Ma moitié, mon tout, l'air que je respirais, ce qui me faisait avancer nous a quittés à 41 ans le 20 août 2016 mes 2 enfants (13 et 18 ans) et moi-même. Nous pensions qu'il souffrait d'une déchirure musculaire au vue du gonflement de sa cuisse (même le médecin n'a pas vu la différence). Or, il s'est avéré qu'il faisait une gangrène gazeuse due à l'infection attrapée en se piquant avec son insuline (il était diabétique). Si nous avions su, peut-être serait-il encore là... Si nous avions réagi avant car nous avons attendu 10 jours avant d'aller à l'hôpital... Le couperet est alors tombé: pronostic vital engagé. Ils l'ont opéré en urgence mais il a fait un arrêt cardiaque de 25 mn sur la table d'opération. Ils l'ont réanimé, m'ont demandé si je poursuivais les traitements (quelle question! A son âge, on espère toujours avoir une chance). Mais le lendemain en réa, ses reins étaient bloqués, la dialyse n'y changeait rien, les doses massives de médicaments ne permettraient plus longtemps de maintenir sa tension. Il est mort le lendemain de son entrée à l'hôpital dans la nuit. Nous avons pu le voir le 1er jour après être passés par tous les sentiments (fatalité, tristesse, espoir, désespoir) , après 12h d'attente, ainsi que le vendredi. Nous avons pu lui dire au revoir mais cet au revoir est l'un des plus grands regrets de ma vie: il était intubé et nous n'avons pas pu partager avec lui notre amour de vive voix. Nous entendait-il, nous ne le saurons jamais. Au vue de son état de santé, on n'aurait dû nous proposer de venir le voir avant de l'emmener en salle d'opération!!! Quel gâchis!!
Ma culpabilité est grande aujourd'hui car je n'ai pas su aller outre sa décision d'attendre, car je ne lui ai pas dit assez "je t'aime". Je voudrais pouvoir remonter le temps et ainsi éviter cette douleur qui me ronge. J'essaye d'être forte pour mes enfants mais ce n'est pas toujours évident au milieu de tous ces souvenirs. Cela fait 5 semaines qu'il est parti et j'ai l'impression que le manque s'accentue. J'ai l'impression de courir une course de fond et j'ai peur de craquer, de ne pas tenir le rythme. Un rythme que je m'impose pour éviter de penser à lui et à cette énorme perte.
Je suis fatiguée de devoir tout gérer seule. Je suis triste de ne plus pouvoir lui confier mes joies, mes doutes, mes peines.
Tout le monde s'accorde pour dire: "n'hésite pas si tu as besoin, appelle-nous". Mais je ne suis pas du style à demander. Parfois, j'aurais envie de parler de lui, de ce drame, de ma vie maintenant sans lui mais je n'ose pas car ce sont toujours les mêmes personnes qui y ont le droit et je ne voudrais surtout pas les déranger.
C'est pourquoi je me suis enfin décidée à partager ma douleur sur ce forum. Ce la fait plusieurs semaines que je lis vos messages mais je ne savais pas par où commencer, ou j'étais tellement épuisée que la force me manquait.
Aujourd'hui, je regarde la vie poursuivre sa route et moi, j'ai l'impression d'être arrêtée au bord du chemin, engluée dans ma tristesse, dans un rythme de vie frénétique qui me permet de ne pas penser. Ça ne doit pas être la solution mais c'est la seule que j'ai trouvé pour souffrir moins.
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