Chère Oriane,
Je découvre ton mail et je cherche dans ma mémoire, une émission que j'avais entendue à la radio un matin où j'allais à mon travail. Je me souviens ce témoignage était tellement poignant, tellement beau que j'avais dû m'arrêter pour l'écouter. Une mère témoignait, évoquait la mort de ces deux filles lors d'un incendie. Elle en a fait un livre (Nos étoiles ont filé d'Anne-Marie Revol) dont je te joins le résumé ci-dessous. Je ne sais pas s'il existe une échelle dans la douleur de la perte mais perdre son enfant ne se nomme même pas, dans les langues romanes en tout cas, c'est dire l'indicible de cette perte.
Je sais combien mon mari était bouleversé lors des rdv médicaux quand il voyait des jeunes personnes touchées par son mal. Il me disait, moi, j'ai déjà fait ma vie mais ces jeunes, c'est terrible.
Voilà Oriane, je te serre très fort dans mes bras impuissants et te dis toute ma tendresse pour toi dans ce terrible deuil que tu vis.
« Ça ne devrait pas être de la littérature, ça ne devrait même pas être un livre. Mais comme tout cela n’aurait pas dû arriver, un texte a été écrit, des lettres adressées à deux petites filles, deux étoiles filantes, aujourd’hui et depuis bientôt deux ans disparues.Fait divers atroce, disent les médias. Il n’y a pas de hiérarchie dans le malheur et, pourtant, en ce matin d’août 2008, la France entière se réveille sous le choc de la mort par incendie de deux enfants, moins de quatre ans à elles deux. On ne fait pas de livre avec ça, répétons-le, sauf si peu à peu le seul moyen de continuer à vivre consiste, grâce à des lettres d’une mère destinées à ses deux merveilles, à les réincarner jour après jour, à les faire précisément revivre. Ce livre hors norme et hors catégorie est avant tout un livre d’amour pour ces deux princesses envolées, et pour leur père aimant, présent, auquel on va s’attacher page après page afin de comprendre l’incompréhensible : comment la force de ce couple aussi pur permet de se sauver. Nos étoiles ont filé est un livre qui évite pathos et complaisance, qui hésite parfois entre rires et larmes, qui se distingue par son aspect unique, sinon ludique, et sa très saine incorrection. Pendant son écriture, un petit garçon est né du même amour. Le texte, cela n’étonnera personne, lui est dédié. Si la littérature ne sert à rien, elle aura au moins servi à cela. »