Bonsoir à tous,
Je ne suis pas revenu sur ce forum depuis une éternité, j'en avais probablement moins besoin.
Demain cela fera 3 ans que j'ai perdu ma femme; cela parait toujours irréel et tellement injuste.
Malgré toute la peine et la tristesse, le temps fait progressivement son effet, la douleur est toujours là mais moins vive.
On est tristement obligé de constater que la vie continue: mes deux filles se sont mariées, l'une a eu un bébé, l'autre est enceinte, et la plus jeune a réussi à reprendre le cours de sa vie bouleversé par la perte de sa maman et le Covid, si compliqué pour les jeunes.
J'ai déménagé, essayé d'être le plus présent possible pour mes 3 filles, appris mon nouveau rôle de jeune grand père, beaucoup travaillé pour sauver ma petite entreprise de la tourmente du Covid, cultivé l'amitié de mes bons amis, et pris soin de mes proches.
La crise du Covid est vraiment mal tombée et m'a bien plombé par l'isolement et les difficultés de boulot que cela m'a imposé , je n'avais pas besoin de cela, comme vous tous surement.
Je suis très triste de sentir ma femme s'éloigner doucement dans le passé , je pense évidemment à elle tous les jours mais de nouveaux souvenirs s'accumulent dont elle n'a pas été directement partie. Sa petite fille ne la connaitra jamais, elle n'a pas été là pour les mariages de ses filles, elle ne verra pas ce nouvel appartement où je me suis installé pour fuir notre ancienne maison, et elle ne sera pas là cet été pour la naissance de sa deuxième petite fille.
L'essentiel est que notre famille n'a pas sombré, et que nos filles avancent bien dans la vie.
J'ai retrouvé un certain rythme de vie, très solitaire, beaucoup moins animé et joyeux qu'auparavant, mais je vis.
Ce n'est pas l'euphorie, quelque ressort en moi s'est brisé qui n'empêche de retrouver une vraie joie de vivre , même aux moments joyeux de notre vie de famille. Ce n'est plus non plus le désespoir qui m'a si longtemps accablé
Il y a quelques mois , j'ai retrouvé une amie d'enfance, elle aussi marquée par de graves difficultés personnelles et cela nous a rapproché. J'ai retrouvé l'immense plaisir de partager une complicité avec une femme charmante.
Nous vivons très loin l'un de l'autre, nous avons chacun notre vie dans nos pays respectifs et nous ne vivrons jamais ensemble , mais nous profitons de bons moments ensemble et nous pouvons partager ce que chacun de nous a vécu.
J'ai eu beaucoup de mal à faire entrer dans ma vie une autre femme, c'est encore difficile ,et je ne suis pas très à l'aise pour mes enfants. Mais j'ai la chance d'avoir rencontré quelqu'un de très compréhensif et respectueux. C'est une chance que je ne pouvais pas laisser passer.
On ne sort probablement jamais indemne d'un tel drame , mais on peut continuer sa vie et retrouver , à défaut du bonheur et de la joie de vivre, des satisfactions d'être ici sur terre. De toute façon, avec 3 enfants et deux petits enfants , je n'ai pas le choix. Pourtant comme beaucoup, je me suis demandé à quoi bon continuer, et j'ai même réfléchi sérieusement à comment abréger une existence qui ne m'apportait que peine et tristesse. Mais il est hors de question d'ajouter du drame au drame. Et je sais que ma femme aurait attendu de moi que je garde le cap et soit un père présent et un vrai soutien pour mes enfants.
Elle s'est suicidée dans un délire de trouble bipolaire, mais ce n'était pas du tout son tempérament, et elle s'est toujours battu contre sa maladie.
Alors oui je m'efforce de remonter la pente et de retrouver un certain équilibre, et je crois que c'est possible.
Je n'ai pas d'attentes trop élevées, je ne demande pas de retrouver le grand amour et la vie de famille heureuse que j'ai connus, je n'espère pas retrouver la légèreté et cette confiance absolue en l'avenir que j'avais auparavant.
Mais on peut encore vivre de son mieux et grappiller en bonne compagnie de sympathiques petits bonheurs par ci par là.
Que ce message d'espoir puisse encourager ceux d'entre vous sont encore dans ce creux de la vague dont je sors peu à peu.
Je vous souhaite à tous le meilleur.