Bonjour à tous
Le mois dernier mon mari est mort dans mes bras des suites d'un cancer qui lui aura fait vivre d'atroces souffrances durant 4 ans (si j'enlève la remission de juin 2017 à juin 2018).
Les conséquences de cette récidive ont conduit à la pose de 2 stomies, l'une pour les selles et l'autre pour l'urine, nous avons surmonté ensemble ce changement anatomique, après tout c'était toujours l'homme de ma vie.
Mais les infections urinaires, pielonephrytes se sont enchainées tous les 40 jours environs et il est devenu extrêmement maigre, est venu se rajouter à cela une phlébite persistante qui l'obligeait à se déplacer en fauteuil roulant.
Je l'ai soutenu chaque jour sans effort, tellement content de le voir, même si c'était dans sa chambre d'hopital, lui apportant de bon petits plats.
Lorsque les medecins ont évoqué l'arrêt de la chimio car trop faible, je suis parti "habiter" dans sa chambre et nous ne nous sommes plus quittés jusqu'à son dernier souffle.
Les médecins du service ont été très prévenants avec moi et je les en remercie, me suggérant de rentrer chez moi car je ne pourrai pas tenir à ce rythme (ses nuits étaient très compliquées, il a faillit s'étouffer dans son vomi plusieurs fois à cause de son occlusion intestinale, il était trop faible pour appeler infirmier (qui de toutes façons, le temps de venir serait arrivé trop tard), c'était à moi de bondir du lit, redresser le dossier pour qu'il puisse expulser ce qui stagnait dans sa gorge, le nettoyer et rabaisser le dossier pour qu'il puisse se rendormir.
Durant 15 ans de vie commune, nous avons beaucoup échangé, nous avions des engueulades parfois mais nous avions une règle, pas plus de 20 mns de silence après un différent, ça nous a permis de bien nous connaitre et de ne jamais se "coucher fâchés"
Aujourd'hui j'ai beaucoup de mal à vivre sans lui, vu que nous nous voyions tous les jours mais ce qui me gêne le plus ce sont des images de lui en fin de vie qui viennent me hanter, lorsqu'il ne pouvait quasiment plus parler, plus bouger, que je devais le faire manger, ses yeux qui me fixaient comme un enfant qui trouve la situation injuste.Chaque matin, je mettais Cesaria Evora et je prenais ses mains, ses bras pour lui faire battre le rythme, il adorait, moi aussi, comme si nous transcendions sa fragilité, il redevenait cet excellent danseur!J'essaye de me raccrocher au fait qu'il ne souffre plus, qu'il est parti doucement dans mes bras, apaisé.
Merci pour vos retours, vos expériences.
Bien à vous
Marc