Les secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois passent sans toi ….
Je rame sur mon petit radeau de fortune au milieu de cet océan du manque, de l’absence , de l’infinie tristesse avec mes jeunes naufragés. Tes enfants malgré le manque quotidien de ta présence auprès d’eux avancent visiblement dans leur propre processus de deuil. Ils sont vaillants, résilients ils me démontrent chaque jour leurs capacités à continuer leur vie.
De ma place, c’est un peu plus compliqué, il y a des moments de moins mal certains jours à des moments où je plonge dans le chagrin, le désespoir et où les larmes coulent à n’en plus finir. Des moments où je me sens totalement démunie face à cette solitude que je n’ai pas souhaité. J’ai besoin de tendresse, de douceur, d’amour mais tu n’es plus là. Je n’ai plus tes bras, je ne peux plus me blottir contre toi…Je n’entends plus ta voix, je ne sens plus ton odeur.
Le manque, le vide « physique » de ta présence.
Je me renferme dans ma bulle, la semaine au travail j’ enfouie au plus profond de moi ma tristesse pour jouer le rôle que l’on attend de moi, mon rôle social et il faut bien assumer le côté financier et matériel. Passé la porte de la maison « bas les masques » (au sens propre comme au figuré surtout actuellement), je relâche la pression et mes pensées, mes souvenirs, le manque de toi m’assaillent de toute part. Pas un moment de répit. Mes yeux se remplissent de larmes. Avec les proches, les amis je commence à me taire car je sais que toute cette douleur au bout d’un certain temps n’est plus « entendable » et que finalement chacun à sa vie et qu’avec toute la bonne volonté du monde la peine ne se partage pas. Je ne peux pas donner des petits bouts de cette peine à quiconque pour être soulagée un peu. Je mets en mots sous forme écrite alors ce qui me traverse, je me confie à des connaissances qui vivent également ou qui ont vécu cette situation de deuil car on passe par les mêmes phases et ressentis, j’investis mes séances « psys » où je peux tout dire et parler de ma douleur sans tabou et enfin avec les enfants on échange sur nos souvenirs et je leur partage notre histoire avant leurs naissances.
Je suis toujours en mode « automate », je fais certaines choses car il faut les faire mais depuis quelques temps je n’arrive plus à me motiver pendant les week-ends pour sortir et faire à minima une activité physique, je donne tellement toute mon énergie la semaine que le week-end je suis fatiguée et je traîne…les week-ends sans toi sont sans saveur. Mon dynamisme me quitte…
Je n’ai envie de rien et en même temps on ne peut pas faire grand-chose, toutes les activités culturelles étant considérées comme « non essentielles » par ce gouvernement on ne peut pas aller au théâtre, cinéma, musées, expositions. Par contre on peut consommer sans relâche dans des endroits où tout le monde s’entasse et touche tout (les chariots, les emballages de produits etc…) logique…. Chercher l’erreur. Société totalement déprimante !!! Qui sacrifie sa jeunesse… 2 étudiants se sont suicidés sur le campus de la Doua à Villeurbanne, moi je pense aux parents qui viennent de perdre leurs enfants dans de telles circonstances… c’est le reflet de l’isolement, du manque de perspectives face à l’avenir, du désarrois et sûrement d’autres facteurs mais que cette période exacerbe…Victimes collatérales de cette période de « crise sanitaire » et cela n’est pas fini.
Si tu étais là Olivier, j’imagine qu’on en discuterais de tout ça, tu aurais été auprès de moi en soutien pour traverser cette période si particulière. On n’en voit pas le bout. Impossible de projeter quoi que ce soit.