pour moi, je ne peux pas te dire quoi que ce soit pour ton cas
reçois mes meilleures pensées
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: kompong speu le 20 juin 2017 à 23:08:31
Tony
Moi aussi j'ai bien des questions par rapport au travail , je ne travaille toujours pas mais je reprendrais au moins le temps de financer les études de ma dernière fille mais je sais que je me sens inutile
Pensées pour toi
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: souci le 21 juin 2017 à 00:29:57

   Tony,
   Je te rejoins fort bien dans tes remises en question du "sérieux" de la plupart des occupations contemporaines ...
   Bravo pour la peinture ...
   Art-thérapie à souhaiter non seulement pour soi, mais pour l'entièreté de ce pauvre monde qui perd la boule ...
   Accroche-toi à tes VRAIES valeurs, rejoins ceux qui sont capables de les partager ...
   Bien solidairement, Titine.
     
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 21 juin 2017 à 01:45:14
Bonsoir Tony,

Moi, j'entrevois déjà une réponse dans ton écrit... Tu te sens inutile.  Tu ne supportes plus les gens, les procédures du boulot qui amènent les gens à exécuter sans penser par eux-mêmes (je me demande si on ne serait pas collègues !!! lol)... Ton boulot est purement alimentaire... Ok, moi ça me parle tout ça... Et si tu envisageais de garder ton boulot alimentaire (b'en oui, faut bien manger et payer les factures de la peinture...) et de t'engager doucement, gentiment dans une association... Un truc qui ferait que tu te sentirais enfin utile ? Quoi ? B'en tu as le choix... Demandes-toi ce qui te ferait te sentir utile ? Aider des jeunes après l'école qui aurait du mal à faire leur devoir tout seul (j'ai fait du soutien scolaire une année dans une école primaire, par le biais de jeux c'était plutôt cool et valorisant), se lancer dans l'humanitaire (là, il n'y a que l'embarras du choix), proposer tes services  ou répondre à des demandes de tes voisins sur allovoisins. com par exemple... T'investir dans un club de lecture, de scrabble (on ne rigole pas, j'y ai joué en compétition 10 ans), de sport...
Bon, je te donne des pistes que je n'arrive pas encore à m'appliquer à moi-même mais je sais que je le pourrais à nouveau bientôt...
Je te souhaite de trouver un "truc" en dehors de ton travail qui t'apaisera et te fera te sentir en accord avec toi-même... 
Mes pensées les plus douces..
Muriel.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Alexandra le 21 juin 2017 à 11:30:27
Bonjour Tony,
je trouve que la réponse de Muriel est une vraie bonne piste. Je traverse la même chose que toi depuis que j'ai repris le travail 3 mois après avoir perdu mon compagnon. Et pourtant, qu'est-ce que j'ai bataillé pour l'avoir ce travail, c'était le boulot de mes rêves, la suite logique de ma thèse qui m'a prise aux tripes, le début d'une vie de rêve avec mon compagnon... Et voilà qu'une saloperie de cancer s'invite à la fête et tout s'écroule. J'ai quand même pris ce poste parce que je n'avais pas le choix, parce qu'aussi on me mettait la pression pour que je fasse quelque chose et je me suis sentie vide, inutile, en colère même contre ce travail qui m'avait volé l'amour de ma vie, j'avais tout fait pour avoir ce travail et je n'avais pas vu que mon amour déclinait juste à côté de moi.

J'ai passé des semaines entières à ne rien faire, à être incapable de me concentrer, à être heurtée par cette pièce de théâtre dont tu parles, avec toutes ces personnes qui se croient importantes parce qu'elles ont un peu de pouvoir entre les mains, qui oublient qu'il y a des êtres humains en jeu. Tout est remonté à la surface, cette souffrance je l'avais déjà connue pendant la thèse, j'avais failli tout planter un bon nombre de fois à cause de ça et je regrettais (et je regrette toujours) de ne pas l'avoir fait, parce que mon compagnon et moi avions pris la décision de vivre "plus tard" et qu'il n'aura pas de plus tard, ni pour lui, ni pour moi sans lui.

Il a fallu un électrochoc il y a quelques semaines, un dossier sur lequel j'avais trainé et le risque de ne pas garder mon travail pour me faire réagir. Je sais que je ne serai pas capable de chercher un autre travail, pas capable de répondre aux questions des entretiens d'embauche dans lesquelles on nous demande ce qu'on veut faire dans 5 ou 10 ans, je ne sais même pas ce que je veux faire dans une heure... Alors je m'accroche, je me détache de ces marionnettes humaines, ils ont leur histoire, j'ai la mienne et je sais que je ne pourrai plus faire semblant de vivre comme ils le font. Je prends ce qu'il y a de bon, ce travail m'a au moins emmenée dans une région où je peux reprendre des forces et il y a quelques dossiers auxquels je commence doucement à prendre goût.

Je n'ai pas d'autre solution à t'apporter, sinon celle, si tu en as la force, de construire un projet plus en accord avec celui que tu es maintenant. Tu n'as plus 20 ans, oui c'est vrai, mais tu n'as pas 70 ans non plus. C'est juste peut-être qu'il est difficile de se projeter quand tout s'est écroulé et que tout semble absurde... Mais puisque tu es là, puisque depuis quelques jours tu écris à nouveau sur le forum, alors j'ai envie de croire qu'à force d'écrire et de lire tu trouveras une solution. Pour te détacher de ce travail et qu'il reste à sa place de travail alimentaire sans te heurter ou pour commencer quelque chose d'autre, je te le souhaite.

Alex
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 21 juin 2017 à 15:52:42
Je trouve vraiment cela lamentable.
Il y a des gens à qui l'on excuse tout, j'en ai autour de moi (des voisins qui hurlent à longueur de journée à qui l'on a fourni une belle maison pas chère etc...), et toi on te fustige au travail alors que tu vis un deuil.

Voilà le genre de choses que je ne tolère pas dans notre société qui s'avère bien hypocrite.
Moi par exemple, on me demande de reprendre le travail et tout, mais je n'ai plus le droit de m'assurer pour moi-même, mes proches ou pour un prêt bancaire comme je le voudrais car je suis passé par un stress post-traumatique.

Le problème va au-delà du travail, comment dire... C'est une question d'insertion dans le monde.
Sans vouloir jouer les idéalistes et les rebelles, je trouve que trop de choses fonctionnent de travers.

Je ne parle pas des "problèmes du monde", de l'écologie, de la famine, des guerres etc... Si je commençais à ne plus supporter ces fléaux ça serait invivable, je parle du quotidien.
La "merditude" comme je l'appelle.
Bien sur qu'on ne peut pas faire grand chose contre les "grands problèmes du monde", mais on pourrait au moins éviter d'être complètement cons au quotidien.
J'en ai marre des logiciels débiles au bureau et de la réglementation kafkaienne, des réunions.

Depuis plusieurs mois, j'ai fait comme toi, j'ai pris le parti de m'accommoder, mais je m'interroge vraiment sur la viabilité de ce choix sur le long terme quand je rentre du travail à bout de nerf.

Je me vois un peu comme une personne à qui l'on aurait coupé les jambes, est-ce qu'il doit absolument tout faire le plus possible "comme avant" et comme si de rien n'était, s'accommoder, ou au contraire gérer sa vie en fonction de son handicap. Pour l'instant je fais un peu des deux, mais le dosage est compliqué.

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 21 juin 2017 à 18:50:14
Même en ayant un travail passionnant on doit le gérer avec notre handicap de deuil
s'adapter aux situations
parfois c'est très lourd parfois je découvre que c'est aussi un booster pour continuer.

Ce qui me désole moi c'est les comportements humains "inhumains" du quotidien
exemple hier une cliente me met un sms annonçant son retard et à l'arrivée me raconte : une dame marchant avec deux cannes et ultra maigre refoulée de la caisse handicapée car n'a pas de carte ...
elle vient dans sa file et demande à passer la caissière dit de demander aux clients
bien sûr ma cliente accepte puis l'aide à pousser son chariot , à charger ...
et il y en a tant dans les transports en commun par exemple : vécu perso avec mes deux petites filles 2 ans et 4 ans et demi, pas de place personne se lève pour les laisser s'asseoir pour éviter le danger d'une chute elles n'ont pas les mains assez grandes pour tenir quoi que ce soit à leur hauteur ... et le chauffeur qui démarre et freine sans douceur ...
Les parents garés sur les trottoirs pour aller prendre leur enfant à l'école ... obligeant les autres à mettre leur enfant en danger en passant sur la chaussée ...

Mais toutes ces choses qui s'exacerbe avec le deuil, existe hélas, en dehors ... société moins humaine qu'avant ... depuis quand ?

Mais revenons au travail : supporter une situation difficile avec l'idée de faire ailleurs autre chose est une bonne piste mais va prendre beaucoup d'énergie pas toujours là en début de deuil ...
affectueusement à vous
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Alexandra le 22 juin 2017 à 00:39:09
Bonsoir Tony, bonsoir Qiguan,
Oui il s'agit bien de ça, de ce handicap qu'a créé le deuil. Avant, j'aurais trouvé mon travail passionnant, j'aurais eu le sentiment d'être utile, c'est loin d'être un travail alimentaire. Et ils ont été très patients avec moi, ils ne peuvent pas signer un CDI s'ils n'ont pas la certitude que je suis assez solide, ça se comprend très bien et c'est à moi de m'accrocher pour les convaincre que ça vaut la peine.

Mais la réalité, c'est que tout a changé avec la mort de mon compagnon, plus rien de ce qui avait un sens n'en a, plus rien n'a de sens d'ailleurs. C'est moi qui me sens vide et inutile et c'est moi qui suis encore plus hypersensible qu'avant. Je vois encore plus qu'avant les absurdités de certains comportements, de certaines choses qu'il faut faire et tout ça me heurte, il y a déjà tellement de souffrance, je ne comprends pas pourquoi il faut en rajouter.

Je ressens aussi ce deuil comme une amputation, l'image des jambes coupées me parle terriblement. Et on peut faire le choix de remarcher avec des prothèses ou de rester dans un fauteuil roulant, mais jamais on ne pourra remarcher avec nos jambes. Alors oui, nous devons gérer notre vie en fonction de ce handicap mais comme le dit Qiguan, ça demande une énergie que nous n'avons pas forcément, que ce soit en dehors du travail ou au travail.

Je pense juste qu'il n'est pas nécessaire d'ajouter de la douleur à la douleur, qu'un travail alimentaire ou pour lequel on n'arrive plus à trouver un intérêt, c'est déjà un problème de moins (pour remplir le compte en banque, éviter les jugements extérieurs de ceux qui croient qu'on se laisse aller, etc). C'est peut-être juste une étape avant d'avoir l'énergie et l'envie de faire autre chose. C'est peut-être une autre façon d'user son chagrin en en découvrant une autre facette, celle de cette personne qu'on n'est plus et de celle qu'on n'est pas encore. Il y a peut-être quelque chose d'utile à tirer de toutes ces questions même si j'ai bien du mal à identifier quoi et à savoir à quoi ça sert, puisque ça ne me ramènera pas mon compagnon.

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 22 juin 2017 à 10:09:14
Citer
user son chagrin en en découvrant une autre facette, celle de cette personne qu'on n'est plus et de celle qu'on n'est pas encore
et cela dure longtemps
ne ramènera pas le compagnon l'aimé perdu
mais participe malgré nous au processus de résilience qui existe hors de notre volonté !
....
oui marcher avec des prothèses c'est ça ... voire courir, sauter ... en les cachant ... en être satisfaite()s mais aussi un peu plus anéanti(e)s
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 22 juin 2017 à 10:25:52
Je vois encore plus qu'avant les absurdités de certains comportements, de certaines choses qu'il faut faire et tout ça me heurte, il y a déjà tellement de souffrance, je ne comprends pas pourquoi il faut en rajouter.


C'est exactement ce que je ressens.

L'image de l'amputation, c'est pour dire qu'avant, j'étais radicalement différent. Je me sens fragile, fatigué, et je dois prendre sur moi (faire des heures de train pour des réunions etc...) alors que ça me demande beaucoup d'efforts. En plus, en l’occurrence, ces efforts n'ont pas vraiment d'utilité.
C'est juste que je fais partie d'un système qui s'auto-alimente mais on ne crée rien. C'est désolant d'employer beaucoup d'énergie à brasser du vent.

L'amputation, comme tu le dis Alexandra, c'est bien sûr le fait d'être comme handicapé. Mais un handicap émotionnel et ce n'est pas évident à gérer. Quand on a les jambes coupées, on est en fauteuil ou avec des prothèses, c'est clair, nous, avec un handicap émotionnel, la solution est bien moins évidente...

J'entends bien qu'il ne faut pas en plus sombrer professionnellement parlant en lâchant tout, en faisant n'importe quoi, en se lançant dans des projets fantasques... Mais l'équilibre est difficile à atteindre. Et surtout, que faire ?

J'ai trouvé qu'il y avait des structures efficaces pour les gens psychologiquement en souffrance, l'ayant vécu, mais c'est dommage qu'ensuite il n'y ai pas de dispositif pour guider un peu les personnes qui ont vécu certaines choses.
Un peu comme on aide les personnes handicapées physiquement à se réinsérer.

Moi je ne demande qu'à avancer mais je ne sais pas trop comment.

Je sais bien que la société est dure sur le plan professionnel, alors elle ne s'embarrasse pas de ce genre de situations car celles-ci sont minoritaires. Ou alors elle préfère fermer les yeux sur le problème.
Cela dit, sans vouloir extrapoler, la fragilisation des individus au sein de la société me semble être un vrai problème. Preuve en est le nombre de personnes qui "pètent les plombs".

En attendant, tu as raison Alexandra, il ne faut pas rajouter de la douleur à la douleur et il faut s'accrocher sur son travail "alimentaire" en attendant de trouver l'énergie de faire autre chose (mais vient toujours la même question : et quoi ? car il faut bien remplir son compte en banque).

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: souci le 22 juin 2017 à 13:28:55

    Il y a le travail alimentaire,
    le travail élémentaire,
    et enfin, le vrai travail ...
    Bien solidairement, M.

   
            Travail bienheureux

                Chloe Douglas


                  Je choisis
         la marche en arrière
      pour arriver au sommet
            de mes pensées.

    Pour ce moment de liberté,
       Je grimperais trois fois,
            et chaque fois
        d’un différent coté.

             Je n’ai besoin
                de luxes
          pour me sentir
              satisfaite.

            Seulement
              le travail
que je dois faire dans ma tête
      me donne des espoirs.

        Et qu’importe la sueur
           pour comprendre
               que j’existe
    dans ce monde éphémère.

    je n’ai pas besoin de gloire,
           aucune jalousie,
          tout est possible
     dans mon esprit libre.

        L’union humaine
       est une merveille,
   avec du travail devient
      le miel de l’abeille.

   Chloe Douglas, 2010
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Mononoké le 22 juin 2017 à 22:02:05
Bonsoir Tony, bonsoir tout le monde,
tes mots font écho !!

On m'a dit que ça me ferait du bien le travail, moi je trouve que ça me fait du mal.

J'ai des préoccupations désormais trop décalés par rapport à mes collègues.

, mais pour le boulot... c'est très alimentaire et ça me tire vers le bas, disons le franchement.
...
Comment faire lorsque ce n'est pas le cas ?


lorsque je suis au boulot, je me demande ce que je fais là
à la question matinale "ça va?" j'ai envie d'hurler.....

bien affectueusement
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 22 juin 2017 à 22:54:31
Je suis en arrêt de travail depuis le jour de la mort de mon mari, soit  2 mois dans 2  jours... Je suis passée sur mon lieu de travail pour déposer des papiers mais j'avoue que j'ai hâte de reprendre le travail. Je n'aime absolument pas ce que je fais, je n'y comprends rien. Je peux rester devant certains dossiers toute la journée sans comprendre ce qu'on me demande de faire !!!). Je travaille dans un service financier d'une grande entreprise privée qui gère des fonds publics et j'ai appris il y a peu qu'on m'avait mise là pour faire chier un des sous-directeurs. Je te laisse imaginer l'ambiance, Tony ! Comment bien faire chier un sous-directeur ? Et bien imposez-lui une salariée incompétente et faisons-les bien chier surtout... Alors pour le coup, le grand directeur a obtenu le départ du sous-directeur mais ne peut pas, soi-disant me mettre ailleurs... Je sais qu'il voudrait que je craque et que je parte de moi-même mais comme tu dis si bien Tony, on ne lâche pas un boulot même alimentaire ! Je travaillais déjà pour cette entreprise avant mes ennuis de santé mais mon service était sur un autre site et avec des équipes différentes, j'y exerçais un métier que j'aimais énormément. Là, je traite des demandes de financement. Moi, la finance ! Je ne suis déjà pas foutue de faire mes comptes alors ceux des autres !!! On me demande de faire de l'analyse financière sur certains dossiers, je ne comprends fichtre rien à ce que l'on me demande !!!  Mais c'est vrai, j'ai hâte de reprendre le boulot. Parce que ça voudra dire que je suis prête à nouveau de mener une vie sociale... Je suis très souvent confuse, ma concentration est nulle, je n'ai pas encore réussi à lire un bouquin (ma passion !), je suis à fleur de peau mais point de vue de la confusion, je me dis que même avec mon cerveau d'avant la mort de mon mari, je n'arrivais pas faire mon travail correctement donc allons-y gaiement, ça ne changera rien !!!! MDR ! Je dois reprendre mon travail à la fin du mois. Je vais déjà passer par la case médecin référent puis médecin de la médecine du travail et on verra... Comme toi, je vis les mêmes affres au boulot : réunions de service interminables et inutiles, procédures qui changent souvent, guéguerre des chefs pour le pouvoir mais je n'ai pas le choix. Je suis reconnue personne handicapée par la MDPH depuis 2011. Ce que je sais faire et que j'aime faire m'est interdit à présent... Alors, je dois me résigner... J'ai trois enfants de 18, 14 et 11 ans que je dois élever seule maintenant avec un salaire de misère... Pas d'autres solutions... En tout cas, s'il y en a, je ne les ai pas encore trouvées...
 Peut-être peux-tu demander à faire un bilan de compétence qui t'ouvrirait des voies possibles...

Bon courage à toi Tony...

Muriel.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Ela le 23 juin 2017 à 00:36:06
Bonsoir Muriel, Mononoké, Tony et tous les autres... Je n'ai pas de réponse à cette fameuse question du travail... et plus largement, à la question de ce qui nous lie encore à cette société... Comment faire... Quelle attitude adopter? J'ai une pensée toute particulière pour celles et ceux qui matériellement n'ont vraiment pas le choix. Qui doivent gérer cette urgence là, malgré l'urgence de leur propre souffrance qui ne leur laisse pas de répit...  Moi j'étais sans emploi quand mon chéri est parti. Je m'étais installée avec lui quelques mois auparavant, et je cherchais du travail en tant que travailleuse sociale. Ensuite, n'étant pas en activité... je n'ai pas eu la force de chercher. J'ai été recueillie par mes parents. J'ai eu cette chance... Je sais que c'en est une. D'autres ne l'ont pas eue.
Je ne regrette pas ces mois d'inactivité... Ça a été terrible, d'avoir toute cette plage de temps libre devant moi chaque jour pour me rappeler, à chaque seconde, ce qui était arrivé... Mais ça aurait été terrible de toutes façons... Et je ne regrette pas, car même si j'ai du mal à m'en rendre compte la plupart du temps, je sais que le mode de vie quasi monastique qui est le mien depuis 14 mois m'a permis de jeter un éclairage nécessaire sur ma souffrance... Sur mes failles: celles que je porte en moi et qui se sont réouvertes, élargies avec le départ de mon amour. Mais qui étaient là avant lui. Ces 14 mois d'immobilité et de silence m'ont aussi donné accès à des ressources... Je ne sais pas bien quoi faire de tout ça... Je me sens perdue comme je l'ai écrit dans une autre discussion... mais j'ai tenté de ne pas fuir, ni enfouir trop de choses...
Après, je sais aussi que le travail, quel qu'il soit, peut être une stratégie pour canaliser un temps soit peu toutes ces pensées douloureuses, ces ruminations qui nous assaillent.... Une façon aussi de ne pas rompre tout lien avec la  "réalité des autres"... Une stratégie qui ne fait pas de miracles... Mais si les solutions miracles existaient....
Après, pour ce qui est de la recherche du sens... et de cette sensation d'absurdité et de décalage qui nous assaille lorsque nous sommes confrontés au monde extérieur... Je pense qu'elle est présente quoi que l'on fasse. Le fait de reprendre le travail rapidement et la nature de ce travail doivent sans doutes plus ou moins accentuer ce sentiment de décalage... Mais il est là de toutes façons... Nous sommes, que nous le voulions ou non, dans une autre dimension où les banalités du quotidien n'ont plus autant d'importance... Où beaucoup de choses nous apparaissent dans toute leur vacuité, leur superficialité... Où la fausseté et l'hypocrisie de nombreuses situations nous saute aux yeux et nous agresse... La notre souvent en premier lieu...
Moi même je me demande ce qu'il faut faire de tout ça... La question se pose dans nos choix relatifs au travail... mais bien au delà...
Quoi que vous fassiez, décidiez... je vous envoie toute mon affection, et un peu du courage que j'aimerais moi-même avoir ^^.
Prenez soin de vous.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 23 juin 2017 à 03:00:42
Citer
Je pense qu'elle est présente quoi que l'on fasse. Le fait de reprendre le travail rapidement et la nature de ce travail doivent sans doutes plus ou moins accentuer ce sentiment de décalage... Mais il est là de toutes façons... Nous sommes, que nous le voulions ou non, dans une autre dimension où les banalités du quotidien n'ont plus autant d'importance... Où beaucoup de choses nous apparaissent dans toute leur vacuité, leur superficialité... Où la fausseté et l'hypocrisie de nombreuses situations nous saute aux yeux et nous agresse... La notre souvent en premier lieu...
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 27 juin 2017 à 11:44:51
Je vous remercie de vos réponses.

Je vais essayer de garder mon travail pour le côté alimentaire. C'est toutefois dommage car j'attendais autre chose de la vie professionnelle.
Malheureusement l'énergie me manque cruellement, la motivation (mais disons que cela vient aussi du contenu de mon travail qui est trop en décalage avec les questions existentielles que je me pose désormais), et surtout je supporte mal le stress ce qui alimente encore ma fatigue (le serpent se mord la queue).

J'en suis à me dire que pour les gens qui ont vécu des traumatismes, des drames, plus largement pour ceux qui pètent les plombs, il faudrait des structures d'appui pour les aider à s'envoler.
On aide les personnes au fond du gouffre en les mettant dans des hôpitaux de repos ou en psychiatrie à 4 ou 500 euros la journée mais pour ceux qui n'en sont pas là il ne me semble pas y avoir grand chose et c'est dommage. 
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Yevanna le 27 juin 2017 à 14:56:17
Je suis tout à fait d'accord avec toi, même si je garde espoir que le provisoire n'est pas qu'une illusion, qu'un jour si l'énergie et la motivation reviennent, il sera temps d'aller vers de nouveaux horizons.

La deuxième partie de ton message me rappelle une conversation que j'ai eue avec mon compagnon, peu avant son départ. Il a passé sa vie à lutter contre la maladie, mais pas seulement. Quand on côtoie pendant si longtemps l'univers hospitalier, on se rend compte de tout un tas de petites choses qui ne vont pas dans l'accompagnement des patients. Des petites choses qui se cumulent et qui au fur et à mesure deviennent de plus en plus pesantes. Son dernier grand projet était de passer la formation après la greffe pour devenir "patient référent", afin de pouvoir porter ses revendications et celles des autres patients devant les administrations. Il n'avait plus une once d'énergie mais il pensait déjà à la façon de la redistribuer... Il a hésité à m'en parler parce qu'il avait peur de ne pas en être capable, de se sentir inutile et ridicule, que s'il n'était pas en mesure de porter ce projet pour qu'il change les choses, ce serait dramatique.

Bref, je suis désolée pour la parenthèse, mais si je te raconte tout ça, c'est pour te redire ce que je lui ai dit. Je pense qu'avoir des convictions n'est pas donné à tout le monde, c'est un bien précieux, une raison d'être. Ce que nous (sur)vivons actuellement, d'autres le vivront après nous, et les structures dont tu parles ne verront pas le jour d'elles-mêmes si personne ne se bat pour aborder le sujet. L'énergie n'y est pas pour le moment, mais si on jour elle revient, j'espère que quelqu'un aura la force de porter un beau projet autour de l'accompagnement du deuil, de convertir toute cette souffrance en solidarité, à l'image de ce forum.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 28 juin 2017 à 15:02:14
Je dois dire que ça me parle.
Cette idée de faire quelque chose pour les gens qui vivent le deuil, notamment.

Pourquoi ?
Déjà pour éviter qu'elles ne sombrent dans une (sur)vie moribonde voire pire.

Mais comment, où, qui, quoi ...

On nous parle d'économie et de terrorisme, mais certains malheurs on ne les regarde pas. On fout ça sous le tapis.

25 personnes se suicident par jour en France, ce n'est qu'un exemple pour dire qu'on se préoccupe assez peu de la souffrance au sens large, sans parler uniquement de celle qui touche les proches de disparus.

Parler du deuil, faire de la peinture comme moi, des poèmes  ou je ne sais quoi, c'est bien !
Mais pour certaines personnes il faut aussi du concret à un moment donné.
Le concret ça ne marche pas quand on est tout seul dans sa maison vide avec son chat qui fait miaou miaou et son boulot tout pourri.
Si ?

C'est là que j'arrivais à une impasse pour ma part : le concret.
Je ne savais pas trop quoi faire ni comment, alors j'ai bricolé un truc dans mon coin.
Ce truc, c'est une vie.
Je m'en suis pas trop mal tiré depuis deux ans mais pourtant je rame, et je n'ai pas fini de ramer.

Car voilà, la vie standard ça ne fonctionne pas bien.
Barbecue merguez et regarder "the voice" le samedi soir, ça ne fonctionne pas (j'aime bien verser dans la caricature, désolé). A un moment je crois qu'il faut du concret et à ce moment-là on ne trouve rien.
Il faut se démerder pour attirer le concret (même si on a du soutien, famille, professionnels et autres), alors qu'on aurait bien besoin d'un coup de main.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: souci le 28 juin 2017 à 23:22:21

    Malheureusement, AUCUN "concret" ne contient LA part de concret qui manque à une personne en deuil ...
    On peut bien sûr mettre en place, au choix, des activités, sorties, qui permettent de "changer d'atmosphère", mais ça restera relativement superficiel, vu que le deuil imprègne nos strates émotionnelles profondes, il y aura toujours "quelque chose qui n'accroche pas" ...
    La seule vraie recherche se fait au fond de soi, oui, il y a des risques de se perdre dans l'amertume, le désespoir, l'absurdité ...
    Mais c'est pour ça que des gens font des peintures, écrivent des poèmes, jouent de la musique, pour chercher à refléter abstraitement la part d'immatérialité que le concret manquant continue de recéler, dans le souvenir VIVANT et HEUREUX ...
    Là est le phare dans la nuit ... ce n'est qu'un phare ... une lumière ... non, ce n'est pas concret ...
    (http://www.aht.li/3088746/hartrung.jpeg)
    Un des derniers tableaux peints par H.Hartung, alors qu'il était "foutu pour foutu" ...
    Bonne soirée à vous, Yevanna, Tony, & Cie ...
    M.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 29 juin 2017 à 13:33:00
exact par rapport à la limite des aides
mais si aides il y avait peut être cela aiderait aussi les processus
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 02 juillet 2017 à 15:28:24
Il y a toutefois des choses plus ou moins concrètes.
Peindre quelque chose qui reflète précisément un sentiment me semble plus concret que de participer à une réunion qui ne sert à rien. Blablablabla...

Bricoler ma maison me semble aussi quelque part plus concret.

Parler avec un ami dans la détresse pour écouter ses problèmes.

Ce sont les choses très illusoires qui semblent vraiment dénuées d'intérêt voire insupportables. Avant, aucun problème, la question ne se posait pas.

Juste un concret qui consiste à soi faire quelque chose d'utile, de vrai, même si c'est aussi simple que de réparer un tuyau.
Une action et pas du vent.

Alors certes, ce concret-là,  n'enlève pas la douleur, mais il permet au moins de s'occuper, de donner du sens.
Il faut du sens à ce qu'on fait. Il y a trop de choses sans sens dans la vie.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: nounouto le 02 juillet 2017 à 20:52:24
Tout à fait d'accord avec toi. Il y a trop de chose sans aucun sens dans la vie.
D'autant plus lorsque l'on a côtoyé la maladie et la mort. Parfois on se dit à quoi cela sert tout cela.

se lever, se préparer pour aller travailler, se retrouver parmi des gens qui parlent de choses qui n'ont plus aucun sens, Pire certains vous parlent de leurs petits problèmes. Car tout est dérisoire face à la mort. Alors on se dit A QUOI BON !

Et puis notre esprit s'attache à faire quelque chose de concret, n'importe quoi couper des fleurs, même faire le ménage? bricoler comme toi Tony,  et là pendant quelques minutes vous êtes concentrés et pensés uniquement à ce que vous faites. A rien d'autre.

Un bouffée d'air courte m


Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: nounouto le 02 juillet 2017 à 20:58:15
Tout à fait d'accord avec toi. Il y a trop de chose sans aucun sens dans la vie.
D'autant plus lorsque l'on a côtoyé la maladie et la mort. Parfois on se dit à quoi cela sert tout cela.

se lever, se préparer pour aller travailler, se retrouver parmi des gens qui parlent de choses qui n'ont plus aucun sens, Pire certains vous parlent de leurs petits problèmes. Car tout est dérisoire face à la mort. Alors on se dit A QUOI BON !

Et puis notre esprit s'attache à faire quelque chose de concret, n'importe quoi couper des fleurs, même faire le ménage, bricoler comme toi Tony,  et là pendant quelques minutes vous êtes concentrés et pensés uniquement à ce que vous faites. A rien d'autre.

Une bouffée d'air courte mais essentielle.

Trouver un sens pour continuer à vivre sur cette terre. Parce que nous n'avons pas d'autre choix.
La perte de mon amour m'a fait comprendre qu'il ne faut plus perdre de temps avec des gens qui ne nous conviennent pas, faire des choses qui ne nous plaisent pas, mais aussi passer du temps avec nos proches et ceux qui en vaillent la peine.

facile à dire n'Est-ce pas ? Lorsqu'on est en vrac comme nous...

Chaleureusement,


Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 04 juillet 2017 à 11:42:13
La perte de mon amour m'a fait comprendre qu'il ne faut plus perdre de temps avec des gens qui ne nous conviennent pas, faire des choses qui ne nous plaisent pas, mais aussi passer du temps avec nos proches et ceux qui en vaillent la peine.

C'est exactement ça... Ne pas "faire des choses qui ne nous plaisent pas".
Mais comment faire pour les éviter ? Je ne peux pas tout plaquer sinon je vais en plus sombrer financièrement parlant, finir clodo.
Et que faire par rapport au travail ? Car c'est prenant, c'est beaucoup de temps... Ce n'est pas juste un petit désagrément de quelques heures.

On m'avait dit qu'avec le temps tout s'arrangerait, or, avec le temps, de nouveaux problèmes se posent.




Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 04 juillet 2017 à 20:03:26
Citer
On m'avait dit qu'avec le temps tout s'arrangerait, or, avec le temps, de nouveaux problèmes se posent.

qui a dit ça
des experts = des personnes veuves déjà ?
ou des personnes ne connaissant rien à ce type de situation ?
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 05 juillet 2017 à 16:51:28
Citer
On m'avait dit qu'avec le temps tout s'arrangerait, or, avec le temps, de nouveaux problèmes se posent.

qui a dit ça
des experts = des personnes veuves déjà ?
ou des personnes ne connaissant rien à ce type de situation ?

Des gens du corps médical. Moi j'y ai cru.
On m'a même dit que c'était impossible que je reste comme ça.

Le problème c'est que je retiens bien ce qu'on me dit.

Alors j'attends, je fais des choses certes, mais il y a beaucoup de moments, chaque jour, ou la douleur est abominable et ou je me demande comment je peux vivre avec la douleur et le manque.
C'est tellement puissant comme sentiment que ça donne envie de crever, tout simplement crever.

Alors il faut redresser la barre à chaque fois mais cela demande beaucoup d'énergie.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 05 juillet 2017 à 17:00:06
Ha oui, en fait, ce qui survient souvent, c'est le désespoir. Voilà ce sentiment engendré par le manque et voilà ce qu'il faut combattre parfois. Le désespoir.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 05 juillet 2017 à 17:04:49
Pour combattre le désespoir il faut créer de l'espoir, voilà, je viens d'y penser.

L'espoir de revoir ma femme en haut.
L'espoir de bâtir des choses ici-bas, et j'en bâtis, c'est vrai, mais c'est pas facile quand on est tout pété de partout.

C'est cela qu'il faut aux gens qui connaissent le désespoir :  de l'espoir.

Voilà, au-delà des explications médicales, il faut accéder à l'espoir, bordel ! L'espoir de faire des choses même si la douleur reste.



Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: souci le 05 juillet 2017 à 17:16:09

   Et l'espoir, c'est comme l'huile de coude, faut se forcer à le produire ...
   Solidairement,
   bien que ni fort solide ni trop bolide, Titine.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 05 juillet 2017 à 23:12:58
Bonsoir Tony,

J'ai repris le travail lundi après deux mois d'arrêt de travail. Une reprise que j'ai voulue. Une reprise difficile mais je suis contente d'avoir franchi cette nouvelle étape. En rentrant le soir à 18 heures, je me suis effondrée de fatigue. Une loque ! J'ai dormi jusqu'à 22 heures. J'ai laissé mes enfants livrés à eux-mêmes pour se faire à manger... Génial ! Je me décerne le prix de la maman la plus nulle... Mardi, rebelote !!!!
Je n'ai de toute façon pas le choix, je suis obligée de travailler !
Personne pendant mon absence n'a géré les dossiers en arrivée. On est pourtant 4 en tout dans mon bureau... Manque de solidarité, égoïsme, ordre de la chef ?  Au début de la matinée, j'étais en colère de voir la tonne de boulot surtout que le processus de traitement s'est complexifié pendant mon absence. Mais aujourd'hui, je me dis que je m'en fous. Que si les partenaires appellent pour râler, je les renverrai vers ma direction. Je ne suis pas responsable du fait que je n'ai pas été remplacée. D'ailleurs, j'ai mis mon téléphone en NDP au bureau (Ne pas déranger). Une solution comme une autre pour se protéger.
Ca m'a fait du bien de retrouver du mouvement autour de moi. Ca m'a fait du bien de ne pas penser à l'horreur de ma situation. Ca m'a fait du bien mais ça m'a épuisée. J'ai eu des choses à raconter à mes enfants... C'est peut-être stupide mais parler de la routine de ma journée les a rassurés aussi. C'est mieux pour eux de voir une maman qui mène une vie "normale" plutôt que la loque qu'ils ont eu devant eux et qui les effrayait depuis deux mois... Rien que pour ça, ça vaut le coup d'aller travailler même si je te rejoins, on ne s'épanouiT pas au boulot dans nos métiers respectifs... Le changement sera peut-être pour plus tard...
Bon courage à toi, Tony et si tu prends quelques jours de congés, je souhaite qu'ils te soient salutaires pour te reposer et profiter de tes enfants différemment... Que cet été te soit doux...
Muriel.
Titre: Re : Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: PAVELLE le 07 juillet 2017 à 19:50:29
Pour combattre le désespoir il faut créer de l'espoir, voilà, je viens d'y penser.

L'espoir de revoir ma femme en haut.
L'espoir de bâtir des choses ici-bas, et j'en bâtis, c'est vrai, mais c'est pas facile quand on est tout pété de partout.

C'est cela qu'il faut aux gens qui connaissent le désespoir :  de l'espoir.

Voilà, au-delà des explications médicales, il faut accéder à l'espoir, bordel ! L'espoir de faire des choses même si la douleur reste.

Merci pour ce message.... d'espoir, auquel j'adhère totalement.

Et bien me revoici sur ce forum où je ne suis pas venue pendant des mois, c'était trop difficile, lire les témoignages était au  dessus de mes forces . Déjà que je n'avais plus de forces d'avoir tant pleurer sur ma propre misère.
Après de timides approches depuis quelques semaines, me revoici, même si ma peine est bien vive en ce moment.

Je suis revenue lire sur ce thème du travail : j'ai repris le mien au bout de 6 mois d'arrêt, en essayant de me persuader que cela me ferait du bien de m'occuper des autres (je suis soignante). J'ai repris aussi pour qu'on m'oublie, qu'on oublie que j'étais une survivante, et aussi pour que la prévoyance de mon employeur, oui bien sur, celle qui me garantie de remplacer la perte de salaire pendant un arrêt, pour qu'elle arrête de me demander tous les mois certificat médical, copie des ordonnances d'anxiolytiques, attestations de thérapie auprès du psychologue, et enfin le 5 ième mois une convocation à une expertise médicale. Bref l'épisode prévoyance fut vraiment très pénible. Même si le médecin qui m'a expertisée  a conclu que mon arrêt de travail était justifié, j'ai trouvé leur démarche extrêmement pénible et humiliante, comme un déni de mon chagrin, comme un déni de mon deuil, comme un déni de l'existence de mon mari.
Bon voilà j'ai donc repris le travail en janvier, ces 6 mois de travail ont été aussi déroutants que ceux exprimés dans vos témoignages. J'aime toujours soigner et accompagner les malades, je me sens utile auprès d'eux, mais les collègues, la hierarchie, pfffffff
Depuis mai je replonge dans la peine et  mon chagrin, toute la journée au boulot à essayer de faire bonne figure, et à supporter les petitesses des collègues. Le soir à la maison, tristesse, pleurs et colères, culpabilité devant mes enfants.
Le 3 juillet, mon médecin m'a arrêté de nouveau.
Vos témoignages reflètent exactement mon ressenti. Plus du tout sur la même longueur d'onde que les collègues, la hierarchie.
La hierarchie....... lundi  ma chef de service m'a téléphoné et m'a demandé,  en s'excusant mielleusement,  "bon dis moi je sais que ce n'est pas le bon moment, mais il faut que tu me dises si tu penses reprendre le travail fin juillet (au bout d'un mois d'arrêt) comme prévu, ou si tu penses prolonger. Tu comprends il faut que je prévoie tes remplacements et c'est compliqué, si tu prolonges ton arrêt en août je devrais décaler les dates de congés de tes collègues..."
Cette phrase c'est du fiel pour essayer de culpabiliser les paires de bras, citrons que nous sommes. Ma chef de service est une personne incompétente et mielleuse.
Hier elle me rappelle en m'assurant que finalement elle a trouvé des remplaçants et que non, je ne dois pas me culpabiliser si je prolonge. Je lui ai dit posément que j'espérais reprendre fin juillet, que je ne me complaisais pas en arrêt, et que niveau culpabilité, trop tard c'est fait parce qu'elle sait que je me soucie du respect des congés, mais que finalement je n'étais plus à une contrariété prés.

Une amie qui travaille dans un établissement qui m'a toujours attiré, vient de me prévenir d'une offre d'emploi. Hier j'ai rédigé mon CV.  La lettre de motivation, depuis ce matin je remets à plus tard. Trop de pensées interfèrent, cette lettre ne sera pas honnête quant à la qualité de mon investissement au travail......

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: caroline22 le 09 juillet 2017 à 16:36:05
Bjr a toutes personnes concernés , Moi je travail c'est le travail  qui m'a  aidé, mais j'ai encore des moments durs que je pleure encore ..ça fera bientot deux  ans que  j'ai perdu mon compagnon , ont étaient vraiment proche  , c'est pas facile   sans lui .....je travaille , mais mes collègues , ne comprenne pas , ils sont divorcés  une partie, surtout  la personnalité de certains .... Moi j'au encore du mal a être sans mon  compagnon, la situations n'étais   pas facile, mais c'était   une personne qui avait grand  Coeur .....   C'est tjrs  dur , en semaine j'y pense  moins , mais  c'est tjrs en week end , ont était tjrs ensemble, ont ne se quittait  jamais ....je n'ai pas vécue une  aussi heureuse  relation avec qqun d'autre que lui aussi forte ....C'est pour cela que c'est  vraiment  tjrs  sans lui .......Je n'ai pas vécue de  dueil, sauf pour ma mère , il y a 15  ans cette année , mais là il me fera du temps  pour se reconstruire ......

Je partage , la peine et le chagrin  ......les gens  ne comprenne  pas que j'ai tjrs du mal ....
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: PAVELLE le 09 juillet 2017 à 17:20:34
Bonjour caroline, beaucoup de pensées positives vers toi. je te souhaite de trouver sur ce forum tout le réconfort possible.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Nora le 09 juillet 2017 à 17:21:16
Bonjour Caroline22,

C'est ton premier message, alors je t'accueille ici.

Le travail aide, mais le milieu du travail est cruel et manque de bienveillance. 

Tu parles de tes collègues divorcés, et j'ai remarqué que les personnes divorcées identifiaient notre situation à la leur, ne nous écoutaient pas et avaient tendance à minimiser notre peine.

"Les gens ne comprennent pas que j'ai toujours mal ". Nous te comprenons ici, et je te comprends, cela fait 2 ans et demi pour moi, et j'ai toujours aussi mal.

Pensées pour toi

Nora
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: nounouto le 09 juillet 2017 à 18:06:03
Bonjour à tous

Moi le travail a été ma bouée de sauvetage j'ai la chance d'avoir des collègues proches qui m'ont soutenues pendant la maladie de mon mari et aujourd'hui également. Certainement parce que chacune à la même année a connu un décès de parent proche.

Les autres ne savaient pas comment m'aborder à mon retour. La plupart ont fait comme si de rien n'était. D'autres mais peu sont venus me voir sans parole et m'ont serré dans leur bras, d'autres encore s m'ont parlé doucement comprenant ma détresse. Mais pour la plupart il est vrai que nous sommes souvent déçus de ce manque d'humanité. Et là je parle du milieu professionnel cela peut s'excuser.

Hier soir je me suis forcée à aller  à un anniversaire du mari d'une très bonne amie. Grande salle beaucoup de monde et j'ai retrouvé des personnes qui connaissaient mon mari, qui souvent blaguaient en soirée avec lui. Et là pas un mot pas un geste comme si il n'avait jamais exister. Cela m'a blessée. On me répondra qu'ils n e savaient pas comment faire.
Moi je n'aurais jamais fait cela. Je n'ai rien dit parce que s'était un anniversaire et pas l'endroit. Cela m'a  attristée.

J'ai compris que je n'avais rien à faire là se n'est plus ma place sans lui.

Il faut que j'en trouve une autre...

Alors oui le travail m'aide à éviter de penser à lui toute la journée. Cela sauve.

Maintenant je comprends mieux ma grand-mère qui s'est retrouvée complètement seule après 50 ans de mariage. Seule dans cette grande maison sans activité. Je comprends pourquoi elle a sombré dans la dépression. A cette époque je vivais le grand amour alors je ne pouvais pas la comprendre.

Ce pourquoi j'essaye de ne pas trop en vouloir au reste du monde mais j'ai du mal.

Cela va faire 10 mois que mon amour m'a quittée et je ressens de plus plus son absence. Un manque physique, une solitude infinie.

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 10 juillet 2017 à 11:09:01
quelle est la voie pour que ces deuils soient moins tabous en société
une grande question
je sais que des personnes tentent des choses type ciné deuil etc
pourquoi pas se mettre à faire quelque chose de concret pour faire un peu évoluer les mentalités ?
des causeries en médiathèques autour des livres sur le deuil
aussi
amis éduquer au deuil dirais je ?
est ce possible
dans notre civilisation ?
sachant que dans d'autres les choses se passent autrement ! ................
les tabous de mort ici ont été longuement discuté
peur de ne pas savoir dire
peur de ce que ça renvoie = état de potentielle victime de la mort etc ...
je sais que ma vie ses deuils tôt (meilleure amie à 20 ans et mon père à mes 21 ans) puis série de deuils de famille
ont fait que j'ai pu réagir aux deuils des autres ...
grand débat !
ne pas en vouloir aux autres ? il y a je crois une limite à tolérer sans rien dire leur incapacité ! d'humanité
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 10 juillet 2017 à 19:09:22
Un divorce ou une rupture c'est sans doute traumatisant dans certains cas, il y a des gens qui pètent les plombs et qui ne s'en remettent jamais. Ça doit dépendre aussi de la manière dont ça se passe.
J'en sais rien.

Ce n'est toutefois pas le même choc que la mort dans l'absolu.

Parmi les témoignages que j'ai pu lire des différents membres du forum, il y a des choses qui me paraissent assez aberrantes concernant le retour dans la vie professionnelle.
On ne peut pas demander aux autres de comprendre, bien sûr.

On vit dans une société ou l'on nous rabâche à longueur de temps qu'il faut faire preuve de solidarité et d'humanité mais c'est un concept pour les plateaux télé ça j'ai l'impression.
On a plutôt intérêt à se débrouiller, soit en se battant, soit en se laissant aller jusqu'à ce qu'on nous prenne au sérieux.

Moi j'ai croisé des gens en hôpital de repos (bipolaires, toxicos etc...) qui étaient je trouve pas mal soutenus depuis des années et des années, je peux dire aussi que moi j'ai été soutenu par un psychiatre car j'ai eu du bol.
Et attention il a fallu que je parte sur mars dans ma tête pour qu'on me prenne au sérieux mais on m'a laissé moisir dans mon lit pendant des semaines avant que quelqu'un se dise que c'était peut-être traumatisant.

Et j'ai l'impression que ce n'est pas le cas de tout le monde sur le forum, qu'il y en a un certain nombre qui moisissent dans leur coin.

Merde quoi, la mort, c'est quand même quelque chose à prendre au sérieux. Bien sûr que pour pas mal de personnes qui y sont confrontées cela entraîne des complications ! Et il y a l'après ! Qu'est ce qu'on fait ensuite ?

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 20 juillet 2017 à 00:05:26
Bonsoir,
B'en vous vous attendiez à quoi ? Si vous allez dans une soirée festive, c'est que ça va, non ? Mais je rêve ! Vous reprenez le travail et vous voulez toujours et encore être considérée comme "malade". Vous participez à une fête d'anniversaire et vous souhaitez que les gens viennent s'apitoyer sur votre sort de personne en deuil ! Non, mais si ça ne va pas, rester en arrêt de travail et surtout rester enfermée chez vous sans imposer votre peine, votre chagrin... Les autres ont le droit de s'amuser sans avoir votre tête de zombie sous les yeux...

Je suis volontairement caustique, évidemment... J'ai des souvenirs de situations difficiles vécues après la mort de mon frère quand j'avais 17 ans... Je me rends compte que les choses n'ont pas changé en près de 30 ans... Nous les personnes en deuil avons le don de mettre mal à l'aise les autres... C'est connu et reconnu que le chagrin, la peine sont contagieux... Moi, très souvent, je parle de mon frère et je me rends compte que bien que presque 30 ans se sont passés, je mets encore  mal à l'aise... Mais pour autant, je continue.

Les vrais amis, eux, n'ont pas peur de venir vers vous, de vous parler, d'oser vous demander comment ça va, de vous écouter même si ce n'est ni le lieu ni le moment...
Bon courage à toutes et tous !
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 21 juillet 2017 à 15:36:03
Denpaolig tu as écrit comme tu sentais les choses en lisant les ressentis douloureux de nounouto qui tire les conclusions de son expérience.
Chacun réagit a sa manière.

Écoutez ceci
https://www.inrees.com/Video/troubles-psychiques-espoir-tete-reportage/
pourquoi ne pas rêver l'équivalent/deuils ?
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 21 juillet 2017 à 23:21:19
Il s'agit tout simplement d'humour caustique absolument pas mon opinion sur les ressentis des uns et des autres... Je vis des heures sombres et terribles depuis quelques semaines avec une résurgence d'images traumatiques alors quand je lis ce que je lis, je repense à ce que j'ai déjà entendu me concernant...
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 30 juillet 2017 à 14:26:16
Mais on ne choisit pas de reprendre un travail, on n'a pas le choix, il faut bien manger !
Quant aux soirées, effectivement je les évite.

D'un côté c'est normal, c'est la vie, le travail, c'est comme ça, mais il n'y a pas beaucoup d'aménagements. Quelqu'un qui a été blessé physiquement, on lui aménage un peu son travail. Alors voilà ce n'est pas un choix c'est une obligation et comment y faire face quand on est une boule d'émotions.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 30 juillet 2017 à 18:36:28
Aménager son temps de travail quand on doit travailler 8 heures par jour me semble difficile. La répartition peut se faire quand on travaille moins de 8 heures. Le mi-temps thérapeutique peut être une solution préconisée par le médecin de la santé au travail les premiers temps de la reprise. Le télétravail peut être mis en place dans certaines entreprises pour certains postes.
Mais je reste persuadée du bien fondé d'une vraie reprise physique au travail dès la fin d'un arrêt de travail. La dynamique d'une journée de travail est plus stimulante qu'une journée à la maison. Je ne dis pas qu'on est efficient dès la reprise mais au moins le temps de quelques minutes voire quelques heures, on vit autre chose que notre drame qui lui à la maison se joue en boucle...
J'ai repris lundi dernier mon travail après près de trois mois d'absence (2 mois et une semaine d'arrêt + 2 semaines de congés). Ma responsable me donne jusqu'à fin septembre pour résorber la charge de travail ! En sachant que les dossiers continuent à arriver ! Donc en gros, j'ai 2 mois pour instruire les dossiers qui représenteront 5 mois  de travail au total. C'est de la folie pure, c'est mission impossible ! Ca m'a mise dans une colère noire contre l'attitude de ma responsable, les décisions totalement absurdes de la direction, les pressions insupportables. Mais là, c'est bien le boulot qui me met en colère pas la décision du suicide de mon mari... et bien ça change tout ! Je suis capable de colère autre que celle que je ressens contre mon mari depuis trois mois. Je suis capable de me rebeller au travail. Je suis capable de pensées structurées malgré le contexte... La douleur m'accompagne mais pendant ma journée de travail, elle reste plus ou moins à l'écart...
Bon courage à toutes et tous qui reprendront le travail bientôt...
Muriel.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 02 août 2017 à 13:33:45
Je pense que chacun est différent, que tout dépend de ce qu'on a vécu, que tout dépend du travail que l'on fait.

Je crois que tu as raison : la reprise du travail est très positive pour ceux qui aimaient avec passion leur travail (je prends des exemples certes extrême : le pianiste professionnel, l'architecte de renom, le cuisinier d'un bon restaurant...), ceux que le travail stimule pour diverses raisons (le contact avec les autres, le bon stress, le fait de faire marcher son cerveau, le fait d'aider les autres, le fait d'être utile, le fait d'être un grand professionnel comme un artisan etc...). C'est aussi positif pour "reprendre une vie sociale".

Néanmoins, un traumatisme aussi horrible qu'un décès peut amener à modifier radicalement notre perception du monde.

Concrètement, traiter des dossiers administratifs dont tout le monde se fout et qui ne servent à rien d'autre qu'à alimenter un système un peu dingue car sur-réglementé, trop complexe, passer son temps sur un logiciel, je me demande à quoi cela sert.
Oui je sais, il s'agit là de questions existentielles qu'on se pose normalement à 17 ans et après on se fonde dans le moule parce que c'est la vie. Parce qu'on a une vie.
Mais quand on croise le chemin de la mort de très près alors que ce n'était pas du tout dans l'ordre des choses, on ne peut plus employer l'expression "parce que c'est la vie" de façon un peu désinvolte. 
Et quand notre vie est justement dévastée par un cataclysme, on ne peut pas forcément reprendre les choses là où elles en étaient.
On devient pour certains je suppose une personne radicalement différente.



Ensuite, il y a ce que sont devenues les capacités intellectuelles, l'énergie, la gestion de l'humeur (du stress, de la colère)...
Un traumatisme peut aussi je suppose affecter largement la personne que l'on était.

Je suis devenu un étranger pour moi-même, je stresse pour un rien (stress qui se transforme en terreur et en nausées), je m'endors à 3 voire 5 heures du matin (je revois ma femme mourir soudainement etc) ceci  malgré l’absorption de médicaments puissants, mes capacités intellectuelles sont largement diminuées et évidemment ça ne m'arrange pas pour le travail.
Sans vouloir me faire plaindre, d'ailleurs je reste discret au travail, c'est juste pour expliquer que c'est quand même très difficile à gérer pour la reprise du boulot. Je me sens très très diminué, je suis très anxieux et je le vis très mal (bêh tu m'étonnes, se retrouver avec la nausée au moindre stress c'est pas de tout repos). Ce n'est pas que le travail ce sont toutes les situations stressantes, je précise, mais en dehors du travail je les évite tout simplement le plus possible histoire de ne pas taper sur la tronche du type qui m'agace trop ou d'être terrifié par je ne sais quoi.

Encore une fois, ce n'est pas pour me faire plaindre, sur d'autres plans j'ai évolué positivement dans mon "chemin de deuil", mais pas sur tout, pas sur le plan de certaines émotions, alors j'essaye de chercher des solutions au travers des expériences de chacun et partout où je pourrais en trouver (car je cherche et je ne trouve pas, je cale depuis des mois). 
Je regardais un peu comment les gens s'en sortaient avec le travail et ce qu'ils avaient trouvé eux  comme solution car je crois que pour que les choses s'améliorent il faut agir, ne pas rester passif, ça ne tombe pas du ciel (mais que faire ???).
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Titenam le 18 août 2017 à 08:38:12
Ça fait du bien de lire que je ne suis pas folle!!! Que d'autres savent ce que je ressens face à cette vie qui me paraît complètement inutile, gâché... que y en a marre de faire semblant d'aller bien pour que les autres se sentent mieux... au bout d'un an... rien n'a changé dans mon esprit si ce n'est que je ne veux pas revivre la même année...
Je dis j'y arrive pas on me répond "bouge toi"... je dis que ma vie me semble inutile car je n'ai plus d'envie on me répond "vis pour tes enfants" ...  travailler après sa mort n'a pas été un choix, mais une obligation si je ne voulais pas tout perdre , nous avons une entreprise tous les deux, il a fallu que je bosse pour deux sans avoir droit à un moment de répit, que je m'occupe de ma fille qui a perdue son père, de mes fils qui ont perdu leur beau-père... aucune aide malgré la violence de sa mort  et le fait que nous étions la au moment de l'accident... j'aie du contacter moi- même des psy pour faire suivre tout le monde... tout ça avec l'envie de mourir à chaque seconde... et en réponse à ma question comment avoir envie de continuer on me dit "Bouge toi!"  Non vraiment on ne vit plus dans le même monde... je suis en colocation avec la vie et les autres...  de l'aide? On en a pas il faut se demerder et personne ne fera de cadeau... entre ceux qui abusent de votre situation de faiblesse et. Eux qui vous donnent des conseils à la con!!!
Allez, je vais bosser... puisque de toute façon je n'ai pas le choix...
Bises et bon courage à tous....
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 21 août 2017 à 16:29:03
On n'a pas le choix.

Il faut que je me sorte de ce marasme, c'est pas une vie sinon, c'est une punition. Je vais attaquer de nouvelles thérapies et tout ce que je pourrais.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Noëlle le 21 août 2017 à 20:28:08
bonsoir Tony,
Je ne suis plus que de passage rarement et très ponctuellement. Je viens  de te lire. J'ai perdu l'amour de ma vie il y a 20 mois, après un accompagnement dans la maladie pendant 4 ans, y  compris une année de rémission. Jusque quelques semaines avant la fin, nous avons partagé et profité du meilleur de la vie, et aujourd'hui je n'ai aucun regret et aucune culpabilité. Je suis encore en vie, surprise, mais je n'en suis pas morte ! Et je continue mon chemin ! Malgré de vrais moments de bonheur que je connais de nouveau ponctuellement, le subconscient joue des tours : ...... j'ai cru être victime d'un infarctus il y a trois semaines ..... j'ai fait un malaise dans un musée, parce que la dernière fois que j'étais dans la même situation c'était avec mon mari ...... et la psychologue qui m'a beaucoup aidée à gérer ma souffrance grâce à l'hypnose, m'a conseillé l'ADMR, qu'elle a elle-même expérimenté avec succès. Je commence demain.
meilleures pensées à vous tous et toutes.
Noëlle
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 21 août 2017 à 22:30:14
On a pas le choix en effet... sauf quand le corps ne veut plus...
Ca a été mon cas ce matin. Après une journée difficile dimanche, une soirée pénible à parler avec mes parents des suites judiciaires que j'allais ou pas donner suite au suicide de mon mari (harcèlement moral de ses supérieurs hiérarchiques), ma puce en larmes qui ne veut pas aller passer quelques jours chez mes parents, une nuit remplie de cauchemars effroyables et ce matin le réveil qui sonne... Impossible physiquement de me lever.
Je n'a pas eu le courage de quoi que ce soit aujourd'hui, ma puce non plus. Alors, on a enchaîné le visionnage de deux films en DVD cet après-midi, histoire de se changer les idées...
J'espère pourvoir me lever demain et me replonger dans mes dossiers... Un pas à la fois...

Bon courage à tous et toutes
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 22 août 2017 à 16:05:00
Je comprends bien. Trop souvent dans la journée mon corps ne suit pas alors le mental déraye.

Je ne supporte plus du tout la pression en fait, le stress, ça me rappelle le décès de mon épouse.

J'espère que tu arriveras à te lever demain, oui, un pas à la fois.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: élia le 23 août 2017 à 20:14:56
Bonsoir,

Je reviens par ici au bout de quelques mois...
Pendant une année, chaque jour ne quittant pas ma chambre, je venais vous lire,
 certains sont partis,
 certains reviennent,
 d'autres arrivent...
J'avais écrit quelques mots ici car c'était là la seule façon de s'extraire de cette substance qui nous happe dans les profondeurs...la seule façon de construire un sens.
des mots plein de souffrances, de colère, de désespoir,  d'éclaircies, chargé de souvenirs, de traumatismes, parfois de culpabilité, de vide, d'absence, de peur, de solitude, d'incompréhension, de vie...
et puis j'ai tout effacé...
je regrette un peu aujourd'hui car le temps (fichu temps, hein Federico, vois tes derniers posts!!) balaie les jours et ce qui nous composent...même si à chaque nouvelle journée et encore aujourd'hui nous avons l'impression que rien ne bouge, notre état n'est jamais le même.
Cela fait 1 an et 6 mois que mon Amour est parti...je souffre toujours autant mais différemment.
Je lisais Tony36. Je repensais à tout ce qu'il exprimait par rapport à son travail.
Lorsque mon Amour est parti, toutes les illusions qui faisaient tenir notre monde en équilibre se sont écroulées.
 L'histoire que nous nous  répétons chaque jour n'existe plus. On vit à travers le vide, déchiré par des souvenirs traumatiques (la maladie n'épargne rien) dans un "impossible réel".
Est ce que cela se répare ?
Je suis sortie de ma chambre il y a 4 mois pour faire une formation et trouver du travail car désormais je suis seule à m'occuper de nos deux enfants...le décalage avec les autre est si fort.
 Même si je pense offrir le plus beau sourire à l' autre, même si mon humeur est "charmante"...
je ressens une colère extrême au fond de moi...et un grand détachement...paradoxale !!
une colère destructrice qui forcément vue sa puissance atteint le cœur de nos enfants.
Je perds le fil de mes pensées...ma mémoire se détache, se dissout dans presque tout, ma tête ne fixe rien peut être car elle n'est plus dupe...
les autres...cette adversité, que peuvent t-ils y faire ? comment leur en vouloir, le monde est bien réel pour eux. Ils s'y accrochent...
Nous sommes des rescapés dans un monde auquel nous ne croyons plus et subissons ces effets.
Notre corps réagit. IL se manifeste par des douleurs presque quotidiennes.
En 1 an j'ai fait une fibroscopie, une coloscopie, une macro biopsie des seins, des radios du bassin, de la colonne, des analyses sans fin....je souffre et je n'ai rien...
je suis en colère...je n'arrive pas à trouver le courage d'aller voir un psy...je suis devenue une dictatrice qui juge je ne supporte plus les gens...les amis de mon Amour se sont éloignés, mes amis je ne peux plus leur exprimer ce que je ressens. Je ne sais pas comment partager avec eux des moments sans leur cracher mon état alors je prends des distances pour nous épargner.
 Mon Amour s'éloigne lui aussi, son essence...
Les souvenirs de la maladie se répètent toujours en boucle et me déchirent, me brisent...j'avance et ne trouve plus le chemin du réel collectif, cela me donne l'impression de reculer.
J'essaie de déconstruire mon état, mon réel en me disant qu'il est lui aussi devenu une nouvelle histoire à laquelle je m'accroche.
Allez au bout de l'absurde fait encore plus mal, ou plutôt non !!! on ne ressens plus RIEN.
On va bien faire avec ce que l'on a !!!
Croiser un regard, sourire. Respirer doucement. S'allonger; fermer les yeux et être en face de notre Amour, plongez ses yeux dans l'énergie qu'il nous laisse en dessinant les contours de sa silhouette.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 24 août 2017 à 22:40:57
Beaucoup vont se reconnaître dans tes mots
D'autres nouvellement arrivés, comme souvent à la lecture de tels témoignages vont flipper
Tu es restée plus d'un an isolée d'autres ont aussi pu vivre cela comme Doromandre qui m'avait accueillie ici.
D'autres n'ont pas eu le choix que de continuer à à travailler
C'est ainsi, chacun son parcours
Je te souhaite de trouver un état qui te permette d'accompagner tes enfants comme tu le souhaites
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 25 août 2017 à 23:59:38
Et non Tony36, je n'ai pas eu l'énergie suffisante pour retourner au travail cette semaine. Pas après pas disais-je, hein ?... Terriblement perturbant car depuis ma reprise du travail après 3 mois d'absence (2 mois et 1semaine d'arrêt maladie et 15 jours de congés à suivre), je trouvais que ma présence au travail me soulageait de ma douleur, ma tristesse au moins pour les heures de présence au bureau. Et là, lundi, mon corps m'a envoyé un grand STOP. J'ai bien été forcée de l'écouter et mon médecin m'a arrêtée pour la semaine. Je ne comprends pas ce plongeon dans cet état de sidération, de douleurs fulgurantes car je trouvais que j'allais plutôt mieux depuis ma reprise ? Comme pour toi, les pressions subies au travail me sont devenues insupportables. Mais à part, envoyer tout balader en démissionnant je ne vois pas ce que je peux faire ? Ailleurs (si toutefois, je retrouvais un nouveau job - à 46 ans et reconnue travailleur handicapé, pas facile, faut pas se leurrer !), serait-ce différent, je ne crois pas !Et d'ailleurs pour faire quoi ? Tout ce que j'aimais faire m'est interdit à présent depuis mon opération du dos.  Et je crois que du coup, mon corps a réagit de cette façon pour se protéger lui et mon mental.
Accrochons-nous, la tempête va se calmer !!!
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 29 août 2017 à 17:46:41
Mon employeur est plutôt bienveillant avec moi, pour le moment, je n'ai pas à me plaindre. Mais je ne supporte plus la tension, le moindre stress me paralyse, ça me provoque une réaction physique, je revis un peu le décès de ma femme.

C'est le stress post-traumatique qui s'ajoute au deuil pathologique comme disent les psychiatres.

Alors je prends des médocs, mais ça me fatigue, donc j'ai du mal à travailler et à me concentrer, ce qui me stresse davantage.... Bref, le serpent qui se mord la queue.

J'ai engagé par ailleurs des projets personnels comme je l'avais dit, très importants, je me suis sincèrement bougé, mais ça me provoque aussi du stress. Je me demande si je ne fais pas n'importe quoi parfois, si mes décisions sont judicieuses.
Mais je crois qu'il faut agir pour que les choses évoluent. C'est peut-être une vision un peu cosmique ou mystique de la vie mais je pense qu'elle est vraie. Déjà elle se vérifie rationnellement : action = réaction. Mais peut-être aussi d'un point de vue plus ésotérique.

Alors si j'ai fait n'importe quoi, que tout tourne au cauchemar... que dire... J'aurais essayé, j'aurais pris des risques, je vais me retrouver acculé. On verra.

A un moment, il a bien fallu que je sorte de mon lit et que j'avance. Trop vite ? Peut-être...

Que c'est dur quand on est devenu un être hyper-sensible bourré de médicaments et souvent en souffrance. L'énergie me manque.

Mais j'ai décidé de sortir du deuil :
Je ne discute plus avec ma femme tout seul dans la chambre où elle est morte, je vais ranger l'espèce d'autel que j'ai confectionné avec des affaires à elle, je vais arrêter tout ça sinon je vais rester un moitié-mort et un moitié-vivant mais je vais garder ma femme dans mon cœur. Maintenant, la souffrance, l'angoisse, tout est là. Bordel, c'est dur !

 

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: PAVELLE le 29 août 2017 à 21:31:52
"C'est le stress post-traumatique qui s'ajoute au deuil pathologique comme disent les psychiatres. " a dit Tony.
C'est bien ça que "les autres" ne comprennent pas.

La semaine dernière j'étais convoquée chez le médecin de la Sécurité Sociale. Il a jugé que mon arrêt était justifié vu mon deuil depuis un an, et a bien compris que reprendre mon poste de travail était compliqué vu mon métier, le public que je soigne, et l'ambiance très dégradée dans la structure depuis quelques mois. Comme mon arrêt maladie se termine dimanche, et que dès le lendemain je suis 3 semaines en congés, il dit que si je ne reprends pas le travail on se reverra pour faire le point.
Hier matin j'ai vu le médecin du travail (je suis suivie par la psychologue du travail). Après une longue discussion il me dit qu il est peut être temps que je quitte cette entreprise et parte ailleurs. Il pense que fin septembre je ne serais peut être pas encore prête à reprendre là où je travaille depuis presque 10 ans.
Moi j'ai enfin laché prise, enfin je crois, j'essaie (malgré les violentes crises d'urticaire sur un bras que j'ai depuis quelques jours, signe de grand stress chez moi...). Je ne me projette pas dans un mois pour imaginer si j'aurai repris le travail ou pas. Mais si je m'imagine au travail j'ai la boule au ventre et des angoisses qui m'envahissent.
La seule chose qui m'importe ce soir c'est organiser la maison et l'intendance pour mon fils qui va rester là puis partir à Montpellier à la fac, et préparer mon départ pour le Camino mardi prochain.
Cette nuit aucune insomnie !!!!!!!!!!!!!!! victoire ! et sans médoc qui pourrissent le foie et me donnaient la gueule de bois ! cette nuit un seul sommeil de minuit à 7 h, c'est grandiose.
Ce soir je suis allée  me baigner et nager à la mer avec une amie, l'eau était très douce, je suis restée une heure dans l'eau à savourer et à bailler.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 30 août 2017 à 03:23:02
ton message montre un chemin d'espoir
douceur
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 30 août 2017 à 13:07:04
 

Hier matin j'ai vu le médecin du travail (je suis suivie par la psychologue du travail). Après une longue discussion il me dit qu il est peut être temps que je quitte cette entreprise et parte ailleurs. Il pense que fin septembre je ne serais peut être pas encore prête à reprendre là où je travaille depuis presque 10 ans.


Et pour aller où "ailleurs" ?

On m'avait fait le coup "soit vous reprenez le travail soit on vous déclare inapte et plus de salaire".
J'allais pas en plus m'enfoncer dans des problèmes d'argent, picoler...

Mais alors le travail, quel calvaire ! Je suis comme un handicapé par rapport à avant. Je fatigue, je ne capte rien, je stresse...

Reprise à plein temps bientôt.

Ecoute Pavelle, il faut trouver de vraies solutions (prolonger au maximum l'arrêt, puis mi-temps thérapeutique et si ça ne va pas : poste adapté par exemple, je ne sais pas).

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Denpaolig le 01 septembre 2017 à 00:43:05
Je suis comme toi, Tony, mal à mon travail, stressée ou au bord des larmes au boulot, et ai très souvent à l'esprit, l'envie de tout envoyer balader. Mais ce qui me retient c'est ma situation familiale et financière. Et puis, la question que je ne cesse de me poser depuis plusieurs semaines. Est-ce que si je partais travailler ailleurs (faut encore trouver !), je me sentirais mieux ? A chaque fois, je me dis que non, j'embarquerais avec moi, ma tristesse, mes "pauses-pipi/larmes", le fait que je me traîne et que mon cerveau est lent et paresseux... Alors, en définitive, je reste là, j'évite de mettre en péril  le peu qui représente une stabilité...

Courage à tous et toutes en ces temps grandement troublés...
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 11 septembre 2017 à 22:16:49
Je me suis réveillé à 3 heures du matin (comme d'habitude si je ne prends pas de puissants somnifères genre zolpiden ou nuctalon) les dents serrées, les gencives pissant le sang.
Je me demandais pourquoi j'avais mal aux dents depuis quelques jours et pourquoi je m'étais pété un bout de dent sans raison.
J'ai la réponse : je cauchemarde tellement que je serre la mâchoire si fort que je m'en suis fait saigner les gencives.

Après les cheveux qui tombent à cause de l'anxiété ça va être les dents !

Bon c'est pas très grave mais quand même, qu'est ce que c'est violent !

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: loma le 12 septembre 2017 à 10:06:55
Des molaires se sont cassées aussi car je serrais les dents dans la nuit, j'en avais mal à la mâchoire. On serre  les dents au propre comme au figuré. Mon dentiste m'a fait faire une "gouttière" à porter la nuit. Cela a atténué le problème et c'est assez bien remboursé.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 12 septembre 2017 à 11:43:09
Comme je le disais, après plus de deux ans, je pensais avoir avancé et avoir fait des projets.
C'est le cas. On peut avancer.

J'avais décidé de démanteler l'autel consacré à ma femme dans notre chambre, de ranger la maison...

Mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit si dur physiquement.
Et je ne m'attendais pas à ce retour deux ans en arrière à l'angoisse. L'angoisse pour tout, une angoisse envahissante et physique, le même sentiment que lorsque ma femme mourait devant moi.
Alors oui je serre les dents dans la nuit jusqu'à saigner pour le peu de temps que je dors.

J'avais le mental mais c'est le physique qui me lâche, j'ai mal au corps.

Comment travailler correctement dans ces conditions ? Comment faire des choses quand on est bouffé par l'anxiété, fatigué, bourré de médicaments ?

Ça n'en finira donc jamais ?
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 12 septembre 2017 à 14:14:41
j'ai pu  ... tant mieux pour moi, n'utiliser que
acupuncture
homéopathie
plantes (http://forumdeuil.comemo.org/sante-deuil-stress-deperession/temoignage-26-mois-avec-les-methodes-naturelles/)
et ce que je connaissais de par mon métier (sophrologue, diplômée de médecine chinoise traditionnelle)
mais je serrai les dents avant (longue maladie de mon Epoux même si dernière phase rapide ...)
j'avais la gouttière jour et nuit déjà ... avant
je l'ai usée elle a été changée !

Pour le ça ne finira jamais ...
je repasse sur les dates de la dernière maladie de mon Jean ... et je recommence (moindre certes) à avoir des creux de vagues ...
je crois que ça durera oui longtemps
 :-\
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: PAVELLE le 08 octobre 2017 à 11:52:22

Me voici de retour sur le forum, toujours aussi égarée.
Comme prévu je suis partie sur le Camino pendant 13 jours. Cela a été une superbe expérience au niveau des rencontres avec l'autre. Personne ne me connaissait et n'essayait de composer un visage de circonstance, personne ne me demandait si ça va... Bref des rencontres toutes simples et bienveillantes, ce Chemin a été une bulle protégée les premiers jours, sans doute le temps où concentrée j'ai appris à gérer mes longues journées de marche et les bobos physiques qui vont avec... Au bout du 5ième jour le corps s'est habitué,  et m'est revenu à l'esprit la même rengaine épuisante, son absence toujours et encore la même chose... Son absence a été encore, comme d'habitude, bien cruelle, j'avais beau me dire "profite pour lui, il aurait aimé être là". Et bien non , je ne profitais ni pour lui ni pour moi.
Malgré tout, tous les pas en avant chaque jour, à chaque instant, m'ont aidé à avancer, ou à fuir ?

Au retour, j'avais RV avec ma généraliste pour faire le point avant reprise du travail fin septembre. Je ne sais pas si j'ai fais un genre de "syndrome du Chemin", mais en fait la première semaine à la maison a été terrible, vraiment difficile. Du coup le médecin m'a mis de nouveau en arrêt de travail jusque fin octobre. Elle m'oriente vers un psychiatre car elle envisage que je prenne des antidépresseurs.
Jusqu'à aujourd'hui je n'en ai jamais pris. Après le départ de mon chéri j'ai pris quelques mois uniquement des anxiolytiques, grâce à ça je dormais 4 heures et avait la gueule de bois le matin. De toute façon je verrai selon ce que recommande le psychiatre (ah il va encore falloir raconter tout ça) pour l'instant je ne me sens pas capable d'avaler des antidépresseurs, car j'ai une phobie avec les médocs, l'impression de m'empoisonner, ça et la perte de toute confiance en le monde médical...
Et rebelote, tous les acteurs se remettent en place dans cette sordide farce : je suis convoquée chez le médecin conseil de la sécu vendredi prochain. Comme il vient de m'envoyer un courrier stipulant que l'arrêt pour "dépression" n'était plus justifié depuis début septembre, je suppose qu'il va refuser de poursuivre ce nouvel arrêt.
Mon médecin envisage quelques semaines de reprise à temps partiel thérapeutique, (on ne le mettra pas en place. Cela serait ingérable financièrement car mes droits aux ijss sont pratiquement épuisés). Le médecin du travail voudrait me déclarer inapte à l'établissement pour m'aider à redémarrer ailleurs... Je considère cette solution très dangereuse, une inaptitude doit être un sale boulet pour retrouver un nouvel emploi ailleurs, non ?
La psychologue pense qu'outre mon mal être j'ai été maltraitée au travail, qu'il faudrait juste me laisser le temps de retrouver la force de retourner dans le monde du travail, qui lui, de toute façon, est rarement paisible et sans problèmes. Mais se laisser le temps de se réparer est une notion inconnue du système économique !

J'ai parfois la sensation d'être une poupée ballottée entre des murs grimaçants et hurleurs !

Alors, si c'est possible, j'essaie de me préparer mentalement à ça : début novembre, je retourne dans mon lieu de travail nocif, et à plein temps. Franchement j'ai toujours autant de problèmes de concentration.  J'espère au moins créer l'illusion. Pas le choix, de toute façon financièrement cela devient compliqué.


Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 10 octobre 2017 à 21:21:56
Mais enfin qu'est ce que ça veut dire un arrêt de travail qui n'est plus justifié pour dépression. Lorsqu'il s'agit d'un deuil, évidemment qu'il y a dépression !

Ce n'est même pas la peine de creuser, les raisons de la dépression sont évidentes ! J'ai un ami qui s'est retrouvé 1 an en dépression sans motif, alors bon sang !

La question de l'inaptitude, en effet, c'est délicat. Qu'est ce que ça veut dire ?
Tu deviens travailleuse handicapée ? Tu es éligible à l'AAH ?
Titre: Re : Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Alexandra le 11 octobre 2017 à 09:52:47
Bonjour Pavelle,
Je te lis ce matin et je me demandais ce qu'on pouvait faire pour t'aider. Peut-être que de l'extérieur, il est au moins possible de décortiquer un peu la situation? Je ne sais pas si ça t'aidera mais je pense que ce qui t'arrive se décortique en plusieurs étapes:

1- si tu dois revoir le médecin conseil de la sécu vendredi, ça n'est peut-être pas juste pour qu'il t'annonce que tu ne vas plus pouvoir poursuivre ton arrêt de travail. Peut-être que ça te laisse une chance de lui faire comprendre que pour l'instant, et bien si, tu traverses quelque chose qui est une dépression ou qui est de l'ordre de la dépression.

2- Admettons que tu doives de toute façon retourner au travail début Novembre, ça te laisse presque 3 semaines pour te préparer. 3 semaines c'est très court mais ça permet peut-être de trouver un peu d'apaisement avec l'idée de retourner à cet endroit où tu ne te sens pas bien? Que dirais-tu d'un peu de méditation? (https://www.petitbambou.com/) Je sais, ça a l'air bien dérisoire et pourtant ça peut t'aider à poser tes angoisses et ça pourra même continuer à le faire si tu dois reprendre ce travail.

3- (et là je dois prévenir que ce n'est pas mon idée la plus brillante, mais tu me pardonnes?) Admettons que tu as repris ce travail, est-ce que ça t'empêche de chercher un autre travail ailleurs pendant que tu es en poste? Je sais c'est facile à dire, d'une part il y a le marché du travail et d'autre part, ça n'est pas franchement évident de se projeter dans quelque chose d'autre. Moi tu me dirais un truc comme ça, je te répondrai que je ne sais pas ce que je veux faire d'autre, parce que je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie. Mais si tu n'es pas dans le même état d'esprit, alors c'est peut-être envisageable pour toi.

En tout cas, tu sais que nous sommes là et que nous sommes plusieurs à nous poser ces questions de deuil et de travail. A des degrés différents sûrement, mais tu pourras venir nous raconter autant que tu veux comment tu traverses cette période.

Je t'embrasse bien fort,
Alex
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: sophieM. le 11 octobre 2017 à 10:43:05
Bonjour Tony,

Je me permets de rebondir sur tes messages par rapport au travail, au sens de la vie APRÈS.
Je n’ai pas connu ton désarroi par rapport au travail car j’ai eu la grâce que l’énergie de mon compagnon infuse puissament en moi dès son départ.

Ce que je peux te conseiller par rapport à mon vécu, c’est qu’effectivement tant que les finances le permettent, arrête de faire, et soi.
Tu éprouves le besoin de ne pas travailler, arrêtes toi. (encore une fois, si c’est possible financièrement). Vis tes ressentis. C’est le meilleur moyen de laisser remonter à la surface tes envies, tes idées nouvelles. Y en a marre du « il faut » vite vite il faut ; laisse place au « j’ai besoin » « j’ai envie » et je prends mon temps et je vous emm…….si ça vous dérange.

Tu es en train de changer, et de te reconnecter à toi-même. Du coup, ce carcan de la société te semble insipide voire débilisant, plus du tout en raisonnance avec qui tu es. Ce que tu as vécu et vis encore est Hiroshima et Nagazaqui réunis, (minimum).
Mais la nature a horreur du vide, et rien ne sert de planter parce notre société dit « il faut » planter.
Laisse en jachère tes terres intèrieures et observe ce qui pousse naturellement, tes décisions concernant le travail viendront de ton cœur et ça sera forcément le meilleur pour toi. Cela peut impacter tes décisions dans ta façon de voir ton travail ou d'avoir une nouvelle activité.
Laisses toi le temps d’Etre. A partir de là, ce que tu réaliseras aura pris sa source dans ton cœur et pas dans le mental. Alors oui, tu feras, mais pas avec les mêmes ingrédients, ça sera du 5 étoiles et pas du Mac Do.
Et le regard des autres, de plus en plus familier dans son décallage avec tes choix t’aidera même à avancer. Le regard des autres est négatif seulement si tu décides qu’il est négatif.

Tout ça c’est pas des paroles du genre spirituel, c’est simplement des conseils issus de situations et d’états d’être que j'ai vécus. Mais chaque expérience est différente, et si ça ne te parle pas, c'est pas grave.

A mon avis, et seulement à mon avis, tu es sur la bonne voie Tony. Ta voie resteras toujours la meilleure, même les conseils du plus sage des plus sage ne seront jamais en aussi bonne raisonnance que ta voix intérieure.

Ecoutes toi.
sophieM.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: PAVELLE le 11 octobre 2017 à 11:37:43
Merci à tous pour votre soutien.

Et oui Tony, comme toi je suis en colère contre le système, remarque quand je suis en colère je me dis que je vais un peu mieux puisque quand je suis indifférente c'est que je suis vraiment au fond.
Merci pour tes pistes Alexandra, oui la méditation pourquoi pas, justement il y a quelques jours j'ai fais une première séance (christophe André), cela m'a apaisée un peu. Poursuivre pourrait être un bon appui je vais essayer de le faire régulièrement et regarder le lien petit bambou.


Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 11 octobre 2017 à 14:31:31
SophieM : Je suis bien d'accord avec ce que tu écris, mais les finances sont là, je n'ai plus trop le choix quant à moi.
Reste à essayer de trouver un compromis, je pense qu'il y a des gens dans des situations financières bien plus préoccupantes.

Pour le contenu du travail, je pense qu'un tel bouleversement  dans la personnalité (après un drame j'entends) modifie drastiquement la vision du monde, y compris le rapport au travail, surtout s'il s'agit de quelque chose de plus ou moins alimentaire. Nous sommes beaucoup trop à faire des choses qui ne servent en fait à rien.... à virevolter dans des réunions stériles, à vendre des trucs chinois, à alimenter un logiciel informatique...
Maintenant, le bouleversement a engendré des choses négatives (gestion de l'humeur, du stress, etc...) mais aussi des choses positives (plus d'empathie etc...). Ce peut-être une force, certes, encore faut-il savoir la canaliser et vers où. C'est difficile lorsque c'est très nouveau.

Pavelle :

Notre société part du principe que le travail est salvateur. Alors on remet les gens au travail.
Je crois en effet qu'il ne faut pas se laisser aller, rester dans son lit, déprimer, même si c'est compréhensible. C'est l'une des trois options suite à un deuil que j'ai trouvé : la folie, tenir le coup (se battre ou suivre le cours de sa vie, prenez cela comme vous l'entendez), ou la dépression sévère (en gros se laisser aller).
Evidemment, rester dans son lit renvoit plutôt à la troisième option.
Partant de ce principe, on estime que c'est positif quand les gens retravaillent, mais comme j'expliquais, je pense aussi que leur rapport au monde a changé, que leur personnalité a été altéré, leurs sens, leur sensibilité, et que ceci implique qu'on peut éprouver des difficultés à absolument essayer de "redevenir comme avant", sur le plan professionnel (et sur les autres plans). Retravailler oui, mais au bon moment et de façon adaptée.
C'est l'histoire du conducteur de train qui est passé sur quelqu'un et qui ne peut plus reconduire un train, on ne va pas lui demander à tous les prix de se remettre au volant d'une locomotive...
Un type qui a eu une main coupée et qui était maçon, on ne le remet pas sur un chantier.

Moi je suis dans ce cas de figure, je pique des crises d'angoisse (terreur) pour un rien (stress post-traumatique), par exemple lorsque le technicien du compteur à gaz vient le relever.
Evidemment, avec ce problème, le quotidien est un vrai calvaire sauf si je ne fais rien de mes journées mais ce n'est pas l'objectif de l'existence, on a des choses à faire sur terre, intérieurement ou en actions, peu importe, nous ne sommes pas là pour juste attendre en déprimant !
Avant j'étais du genre bon vivant, grosse bagnole et la colère facile, maintenant je psychote en regardant le lierre sur ma demeure car j'imagine qu'il va faire s'écrouler le mur, que ses racines détruisent tout, vous imaginez le changement !
L'avantage c'est qu'en réfléchissant, après ce que j'ai traversé, en fait, que la maison s'écroule, je m'en fous.
Et quand j'ai été pour acheter une débroussailleuse chez leroy merlin, j'ai failli faire un malaise.

Mais voilà, je me force quand même à faire des choses même si franchement j'en bave. C'est disproportionné, je sais, c'est purement mental, je sais, on m'a expliqué que c'était une réaction physique : stress = le corps se rappelle de l'évènement (la mort) = grosse panique et terreur.
Mais voilà, je fais des choses, je rebosse même si ça me coûte car je suis obligé de tenir par les nerfs.

Pour en revenir à toi Pavelle, car je m'égare, peut-être en effet qu'il faudra "bricoler" quelque chose dans la vie mais je n'ai de conseils à donner à personne, les choses se font quand on peut les faire.

Quant au travail, s'il n'est pas une occupation positive, évidemment, c'est compliqué. Mais dans un premier temps, pour le médecin de la sécurité sociale, il faut qu'il se base sur l'avis du psychiatre.
 Le psychiatre définit exactement ce qui te handicape. Dépression, deuil pathologique... avec tout de même une raison évidente pour la dépression. Après, on a un droit limité de congés maladie, et de congés pour longue maladie, et de mi-temps thérapeutique. Si ce temps est épuisé, là aussi, on se retrouve au pied du mur.

Personnellement, je trouve que la question de la dépression (a minima ou autre pathologie) ne se discute pas. On perd son conjoint dans des circonstances qui en rajoutent plus ou moins à la peine, alors quoi ?
Forcément que le mental est blessé (je dirais anéanti) pour dire les choses de façon édulcorée. L'objet de la dépression est clairement défini et je pense, normalement compréhensible.

 
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: sophieM. le 11 octobre 2017 à 16:04:08
Tony, en fait, ça n’est pas le travail qui est salvateur, mais l’intention que tu mets dans chaque chose que tu fais, que ce soit le travail, les loisirs, les relations.
Peu importe ce que tu fais, tu peux construire des bateaux, faire de l’humanitaire, ou faire la plonge, ou rien du tout  !tu peux être adroit ou maladroit …l’intention est ce qui compte et qui te révèle.
Le côté financier est certes important pour survivre. Pour ma part, je m’aperçois, en me reconnectant avec mon essentiel que je réduis mes besoins personnels du quotidien et c’est dingue tout ce qui fini par nous posséder alors qu’on peut vivre sans !

C’est l’essentiel intérieur qui se matérialise à l’extérieur, et non l’inverse c à d que je ne fais pas le vide à l’extérieur pour me sentir bien dans ma tête.
J’ai vendu, j’ai donné, j’ai jeté. Tout rentre à présent dans un 18m2, j’arrive même à avoir une étagère vide qui le restera, et encore si je voulais je pourrais agrandir mon essentiel, faire encore de la place sur d’autres étagères … un moment viendra.

Je ne parle pas de vivre sous les ponts, mais si on veut voir du changement à l’extérieur, il faut commencer par soi.
De toutes façons rien ne sera plus comme avant, tu es dans l’épreuve et ce qu’elle t’apprend. Et si ça ne doit plus être comme avant à l’intérieur de toi, ça ne le sera plus à l’extérieur dans tout ce qui fait ton matériel, dont ton travail.

Tu as dû y penser, mais est il possible dans ton cas de procéder à une rupture de contrat en accord avec l’employeur ? ce qui te conserverait tes droits à l’assurance chômage. Le chômage n’étant pas une fin en soi (mais le travail non plus), mais dans ton cas un moyen de te retrouver, de te retourner sereinement vers ce qui te fait envie.
…ou demander un congé sans solde, évidemment sans solde il faut pouvoir, mais ça te donne la possibilité de te tourner vers d’autres activités si tu en as envie et si ça ne fonctionne pas, de retrouver ton poste. Je t’en parle car je l’ai fait, dans un autre contexte mais ça m’a permis de « décoller » à une certaine époque.

S’appuyer sur le sens que te donne ta vie, plutôt que de lui donner un sens….ça peut être perçu comme une philosophie, pour moi c’est mon quotidien.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: souci le 11 octobre 2017 à 22:06:04
Citer
S’appuyer sur le sens que te donne ta vie, plutôt que de lui donner un sens….ça peut être perçu comme une philosophie, pour moi c’est mon quotidien.

 8)
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: Numis56 le 16 octobre 2017 à 22:59:56
Bonjour Tony,

J'ai eu ce souci de concentration à mon travail. Incapable de réfléchir plus de 15 minutes, incapable de raisonner et d'écrire un texte, la tête souvent en l'air, m'énerver au moindre petit bruit, trouver toutes les excuses pour justifier que je n'y arrive pas.

C'est peut être un peu idiot, mais je me suis forcé, chaque jour. Un boulot, il en faut un. Et  je me suis dit que ce boulot était le même qu'avant, que j'aimais. J'ai voulu tout plaqué à un moment. Marre des collègues, du patron, ils ne peuvent pas comprendre, j'aimerais les voir à ma place ....

Ma "thérapie", je me suis mis à faire des maths le soir, pour réapprendre à me concentrer et à raisonner. Ca va mieux maintenant, je ne suis pas encore au top mais je commence à pouvoir de nouveau analyser correctement.

Je commence à pouvoir de nouveau argumenter devant mes collègues, à tenir un raisonnement logique devant mon patron et pas me faire avoir à la moindre question que je n'ai pas vu arriver.

Ce que je me dis ... encore un peu de temps et j'aurai les armes pour pouvoir changer de boulot si j'en ai marre.

Il faut se préparer au changement
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 17 octobre 2017 à 09:48:13
Je ne parle pas de vivre sous les ponts, mais si on veut voir du changement à l’extérieur, il faut commencer par soi.
De toutes façons rien ne sera plus comme avant, tu es dans l’épreuve et ce qu’elle t’apprend. Et si ça ne doit plus être comme avant à l’intérieur de toi, ça ne le sera plus à l’extérieur dans tout ce qui fait ton matériel, dont ton travail.

Le chômage n’étant pas une fin en soi (mais le travail non plus), mais dans ton cas un moyen de te retrouver, de te retourner sereinement vers ce qui te fait envie.

SophieM : Je ne peux qu'admirer le recul que tu arrives à prendre sur les choses, sur la vie et sur le quotidien.
Lors de mon arrêt maladie, j'avais trouvé en effet une certaine quiétude et je faisais beaucoup de peinture et je méditais. Mais cela ne dure qu'un temps, car, comme tu dis, sinon on se retrouve à vivre sous les ponts.
Ce n'est pas qu'une image, on sait bien que les personnes qui "vivent sous les ponts" sont souvent des gens qui ont rencontré sur le chemin une épreuve difficile qui les a faits couler.

Quoiqu'il en soit, passée une période où la société nous accorde un certain sursis, le quotidien nous rattrape et alors il devient difficile de prendre du recul. Comment dire, je me sens dépassé par les choses n'ayant plus mes capacités, étant bouffé par l'angoisse et parfois le chagrin, et donc acculé par ce quotidien.
On ne peut pas faire vraiment ce qu'on veut (construire des bateaux ou ne rien faire), vient un moment où il faut voir ce que l'on peut faire et ce que l'on veut faire, puis concilier au mieux les deux. Pourrais-je par exemple me mettre à construire des bateaux ? Concrètement non, je n'ai pas les bases techniques. Alors je pourrais apprendre, mais je n'ai pas assez d'énergie pour me lancer dans un tel projet il faut aussi être un peu réaliste. Ce serait là de la pure folie, peut-être salvatrice, mais de la folie quand même.

De ce point de vue, je trouve qu'en effet, la vie s'apparente plutôt à un combat. Combat pour tenir le coup et mener au mieux sa barque avec tous les tracas.

Peut-être que toi aussi, à ta manière, tu mènes une forme de combat consistant à puiser dans ton intérieur, à méditer, à trouver une autre voie. Ce combat est plus serein mais il n'en demande sans doute pas moins d'énergie.

Je respecte totalement cette voie, mais je ne vois pas comment je pourrais la suivre de façon aussi investie, j'ai déjà longuement réfléchi à ce que je pourrais faire et j'en suis arrivé à un compromis -poursuivre une certaine quiétude, travail etc...-. Mais après le quotidien est là. Je pouvais tout plaquer, tout revendre, pour ensuite opter pour une vie plus centrée sur moi et loin du matérialisme mais j'ai estimé que cette trajectoire était dans mon cas risquée et que je n'avais pas les capacités pour en faire quelque chose de constructif.
Ce risque, c'était de m'envoler dans l'espace à passer mon temps à discuter dans ma tête avec ma femme.

Numis56 :
Je suis bien d'accord avec toi, un boulot, il en faut un. J'admire ta persévérance et je suis heureux que tu aies pu retrouver un certain niveau professionnel. Je me force aussi chaque jour mais bon, je suis très loin d'avoir retrouvé mon niveau d'avant. Je ne sais pas si j'y arriverai un jour et c'est désolant. C'est comme si j'avais pris 20 ans d'un coup, sur le plan de l'énergie. En lisant ton exemple je me dis qu'on peut quand même, à force de ténacité, arriver à quelque chose.








Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: sophieM. le 17 octobre 2017 à 11:14:33
Tony,

Tout d’abord, saches que je respecte ton point de vue, et je salue ton ouverture d’esprit, ta tolérance vis à vis du vécu des autres. c’est très agréable de te lire.
Aussi, j’en profite pour te demander de ne pas prendre mal certaines phrases que je peux t’écrire, parce qu’elles peuvent paraître abruptes, mais non.

C’est une réalité Tony, je prends une certaine hauteur par rapport à l’épreuve, mais j’ai la chance d’être très bien accompagnée par l’ « invisible ». Alors est ce que je suis si bien guidée car je prends cette hauteur ou bien je prend  de la hauteur car je me sens tellement bien entourée ? la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule …. à mon avis c’est pas important, c’est une énergie qui s’alimente en vases communiquant en permanence.

Aussi, j'avoue être rechargée à bloc car jusqu'à présent ma vie a été mieux que mes rêves. Cela me mets déjà donc dans un état de "gratitude" quotidien qui amène à un certain état d'être.

Tu sais, personne ne te demande d’être qui tu n’es pas en te fixant des buts qui ne correspondent pas ou plus du tout à ton énergie. L’épreuve nous révèle d’elle-même.
Nous vivons tous sur ce forum des bouleversements, au delà de l’enlisement dans la peine, ils nous permettent de changer, d’évoluer en conscience.
Pour ma part, tous les  jours j’essaie simplement de me réveiller un peu moins « conne » qu’hier, c à d un peu plus consciente pour vivre le sens que la vie me donne.

Je trouve que Numis a tout compris lorsqu’il écrit qu’il faut se préparer au changement. Si tu penses ne pas avoir retrouvé ton niveau d’avant Tony, tu peux te battre contre ça en ayant l’attente que cela redevienne comme avant. Mais rien n’est comme avant. Peut être devrais tu utiliser  l’énergie de ce qui se présente et qui t’amène vers une possibilité de changement.

C’est un changement d’attitude, et oui, cela demande de l’énergie que le corps puise dans ses ressources insoupçonnées.
Mon attitude n’est pas un combat, car lorsque je sonde dans mon intérieur, je préfère y aller avec des gants de velours, pas des gants de boxe.  L’acceptation reste évidente pour avancer, on ne balaye pas des feuilles mortes contre le vents mais dans son sens.

Pour ce qu’on m’a montré du judo, j’ai retenu dans les prises que lorsque le judoka en face te pousse, utiliser son énergie plutôt que de lutter à le repousser est plus efficace pour le rendre inoffensif. Utiliser l’intelligence du mouvement plutôt que la force contre celui-ci. Et vis et versa quand il tire vers lui. Et comme au judo, ça n’est pas  « grave » de tomber, on tombe tous un jour,  alors ce qui compte c’est de savoir tomber, parce que c’est ce qui va révéler notre façon de nous relever. 
Y a t-il un combat serein ? ....  je préfère faire équipe avec la vie.

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 17 octobre 2017 à 12:54:27

Je trouve que Numis a tout compris lorsqu’il écrit qu’il faut se préparer au changement. Si tu penses ne pas avoir retrouvé ton niveau d’avant Tony, tu peux te battre contre ça en ayant l’attente que cela redevienne comme avant. Mais rien n’est comme avant. Peut être devrais tu utiliser  l’énergie de ce qui se présente et qui t’amène vers une possibilité de changement.


Saches qu'aucune de tes phrases ne me blessent. J'espère que c'est réciproque.

Oui, tu as bien raison, "rien n'est comme avant".
C'est bien là le paradoxe, et la nécessaire adaptation à la situation, en fait, la nécessaire adaptation à ce qu'on est devenu mais aussi une nécessaire adaptation au monde qui nous entoure dont on ne peut faire abstraction.

J'en parle souvent négativement mais il y a en effet du positif qui ressort de ce marasme. Plus d'empathie, plus de recul, pour certains, plus de force de caractère (forcément après les grands coups sur la gueule) etc...
Imaginez un peu la force mentale que l'on peut atteindre si un jour on arrive à sortir de la douleur pour aller vers la sérénité ?

Le tout est de savoir comment utiliser ce positif mais aussi de trouver ou qu'on nous donne les moyens de l'utiliser.

Concrètement, notre société se fout des questions existentielles, de tout ce qui est spirituel (en dehors d'une prise en compte des grandes religions existantes histoire de faire plaisir au curé, au rabbin et à l'imam), de l'introspection, etc...

Alors soit, on peut utiliser cette énergie. Mais bien vite, beaucoup d'entre nous doivent la tourner vers le quotidien et ne peuvent plus se permettre trop de recul, malheureusement. Il faut qu'ils affrontent le quotidien, s'ils ont des enfants à assumer ou quelque chose qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas lâcher (un travail intéressant, un projet) le recul par rapport au quotidien devient un luxe qu'ils ne peuvent que se permettre modérément.

Il y a plusieurs combats : celui pour ne pas sombrer d'abord, puis celui pour trouver la voie.

Toi, tu as pleinement choisi la voie de la quiétude et d'un accord avec l'invisible, en fonction de convictions personnelles existantes préalablement. Cela s'apparente presque à un mode de pensée religieux, à ce que certains qualifieront de "croyances" voire à de la folie douce pour les plus pragmatiques (sans vouloir te vexer car de mon point de vue ils ont tords d'être aussi aveugles aux choses de l'invisible). C'est bien le fléau de notre société d'ailleurs : on naît, on vit, on meurt et plus rien, alors, lors de notre passage éclair sur terre il faut rechercher le bien-être (voire le plaisir) dont la définition généralisée de la chose consiste à profiter. S'éclater, s'en mettre plein les fouilles, acheter le plus de conneries possible, jusqu'à cultiver ses vices s'ils nous apportent du plaisir. Certaines personnes plus spirituelles rechercheront l'amour, l'amitié, des choses constructives, mais avouons quand même que, globalement, les valeurs dominantes tournent autour de l'argent, du pouvoir et du sexe.

Sauf à "redevenir comme avant" ou à pouvoir prendre beaucoup de recul comme toi, il me semble difficile dans ce contexte de trouver une voie satisfaisante pour beaucoup d'entre nous qui vont devoir composer avec le spirituel, avec le vécu et avec le quotidien. D'autant qu'il faut aussi faire avec les résurgences de souffrance et de mélancolie dues au manque physique de l'être aimé que beaucoup d'entre nous affrontons au prix d'une très grande souffrance.

C'est en cela que je vois la recherche d'une nouvelle voie comme un combat, même le fait d'utiliser l'énergie qui apparaît négative comme un atout, car concrètement le monde (matérialiste) n'est pas favorable à cela, d'une part, (dans d'autres temps on se serait retiré quelques années au couvent ou au monastère, les Chinois se retiraient deux ans dans une cabane après la mort de leurs parents, aujourd'hui tu peux aller à l'hôpital psychiatrique... bref...).
D'autre part, il y a combat car il faut aussi lutter contre soi, contre ses émotions, sa souffrance, et que, pour les transformer en choses positives, pour beaucoup d'entre nous, je pense que ça ne se fait pas sans une certaine violence.
La tendance naturelle de l'être humain, s'il n'a pas pu caresser certaines valeurs plus spirituelles, risque de se tourner vers l'auto-destruction sous une forme plus ou moins visibles (dépression sévère, alcoolisme etc).

Raisonnement pragmatique : mon amour est mort, on me dit que je ne la reverrai jamais mais qu'il faut être fort car on peut retrouver une vie, qu'il paraît. Sur le moment, je souffre, sur la longueur, je souffre, alors pourquoi me faire chier plus longtemps à attendre ? Comme je ne veux pas faire de mal à mon entourage en m'écrasant contre un mur à 180 kilomètres heures, je vais opter pour l'auto-destruction passive en restant dans mon lit bourré de médicaments, ou pour l'auto-destruction active en me mettant à picoler dans les bars à faire n'importe quoi histoire de bien prouver que je suis arrivé au bout du bout de cette vie. Et pourquoi ne pas choisir cette voie si l'on est purement pragmatique ?

Raisonnement spirituel : mon amour est mort, ce n'est qu'une disparition physique, chacun ses convictions quant aux "choses qui nous dépassent" comme je les qualifie (réincarnation, énergie, paradis, etc etc), mais sachant qu'il y a donc ces "choses qui nous dépassent", tout ne s'arrête pas là. On est là, on vit, alors on doit avoir une autre voie que celle du lit ou des bars.
En effet, on peut considérer comme toi SophieM que tu as eu de la chance de vivre une période de bonheur et que c'est ce qui prime sur la mort et la disparition physique, certains croyants parleront d'épreuve que Dieu leur envoie (perso j'y crois moyen, un peu sadique le Dieu dis donc), ou quoiqu'il en soit prendre du recul, de la hauteur d'âme, et, tout en souffrant (ou non), trouver la force pour continuer un chemin qui n'est peut-être pas si inintéressant que ça, même s'il est parsemé de douleur. Pour beaucoup, on ne peut pas en faire abstraction : la douleur, elle est là, elle sera là, comme une blessure physique, et elle handicape, mais on peut juste essayer de continuer à avancer à condition de trouver une voie satisfaisante.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: sophieM. le 17 octobre 2017 à 17:15:04
Bonjour Tony,

Je comprends ton raisonnement, même si je ne le rejoints pas complètement. Je ne me retrouve ni dans un raisonnement pragmatique et encore moins spirituel. Je n’ai pas de croyances qui reposent sur un dogme quelconque non plus. Comme Diego derrière sa fenêtre, je me sens libre dans ma tête ! libre de changer d’avis aussi car une vérité d’un jour ne sera pas forcément celle de demain comme elle n’était peut être pas celle d’hier.

La Vie est mon école, j’essaie d’apprendre au mieux. On fait tous au mieux.
C’est vrai qu’il y a un temps pour tout, un temps pour le raisonnement, qui passe par le mental, un temps pour le ressenti, qui passe pour le cœur.

… je dirais même que personne n’a tord et que personne n’a raison dans la vie. Du moment qu’on reste intègre à ce que l’on ressent , qu’on se raconte pas d’histoire, et qu’on ose regarder ses peurs en face sans baisser les yeux, on est dans son chemin et quel qu’il soit on ne peut qu’avancer. Et chacun son rythme.

Si j’ai envie de m’inspirer d’une façon d’être de quelqu’un parce que ça raisonne en moi (sans vouloir faire la cloche !!... humour parce qu’il faut pas se prendre au sérieux non plus !), je le fais. A ce point, ça reste de la théorie, mais la vie nous propose des TP au quotidien et j’aime ça ! Si je valide la théorie dans mon expérience, et que toutes mes cellules disent oui, alors la théorie se transformera en état d’être tout naturellement.

J’ai donné le lien aujourd’hui à une personne que j’apprécie beaucoup :
https://www.youtube.com/watch?v=6k7vZ6lMgwY

Pour ceux qui ont besoin de preuves, Nassim Haramein est un physicien quantique, et dans sa conférence, il explique l’invisible. Et même si on n'a pas besoin de tout expliquer tout le temps, ça interpelle quand même. La physique quantique explique à présent beaucoup de phénomènes qui jusque là étaient classés urluberlus (il est drôle ce mot … essayez de le dire vite et plein de fois de suite ….).
Les 30 premières minutes sont assez révélatrices.
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 15 mars 2018 à 14:31:55
 ::)
à écouter lire
https://www.franceinter.fr/economie/notation-des-salaries-un-drh-temoigne-sur-la-pratique-du-ranking-force
on imagine bien que les endeuillés y sont vite mis dedans ...
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: PAVELLE le 15 mars 2018 à 16:33:31
Un peu de mes nouvelles.
j'ai repris mon travail à temps partiel thérapeutique le 30 octobre. Je pense que ce n'était pas une mauvaise chose car j'ai repris goût au travail et confiance en mes compétences.
Et puis........ Dès mon retour par contre j'ai eu comme l'impression d'être mise au placard, les collègues qui tournent la tête pour éviter de vous saluer, qui ne vous relaient pas les informations, et vous mettent du coup dans des situations embarrassantes, c'est ça être mis au placard ?
Bref, les semaines ont été vraiment pesantes, il n'y a que dans l'intimité des chambres lorsque je donnais mes soins que j'étais à l'aise, avec les patients. Dès mon retour dans le service, atmosphère pesante, de plus en plus pesante. Au bout de 3 mois un matin deux collègues sont venues vers moi provoquer brusquement une discussion, m'ont accablée de reproches en tout genre, dénigrant mon travail, minimisant mon implication dans le service. On m'a avoué ne pas supporter mon temps partiel, même si je suis remplacée. J'ai essayé bêtement de me défendre,  puis j'ai juste écoutée, je me suis réellement sentie en danger, et finalement j'ai tourné les talons.
Incapable depuis de retourner dans cet établissement, je vous fais grâce de mon désarroi des heures et des jours suivants. Et bien évidemment que de tels agissements sont intolérables, depuis quand des salariés attaquent et jugent des collègues comme ça, d'un claquement de doigts ?

Ces événements ont finis de me déstabiliser professionnellement  un peu plus. Et cette fois c'est fini, je jette l'éponge.

Je n'ai pas remis les pieds au travail, je m'y sens vraiment en danger,  et pas le courage ni la force de demander un changement de service même si je n'ai aucun problème avec les autres équipes. Le médecin du travail m'a déclarée inapte à tout poste dans cette entreprise.
Ma directrice m'a téléphoné, très déroutée par la situation surtout que le médecin du travail lui a appris que je n'étais pas la seule actuellement à vivre des maltraitances au travail dans cet établissement !!
Dans les semaines à venir elle va me proposer une mutation dans un autre établissement, sinon ce sera un licenciement. Je suis bien sûr très troublée par l'avenir, mais maintenant je dors la nuit, je me sens libérée d'un énorme poids, un peu effrayée mais tout de même prête à postuler et travailler ailleurs.

Financièrement c'est aussi assez compliqué mais c'est pareil, je le prends avec philosophie, c'est transitoire, je le veux j'en suis sûre.

Je suis énormément soutenue par mes enfants et mes amis, eux et ma psychologue m'ont vraiment rassurée.

Maintenant j'ai hâte d'oublier cette sale période de ma vie, où des personnes perverses ont profité de ma faiblesse psychologique. Je n'ai même pas de colère contre elle, pauvres femmes minables, incultes et sans ambitions.

Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: qiguan le 15 mars 2018 à 21:36:05
 :-\ et bien Pavelle
quelle surprise de lire de tels agissements  >:(  :o
j'espère que tu vas garder ta sérénité dans les difficultés de ta situation
et espère que tu as plein de ressources qui vont venir pour la suite ...
bien affectueusement
Titre: Re : réinsertion après un deuil, travail et société
Posté par: tony36 le 26 mars 2018 à 12:12:04
Pavelle.
Je suis vraiment désolé que tu te retrouves dans une telle situation.

Cela conforte mon point de vue : je ne comprends pas ce qui se passe dans ce pays. On nous dit qu'on vit dans le grand  pays des droits de l'Homme, on nous parle à longueur de temps de solidarité, de tolérance, de rendre la vie des gens la plus sécurisée et harmonieuse possible.
Et dans les faits, la compassion la plus élémentaire ou même le minimum de ce qu'on appelle l''humanisme ne sont pas appliqués dans le monde du travail. C'est marche où crève !

Pourtant, il s'agit de cas de figure qui justifient pleinement que les personnes concernées soient un peu ménagées s'agissant de gens qui ont vécu un drame personnel (et quel drame, le décès de ce que l'on a de plus cher !).
Alors qu'est ce que ça doit être quand on fait un "simple" burn out ou une dépression pour des raisons professionnelles !

Je trouve ta situation inadmissible mais je ne veux pas non plus trop  jeter de l'huile sur le feu. Je dis juste que ce genre de situations devraient être dénoncées. Il ne faut pas céder à la colère, il faut aller de l'avant, faire au mieux et rester dans les rails même si c'est dur.