Et oui, le tsunami a tout détruit sur son passage.
Pendant quelques temps, les aides, les soutiens, le réconfort arrivent de toutes parts, tandis que nous, assis par terre, nous regardons s'agiter ces étranges personnages qui débordent d'une énergie qui nous a abandonnée.
Ravagé, éffondré, incapable de se lever, incapable de réaliser, d'avoir des idées, et encore moins des projets.
Autour de nous les aidants se découragent un peu de notre inertie, s'épuisent à vouloir consoler trop vite des larmes, elles inépuisables, se fatiguent à vouloir nous relever trop vite, ne nous laissent pas le temps...
Peu à peu les bonnes volontés s'éloignent, lassées d'avoir donné en vain, et c'est pourtant le moment où notre esprit reprend pied dans une vie terrifiante, sans lui, sans elle. Un moment terrible où il faut soudain faire des choix, prendre des décisions, s'appuyer sur quelqu'un... Et là, presque personne. Où sont ils? Retournés à leur vie. Normal, nous aurions probablement fait la même chose.
Alors, c'est à nous de reprendre notre vie en mains.
Pas le choix comme tu dis, Annie.
Pour certains, les enfants sont une énorme obligation, une souffrance supplémentaire mais aussi une motivation exceptionnelle.
Pour les plus agés, les sans enfants ... la qestion lancinante "Pourquoi et pour qui avancer?" se cogne à toutes les parois de notre boite cranienne, à longueur de journée et de nuit.
Le temps passe.
Et de nouvelles habitudes, parfois un nouveau lieu d'habitation et de nouvelles rencontres. Des personnes différentes, mais pas moins riches que toutes celles qui papillonnaient autour de nous les premières semaines.
Et puis, la prise de conscience qu'il faut continuer, avancer, le "vouloir sans sortir", pour soi, pour ceux que l'on aime, pour lui ou pour elle, qui a eu tant de courage, nous ne devons pas rester des zombis, des loques, ils doivent être fiers de nous, nous nous devons d'être aussi courageux qu'ils l'ont été.
Et peu à peu, les premières vraies idées, la vie peut encore nous apporter quelque chose, ou bien, c'est nous qui pouvons apporter quelque chose à la vie, aider, faire profiter de notre expérience douloureuse, ou rendre l'amour que l'on a reçu.
Et le monde peut reprendre ses couleurs.
Notre vie d"avant", avec lui, ou avec elle, nous a construit, nous a rendu beaux, forts et plein d'amour. Après un "stop", elle reprend, continue, plus riche encore, parce que maintenant nous en connaissons la valeur.
Le tsunami a tout ravagé? Déjà, la végétation a repoussé, déjà des entreprises sont reparties, et les pêcheurs ont repris la mer, les maisons sont reconstruites, plus solides, plus confortables. Seuls restent assis sur le sable a regarder l'horizon, ceux qui le veulent, enfermés dans le passé.
Pas nous, nous, nous avançons, ensemble.
Bonne journée à tous.
Marina