Bonjour S.
Je pense que quand on a des enfants, les émotions tardent à arriver, justement parce qu'on ne sait pas trop comment réagir par rapport à eux et que qq part, on se dit qu'il faut tenir pour eux.
Mon mari est décédé il y a un peu plus de 4 mois alors que nous avions un bébé de 6 semaines. Tout de suite, je me suis dit qu'il fallait que je fasse attention par rapport à notre fille, je ne voulais pas pleurer devant elle, sachant qu'un bébé absorbe les émotions de son entourage.
Et puis, ça me pesait, ça me pesait... j'en ai parlé à ma psy qui m'a dit qu'il fallait pleurer si j'en avais le besoin, même si c'était devant notre fille, tant que je lui expliquais les choses.
Le fait qu'elle m'ait dit ça, m'a enlevé en partie le blocage que je pouvais avoir.
Alors maintenant, je pleure, je lui explique que je pleure parce que son papa n'est plus là et que ce n'est pas à cause d'elle.
Les personnes de notre entourage estiment que nous sommes fortes parce qu'on continue d'être là, la tête un peu hors de l'eau grâce à nos enfants.
Pour ma part, je ne m'estime pas "forte", je subis les choses mais oui, j'essaye d'aller de l'avant et de faire ce qu'il faut pour notre fille.
Ce n'est pas de la force, c'est de la survie. Je pense qu'ils disent ça parce qu'ils estiment qu'à notre place, ils ne s'en sortiraient pas. Quelque part, ils n'ont pas tord, parce qu'on ne s'en sort pas vraiment de cette souffrance... Mais comme ils nous voient momentanément, oui, on a l'air de prendre le dessus sur la situation...
Au travail, peut-être qu'on me trouve forte, à ne pas pleurer tout le temps. Peut-être que mes amis me trouvent forte d'assumer notre fille toute seule. Mais je ne suis pas forte, je suis un robot, je fais les choses parce qu'il faut les faire.
La force, on la retrouvera quand on avancera dans notre deuil et qu'on arrivera à vivre mieux que maintenant et non plus subir. Quand on arrivera à aller de l'avant. Quand on arrivera à retrouver du plaisir à faire telle ou telle chose.
Peut-être que pour eux on est fortes parce qu'on est là, tout simplement. Il est vrai qu'avant que ça ne nous arrive, on se dit qu'on ne pourrait pas vivre sans l'autre (c'est ce que je me disais et j'en étais vraiment convaincue). Et puis au final, on est là. Alors eux, comme ça ne leur est pas arrivé, ils pensent qu'ils ne pourraient pas survivre à ça.
Enfin, ce n'est qu'une tentative d'explication qui m'est propre !
Je pense bien à toi. Courage. Virginie