Auteur Sujet: réinsertion après un deuil, travail et société  (Lu 32183 fois)

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Hors ligne Denpaolig

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #30 le: 05 juillet 2017 à 23:12:58 »
Bonsoir Tony,

J'ai repris le travail lundi après deux mois d'arrêt de travail. Une reprise que j'ai voulue. Une reprise difficile mais je suis contente d'avoir franchi cette nouvelle étape. En rentrant le soir à 18 heures, je me suis effondrée de fatigue. Une loque ! J'ai dormi jusqu'à 22 heures. J'ai laissé mes enfants livrés à eux-mêmes pour se faire à manger... Génial ! Je me décerne le prix de la maman la plus nulle... Mardi, rebelote !!!!
Je n'ai de toute façon pas le choix, je suis obligée de travailler !
Personne pendant mon absence n'a géré les dossiers en arrivée. On est pourtant 4 en tout dans mon bureau... Manque de solidarité, égoïsme, ordre de la chef ?  Au début de la matinée, j'étais en colère de voir la tonne de boulot surtout que le processus de traitement s'est complexifié pendant mon absence. Mais aujourd'hui, je me dis que je m'en fous. Que si les partenaires appellent pour râler, je les renverrai vers ma direction. Je ne suis pas responsable du fait que je n'ai pas été remplacée. D'ailleurs, j'ai mis mon téléphone en NDP au bureau (Ne pas déranger). Une solution comme une autre pour se protéger.
Ca m'a fait du bien de retrouver du mouvement autour de moi. Ca m'a fait du bien de ne pas penser à l'horreur de ma situation. Ca m'a fait du bien mais ça m'a épuisée. J'ai eu des choses à raconter à mes enfants... C'est peut-être stupide mais parler de la routine de ma journée les a rassurés aussi. C'est mieux pour eux de voir une maman qui mène une vie "normale" plutôt que la loque qu'ils ont eu devant eux et qui les effrayait depuis deux mois... Rien que pour ça, ça vaut le coup d'aller travailler même si je te rejoins, on ne s'épanouiT pas au boulot dans nos métiers respectifs... Le changement sera peut-être pour plus tard...
Bon courage à toi, Tony et si tu prends quelques jours de congés, je souhaite qu'ils te soient salutaires pour te reposer et profiter de tes enfants différemment... Que cet été te soit doux...
Muriel.

Hors ligne PAVELLE

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Re : Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #31 le: 07 juillet 2017 à 19:50:29 »
Pour combattre le désespoir il faut créer de l'espoir, voilà, je viens d'y penser.

L'espoir de revoir ma femme en haut.
L'espoir de bâtir des choses ici-bas, et j'en bâtis, c'est vrai, mais c'est pas facile quand on est tout pété de partout.

C'est cela qu'il faut aux gens qui connaissent le désespoir :  de l'espoir.

Voilà, au-delà des explications médicales, il faut accéder à l'espoir, bordel ! L'espoir de faire des choses même si la douleur reste.

Merci pour ce message.... d'espoir, auquel j'adhère totalement.

Et bien me revoici sur ce forum où je ne suis pas venue pendant des mois, c'était trop difficile, lire les témoignages était au  dessus de mes forces . Déjà que je n'avais plus de forces d'avoir tant pleurer sur ma propre misère.
Après de timides approches depuis quelques semaines, me revoici, même si ma peine est bien vive en ce moment.

Je suis revenue lire sur ce thème du travail : j'ai repris le mien au bout de 6 mois d'arrêt, en essayant de me persuader que cela me ferait du bien de m'occuper des autres (je suis soignante). J'ai repris aussi pour qu'on m'oublie, qu'on oublie que j'étais une survivante, et aussi pour que la prévoyance de mon employeur, oui bien sur, celle qui me garantie de remplacer la perte de salaire pendant un arrêt, pour qu'elle arrête de me demander tous les mois certificat médical, copie des ordonnances d'anxiolytiques, attestations de thérapie auprès du psychologue, et enfin le 5 ième mois une convocation à une expertise médicale. Bref l'épisode prévoyance fut vraiment très pénible. Même si le médecin qui m'a expertisée  a conclu que mon arrêt de travail était justifié, j'ai trouvé leur démarche extrêmement pénible et humiliante, comme un déni de mon chagrin, comme un déni de mon deuil, comme un déni de l'existence de mon mari.
Bon voilà j'ai donc repris le travail en janvier, ces 6 mois de travail ont été aussi déroutants que ceux exprimés dans vos témoignages. J'aime toujours soigner et accompagner les malades, je me sens utile auprès d'eux, mais les collègues, la hierarchie, pfffffff
Depuis mai je replonge dans la peine et  mon chagrin, toute la journée au boulot à essayer de faire bonne figure, et à supporter les petitesses des collègues. Le soir à la maison, tristesse, pleurs et colères, culpabilité devant mes enfants.
Le 3 juillet, mon médecin m'a arrêté de nouveau.
Vos témoignages reflètent exactement mon ressenti. Plus du tout sur la même longueur d'onde que les collègues, la hierarchie.
La hierarchie....... lundi  ma chef de service m'a téléphoné et m'a demandé,  en s'excusant mielleusement,  "bon dis moi je sais que ce n'est pas le bon moment, mais il faut que tu me dises si tu penses reprendre le travail fin juillet (au bout d'un mois d'arrêt) comme prévu, ou si tu penses prolonger. Tu comprends il faut que je prévoie tes remplacements et c'est compliqué, si tu prolonges ton arrêt en août je devrais décaler les dates de congés de tes collègues..."
Cette phrase c'est du fiel pour essayer de culpabiliser les paires de bras, citrons que nous sommes. Ma chef de service est une personne incompétente et mielleuse.
Hier elle me rappelle en m'assurant que finalement elle a trouvé des remplaçants et que non, je ne dois pas me culpabiliser si je prolonge. Je lui ai dit posément que j'espérais reprendre fin juillet, que je ne me complaisais pas en arrêt, et que niveau culpabilité, trop tard c'est fait parce qu'elle sait que je me soucie du respect des congés, mais que finalement je n'étais plus à une contrariété prés.

Une amie qui travaille dans un établissement qui m'a toujours attiré, vient de me prévenir d'une offre d'emploi. Hier j'ai rédigé mon CV.  La lettre de motivation, depuis ce matin je remets à plus tard. Trop de pensées interfèrent, cette lettre ne sera pas honnête quant à la qualité de mon investissement au travail......

Je t'avais dans la peau. Désormais tu seras toujours sur ma peau...

Hors ligne caroline22

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #32 le: 09 juillet 2017 à 16:36:05 »
Bjr a toutes personnes concernés , Moi je travail c'est le travail  qui m'a  aidé, mais j'ai encore des moments durs que je pleure encore ..ça fera bientot deux  ans que  j'ai perdu mon compagnon , ont étaient vraiment proche  , c'est pas facile   sans lui .....je travaille , mais mes collègues , ne comprenne pas , ils sont divorcés  une partie, surtout  la personnalité de certains .... Moi j'au encore du mal a être sans mon  compagnon, la situations n'étais   pas facile, mais c'était   une personne qui avait grand  Coeur .....   C'est tjrs  dur , en semaine j'y pense  moins , mais  c'est tjrs en week end , ont était tjrs ensemble, ont ne se quittait  jamais ....je n'ai pas vécue une  aussi heureuse  relation avec qqun d'autre que lui aussi forte ....C'est pour cela que c'est  vraiment  tjrs  sans lui .......Je n'ai pas vécue de  dueil, sauf pour ma mère , il y a 15  ans cette année , mais là il me fera du temps  pour se reconstruire ......

Je partage , la peine et le chagrin  ......les gens  ne comprenne  pas que j'ai tjrs du mal ....

Hors ligne PAVELLE

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #33 le: 09 juillet 2017 à 17:20:34 »
Bonjour caroline, beaucoup de pensées positives vers toi. je te souhaite de trouver sur ce forum tout le réconfort possible.
Je t'avais dans la peau. Désormais tu seras toujours sur ma peau...

Hors ligne Nora

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #34 le: 09 juillet 2017 à 17:21:16 »
Bonjour Caroline22,

C'est ton premier message, alors je t'accueille ici.

Le travail aide, mais le milieu du travail est cruel et manque de bienveillance. 

Tu parles de tes collègues divorcés, et j'ai remarqué que les personnes divorcées identifiaient notre situation à la leur, ne nous écoutaient pas et avaient tendance à minimiser notre peine.

"Les gens ne comprennent pas que j'ai toujours mal ". Nous te comprenons ici, et je te comprends, cela fait 2 ans et demi pour moi, et j'ai toujours aussi mal.

Pensées pour toi

Nora

Hors ligne nounouto

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #35 le: 09 juillet 2017 à 18:06:03 »
Bonjour à tous

Moi le travail a été ma bouée de sauvetage j'ai la chance d'avoir des collègues proches qui m'ont soutenues pendant la maladie de mon mari et aujourd'hui également. Certainement parce que chacune à la même année a connu un décès de parent proche.

Les autres ne savaient pas comment m'aborder à mon retour. La plupart ont fait comme si de rien n'était. D'autres mais peu sont venus me voir sans parole et m'ont serré dans leur bras, d'autres encore s m'ont parlé doucement comprenant ma détresse. Mais pour la plupart il est vrai que nous sommes souvent déçus de ce manque d'humanité. Et là je parle du milieu professionnel cela peut s'excuser.

Hier soir je me suis forcée à aller  à un anniversaire du mari d'une très bonne amie. Grande salle beaucoup de monde et j'ai retrouvé des personnes qui connaissaient mon mari, qui souvent blaguaient en soirée avec lui. Et là pas un mot pas un geste comme si il n'avait jamais exister. Cela m'a blessée. On me répondra qu'ils n e savaient pas comment faire.
Moi je n'aurais jamais fait cela. Je n'ai rien dit parce que s'était un anniversaire et pas l'endroit. Cela m'a  attristée.

J'ai compris que je n'avais rien à faire là se n'est plus ma place sans lui.

Il faut que j'en trouve une autre...

Alors oui le travail m'aide à éviter de penser à lui toute la journée. Cela sauve.

Maintenant je comprends mieux ma grand-mère qui s'est retrouvée complètement seule après 50 ans de mariage. Seule dans cette grande maison sans activité. Je comprends pourquoi elle a sombré dans la dépression. A cette époque je vivais le grand amour alors je ne pouvais pas la comprendre.

Ce pourquoi j'essaye de ne pas trop en vouloir au reste du monde mais j'ai du mal.

Cela va faire 10 mois que mon amour m'a quittée et je ressens de plus plus son absence. Un manque physique, une solitude infinie.


Hors ligne qiguan

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #36 le: 10 juillet 2017 à 11:09:01 »
quelle est la voie pour que ces deuils soient moins tabous en société
une grande question
je sais que des personnes tentent des choses type ciné deuil etc
pourquoi pas se mettre à faire quelque chose de concret pour faire un peu évoluer les mentalités ?
des causeries en médiathèques autour des livres sur le deuil
aussi
amis éduquer au deuil dirais je ?
est ce possible
dans notre civilisation ?
sachant que dans d'autres les choses se passent autrement ! ................
les tabous de mort ici ont été longuement discuté
peur de ne pas savoir dire
peur de ce que ça renvoie = état de potentielle victime de la mort etc ...
je sais que ma vie ses deuils tôt (meilleure amie à 20 ans et mon père à mes 21 ans) puis série de deuils de famille
ont fait que j'ai pu réagir aux deuils des autres ...
grand débat !
ne pas en vouloir aux autres ? il y a je crois une limite à tolérer sans rien dire leur incapacité ! d'humanité
"il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" A. Einstein
"Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque" René Char

Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #37 le: 10 juillet 2017 à 19:09:22 »
Un divorce ou une rupture c'est sans doute traumatisant dans certains cas, il y a des gens qui pètent les plombs et qui ne s'en remettent jamais. Ça doit dépendre aussi de la manière dont ça se passe.
J'en sais rien.

Ce n'est toutefois pas le même choc que la mort dans l'absolu.

Parmi les témoignages que j'ai pu lire des différents membres du forum, il y a des choses qui me paraissent assez aberrantes concernant le retour dans la vie professionnelle.
On ne peut pas demander aux autres de comprendre, bien sûr.

On vit dans une société ou l'on nous rabâche à longueur de temps qu'il faut faire preuve de solidarité et d'humanité mais c'est un concept pour les plateaux télé ça j'ai l'impression.
On a plutôt intérêt à se débrouiller, soit en se battant, soit en se laissant aller jusqu'à ce qu'on nous prenne au sérieux.

Moi j'ai croisé des gens en hôpital de repos (bipolaires, toxicos etc...) qui étaient je trouve pas mal soutenus depuis des années et des années, je peux dire aussi que moi j'ai été soutenu par un psychiatre car j'ai eu du bol.
Et attention il a fallu que je parte sur mars dans ma tête pour qu'on me prenne au sérieux mais on m'a laissé moisir dans mon lit pendant des semaines avant que quelqu'un se dise que c'était peut-être traumatisant.

Et j'ai l'impression que ce n'est pas le cas de tout le monde sur le forum, qu'il y en a un certain nombre qui moisissent dans leur coin.

Merde quoi, la mort, c'est quand même quelque chose à prendre au sérieux. Bien sûr que pour pas mal de personnes qui y sont confrontées cela entraîne des complications ! Et il y a l'après ! Qu'est ce qu'on fait ensuite ?


Hors ligne Denpaolig

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #38 le: 20 juillet 2017 à 00:05:26 »
Bonsoir,
B'en vous vous attendiez à quoi ? Si vous allez dans une soirée festive, c'est que ça va, non ? Mais je rêve ! Vous reprenez le travail et vous voulez toujours et encore être considérée comme "malade". Vous participez à une fête d'anniversaire et vous souhaitez que les gens viennent s'apitoyer sur votre sort de personne en deuil ! Non, mais si ça ne va pas, rester en arrêt de travail et surtout rester enfermée chez vous sans imposer votre peine, votre chagrin... Les autres ont le droit de s'amuser sans avoir votre tête de zombie sous les yeux...

Je suis volontairement caustique, évidemment... J'ai des souvenirs de situations difficiles vécues après la mort de mon frère quand j'avais 17 ans... Je me rends compte que les choses n'ont pas changé en près de 30 ans... Nous les personnes en deuil avons le don de mettre mal à l'aise les autres... C'est connu et reconnu que le chagrin, la peine sont contagieux... Moi, très souvent, je parle de mon frère et je me rends compte que bien que presque 30 ans se sont passés, je mets encore  mal à l'aise... Mais pour autant, je continue.

Les vrais amis, eux, n'ont pas peur de venir vers vous, de vous parler, d'oser vous demander comment ça va, de vous écouter même si ce n'est ni le lieu ni le moment...
Bon courage à toutes et tous !

Hors ligne qiguan

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #39 le: 21 juillet 2017 à 15:36:03 »
Denpaolig tu as écrit comme tu sentais les choses en lisant les ressentis douloureux de nounouto qui tire les conclusions de son expérience.
Chacun réagit a sa manière.

Écoutez ceci
https://www.inrees.com/Video/troubles-psychiques-espoir-tete-reportage/
pourquoi ne pas rêver l'équivalent/deuils ?
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Hors ligne Denpaolig

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #40 le: 21 juillet 2017 à 23:21:19 »
Il s'agit tout simplement d'humour caustique absolument pas mon opinion sur les ressentis des uns et des autres... Je vis des heures sombres et terribles depuis quelques semaines avec une résurgence d'images traumatiques alors quand je lis ce que je lis, je repense à ce que j'ai déjà entendu me concernant...

Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #41 le: 30 juillet 2017 à 14:26:16 »
Mais on ne choisit pas de reprendre un travail, on n'a pas le choix, il faut bien manger !
Quant aux soirées, effectivement je les évite.

D'un côté c'est normal, c'est la vie, le travail, c'est comme ça, mais il n'y a pas beaucoup d'aménagements. Quelqu'un qui a été blessé physiquement, on lui aménage un peu son travail. Alors voilà ce n'est pas un choix c'est une obligation et comment y faire face quand on est une boule d'émotions.

Hors ligne Denpaolig

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #42 le: 30 juillet 2017 à 18:36:28 »
Aménager son temps de travail quand on doit travailler 8 heures par jour me semble difficile. La répartition peut se faire quand on travaille moins de 8 heures. Le mi-temps thérapeutique peut être une solution préconisée par le médecin de la santé au travail les premiers temps de la reprise. Le télétravail peut être mis en place dans certaines entreprises pour certains postes.
Mais je reste persuadée du bien fondé d'une vraie reprise physique au travail dès la fin d'un arrêt de travail. La dynamique d'une journée de travail est plus stimulante qu'une journée à la maison. Je ne dis pas qu'on est efficient dès la reprise mais au moins le temps de quelques minutes voire quelques heures, on vit autre chose que notre drame qui lui à la maison se joue en boucle...
J'ai repris lundi dernier mon travail après près de trois mois d'absence (2 mois et une semaine d'arrêt + 2 semaines de congés). Ma responsable me donne jusqu'à fin septembre pour résorber la charge de travail ! En sachant que les dossiers continuent à arriver ! Donc en gros, j'ai 2 mois pour instruire les dossiers qui représenteront 5 mois  de travail au total. C'est de la folie pure, c'est mission impossible ! Ca m'a mise dans une colère noire contre l'attitude de ma responsable, les décisions totalement absurdes de la direction, les pressions insupportables. Mais là, c'est bien le boulot qui me met en colère pas la décision du suicide de mon mari... et bien ça change tout ! Je suis capable de colère autre que celle que je ressens contre mon mari depuis trois mois. Je suis capable de me rebeller au travail. Je suis capable de pensées structurées malgré le contexte... La douleur m'accompagne mais pendant ma journée de travail, elle reste plus ou moins à l'écart...
Bon courage à toutes et tous qui reprendront le travail bientôt...
Muriel.

Hors ligne tony36

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #43 le: 02 août 2017 à 13:33:45 »
Je pense que chacun est différent, que tout dépend de ce qu'on a vécu, que tout dépend du travail que l'on fait.

Je crois que tu as raison : la reprise du travail est très positive pour ceux qui aimaient avec passion leur travail (je prends des exemples certes extrême : le pianiste professionnel, l'architecte de renom, le cuisinier d'un bon restaurant...), ceux que le travail stimule pour diverses raisons (le contact avec les autres, le bon stress, le fait de faire marcher son cerveau, le fait d'aider les autres, le fait d'être utile, le fait d'être un grand professionnel comme un artisan etc...). C'est aussi positif pour "reprendre une vie sociale".

Néanmoins, un traumatisme aussi horrible qu'un décès peut amener à modifier radicalement notre perception du monde.

Concrètement, traiter des dossiers administratifs dont tout le monde se fout et qui ne servent à rien d'autre qu'à alimenter un système un peu dingue car sur-réglementé, trop complexe, passer son temps sur un logiciel, je me demande à quoi cela sert.
Oui je sais, il s'agit là de questions existentielles qu'on se pose normalement à 17 ans et après on se fonde dans le moule parce que c'est la vie. Parce qu'on a une vie.
Mais quand on croise le chemin de la mort de très près alors que ce n'était pas du tout dans l'ordre des choses, on ne peut plus employer l'expression "parce que c'est la vie" de façon un peu désinvolte. 
Et quand notre vie est justement dévastée par un cataclysme, on ne peut pas forcément reprendre les choses là où elles en étaient.
On devient pour certains je suppose une personne radicalement différente.



Ensuite, il y a ce que sont devenues les capacités intellectuelles, l'énergie, la gestion de l'humeur (du stress, de la colère)...
Un traumatisme peut aussi je suppose affecter largement la personne que l'on était.

Je suis devenu un étranger pour moi-même, je stresse pour un rien (stress qui se transforme en terreur et en nausées), je m'endors à 3 voire 5 heures du matin (je revois ma femme mourir soudainement etc) ceci  malgré l’absorption de médicaments puissants, mes capacités intellectuelles sont largement diminuées et évidemment ça ne m'arrange pas pour le travail.
Sans vouloir me faire plaindre, d'ailleurs je reste discret au travail, c'est juste pour expliquer que c'est quand même très difficile à gérer pour la reprise du boulot. Je me sens très très diminué, je suis très anxieux et je le vis très mal (bêh tu m'étonnes, se retrouver avec la nausée au moindre stress c'est pas de tout repos). Ce n'est pas que le travail ce sont toutes les situations stressantes, je précise, mais en dehors du travail je les évite tout simplement le plus possible histoire de ne pas taper sur la tronche du type qui m'agace trop ou d'être terrifié par je ne sais quoi.

Encore une fois, ce n'est pas pour me faire plaindre, sur d'autres plans j'ai évolué positivement dans mon "chemin de deuil", mais pas sur tout, pas sur le plan de certaines émotions, alors j'essaye de chercher des solutions au travers des expériences de chacun et partout où je pourrais en trouver (car je cherche et je ne trouve pas, je cale depuis des mois). 
Je regardais un peu comment les gens s'en sortaient avec le travail et ce qu'ils avaient trouvé eux  comme solution car je crois que pour que les choses s'améliorent il faut agir, ne pas rester passif, ça ne tombe pas du ciel (mais que faire ???).

Hors ligne Titenam

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Re : réinsertion après un deuil, travail et société
« Réponse #44 le: 18 août 2017 à 08:38:12 »
Ça fait du bien de lire que je ne suis pas folle!!! Que d'autres savent ce que je ressens face à cette vie qui me paraît complètement inutile, gâché... que y en a marre de faire semblant d'aller bien pour que les autres se sentent mieux... au bout d'un an... rien n'a changé dans mon esprit si ce n'est que je ne veux pas revivre la même année...
Je dis j'y arrive pas on me répond "bouge toi"... je dis que ma vie me semble inutile car je n'ai plus d'envie on me répond "vis pour tes enfants" ...  travailler après sa mort n'a pas été un choix, mais une obligation si je ne voulais pas tout perdre , nous avons une entreprise tous les deux, il a fallu que je bosse pour deux sans avoir droit à un moment de répit, que je m'occupe de ma fille qui a perdue son père, de mes fils qui ont perdu leur beau-père... aucune aide malgré la violence de sa mort  et le fait que nous étions la au moment de l'accident... j'aie du contacter moi- même des psy pour faire suivre tout le monde... tout ça avec l'envie de mourir à chaque seconde... et en réponse à ma question comment avoir envie de continuer on me dit "Bouge toi!"  Non vraiment on ne vit plus dans le même monde... je suis en colocation avec la vie et les autres...  de l'aide? On en a pas il faut se demerder et personne ne fera de cadeau... entre ceux qui abusent de votre situation de faiblesse et. Eux qui vous donnent des conseils à la con!!!
Allez, je vais bosser... puisque de toute façon je n'ai pas le choix...
Bises et bon courage à tous....