Auteur Sujet: A bout de souffle  (Lu 4961 fois)

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ever

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A bout de souffle
« le: 04 avril 2016 à 23:06:36 »
Voilà 5mois que mon mari est parti. Il a eté fauché par un camion alors qu'il partait travailler. Il m'a laissé un petit garçon de 21 mois maintanant et mes deux filles de 16 et 11 ans . Il avait tout juste 42 ans et un amour sincère et profond nous unissait. Je me bas depuis tout ce temps, entre survivre à l'absence, régler les papiers, une succession difficile (je ne sais meme pas encore si nous pourrons rester dans notre maison).J'ai essayé de m'accrocher à tout, à la moindre idée, de repousser les pensées qui m'attrsite sur un futur qui n'en ai plus un, sur un petit qui va grandir sans son père et qui n'a n'a plus que moi (quel responsabilité).... Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. Je ne trouve pas de sens à tout ça, à ma vie. Je suis complétement perdue. J'ai l'air de vivre, mais j'ai l'impression de m'enfoncer juste un peu plus à chaque fois. J'ai encore cette impression d'un mauvais cauchemar, que cela ne peut pas être la réalité. Je voudrais juste que tout s'arrête, que j'arrête de penser, d'entendre les autres aussi, de partager car tout cela n'a juste plus aucun sens. Je souhaite intimement et égoïstement que la mort m'emporte à moi aussi tout en ayant honte de penser ainsi vis à vis de mes trois enfants. Quand on a rencontré son âme sœur, que l'on a vécu le meilleur (seulement 3 ans et demi) , que peut-on esperer encore?...
Oui j'ai des enfants, mais je n'ai plus personne avec qui partager aujourd'hui et je sais que jamais je ne retrouverai quelqu'un comme mon mari, mon amour. Ce soir je crie au secours, je suis à bout de force, de souffle.... je ne sais si je trouverai ici des mots apaisant, mais je ne sais plus quoi faire

malone

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Re : A bout de souffle
« Réponse #1 le: 04 avril 2016 à 23:37:16 »
Bonsoir Ever,
Comme je vous comprends moi cela dure depuis bientôt 2 ans, mais ne faites pas comme moi, allez voir  votre médecin ou un psy, il faut en parler pour mettre des mots sur votre douleur et votre chagrin. J'ai pris sur moi pendant des mois en cachant à mon entourage mon désespoir, mes insomnies, perte de poids de près de 15kg et j'ai complètement craqué il y a un mois je suis allée aux urgences dans un sale état psychologique. j'étais au bout du bout. J'ai attendu trop longtemps, trop pris sur moi et plus d'énergie, C'est ce que m'a dit le psychiatre aux urgences. Comme je me suis enfoncée dans ma détresse et Vu mon état,  prescription AD et anxiolitique avec prescription pour une prise en charge au CMP avec un psy. N'hésitez pas à voir un médecin, ils sont très écoutants et ils sont là pour nous aider à surmonter notre douleur.
Vous avez des enfants, ils ont besoin de vous, tout comme les miens ils ont besoin de moi.
Je vous souhaite beaucoup de courage.

Hors ligne milou

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Re : A bout de souffle
« Réponse #2 le: 04 avril 2016 à 23:50:52 »
Ever,
La mort de ton mari est une déflagration, une explosion qui a soufflé tout ce qui faisait ta vie.
Il ne reste qu'un champ de ruines dans lequel tu erres, totalement seule et abandonnée, malgré la présence et la chaleur de tes enfants.

Aucun mot ne peut atténuer la douleur, l'immense fatigue, le manque, la colère et l'angoisse face à un avenir inimaginable.

Mais je t'adresse quelques mots de sympathie, de partage et de soutien car je comprends ce que tu éprouves : 
Essaies de prendre soin de toi, le mieux possible, ou le moins mal possible,
Sois indulgente avec toi même, ne t'imposes rien d’impossible,
Fais pour le mieux, un jour après l'autre, sans penser à demain.

Et aussi : laisses couler tes larmes. Tu ne dois pas avoir honte de tes émotions et de tes sentiments. Ne pas mourir de chagrin est déjà une victoire. Le reste a peu d'importance pour le moment.

Je t'embrasse
Milou


« Modifié: 05 avril 2016 à 10:32:34 par milou »

ever

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Re : A bout de souffle
« Réponse #3 le: 05 avril 2016 à 22:50:03 »
Merci Malone et Milou...merci pour vos mots. J'ai bien essayé d'aller voir un psy mais celui ci est très malade et je n'ai pu continuer. En même temps, je n'ai pas eu l'impression que cela m'apportait beaucoup. pour ce qui est des médicaments, j'ai des anxiolitiques mais je sais qu'ils couvrent juste ma tristesse et ma detresse. Je n'essaie d'en prendre que quand j'ai trop accumlé de mauvaises nuits (comme s'il y avait des bonnes), pour que mon corps récupère un peu. Une déflagration c'est le mot juste. Tous s'est effondré dans un souffle, l'instant d'une respiration. Parfois je crois encore au cauchemar, en me disant que ce n'est pas possible, qu'ilne peut qu'être encore là, l'impression de vivre dans un film et que je vais enfin me réveiller et revenir dans notre vie, qu'il sera là à mes côtés quand je vais me reveiller le matin. Les journées sont très longue, je ne sais pas quoi faire de lma peau. Je m'occupe de mes enfants comme d'un lourd fardeau... c'est horrible. Je ne trouve pas de sens à tout cela. Plus ça va et moins je me supporte, physiquement et surtout psychiquement. Je me demande comment les gens font pour me supporter. J'ai l'impression de ne rien valoir et que de toute façon, à moi, il ne peut m'arriver rien de bien maintenant. Je me sens abandonnee et seule. Tous les jours j'essaie de fuir d'une façon ou d'un autre, me cherchant une course à faire ou autre et quand je suis à la maison, je tourne en rond... rien n'a de sens sans lui. Notre petit garçon le réclame beaucoup, il demande beaucoup les photos de son papa et quand il voit des videos, il essaie d'intéragir avec lui. Mon Dieu que j'ai mal dans ces moments là... Pourquoi suis-je obligée de vivre cela...? Pourquoi la vie ressemble à cet espace de désolation? Pourquoi certain ont une vie toute droite, à n'affronter que les pb classiques de la vie et d'autres doivent passer pas ces étapes là de destruction, d'anéantissement? Je me dis souvent que si on voulais me tuer , je préfèrerai que ce soit d'un coup, mais pas cette torture incessante. Comment tenir, comment retrouver la vie après cela, après nous...

ever

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Re : A bout de souffle
« Réponse #4 le: 05 avril 2016 à 23:23:39 »
Laisser couler ses larmes... elles arrivent parfois quand les enfants ne sont pas là. Je ne veux pas leur faire porter ma souffrance en plus de la leur.  Je crois que je ne sais plus ce que veut dire prendre soin de soi car cela n'a juste en fait aucune importance aujourd'hui. Comment trouvez-vous le courage d'avancer un jour après l'autre? Ce qui fait que je ne me supprime pas, c'est juste la culpabilité d'un geste. Mais je prie souvent pour que la mort s'impose à moi, d'une façon ou d'une autre. Je m'en sens coupable aussi... qu'arrive t-il à notre petit garçon qui n'a que moi... et son père lui qui était si fier de son petit fiston ne me le pardonnerai pas. C'est lourd de porter notre amour seul, sans résonnance, sans écho. C'est lourd nos souvenirs qui s'imposent à moi souvent et qui remue le couteau dans cette plaie béante.
J'ai lu ailleurs les messages de Piera et je l'admire dans être là... je sens sa force. Moi, contrairement à l'apparence que je donne à voir aux autres, je n'ai pas cette force et je m'effondre, petit à petit, essoufflée de tout ce chemin de démarches et de paperasse où l'on ne vous épargne rien et etouffée par l'absence de l'être qui faisait de la vie sa propre essence....

Merci encore pour vos messages et surtout merci du temps que vous prenez pour échanger... J'ai tellement de mal à écrire moi-même.

Hors ligne Méduse

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Re : A bout de souffle
« Réponse #5 le: 06 avril 2016 à 00:33:11 »
Je crois que ce serait important que tu puisses parfois pleurer avec tes enfants. Peut-être qu’ils font comme toi et essaient de t’épargner. Ils seront alors seuls avec leur chagrin.

5 mois, c’est si peu. Accroche-toi un jour après l’autre.

Tes enfants seront ta force. Pour eux, ça vaudra la peine de te battre. Faites-vous des douceurs, des petites sorties ensemble par exemple.

Parles-tu à ton amour ? Je crois qu’il peut t’entendre et sinon, cela te fera du bien. Sois attentive, peut-être tu auras des signes de lui.

Pour t’aider, Qiguan a réuni la « boîte à outil » :
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils/

As-tu de la famille ou des amis qui peuvent te soutenir ? N’hésite pas à leur demander de l’aide. Ils ne peuvent pas savoir ce que tu traverses et les besoins que tu as.

Je t'embrasse

Méduse

Jolyne

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Re : A bout de souffle
« Réponse #6 le: 07 mai 2016 à 22:11:24 »
Ma chère Ever,
moi aussi je comprends ce que tu vis en ce moment oh combien ! C'est comme une bombe atomique qui a éclaté dans notre maison ce jour là ... 7 décembre 2015 au petit matin ... Un homme en pleine forme, terrassé par une crise cardiaque foudroyante ... Mon pauvre chéri de mari,  63 ans, je l'aimais tant, et mes enfants sont dévastés par le chagrin aussi. Les premières semaines furent insupportables, je pleurais toute la journée, et le soir seule dans la maison je hurlais ma douleur.
Je tiens pour les enfants ( j'en ai 2 ) ils sont grands et ont quitté le nid mais j'ai deux petites filles qui m'aident à tenir et leur joie de vivre me sort de ma tristesse. Je ne leur montre rien de mon chagrin immense, je préfère qu'ils me voient forte pour leur enlever un souci de savoir leur maman seule et désemparée. Avec les enfants, on sourit, on fait des jeux rigolos, on va au parc et j'ai même refait du vélo avec elles... Je refais des petits gâteaux, et de fils en aiguilles je réapprends à vivre d'une autre façon. Ce qui me sauve, j'essaye de ne pas avoir de pensées trop sombres, je ne dois pas m'apitoyer sur mon sort car j'ai remarqué que les larmes me viennent soudainement. Aujourd'hui 5 mois qu'il est parti pour un long voyage, je lui parle, je lui écris des petits poèmes  et lui raconte mes journées, et cela me réconforte. Je sais qu'il est fière de moi, de ce que j'accomplis tous les jours, et ça me valorise de penser ça.
Surtout Ever, ne sombre pas dans la mélancolie et les médocs, prends le taureau par les cornes et avance avec ta petite famille, parle leur de leur papa, et des bons moments passés ensemble, les enfants sont en demande, si tu ne dis rien et tu t'enferme, c'est la qu'ils se posent des tas de questions : résultat le mal-être perdure avec les non-dits. Ils voient ton chagrin dans tes yeux et ne savent pas comment t'apaiser, rassure-les  et dis leur que tout va bien aller, que tu es là pour eux et qu'ils peuvent compter sur toi, que tu les aimeras pour deux.
Je te serre contre mon cœur aussi brisé que le tien et t'embrasse affectueusement.
Jolyne