Après tout ces mois, j'ai beau lutter et essayer d'aller de l'avant, je suis régulièrement rattrapé par des crises d'abattement , un sentiment de vertige comme si le sol se dérobait sous mes pieds, le décès de ma femme me parait irréel, je sens bien que je ne l'ai pas encore accepté.
Aujourd'hui, j'ai fait du tri et des rangements de nos affaires, c'est toute notre vie passée et notre bonheur qui défile.
Faire le deuil son conjoint, c'est aussi faire le deuil de sa vie et c'est incroyablement douloureux. Même si j'ai mes filles , leur jeunesse et leurs projets, à 53 ans j'ai le sentiment de ne plus avoir d'avenir. Pourtant j'ai toujours vécu en regardant devant moi, avec des envies et des projets; simplement là, je n'ai plus de goût ni de plaisir à ce que j'entreprends, plus de but.
Bon c'est un samedi solitaire et cela n'aide pas, il faut laisser passer le creux de la vague.
Mais ces alternances de moments corrects et de (très) bas sont très difficiles à vivre et usant psychiquement et physiquement. Au bout de tant de mois, je ne dors toujours que très peu et définitivement pas assez, ce qui ajoute à ma morosité générale.
J'aurais envie d'un peu de répit, d'un temps d'insouciance et de légèreté, j'aimerais pouvoir rire franchement et sans au fonds de moi cette tristesse qui m'éloigne de l'instant que je vis.
J'ai beau être quelqu'un de volontaire, je ne pense pas que l'on puisse lutter contre cet état de déprime . On ne peut pas décider que l'on va passer un bon moment, ce n'est pas une question de volonté, c'est comme les éléments que l'on ne maîtrise pas. On ne peut que faire avec, laisser passer et attendre une accalmie.
Ces dernières semaines, je me sens épuisé, j'ai l'impression de ne pas avancer , aucune lueur au bout de cet interminable tunnel. J'essaye de ne pas m'en vouloir d'être aussi abattu, mais j'ai du mal, je culpabilise et crains d'être un poids pour mon entourage, surtout mes filles que je veux pas charger davantage qu'elle ne le sont par le décès brutal de leur maman.
Tout cela est bien compliqué, il est difficile de rester lucide, de ne pas se laisser submerger par les émotions. Garder du recul sur l'état dans lequel on se trouve, savoir relativiser, me parait pourtant le seul moyen de tenir.
Aujourd'hui n'était décidément pas une bonne journée, ce n'était pas la première et ce ne sera surement pas la dernière, mais elle est bientôt terminée, je vais essayer de dormir un peu,
Mes pensées vont à ceux qui vont plus mal que moi,
Bien à vous,