Auteur Sujet: pas loin reconstruction post veuvage et ...  (Lu 4557 fois)

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Hors ligne qiguan

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pas loin reconstruction post veuvage et ...
« le: 20 novembre 2020 à 10:22:30 »
je copie ici un extrait d'un reportage sur l'Arménie
JULIETTA AROUSTANIAN, réfugiée à Erevan, née en Azerbaïdjan, artiste-musicienne, responsable d’une association culturelle à Chouchi :
« Le 27 septembre, j'ai été réveillée très tôt dans ma maison de Chouchi par un bruit qui ne m’était pas totalement inconnu. Puis un deuxième, que j’ai identifié comme une explosion. J’ai dit à mon mari : « C’est un bombardement.
 Si on bombarde la ville et les civils, c’est que la guerre a commencé ». On a rassemblé nos affaires pour partir, tandis que notre fils rejoignait le front et que notre fille, médecin, partait pour Stepanakert pour apporter son aide au grand hôpital (bientôt bombardé lui aussi…), mais on ne savait pas où aller.
Nous avons d’abord gagné un garage doté d’un petit sous-sol qui n’était pas inondé, puis j’ai pensé à l’école de chant où se trouvent des pièces sans fenêtre. On est allés là-bas, où on a retrouvé d’autres familles qui restaient en Artsakh, car elles avaient un proche sur le front. Au bout de quelques heures, je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas de toilettes. Il fallait faire 300 mètres à découvert pour y aller. Vous vous rendez compte ? Risquer sa vie toutes les 4 heures pour aller se soulager !
À force, on est devenus des spécialistes du bruit. On reconnaissait, en entendant un sifflement ou une explosion, s’il s’agissait d’un missile, d’une roquette, d’un drone ou d’un mortier.
Et puis, on a fini par quitter notre pays et venir fin octobre dans le village natal de mon deuxième mari, près d’Erevan. Pour moi, c’était la deuxième fois que je vivais cet exode. En novembre 1988, j’avais déjà dû quitter ma ville natale de Mingatchevir pour rejoindre Stepanakert puis Chouchi, à pied, ma fille dans mes bras. Mon premier mari est mort durant ce conflit-là…
Les autorités ne se sont pas préparées à cette guerre. Ils ont négligé le danger. Les Azéris, dans ce conflit de 2020, se battent pour des territoires. Ils n’ont donc aucun scrupule à brûler, détruire. Nous, nous nous battons pour survivre. Et pour la défense de la civilisation car nous avons en face de nous des djihadistes qui viennent de Syrie. Le cessez-le-feu, s’il est respecté, ne satisfera pas leur appétit. Ni celui des Turcs, qui veulent nous exterminer. La Troisième Guerre mondiale vient peut-être de commencer ici. »

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Hors ligne Faïk

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Re : pas loin reconstruction post veuvage et ...
« Réponse #1 le: 20 novembre 2020 à 12:30:27 »

A Stepanakert

Il y a dans le monde des personnes qui luttent sur tous les fronts dans une indifférence quasi totale. Qui cumulent toutes les douleurs. Quelle place peuvent prendre le deuil et son expression dans ces régions déshéritées ?
Je me dis parfois que j'ai un certain luxe du deuil... Ça remet les choses en perspective...
« Modifié: 20 novembre 2020 à 13:11:02 par Faïk »

Hors ligne qiguan

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Re : pas loin reconstruction post veuvage et ...
« Réponse #2 le: 20 novembre 2020 à 13:19:35 »
Citer
Je me dis parfois que j'ai un certain luxe du deuil... Ça remet les choses en perspective...
c'est une chose dont je parlais avec les ami(e)s du forum dans nos rencontres en début de deuil et ça ne cesse d'augmenter

nous faisons nos deuils dans un contexte
mais si le contexte change jusqu'où peut on s'adapter ?
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Hors ligne Nicole595

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Re : pas loin reconstruction post veuvage et ...
« Réponse #3 le: 20 novembre 2020 à 17:33:09 »
On ne s'adapte pas, on subit
Je ne serai plus jamais la même. J'ai perdu mon essentiel.