Auteur Sujet: quand on parle du deuil  (Lu 2521 fois)

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Hors ligne qiguan

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quand on parle du deuil
« le: 03 juillet 2022 à 14:52:16 »
d'un article publié
«Le bonheur d'être triste» : contre la tyrannie de la positivité

la coach, Susan Cain publie Le Bonheur d'être triste, pavé dans la mare d'un monde gouverné par ce qu'elle nomme la «tyrannie de la positivité».

Le titre de votre livre, Le Bonheur d'être triste, est une provocation :
Comme tout le monde, je n'aime pas être triste. Et, bien sûr, ce n'est pas la tristesse en tant que telle qui est désirable. Mais le fait qu'en tant qu'êtres humains, nous sommes reliés les uns aux autres par ce sentiment. Nos souffrances nous lient, comme notre capacité à les transcender. C'est de cela que je voulais parler. De cette lumière qui passe entre les brisures d'un vase.

Mais nous sommes reliés aussi par la joie…
Mon intention n'est pas de dénigrer le bonheur ou de prétendre que la tristesse est notre unique lien. Simplement, il est plus profond, et souvent négligé. Nous clamons notre plaisir d'aller danser. Nous sommes beaucoup plus réticents à révéler ce que nous ressentons à l'écoute d'une sonate de Beethoven, d'une chanson de Leonard Cohen ou de Jacques Brel.

C'est ce que vous nommez la «tyrannie de la positivité» ?
Absolument. Je raconte le cas d'une de mes amies, qui, adolescente, a perdu son père d'un cancer. Toujours de bonne humeur par nature, face à ce deuil elle a continué à l'être, pour s'inscrire dans cette propension de notre société à clamer qu'il faut aller de l'avant. Ce n'est que quand un de ses professeurs lui a demandé d'écrire dans un carnet ce qu'elle ressentait vraiment que mon amie s'est sentie autorisée à confier sa peine. Elle a appelé ce moment crucial la «révolution dans un carnet». Nous avons tous besoin de cette «révolution», car nous sommes rarement autorisés à exprimer nos véritables états d'âme.

Présenter un visage souriant malgré un deuil ne signifie pas qu'on le nie. C'est aussi une façon de se protéger.
Personne ne veut être triste en permanence. Mais si vous vous sentez triste et que vous ne pouvez pas exprimer votre chagrin, il sortira forcément. Dans le cas de mon amie, elle est devenue boulimique. Bien entendu, chacun d'entre nous a déjà traversé des périodes difficiles en s'efforçant de ne rien en montrer. Parfois, ça aide, c'est vrai. Mais exprimer nos émotions revient à accepter la variation entre les moments joyeux et les autres, plus douloureux. Et à admettre qu'ils nous constituent pareillement.

Parler de nos deuils et de nos chagrins est-il absolument nécessaire ?
Ça dépend. Certains éprouvent le besoin de faire leur deuil intimement, d'autres de le partager. C'est personnel. Mais j'aime beaucoup le message d'une des personnes que j'ai interviewées pour mon enquête. Ayant perdu son mari très jeune, elle s'est rapidement remariée. Elle dit que son premier mari est toujours avec elle, et elle s'insurge contre la tendance à «passer à autre chose». On ne passe jamais à autre chose, affirme-t-elle. La personne qui nous manque vit toujours avec nous. Le but est de trouver une façon d'avancer avec elle. Pas d'effacer le passé. Sinon, nous sommes dans le mensonge. Et la nature humaine n'aime pas le mensonge. Il en va de même avec nos ancêtres. Vous pouvez les honorer, les aimer, mais leurs histoires ne sont pas les vôtres. Il est important de s'en libérer

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